dimanche 29 septembre 2013

A qui s'adresse t-on ?


«  Le sujet occidental est un homme, un adulte - tant pis pour l'enfance et la vieillesse - il est bien élevé, normal, moral. C'est à dire qu'il n 'existe pas. 
Notre morale chrétienne, tel que souvent on la conçoit, s'adresse à une être humain qui n'existe pas. » 
Maurice Bellet ( dans le Monde des Religions  N°53, p 40 )


Illustrations: peintures de Daniel Galieote

vendredi 27 septembre 2013

L'intérêt des religions ...


« Je ne crois pas que Dieu existe... Mais cette question est sans intérêt, en définitive. Ce qui compte, c'est de se demander comment mener sa vie de la meilleure façon. 
Le grand enseignement des religions est l’imperfection inhérente à la condition humaine : nos problème ne se résoudront jamais, nous devons apprendre à vivre avec nos fragilités et nos faiblesses. En nous inspirant des concepts et des rites religieux, nous pouvons mieux accepter notre condition, composer avec et réinventer un sentiment communautaire emprunt de spiritualité. Peut-être, par exemple, que nous cesserions de demander aux inconnus « ce qu'ils font dans la vie » pour nous tourner vers des questions plus essentielles : que regrettez-vous ? Qu’espérez-vous ? » 
Alain de Botton (dans le  Monde des Religions N°53, p 63.)

Illustrations: peintures de Daniel Galieote, il est né et vit à Los Angeles en Californie.
Galieote peint des scènes de la vie quotidienne en Amérique . Son travail est inspiré par les peintres de la scène américaine, les régionalistes et WPA artistes des années 1930 et 40. Cependant, son travail n'est pas pure nostalgie, mais il est dans la poursuite des universels, des thèmes intemporels de la nature humaine.

mercredi 25 septembre 2013

Le désespoir

Il me semble, que l'on ne peut pas y échapper. Pour moi, c'est ainsi. Et cela est bien ...
Et, il s'agit d'une maladie existentielle, sexuellement transmissible. Je sais qu'il ne s'agit pas d'un simple vague à l'âme – de nature très personnelle – dont il n'y aurait rien à dire de fondamental.
Tout au contraire, et Kierkegaard en a révélé l'essentiel, et l'existentialisme en a fait son fond de pensée...
Pourquoi tenter d'exprimer ce qu'il en est, quand - le maître en désespoir – Kierkegaard s'en est si bien exprimé.... Je résume, pour moi :

  • Jésus n'a cessé de rappeler que la mort n'était pas la fin... Pour Jésus,  la Mort est d'être coupé de La Vie. Ainsi, il profite de l'expérience de 'désespoir' de Lazare, pour insister sur le fait que « cette maladie n'est pas à la mort » ( Jean 11,4) …
The Raising of Lazarus after Rembrandt - Vincent van Gogh 1890
  • Le désespoir est «  la maladie à la mort » ( Kierkegaard). Le désespoir me rappelle de manière forte que je n'ai que cette vie là – à ma disposition – à ne pas gâcher ; alors que j'expérimente que je ne suis pas ce que j'aspire à être ( pour faire court …)

  • Exister c'est être, et avoir à être ce que je suis : assumer ….

  • « Mais qu'est l'existence ? C'est cet enfant qui a été engendré par l'infini et le fini, par l'éternel et le temporel, et qui, en conséquence, est constamment s'efforçant » (Post-scriptum aux miettes philosophiques ( K. 1846))


Illustrations: peintures de David Alexander Colville, Né à Toronto, Ontario le 4 août 1920
"La vie est à mes yeux essentiellement dangereuse. J'ai une vue sombre du monde et des humains… Le sentiment d'angoisse caractérise notre époque. " - Colville

lundi 23 septembre 2013

Les paradoxes de l'Existence.


Soren Kierkegaard ( 1813-1855) est chrétien, et anticlérical. Sa philosophie est toute entière liée à la vie quotidienne de chacun : une philosophie de situations singulières, de souffrances ou de joies, d'engagements décisifs ( le mariage, par exemple, qu'il a rompu avant..) de ruptures, d'affrontements, de conversions...
Exister c'est être à l'épreuve, affronter des conflits, s'engager sans être sûr de faire le bon choix …
  • Je n'ai pas choisi beaucoup de choses, d'être là ...etc. 
    Ma vie, c'est un sursaut de ma liberté.
  • Cet effort de vivre, s'exprime au travers de « paradoxes ». Déjà, il s'agit de tenter de comprendre l'incompréhensible …
    L'existence n'est pas absurde, elle est un mystère.
  • Penser par paradoxes, c'est maintenir la contradiction vivante...
  • Le Christ, est le paradoxe absolu, qui unit les deux natures humaine et divine.
  • La Foi est paradoxale : « la foi est au-dessus de la raison (…) La foi ne peut donc pas être prouvée, fondée, conçue car il lui manque l'articulation qui rend possible un enchaînement... » ( Post-scriptum)
  • Autre paradoxe, assumé par Jésus, et révélé à Nicodème : Comment puis-je naître à moi-même tout en étant déjà là, avec ce que je suis ... ? 
    Comment puis-je vivre de la Vérité ?

    Photo-montage de  Karezoid Michal Karcz




  • « Comment le paradoxe prend-il naissance ? Du fait que la vérité éternelle essentielle et l'existence sont posées ensemble. (…) La vérité éternelle est apparue dans le temps. Cela est le paradoxe... L'individu, s'il ne devient pas possesseur de la vérité en existant, dans l'existence, ne la possédera jamais ». ( Post-scriptum)

    Photo-montage de  Karezoid Michal Karcz




  • La foi, n'est pas une certitude, mais bien plutôt l’approfondissement sans fin d'un paradoxe : « La foi naît de la contradiction entre la passion infinie de l’intériorité et l'incertitude objective à laquelle se heurte la raison. (…) et si je crois, c'est parce que je ne peux pas saisir Dieu objectivement. » Kierkegaard.

samedi 21 septembre 2013

Chercher et trouver Dieu en toutes choses

La revue jésuite ETUDES, a mis en ligne une interview exclusive du pape François. Le pape revient sur son itinéraire de jésuite, donne quelques éléments sur sa conception du gouvernement, partage ses goûts artistiques et dit tout ce qu’il doit à la spiritualité ignatienne.


François, revient sur cette formule traditionnelle : « Voir Dieu en toutes choses »


Toute chose porte en elle, ne serait-ce qu’une trace du divin. Bien sûr, même dans le plus obscur de nos vie...
Mais alors: '' Tout '' ne devrait-il n'être que beauté, harmonie et ordre … ?
« Dans les propos du pape, je relève ce qui se rapporte au registre de la vie et de la fécondité. Il semble que sa conception de Dieu relève moins de l’harmonie équilibrée d’un système en ordre que d’un milieu créatif d’où la vie jaillit en permanence. » François Euvé, sj
Le pape François invite à « semer la pagaille » : « C’est l’idée qu’une structure trop ordonnée, « cristalline », est aussi éloignée de la vie que le chaos intégral. La vie est un entre-deux, « entre le cristal et la fumée » (Henri Atlan), fragile équilibre qui tient de la souplesse du jeu. » Fr Euvé


Dans le cours de cet interview (ICI) , je retiens les passages c-dessous :


« . Si quelqu’un dit qu’il a rencontré Dieu avec une totale certitude et qu’il n’y a aucune marge d’incertitude, c’est que quelque chose ne va pas. (…) Si quelqu’un a la réponse à toutes les questions, c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui, que c’est un faux prophète qui utilise la religion à son profit. »

« Si le chrétien est légaliste ou cherche la restauration, s’il veut que tout soit clair et sûr, alors il ne trouvera rien. La tradition et la mémoire du passé doivent nous aider à avoir le courage d’ouvrir de nouveaux espaces à Dieu. Celui qui aujourd’hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive. De cette manière, la foi devient une idéologie parmi d’autres. »


« Pour ma part, j’ai une certitude dogmatique : Dieu est dans la vie de chaque personne. Dieu est dans la vie de chacun. Même si la vie d’une personne a été un désastre, détruite par les vices, la drogue ou autre chose, Dieu est dans sa vie. On peut et on doit Le chercher dans toute vie humaine. »


Notre foi n’est pas une foi-laboratoire mais une foi-chemin, une foi historique. Dieu s’est révélé comme histoire, non pas comme une collection de vérités abstraites. Je crains le laboratoire car on y prend les problèmes et on les transporte chez soi pour les domestiquer et les vernir, en dehors de leur contexte. Il ne faut pas transporter chez soi la frontière mais vivre sur la frontière et être audacieux.


« L’image de l’Église qui me plaît est celle du peuple de Dieu, saint et fidèle. (…) Il n’y a pas d’identité pleine et entière sans appartenance à un peuple. Personne ne se sauve tout seul, en individu isolé, mais Dieu nous attire en considérant la trame complexe des relations interpersonnelles qui se réalisent dans la communauté humaine. Dieu entre dans cette dynamique populaire


« Quand je me rends compte de comportements négatifs des ministres de l’Église, de personnes consacrées, hommes ou femmes, la première chose qui me vient à l’esprit c’est : “voici un célibataire endurci” ou “voici une vieille fille”. Ils ne sont ni père, ni mère. Ils n’ont pas été capables de donner la vie. En revanche, lorsque je lis la vie des missionnaires salésiens qui sont allés en Patagonie, je lis une histoire de vie, de fécondité. »


« Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles, la proximité, la convivialité.
Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut !
Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons aborder le reste. Soigner les blessures, soigner les blessures… Il faut commencer par le bas. »


« Au lieu d’être seulement une Église qui accueille et qui reçoit en tenant les portes ouvertes, efforçons nous d’être une Église qui trouve de nouvelles routes, qui est capable de sortir d’elle-même et d’aller vers celui qui ne la fréquente pas, qui s’en est allé ou qui est indifférent. Parfois celui qui s’en est allé l’a fait pour des raisons qui, bien comprises et évaluées, peuvent le conduire à revenir. Mais il y faut de l’audace, du courage. »

jeudi 19 septembre 2013

« Afin que s'accomplisse les écritures »: attention, fausse piste...

La Bible est pleine d'expressions qui peuvent facilement nous conduire sur de fausses pistes... par exemple : « (…) afin que s'accomplisse les écritures », formule qui ponctue souvent un passage des Evangiles.
Je rangerais parmi les fausses pistes : 
- C'était écrit, on ne pouvait y échapper !, ou 
- quel pouvoir de prédiction, cela s'est passé exactement comme annoncé !, ou 
Jésus, par obéissance, s'est conformé à ce qui était écrit.. ! ..Etc..


Photo-montage de Marc Hermann, que reste t-il de cet accident de voiture qui a coûté la vie d'une fillette de trois ans, Martha Cartagena, qui roulait sur son tricycle, quand elle a été frappée et tuée sur Porter Avenue à Brooklyn, le 4 Avril 1959..?


Je privilégierait l'interprétation suivante : 
- Ce qui est « écrit » (et qui ne s'envole pas comme les paroles) dans un texte qui a le statut de texte spirituel -s'il a une valeur donc- ne peut pas n'être qu'une suite littéraire qui disparaîtrait dans l'oubli du temps... 
Jésus lui-même avance que son message plonge ses racines dans la voix d'une « loi » et des prophètes. Il affirme même, qu'il n'abolit rien du passé, mais le renouvelle et le transfigure. La spiritualité chrétienne trouve ses racines dans les Écritures juives. Accomplir les Écritures, c'est être en cohérence avec elles...

mardi 17 septembre 2013

Une Eglise sans frontières

Jean Bastaire ( 1927-2013) , philosophe et écrivain catholique ( il se disait héritier de Péguy et de Claudel) est décédé ce mois d’août.
Peinture de Marie Findlay


« Jean Bastaire a joué un très grand rôle dans la redécouverte de la dimension cosmique de la théologie. Pour lui, la promesse de salut n'est pas destinée à l'homme seul, mais à l'ensemble de la Création dont il est responsable. » Patrice de Plunkett ( journaliste)
« Je rame depuis près d'un quart de siècle sur l'océan de l'écologie chrétienne dont on commence seulement à pressentir l'immensité temporelle et spirituelle », J Bastaire à P. de Plunkett.



« Le corps du Christ est plus étendu qu’on ne le pense. » Péguy


Cette interrogation sur l'Eglise fait écho, à ce témoignage rendu par le pape François, à un incroyant : Eugenio Scalfari, directeur du journal La Republica.

« Vous me demandez si le Dieu des chrétiens pardonne ceux qui ne croient pas et ne cherchent pas la foi »... Très bonne question ! « Ne pas croire », serait-il une faute pour un chrétien .. ?
Non ! Même aux yeux de celui « qui croit », si tu ne crois pas, à mes yeux, tu n'es pas en faute … ! Je sais que la miséricorde de Dieu est sans limite..., et « Le péché, précise le pape, même pour ceux qui ne croient pas, est d’aller contre sa conscience. L’écouter et lui obéir signifie en effet prendre des décisions face à ce qui est perçu comme bien ou mal. Et c’est sur cette décision que se joue la bonté ou la méchanceté de notre action »
Et sur la question de l'Absolu, et de la Vérité absolue … Il était temps, enfin, de passer à autre chose qu'une simple condamnation du « relativisme », argument insatisfaisant...
la question est classique : « Existe t-il une seule Vérité ( remise en cause par la modernité des « Lumières »), ou seulement une série de vérités relatives et subjectives ?»
Et bien, non ! Il ne s'agit pas au « croyant » d’asséner La Vérité... !

« je ne parlerais pas de vérité « absolue », pas même pour le croyant, au sens où l’absolu est ce qui est détaché, ce qui est privé de toute relation. Or la vérité, selon la foi chrétienne, est l’amour de Dieu pour nous en Jésus-Christ. Donc la vérité est une relation ! C’est tellement vrai que chacun de nous saisit la vérité et l’exprime à partir de lui-même : de son histoire et de sa culture, de la situation dans laquelle on vit, etc. »

La vérité ne saurait être absolue, car elle est relation et « chemin » permanent, ce qui ne fait pas d’elle un élément « variable et subjectif » pour autant.
François nous donne l'exemple d'un véritable dialogue, en ce sens que son but est la recherche de la vérité. Entrer dans un dialogue, pour le chrétien c'est se laisser interroger pour s'obliger à la cohérence, coller à la réalité, et savoir rendre compte, comme le dit saint Pierre, de l’espérance qui l’habite.

François confirme encore une fois son appel, adressé à l’Église depuis le début de son pontificat, à sortir aux “périphéries de l’existence humaine”, c’est-à-dire à ne pas rester entre paroissiens mais à sortir sur les parvis, à la rencontre des non-croyants.

dimanche 15 septembre 2013

Vincent Peillon: dangereux laïcard ?

Une vidéo Youtube, circule en ce moment dans certains milieux catho. Elle répond (sans doute?) à la Charte de la laïcité... avec une forme contestable, qui ne respecte pas la personne et ses idées... Pourquoi annoncer avant même de dire que Vincent Peillon déclare la guerre à la religion catholique qu'il est juif alsacien et franc-maçon... ? Horrible... ! Je ne peux m'inscrire dans ce genre de suspicion … !


Dessin montrant la France catholique “conduite” par les Juifs et les francs-maçons (Achille Lemot pour l'hebdomadaire catholique Le Pèlerin, n° du 31 août 1902). La politique des «laïcards» y est assimilée à une manœuvre politique judéo-maçonnique visant les catholiques.
Vincent Peillon parle beaucoup du XIXème siècle, et c'est dans ce contexte historique qu'il parle de religion laïque, et de la Franc-Maçonnerie... Manifestement, dans ces extraits Peillon s'inscrit dans ce courant très laïcard et anticlérical du XIXème... Il faut dire qu'à cette époque, l'Eglise durcit elle-même ses positions contre ce qu'elle nomme : le « modernisme ». Nous sommes dans l'opposition de deux excès, qui va produire cette fameuse « laïcité à la française »... L'Eglise y a sa part de responsabilité ( 1) !

La laïcité n'est pas anti-religieuse (il le répète ), mais reste sans-doute avec Peillon anti-cléricale … Aussi, c'est dommage que l'on n'entende pas la réponse de Peillon sur la critique de ce courant « laïcard », que le journaliste lui fait, justement en ce XXIème siècle … Dommage ! Mais la portée de ce genre de clip, est de ne reproduire que des extraits choisis ( les sources …?)

Je n'ai donc pas appris grand chose de cette vidéo. Ce courant très laïcard existe et il est respectable. Je m'attriste de la vision très négative que certains peuvent avoir de la religion catholique, et le XIXème siècle ( en particulier..!) a beaucoup à nous apprendre, pour ne pas refaire le même genre d'erreurs. C'est aux catholiques, aujourd'hui, à montrer et donc à vivre un message évangélique qui - manifestement - ne peut plus prêter le flanc à ces critiques usagées ( et qu'il nous faut assumer..)...


 « Erreurs et doctrines perverses » 
– Le Syllabus de Pie IX – 1864
(1)
« L'Eglise est passée à côté du monde moderne. D'une manière générale, elle est contre toute amélioration commune des sociétés par elle-même : l'Eglise s'opposa à l'éducation des filles sous la Restauration de Charles X, au suffrage universel sous Louis-Philippe, au droit de grève sous Napoléon III, ou encore à la séparation de l'Eglise et de l'Etat, pendant la IIIème république, et ainsi de suite jusqu'au Pacs et aujourd'hui au mariage pour tous... La seule faille de cette implacable mécanique est la question du droit de vote des femmes. L'Eglise soutenait cette réforme tout simplement parce que les femmes étaient plus conservatrices et votaient plus à droite que leur mari... Hormis cette exception, toutes les lois qui sont à la base des progrès sociaux n'ont jamais été soutenues par l'Eglise... Au sein de cette dernière la petite flamme de Las Casas ne s'est néanmoins jamais éteinte ». Jean-Claude Carrière : le Monde des Religions N°59
En 1550, à la controverse de Valladolid, Gines de Sepulveda, homme d’Église qui venait de publier à Rome un ouvrage qui justifiait la propagation des guerres contre les Indiens, et le dominicain Bartolomé de Las Casas, engagé auprès des indiens. Pour Sepulveda, Dieu n'a pas voulu des indiens dans son royaume, car ils ont une âme inférieure. Le vrai sujet du débat porte sur le droit des espagnols à convertir les indiens par la force. L'esclavage n'était pas condamné par l'Eglise, et le Vatican – à l'époque de la controverse – possédait des esclaves noirs.

vendredi 13 septembre 2013

Qu'en est-il de cet éventuel « ordre naturel » ? -3-

L'ordre naturel serait ce que la Nature a mis en place à un instant donné. L'Homme, est – de plus - lui-même capable d'être la main artificielle de l'évolution de la nature (dont il fait partie). Ce qui est « contre-nature » n'est alors qu'un jugement humain ...
Exemple : aujourd'hui, nous avons fait le choix de distinguer l'acte sexuel de la reproduction. Ainsi, notre approche de la sexualité est bien plus complexe, qu'elle ne l'était autrefois. Et cela enrichit notre humanité.
La religion a eu cette géniale intuition de distinguer explicitement l'Homme de l'animal. Nos choix de société, également, font évoluer des institutions qui sont « hors nature » : comme le mariage, la famille, la parentalité. La majorité d'entre nous semble discerner - par exemple -, que cette nouvelle forme de parentalité - le couple homosexuel - ( très minoritaire ) ne va pas à l'encontre de « la Nature ».

Relisons l'histoire : Régulièrement une certaine opposition ouvertement catholique entre dans le débat politique : ainsi l'opposition catholique au Cartel (1922-1924). Parfois, ces catholiques s'opposent à ce que certaines questions – qui relèveraient d'un ordre naturel – puissent être traitées démocratiquement... Ainsi la loi de 1905, allait contre la conception du pouvoir, où Dieu est la source de toute légitimité. « Dans l'entre-deux-guerres, le projet d'une école républicaine unique avancée par le gouvernement Herriot était dénoncée car elle allait aussi contre un droit naturel : celui des familles à éduquer leurs enfants selon les conceptions propres qui leur appartiennent. À la même époque, des catholiques pouvaient militer pour le suffrage familial (par chef de famille — père — pondéré par le nombre d'enfants) contre le suffrage des femmes au nom d'une répartition naturelle des rôles et l'exclusivité « naturelle » des femmes sur les soins à apporter aux enfants et des hommes à faire de la politique. »   Anthony Favier est agrégé d'histoire religieuse et milite pour l'association d'homosexuels chrétiens David et Jonathan.

mercredi 11 septembre 2013

Qu'en est-il de cet éventuel « ordre naturel » ? -2-


Pour en revenir à cet éventuel « ordre naturel » : il serait tentant de dire qu'il n'a d'autre réalité que d'être l'enjeu d'une opposition entre une approche conservatrice, qui passe par la défense d'un ordre naturel, et une approche progressiste, selon laquelle la société doit discerner et choisir en vue de s'émanciper d'un certain déterminisme naturel.

Y a t-il un sens de l'Histoire ? Plus qu'une émancipation ne s'agit-il pas plutôt d'une construction de l'Humain. Bien sûr, ce « progrès » n'est pas inscrit à l'avance, il faut l'humilité nécessaire, pour comprendre, discerner et faire des choix.
La sagesse, implique de comprendre comment nos anciens ont construit cet ordre passé... La question est de savoir si cet ordre est issu ou pas d'un « ordre naturel ».

L'Homme cherche l'ordre dans la Nature, pour l'expliquer, pour la comprendre, pour l'apprivoiser et enfin pour canaliser sa peur.

A suivre : ...

lundi 9 septembre 2013

Qu'en est-il de cet éventuel "ordre naturel"...?

L'humain, n'est pas que « nature, ou que « culture ».. Dans la vie, rien ne paraît figé ou immuable, et nous avons la capacité de vivre et de faire vivre... En ce sens, il y a un ordre de la vie. La reproduction sexuée, n'est pas une invention sociale, mais une « évolution », une « invention » de la vie... La danse du masculin et du féminin ( le Yin et le Yang, etc …) rythme notre humanité.

Rencontrer un(e) « autre », aimer un(e) autre que moi, fonde notre humanité, et les deux pôles yin et yang y jouent en chacun, comme une énergie nécessaire. Et cet amour ( sexuel ou pas …) expérimenté rejoint l'expérience du sacré. Et je pense qu'il en est ainsi, que cette rencontre soit homosexuelle ou hétérosexuelle ( celle-ci étant la norme, la représentation ordinaire, parce qu'elle permet la reproduction de l'espèce et donc est très nettement majoritaire).
 La force de ce qui fait l'humain, est qu'il est capable aussi, de sauvegarder ce qu'il a jugé: « anormal » …

La rencontre de deux êtres est sacrée ; pas le mariage - qui lui est social - comme l'est tout contrat. Il ne s'agit pas de remplacer, un ordre sacré par un ordre social... Il s'agit de ne pas les confondre !


Fantasme extrémiste ( il en existera toujours et de toute sorte ..) que de vouloir éradiquer toute représentation du masculin et du féminin ; nous perdons notre temps à nous y complaire, même pour le dénoncer. Il me semble plus important de vitaliser la part du féminin dans notre Eglise. La « féminité » et sa représentation n'ont pas vraiment la cote, chez les cathos. !

 Vladimir Kushest est un artiste russe né en 1965 - Son travail combine le mythe, la métaphore et la poésie sous des formes nouvelles. Grâce à la juxtaposition d'objets ordinairement non reliés et l'exploration de différents points de vue, le travail de l'artiste fait référence à des significations et des métaphores profondes, tout en conservant son approche réaliste de la représentation, un style qu'il appelle le réalisme métaphorique.


samedi 7 septembre 2013

L'embryon est-il une personne ? -3-


La loi qui vient d'être votée le 16 juillet, autorise la recherche sur l'embryon humain, uniquement sur les 170 000 embryons congelés qualifiés de "surnuméraires", aujourd'hui, en France, et qui ne répondent plus à un "projet parental"... C'est important d'être dit, mais -bien sûr – cela ne change rien au fond du débat... sauf, qu'il existe une deuxième question:

- Question N°2 : Très concrètement : ces embryons congelés ne peuvent pas être stockés pour l'éternité: sont-ils voués à la destruction... ou à la recherche ? Qu'est-il préférable ?

Pour être cohérent : faudrait-il donc - aujourd'hui – interdire toute fécondation in vitro et, toutes les techniques de procréation médicalement assistée (PMA) ?

Pour en revenir à la question N°1: « Peut-on considérer un embryon humain comme une personne à part entière ? »
Mettons-nous dans la conviction religieuse que l'embryon humain est une personne. Que dit l'Eglise et que fait-elle en terme de « signe », pour tous les « ratés naturels » ( fausses couches ...etc ) ?
D'autre part, il y a sur ces questions éthiques, et importantes : un fonctionnement ecclésial qui mérite d'être interpellé... En effet, les évêques n'hésitent pas à signifier «  la position de l'Eglise »... - et en même temps - à appeler au débat (débat sur quoi ? )...

Saint Thomas d'Aquin, pensait que Dieu insuffle « l'âme » au moment où le fœtus est assez développé pour exercer une activité spirituelle.. ( apparition de "l'anima intellectualis")

L’Église est ici, réduite au « magistère », et dénie au «  peuple de Dieu », toute intervention, alors que le débat est scientifique et éthique, avant d'être théologique ( pour éviter les erreurs passées …).
L'histoire nous a habitué à être méfiant … !


N'oublions pas qu'il y a une question N°2... ! Est-il « juste » de ne pas vouloir répondre à cette question.. ? S'agit-il de dire : «  peu importe la réalité pourvu que la norme catholique puisse être réaffirmée dans toute sa rigueur et sa sacralité. » ou en d'autres termes : l'Homme est-il fait pour le sabbat ?

Les illustrations sont des reproductions d'oeuvres de Ritva Voutila,  née en 1946 à Nokia, en Finlande. En 1968, elle déménage en Australie où elle reste un peu plus de 2 ans. En 1971 elle revient en Europe, s'installe aux Canaries où elle continue à se perfectionner en dessin et en peinture tout en travaillant dans divers domaines. En 1981, elle repart définitivement en Australie et s'installe à Sydney. Elle commence à peindre à plein temps en 1983. En 1990 elle illustre son 1er livre pour enfants "101 Excuses for Not Doing Homework" (101 Excuses pour ne pas faire ses devoirs) par Carly Little. Elle en illustrera près de 50. Outre les arts et l'illustration, elle détient un diplôme de philosophie, elle a également étudié le design urbain. 

jeudi 5 septembre 2013

Cette peinture est un scandale !

Encore une affaire de « genres »... !

En 1808, Caspar David Friedrich peint une œuvre qui suscite une violente controverse : le retable de Tetschen, où l'on voit – motif récurrent chez l'artiste – une croix au sommet d'une montagne couverte de sapins. Le scandale ne vient pas d'une éventuelle maladresse d’exécution, mais on reproche avec véhémence à Friedrich, d'avoir inversé la hiérarchie des genres, en substituant une peinture de paysage ( genre bas) au plus noble des genres ( la peinture d'histoire à sujet religieux... En effet Friedrich a installé une simple peinture de paysage dans le cadre sculpté d'un retable !


Plus que deux conceptions de la peinture, ce sont deux conceptions du monde qui s'opposent dans les querelles de Friedrich et de la critique néo-classique.

En effet à cette époque, les partisans d'une Hiérarchie des genres, pensent défendre aussi un ordre social... Or justifier le Mélange des genres, ne peut que sous-tendre le brassage social... D'ailleurs ne valorise t-on pas, ainsi :« La dramaturgie romantique du désordre » … ? ..


Dieu ayant créé l'homme à son image, la peinture de l'homme est plus noble que celle de la nature.
Le Romantisme bouleverse la hiérarchie des genres au XIXe siècle.

En France, au 17e siècle, la peinture est codifiée, les genres de peinture sont hiérarchisés.
La hiérarchie des genres a été codifiée en 1667, par André Félibien (historiographe, architecte et théoricien du classicisme français) dans une préface des Conférences de l'académie :


Si Paul Delaroche (1797-1856) est un des maîtres les plus célèbres de son temps, c'est en grande partie dû au fait que le genre dont il s'est fait une spécialité convient parfaitement à l'idéal de « juste milieu » de la Monarchie de Juillet

« Ainsi celui qui fait parfaitement des paysages est au-dessus d'un autre qui ne fait que des fruits, des fleurs ou des coquilles. Celui qui peint des animaux vivants est plus estimable que ceux qui ne représentent que des choses mortes et sans mouvement ; et comme la figure de l'homme est le plus parfait ouvrage de Dieu sur la terre, il est certain aussi que celui qui se rend l'imitateur de Dieu en peignant des figures humaines, est beaucoup plus excellent que tous les autres. Cependant quoi que ce ne soit pas peu de chose de faire paraître comme vivante la figure d'un homme, et de donner l'apparence du mouvement à ce qui n'en a point ; Néanmoins un Peintre qui ne fait que des portraits, n'a pas encore atteint cette haute perfection de l'Art, et ne peut prétendre à l'honneur que reçoivent les plus savants. Il faut pour cela passer d'une seule figure à la représentation de plusieurs ensemble ; il faut traiter l’histoire et la fable ; il faut représenter de grandes actions comme les historiens, ou des sujets agréables comme les Poètes ; et montant encore plus haut, il faut par des compositions allégoriques, savoir couvrir sous le voile de la fable les vertus des grands hommes, et les mystères les plus relevés. L'on appelle un grand Peintre celui qui s'acquitte bien de semblables entreprises. C'est en quoi consiste la force, la noblesse et la grandeur de cet Art. Et c'est particulièrement ce que l'on doit apprendre de bonne heure, et dont il faut donner des enseignements aux Élèves. »
La peinture d'histoire, et de plus d'histoire religieuse, contient, a priori, tous les autres genres qui lui sont subordonnés. 

Pour les romantiques, il n'y a pas de hiérarchie naturelle. Dieu est source de chaque chose, et chaque chose est signe de Dieu ...
Plus encore, la subversion des hiérarchies de classe ou de genre a été perçue comme une très sérieuse menace contre l'ordre social, la famille et la propriété.

Marivaux, Diderot, vont - dans leur spécialité - contribuer à accentuer cette « subversion des genres » …

mardi 3 septembre 2013

Article L'autorité du Magistère et la morale... -4-


« L’église catholique parle avec nuances du social en général, et d’une façon plutôt abrupte du sexuel. Dans le premier cas, elle distingue dans le jugement moral plusieurs niveaux, se gardant de les confondre. L’autorité n’entend pas se prononcer à tous ces niveaux également ou avec la même force. Dans le domaine de la morale sexuelle, l’église ne distingue apparemment plus les mêmes niveaux et le langage adopté est surtout un langage de normes, de licéité et d’illicéité. » Jean-Yves CALVEZ père jésuite.

Il serait temps qu'apparaisse explicitement, une différence entre : - d’une part les exigences de l’amour authentique ( l'idéal …), et d'autre part, le « cheminement pédagogique de croissance incontournable pour les êtres insérés dans le temps que nous sommes » selon les mots mêmes de l’exhortation apostolique Familiaris consortio en 1981 ( n° 9).
Je peux reconnaître la valeur de la norme, aujourd'hui ; et ne pas être tenu d'appliquer cette norme, parce que je me juge incapable – pour mon bien, et celui de mes proches – de la respecter ici et maintenant... Je résume ainsi, la notion catholique de «  loi de gradualité » (1) ... La « loi » consiste à éclairer les consciences...


L'histoire, encore, a cette heureuse faculté d'enseignement... Ainsi, il suffit de se retourner sur le problème moral qu’a longtemps constitué pour l’Eglise le prêt à intérêt
" Recevoir un intérêt pour l’usage de l’argent prêté est en soi injuste, car c’est faire payer ce qui n’existe pas ; ce qui constitue évidemment une inégalité contraire à la justice...Saint Thomas d’Aquin, dans sa « Somme Théologique » (2.2, question 78). 
Et, « si quelqu’un tombe dans cette erreur d’oser audacieusement affirmer que ce n’est pas un péché que de faire l’usure, nous décrétons qu’il sera puni comme hérétique.. »  1311, au Concile de Vienne … 

« Le Peuple chrétien », lui fait vite la différence entre ce qui est usure ou procédé malhonnête et prêt lucratif, à la manière 'protestante' … L’église catholique a retiré l’interdiction du prêt à intérêt du droit canon en 1830.



(1) : « La loi de gradualité et la formation des consciences », Documents-épiscopat, Paris, décembre 1991.

Illustration de Shinji Himeno


Voir également ces articles, publiés précédemment:



28 juil. 2013
L'autorité du Magistère Croire et Savoir... -2-. Devant l'absurdité de certains raisonnements : - Il faut prier pour demander la protection du dieu. - le dieu peut tout, dieu sait tout … - le dieu est en colère... il nous punit... et, son ...
26 juil. 2013
Un événement allait avoir un retentissement important sur la popularité de la pensée des Lumières, et le recul de la confiance dans le Magistère, et donc ( à cette époque ) le recul de la Foi … Le jour de la Toussaint, le 1er ...

04 juin 2013
Si d'une part est décrété dogmatiquement que le magistère est infaillible, n'est ce pas indiquer que le doute est suspect d'erreur, et donc inconciliable avec la Foi ? Pourtant, philosophiquement et bien sûr scientifiquement, ...



dimanche 1 septembre 2013

Article L'autorité du Magistère  relative et éducative... -3-

Suite, à notre réflexion sur l'histoire du Magistère, nous sommes à l'époque, ou opposé à l'esprit des « Lumières », le Magistère me semble en grande difficulté devant le tribunal de l'Histoire.. !

Revenons, malgré tout ( donc, en toute humilité ...), à ce qui justifie l'exercice d'une telle compétence : celle d'une autorité en matière de vérité, comprise sur le mode d'un enseignement ( celui du maître au disciple …).
Le Magistère des évêques ( dont le pape), se présente sous la forme d'un enseignement, qui consiste à « interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise » « avec l’autorité reçue du Christ, au nom et par le pouvoir du Christ » (Dei Verbum 10 ; Lumen Gentium n° 23 et 25).
A mon avis, l'avantage de de cette méthode, est qu'elle permet d'insister sur le fait que « La Parole de Dieu » ne nous parvient que par la médiation d'autres hommes : organisés en Église. C'est l’Église qui a produit le « Nouveau Testament », et même les Évangiles. Cette Parole, ne nous parvient pas directement du ciel ( comme le Coran, par exemple...).
« L’écriture, et la Tradition elle-même dans les documents où elle s’est déposée, demandent à être toujours de nouveau interprétées. L’histoire montre notamment ce qui peut être fait de l’écriture lorsqu’elle est détachée de la communauté de foi qu’elle contribue à engendrer et à nourrir. à partir et au nom de cette écriture n’ont cessé de se multiplier des mouvements fanatiques, »illuminés« , anarchisants. Quant à la Tradition, qui pourrait prétendre en discerner tout seul les expressions fidèles et celles qui ne le seraient pas ? » (Catéchisme pour adultes, §63).

Ce rôle important de la responsabilité Magistère, est « relatif »... Il ne peut s'exercer de manière solitaire... L'histoire et la théologie nous disent que cet instrument est un instrument fragile et faillible !



  • Pie VI condamne pratiquement les droits de l’homme (dans le Bref Quod aliquantum, du 10 mars 1791), alors que Paul VI et Jean-Paul II s’en font les hérauts.
  • Grégoire XVI, dans son encyclique Mirari vos de 1832, qualifie la liberté religieuse de « délire » et Pie IX, dans son encyclique Quanta cura de 1864, de « liberté de perdition », alors que Vatican II prône la liberté religieuse comme une exigence évangélique.