samedi 31 mai 2014

L'Histoire de la Bible -1/3-

Je viens de lire, un ouvrage «  de référence » sur la Bible: son histoire... L'objectif est de comprendre pourquoi à telle époque et dans telles circonstances politiques les textes bibliques ont vu le jour... Comment est né le Dieu de la Bible … ?

Non … La Bible n'est pas tombée du ciel !

Thomas Römer, n'est pas n'importe qui : Thomas Christian Römer, né à Mannheim en 1955, auteur d'origine allemande naturalisé suisse, est un exégète, philologue et bibliste. Thomas Römer est professeur au Collège de France. Chaire Milieux Bibliques, et professeur à l'université de Lausanne.

Le « style oral » de l'ouvrage nous permet de comprendre la complexité de cette étonnante histoire. Ainsi, ce qu'il en est de la concurrence de mythes fondateurs (autochtonique et exodique) dans les deux premiers livres bibliques ou, la référence à deux divinités distinctes (El et Yahvé, un chef du panthéon et un dieu de l’orage) en ce qui concerne l’émergence du monothéisme.

A mon avis, le « catholique moyen » se fait une conception idéalisée de ce qu'il a appelé longtemps « l'histoire sainte ». La Bible n'est pas seulement, des prières, des méditations, des textes saints …

La Bible, résulte d'un long processus, elle est le fruit d'une tradition orale, d'une rédaction et d'une transmission humaines qui ont été lentes et complexes et qui cherchaient à répondre aux situations très diverses de l'histoire mouvementée d'un peuple. Elle s'est constituée peu à peu dans des situations historiques, sociales, politiques et culturelles précises débutant au 8ème siècle avant notre ère chrétienne, au moment où les deux royaumes de Juda et d'Israël étaient sous domination assyrienne. Les premiers textes bibliques ont été produits en réaction à cette présence assyrienne, des textes construits comme de véritables traités de vassalité assyrienne mais qui en fait étaient des écrits de résistance, très subversifs à l'égard des occupants.

La Bible est une littérature qui se présente comme s'étaler sur presque un millénaire ; en fait sa rédaction est concentrée sur une période qui se situerait entre le VIe s. et IVe s. avant notre ère. Une littérature historiographique, qui ne cache pas ses enjeux idéologiques …

Ce que l'on nomme « la Bible », n'est pas un livre, mais une bibliothèque.

Extraits :

« Les copistes avaient une certaine liberté d'intervention sur le texte... le concept d'Ecritures canoniques auxquelles on ne peut ni ajouter ni retirer un mot n'existait pas dans l'antiquité. » (P40)
Quand je parle de l'histoire d'Adam et Eve et de la chute ( Gn2-3), je montre qu'à partir d'une analyse historico-critique du texte, on ne peut pas conclure en affirmant qu'un péché originel héréditaire aurait été commis par ce premier couple. Pour arriver à cette doctrine, il faut restituer tout un itinéraire de pensée sur plusieurs siècles. Cela va de l'apôtre Paul qui fait le rapprochement entre la faute d'Adam et son rachat par le Christ, dans le cadre des débats rabbiniques sur le salut, à Augustin d'Hippone, au IVe s., qui élabore le concept de « péché originel » dans le contexte qui était le sien. …
Les rédacteurs bibliques ne pouvaient pas imaginer un centième de ce que les commentateurs leur ont fait dire plus tard ... » (P65)

« Si l'on veut faire une utilisation religieuse de ces textes, il est indispensable de lire et d'interpréter chaque passage à la lueur de tous ceux qui traitent du même sujet. Il faut aussi s'interroger sur les contextes socio-historiques pendant lesquels ils ont vu le jour. C'est très important d'attirer l'attention sur ce point, car les lectures littéralistes nourrissent les tendances fondamentalistes que l'on voit se propager un peu partout, jusqu'à l'extrémisme.
Prenez les débats sur le mariage pour tous, qui ont fait tant de bruit. J'ai participé à une émission de télévision où quelqu'un disait : « Ce projet est inacceptable, parce que le livre du Lévitique interdit l'homosexualité. »
Sur ce point, en effet, le Lévitique est très clair. Mais que fait-on, alors, de l'instruction qui lui est associée, à savoir la mise à mort du contrevenant ? S'il fallait appliquer la Bible à la lettre, il faudrait aussi restaurer la peine de mort pour tous les couples homosexuels. Qu'on soit pour ou contre le mariage homosexuel, pour ou contre la peine de mort, etc., cette méthode qui consiste à faire son marché dans la Bible en fonction de ses propres convictions, puis à décréter : « Voilà ce que dit la Bible et ce qu'il faut penser », consciemment ou non, c'est de la manipulation. » (P67)
« la nécessité de l'interprétation est inscrite au cœur des textes bibliques...(...) la Bible oblige à faire un travail d'interprétation. Elle en donne elle-même de multiples exemples... » (P69)

A suivre, avec d'autres extraits

jeudi 29 mai 2014

Le regard fait l'image -1/99- Dorothée Golz

Dorothée Golz, est basée à Vienne, elle pratique la peinture numérique et se réapproprie des portraits classiques. Des visages « anciens », sur des corps modernes … plus exactement, des œuvres hybrides, qui mélangent aussi les structures sociales, les rôles de la renaissance et contemporains ; deux perceptions qui se confrontent …
Photo ou peinture … ? 
En observant ces images, peut-on dire que certaines postures, appartiennent au passé, et ne rencontrent plus la femme d'aujourd'hui... ? Y a t-il une conception moderne de la beauté ?

Dorothée Golz  - 2010 -
Dorothée Golz - la belle ferronnière -

mardi 27 mai 2014

La morale Laïque est évangélique -2/2-

Si les laïques défendent des principes et des valeurs, ils sont « partisans » ( effectivement ils ne sont pas relativistes …). Peut-on alors les accuser de défendre une idéologie particulière ? Ce serait faire un mauvais procès, si on signifiait par là, que la morale laïque est « athée »...
Peut-être, s'agirait-il de dire que la Morale, ne nécessite pas d'adjectif. Il y a la Morale, point. Il n'y aurait pas de morale laïque, de morale chrétienne, musulmane ...etc. Mais, c'est jouer sur les mots, s'il existe une Morale 'sans adjectif', et bien c'est précisément ce que cherche la Laïcité. Donc, la morale laïque, c'est la Morale 'sans adjectif '…

En partant des exemples d'attitudes, suivants ; je pourrais – peut-être - enfin distinguer la morale « laïque » de la morale « chrétienne » …
Il s'agit de la façon d'être, le style de vie ( la sphère privée ), par exemple :
Se marier ou vivre en union libre. Décider d'avoir des enfants ou pratiquer la sexualité en vue du seul plaisir. Être hétérosexuel ou homosexuel ...etc.
Et bien, à mon avis …. J'ai l'intuition que la morale dite laïque, est en avance sur ce que je nommerai la morale catho. Dans ces exemples, rien de ce qui n'est pas moral ( laïquement parlant ), n'est – non plus – immoral pour une morale évangélique … A mon avis …

On pourrait aussi évoquer, l'interruption de grossesse, la PMA...etc Non pas, en invoquant la sphère privée ou publique, mais en s’interrogeant sur le statut du fœtus, sur le respect de toute vie ...etc.
Et, alors.... Mon intuition me dit que la morale dite laïque, a peut-être beaucoup à gagner en « humanité » et donc en « universalité » à essayer de comprendre ce que la religion tente aujourd'hui de dire ….


En conclusion, il n'existe qu'une Morale. Et c'est – aussi - ce qui fait la grandeur de l'humain. Et s'il fallait choisir ( pour ne pas faire du relativisme …) - aujourd'hui donc - entre Morale 'laïque' et Morale 'religieuse', je choisirais – par universalisme – l'idéal de la Morale Laïque. ( et au fond de moi …. dans ma sphère privée …. je suis convaincu qu'elle ne peut que rejoindre la morale évangélique ( et c'est vrai … bien souvent dans l'histoire, bafouée par la religion...)

dimanche 25 mai 2014

La morale Laïque est évangélique -1/2-

J'ai assisté à une conférence d'Henri Pena-Ruiz, - philosophe et ancien membre de la commission Stasi ( laïcité ..) - sur la Morale Laïque.
Mon attente se situait sur les critères qui permet d'affirmer une Morale qui se propose d'être universelle ; alors que – semble t-il - une morale qui s'appuie sur des critères religieux, ne peut être que « particulière » …
A mon avis, si je n'ai pas été tout à fait convaincu; c'est que les principes de cette morale laïque me semblent très influencés par les « valeurs » chrétiennes. C'est dire, qu'il me semble, qu'un chrétien devrait se reconnaître sur l'ensemble des valeurs énoncées par « La Laïcité. »
  • Dire que l'humain, ne peut être réductible à un moyen, et qu'il est une fin... C'est évangélique, et laïque
  • Refuser un certain « relativisme », où tout se vaut, et qui désarme la conscience, est évangélique et laïque .
  • Même, les trois principes de la Laïcité :
    • Liberté de conscience.
    • Egalité des droits
    • Le souci de l'universel
sont évangéliques et laïques.

J'ai bien aimé entendre, que la Laïcité ne supporte aucun adjectif. Exemple : invoquer une laïcité « ouverte », c'est tenter d'exprimer des réserves sur la Laïcité.

Je n'ai pas bien compris, si - la «  Morale Laïque » consistait à s'établir sur le plus grand commun critère de toutes les morales, pour affirmer son universalité sur un consensus....
- Ou, si elle affirmait un critère « universel » basé sur le « pouvoir vivre ensemble » et le respect de chacun … Ferry en appelait à la morale du 'bon père de famille' ( un peu 'léger' non?)…
Les critères « indiscutables » et universels de la morale laïque ne me semblent pas si solides …

Il faudrait débattre également de ce que la morale laïque appelle «  sphère privée » et « sphère publique », distinction décisive – parait-il - pour ceux qui souhaitent préserver les libres choix religieux de chacun, et la sérénité de l'espace scolaire par exemple …
La question pointe surtout le « prosélytisme », et l'incapacité à l'humain du XXe s. d'accepter la 'différence' ...


Un autre sujet de débat, pourrait pointer la question des outils de connaissance. La raison et le savoir, suffisent-ils à connaître ce qu'est l'humain, ses aspirations, sa place dans le cosmos ? ( je pense que non ….). Et bien sûr, il ne s'agit pas là de caricaturer le débat, en s'interrogeant de qui est le plus « sage » du curé ou de l'instituteur... La laïcité, se doit de défendre l'autonomie de jugement, et le souci d'utiliser sa raison pour promouvoir la réflexion et la critique : soucis tout aussi évangéliques … !

A suivre ...

vendredi 23 mai 2014

Marie de Nazareth -2/3-

Aujourd'hui, évoquer l'immaculée conception est une manière de dire que l'on est pas protestant … Mais, pourtant? - Y a t-il une « expérience » à faire de cette réalité mariale … ?
Notre dame de l'assomption
Clermont
Oui, si Marie, représente en nous, la nature originelle, la terre, les qualités de réception … Oui, si c'est une incitation à faire l'expérience du lieu ( en soi …) où le verbe se fait chair, aujourd'hui … Tout nous est donné, mais tout n'est pas reçu …

Marie, conçue sans péchés : … Il y a en nous une possibilité d'être, « plus jeune que le péché, plus jeune que la race dont elle est issue... » Bernanos, qui parle de Marie. Est-ce qu'il y a en nous un espace plus jeune que la peur, que le péché .. ? Peut-être a t-on perdu la conscience de notre véritable nature … Retrouver cet « avant la chute », cet état de confiance : celle de l'enfant qui n'a pas peur, qui n'a pas été trompé …

Le péché originel, c'est une relation qui a été coupée, nous avons perdu le fil, le souffle, le Saint-Esprit … Notre souffle n'est plus relié à la source du souffle : l'Esprit … Si l'Etre ne nous fait pas être, on n'est pas … !
Le péché, c'est qu'on est pas heureux, c'est qu'on a visé à côté … Le bonheur, c'est retrouver notre axe … Jésus nous parle de la source, de ce lieu - en nous-même - qui nous aime … Ce lieu, qui est originel en nous …
Marie c'est la béatitude originelle, c'est un état de conscience qui est collé à la source de l'être, c'est notre vraie nature . Notre nature originelle, avant - qu'elle ne s'ouvre dans l’ignorance, et l'oubli de notre source …
Н.К.РерихМатерь Мира. [1930 г.]
Dans ce cas : Nous ne sommes pas dans l'Ouvert... Notre capacité n'est plus totale, - et Marie, c'est la fenêtre ouverte …
Dans notre vie, a quoi dit-on oui, à quoi dit-on non … ?
Souvent nos « non », ne sont pas des « oui » pour autre chose, ce sont des « non » de peur, des non de fermeture … Se souvenir de Marie c'est se souvenir qu'il y a en nous un lieu qui dit oui … Quelque soit les formes que cette vie peut prendre … Un lieu de nous-même un peu oublié …
L'attitude de Marie : elle couvait toutes ces choses dans son cœur .. Il y a des choses qu'on ne comprend pas …alors, il faut les couver … Ainsi, le sens peut germer.
Marie, disait oui à une réalité qu'elle ne comprenait pas toujours …
Nous avons la réaction de dire : tout ce que je ne comprends pas , n'existe pas … ! Alors, qu'il y a en nous un type de connaissance pour comprendre l'incompréhensible, pour comprendre que le non explicable existe, que le non-rationalisable existe… La réalité peut nous échapper ( aujourd'hui, les scientifiques comprennent ça très bien …). Alors, on peut entrer dans la contemplation …

Le oui originel, est peut-être - en nous – oublié. Etre à l'école de Marie, c'est : m'interroger comment Myriam de Nazareth, vit-elle ça dans sa vie... ?

Sources : Jean-Yves Leloup ...


mercredi 21 mai 2014

Marie de Nazareth -1/3-

Mon point de départ, sont mes notes prises lors de mon écoute de conférences de Jean-Yves Leloup sur « l'archétype du féminin », avec donc aussi mes propres commentaires … Mon objectif, est de comprendre l'apport de Marie, dans le message évangélique.
Ingrid Tusell Domingo

Aller à la rencontre des personnages de la Bible, c'est reconnaître en la plupart d'entre eux un archétype. Et, nous avons le privilège au travers des Évangiles, de pouvoir confronter cet archétype – chacun représenté par un personnages, comme Marie de Magdala, Nicodème, la Samaritaine, ou même Marie de Nazareth … - ( confronter, donc) à Celui qui en fait la synthèse : le Christ, Jésus lui-même …

Chaque personnage correspond à un état de conscience... à un archétype. Des femmes comme la samaritaine, ou Marie de Magdala semblent plus proches, plus accessibles, parce qu'elles se présentent comme des femmes de chair, 'ordinaires' ; alors que Marie la mère de Jésus est «  la vierge-mère »... ! Paradoxe,, contradiction... Alors:

* Soit : j'en conclue : - ce n'est donc pas une femme ! .- et c'est 'Marie-répulsion'.

vierge de Frithjof Schuon
** Soit, - si je considère que je dois l'admettre - «  c'est un dogme ! », et même si cette expérience me semble impossible pour l'humain que je suis... : je me représente Marie en déesse, et c'est : ' Marie-dévotion' si je pense pouvoir en retirer quelques bienfaits ou investir beaucoup d'affection ...… …
A noter : Marie s'est retirée et s'est 'endormie' à Éphèse, la cité d'Artémis : vierge et mère... Mon problème, c'est que si je « projette » sur Marie, certaines qualités divines, hors d'atteinte..., il me semble que je modifie la « révélation » évangélique.... !

*** Enfin, la seule réponse chrétienne, et qui se présente comme fabuleusement enrichissante, me semble être de considérer Marie de Nazareth, comme un archétype.
Avec Jean-Yves Leloup, je vais explorer cette voie :

*****

Que peut me signifier, le fait que Marie soit « vierge »... ? ( sur le plan de la méthode, j'accepte cette aventure, qui va à l'encontre de la méthode -vieux catéchisme – qui, elle, arrête cette faculté de gravir des niveaux de pensée …).
La virginité n’intéressait pas les anciens. Ce pouvait être un état d'attente, puis une malédiction... Aujourd'hui, la virginité nous apparaît valorisée par le témoignage de tous les religieuses et religieux des temps passés... Mais, à l'époque de Jésus, cet idéal n'existait pratiquement pas ( hormis chez quelques fondamentalistes, comme les esséniens...)!
à Soligny : Marie

Jean-Yves Leloup cite alors Maître Echkart... «...car il faut devenir vierge pour être mère de Dieu... ».
Je suis allé rechercher quelques citations supplémentaires à ce propos :
- Sermon 2 : Vierge veut dire rien moins qu’un être humain qui est dépris de toutes images étrangères, aussi dépris qu’il l’était alors qu’il n’était pas.
(..) que dans ce maintenant présent je me tienne libre et dépris en vue de la très chère volonté de Dieu et pour l’accomplir sans relâche, en vérité je serais alors vierge sans entraves d’aucune image, aussi vraiment que j’étais alors que je n’étais pas.
(…) Si l’être humain était vierge pour toujours, aucun fruit ne proviendrait de lui. Doit-il devenir fécond, il lui faut de nécessité être une femme. Femme est le mot le plus noble que l’on peut attribuer à l’âme et est bien plus noble que vierge » Maître Eckhart.

La virginité c'est le silence de l'esprit, dans le psychisme, le mental … Que va t-il naître de ce silence … ? Silence synonyme d'innocence, sans mémoire... Un état sans projection, quand on arrête de se projeter sur ce que l'on sent .. ; pureté du cœur... virginité : vacuité …
Etre vierge c'est être en état de réceptivité : c'est la coupe qui accueille, nettoyée, apaisée … et être capable d'accueillir le logos...
Il y a en chacun de nous cet espace vierge... immaculé. Il ne s'agit pas d'en faire un dogme, mais d'en faire l'expérience !
Il n'y a pas que Marie, et que notre tradition, qui vit cela. En Islam, Mohamed, se fait vierge, analphabète pour qu'à travers lui, le Verbe se fasse Livre ...
Aujourd'hui l'état de vierge, se réduit à sa dimension physique... Alors qu'il s'agit de décrire un état de conscience, qui peut être vécu ... en soi.
On le retrouve bien sûr dans le bouddhisme : la virginité s'expérimente dans le vide... C'est dans le silence du Bouddha qu'est engendré l'éveil … Cet esprit de vacuité, de lâcher prise est nécessaire pour faire naître en soi l'esprit d'éveil ...
A noter, que les vierges romanes et le bouddha se ressemblent dans la posture, le visage …


C'est rassurant de se rendre compte que l'on retrouve cette Vérité dans toutes les traditions …

dimanche 18 mai 2014

Interroger mes croyances. -2/2- Economie

Les croyances emplissent notre vision du monde... Ce qui est évident sur le plan moral, ou religieux, apparaît beaucoup moins sur le plan économique.

Si en sciences physiques, la représentation que se fait un physicien de l’énergie atomique et celle que s'en fait l'homme de la rue, sont assez éloignées … cela a peu d'importance ( on pourrait s'en alarmer, si on réfléchissait sur le nucléaire, ou les bio-technologies … !), puisque l'opinion du savant a seule une influence sur la production de l’énergie atomique …
En matière de croyances économiques – au contraire - ( et tant mieux …), c'est l'opinion de l'homme de la rue ( au moins en démocratie …) qui devrait être décisive.
Quelle en est la part de rationalité, de passion … ? Les différences idéologiques traversent nos pays, nos milieux, nos partis …
Le terme de « liberté économique », est pour certains l'objet d'un dogme. Et parfois, y cohabitent deux croyances contradictoires : l'une attachée au dogme libéral, l'autre au bienfaits de la protection de l’Etat... Chaque classe, ou milieu social a sa propre démonologie : le fisc, les fonctionnaires, les charges sociales, les impôts, les profits, les juifs, les américains, les communistes, les immigrés ….
Bien sûr, il y a dans ces croyances, des éléments de réalité objective...
En général, les « croyances » ( économiques, ou autres …) sont schématiques et simples. Aussi, diverses institutions, comme la monnaie ou peut-être l'Europe … apparaissent trop complexes, et sont moins abordées … ou « caricaturées » : «  c'est plus cher avec l'Euro »... » C'est la faute à l'Europe .. » etc ..
C'est vrai, il n'existe plus de « purs libéraux », cependant pour beaucoup, le libéralisme est un système cohérent de pensée.
Les « croyances » sont plus vécues que pensées, elles élaborent des représentations, et agissent. Elles sont passionnelles, parfois « magiques », simplificatrices, elles encouragent à l'action et promettent le meilleur ou le pire …
On pourrait se demander aussi, si ce n'est pas ce que l'on fait, et surtout ce qui est ; qui détermine la croyance à « ce qui est ».
( Sources : « inspirées » par Georges Vedel : Universitaire, sciences politiques, +2002 )

Janv 2010, Couverture de
Renault trucks magazine
Fort de cette réflexion... Je pense traquer quelques « croyances » dans la logique néo-libérale qui inspire notre fonctionnement. Ainsi, n'est-on pas en droit de s'interroger sur le fameux « coût du travail » impliquant des mesures d'austérité pour atteindre le sacro-saint équilibre des comptes publics... ?
Faut-il admettre que budget de l'Etat et de la bourse d'un ménage sont équivalents … ?

- Une épargne conséquente des ressources peut-elle être compatible avec le système économique qui prétend régir les rapports humains par la compétitivité et la course au profit. Est-ce crédible ?
- Un « développement durable » - libéral - laisse entrevoir que des technologies appropriées seront forcément découvertes afin de remédier à chaque déséquilibre créé par la Sainte Croissance. Est-ce crédible ?

- La croissance est-elle une divinité ? Elle serait éternelle... Est-ce crédible ?

«  Refuser l'illusion financière, c'est ne pas admettre la croyance selon laquelle nous n'aurions qu'à nous soumettre à une finance de plus en plus dérégulée comme le seul moyen d'atteindre la prospérité. » Gaël Giraud ( jésuite )

jeudi 15 mai 2014

Interroger mes croyances. -1/2-


Que cela soit clair, même si je pose à priori mon christianisme, je ne suis pas plus « croyant » que n'importe qui... Le point positif, c'est déjà que je revendique cette foi ( avec sa part de doute ), or la plupart de nos croyances ( à tous...) ne sont pas choisies, encore moins revendiquées ...

La plupart de nos croyances, nous ont été transmises depuis notre plus jeune âge par nos familles, par les personnes qui nous ont éduquées, par tout notre environnement mais également suite à nos propres expériences de vie. La plupart du temps, elles nous paraissent « évidentes », et sont confortées par notre entourage … Mais sommes-nous capables de re-voir, et re-choisir nos croyances … ?

Une personne qui ne croirait en rien ne ferait plus rien, aurait « peur » de tout …
Une « croyance » peut-elle être considérée comme un état passif ou un état actif de l’esprit ?

Réfléchir sur nos préjugés ( raciaux ou sociaux, mythologiques, idéologiques, religieux ...etc) devrait nous aider à nous libérer et (ou) contrôler ceux qui nous les transmettent...
Ce qui n'est pas distingué ou reconnu comme une « croyance », ne peut pas ensuite être considéré comme un engagement volontaire... Tout devrait donc être questionné, débattu …

Dans l'absolu: peut-on faire table rase des préjugés et des croyances pour atteindre la certitude ? Non … Il y a bien une limite....
Etre « sujet » c'est se donner des devoirs vis à vis de ses jugements, même s'il est illusoire de penser que nous puissions contrôler nos croyances par notre volonté.

Nous pouvons tendre à être responsable de nos croyances, comme nous pouvons tendre à être le plus « conscient » possible... De tout, nous nous devons de rendre « raison ».
La « preuve » peut être suffisante, mais elle n'est pas nécessaire. D'ailleurs nous ne pouvons pas nous dispenser de croire pour vivre …

Mais, attention : c’est le désir qui nous fait croire et agir.

Vraiment, ma religion ou plutôt ma spiritualité... C'est de moins en moins en moins une « croyance ».

mardi 13 mai 2014

Y a t-il de mauvaises questions ?

Surtout, ne jamais hésiter à se poser les bonnes questions... Inlassablement ...
Le danger serait de tourner  en rond, diraient certains ... mais: y a t-il de mauvaises questions ...?

Par exemple:
Il y a une sorte d'ascèse spirituelle à cette forme du raisonnement talmudique, vous allez vite comprendre sur cette vidéo:

Deux ramoneurs l’un noir et l’autre blanc ... ou le Talmud chochmologie en francais

dimanche 11 mai 2014

J Bové, EELV et la PMA

Il faut être José Bové, pour faire apparaître -enfin-  la non-unanimité à EELV sur un sujet comme les bio-technologies. Et bien tant mieux, et Bravo à lui... Cela aurait pu être sur le cannabis …
Je partage avec lui, les propos suivants : 

« Je suis contre toute manipulation sur le vivant, que ce soit pour des couples homosexuels ou des couples hétérosexuels. Je pense qu'à un moment le droit à la vie et le droit à l'enfance sont deux choses différentes. Je ne crois pas que le droit à l'enfant soit un droit. »
« Tout ce qui va faire aujourd’hui qu’on va fabriquer le vivant, plutôt que le laisser se développer (...) est quelque chose qui doit être combattu »
Yannick Jadot, qui a réagi à ces propos, note l'influence de Jacques Ellul - penseur protestant-chrétien qui s'est opposé aux travers d'une société technicienne - sur J Bové... Alors, encore Bravo à lui … Je ne sais pas si le débat, sur ces questions, a vraiment eu lieu au sein d'EELV ; je n'en ai que très peu entendu parler... Il semble d'ailleurs que les Verts allemands, soient beaucoup plus prudents sur les questions de bioéthique.... Bravo à eux !

Dans Marianne, on rappelle que, pour ce qui est d'EELV :
- le député du Morbihan, Paul Molac, a fait part également de son « malaise » sur ces questions. « Je me méfie, moi aussi, de la manipulation sur le vivant. En tant qu’ancien agriculteur, je sais que ce ne sont pas des choses anodines »
- Une opinion que partage Michèle Bonneton, députée de l’Isère, pourtant « globalement favorable » à la PMA. « Il n’y a pas de droit absolu à l’enfant », déclare-t-elle aussi : « Dans quelles conditions » va-t-il naître ? « Quel est son intérêt ? » Et de poursuivre : « Je comprends la position de José Bové » aux côtés duquel elle fera campagne le 19 mai prochain pour les européennes. Toute manipulation sur le vivant, explique-t-elle, « peut être la porte ouverte à une modification de l’embryon »
- le député des Bouches du Rhône, Michel Lambert, en revanche, la PMA « est un bouleversement sociétal qui mériterait le temps du débat. » « Ça me semble le sens des choses. Mais le moment n'est pas venu pour qu'une large majorité de Français l'accepte. Moi-même, j'ai encore besoin de débats et de temps pour me faire une conviction. On n'en est pas encore à la sélection des enfants, mais quels en sont les gardes fous infranchissables ? » interroge-t-il.

Jacques Testart, même s'il ne partage pas les choix d'EELV, « critique l’expérimentation humaine pour concevoir des enfants délibérément privés de leurs origines (anonymat du géniteur) en exigeant abusivement le concours de la biomédecine, ou la fabrication d’enfants sur mesure (tri des embryons). »

L'idéologie utilitariste et capitaliste chosifiant la personne, peut ainsi fantasmer sur toutes les possibilités biologiques et techniques qui nous sont accessibles … !
La société de consommation, nous fait régresser à vouloir satisfaire toutes nos pulsions.
Il s'agit aujourd'hui, d'être dans le discernement, c'est à dire d'être en capacité de dire oui ou non... Le libéralisme, nous interdit de dire non... Ne jamais résister !

vendredi 9 mai 2014

"Le Garçon avec une pomme " de l'artiste Johannes Van Hoytl

The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, est une confiserie, enfin un film , ou un cartoon en prises de vues réelles. Le décor est celui du luxe des années 1930, puis du déclin de l'après-guerre communiste. Les cadrages sont millimétrés, révélant parfois frontalement des décors aux allures de maisons de poupée grandeur nature.
« Le goût des miniatures me vient sans doute de l'enfance : je voulais être architecte, je dessinais des bâtiments, je construisais des maquettes. J'ai aussi aimé jouer aux Lego. Mais ce que j'aime ­par-dessus tout, ce sont les miniatures dans les films : par exemple, les modèles réduits de trains qu'utilisait Hitchcock dans les ­années 1930. Les maquettes lui permettaient des ­figures de style que des objets en taille réelle n'auraient pas autorisé. » Wes Anderson

THE GRAND BUDAPEST HOTEL Featurette: "Creating a Hotel"

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"Le Garçon à la pomme" de Johannes van Hoytl (Michael Taylor)

L'intrigue du film tourne autour du vol d'un chef-d'œuvre du 16e siècle intitulé : " Garçon avec pomme " de l'artiste Johannes Van Hoytl
Qui est donc ce peintre, flamand … ?

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Pour peindre ce chef-d'œuvre, le réalisateur s'est tourné vers le peintre figuratif britannique Michael Taylor.
Ci-dessous quelques-une de ses oeuvres:


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Michael Taylor Self portrait with Grave Goods 2011
Sarah Muffett, par Michael Taylor

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mercredi 7 mai 2014

The Grand Budapest Hotel


Me revient en tête, un film comme je les aime : The Grand Budapest Hotel, un film , enfin presque un cartoon en prises de vues réelles, de Wes Anderson.


Le décor est celui du luxe des années 1930, puis du déclin de l'après-guerre communiste. Les cadrages sont ­millimétrés, révélant parfois frontalement des décors aux allures de maisons de poupée grandeur nature.
« Le goût des miniatures me vient sans doute de l'enfance : je voulais être architecte, je dessinais des bâtiments, je construisais des maquettes. J'ai aussi aimé jouer aux Lego. Mais ce que j'aime ­par-dessus tout, ce sont les miniatures dans les films : par exemple, les modèles réduits de trains qu'utilisait Hitchcock dans les ­années 1930. Les maquettes lui permettaient des ­figures de style que des objets en taille réelle n'auraient pas autorisé. » Wes Anderson
On découvre avec délectation une galerie de personnages étranges et volubiles qui arpentent des mondes colorés, très modérément réalistes. Par-delà leur nature, les héros sont mûs par le devoir qu’ils se font de leur charge.
C’est une recherche du temps perdu, façon ludique, dont Monsieur Gustave (Ralph Fiennes) est tout à la fois un Pied nickelé mélancolique et un roturier élégant,  toujours prêt à constater  « qu’il existe encore de faibles  lueurs de civilisations dans cet abattoir barbare autrefois nommé l’humanité ».

Un vieil écrivain se souvient de sa rencontre avec le mystérieux propriétaire du Grand Budapest Hôtel, au temps du communisme. Puis on plonge délicieusement dans le récit de jeunesse de ce propriétaire, dans l'entre-deux-guerres.
Monsieur Gustave est l’une des  serviteurs zélés du Grand Budapest Hotel dont chacun ignore qui le dirige réellement. De temps en temps, un avocat nommé Kovacs (Jeff Goldblum) vient s’assurer que les affaires tournent mais les ordres sont émis par une nébuleuse inconnue.
Les années 30 voient l’établissement à l’apogée de son luxe. Des marquises et autres aristocrates argentés viennent se prélasser dans son cadre magnifique et ses paysages montagnards.
Le professionnalisme et la générosité de M. Gustave le conduisent dans le lit des clientes les plus âgées et les plus fidèles du palace. En retour, elles l'élisent comme leur grand amour, voire leur unique légataire.
M Gustave recrute un groom,  Zéro (Tony Revolori), lequel va devenir son frère d’armes. A eux deux, ils vont affronter la famille Desgoffe und Taxis dont le fils aîné (Adrian Brody) était la bête noire de sa mère, la charmante et très âgée Madame D. (Tilda Swinton).  Et vivre de multiples aventures à la suite d’un héritage et de quelques meurtres. En effet, tout autour gronde la guerre... Nos héros s’emparent d’un trésor ( une toile de maître) , fuient un tueur (Willem Dafoe), échouent chez des pères blancs, en appellent à la solidarité des palaces, bravent la prison, croisent des durs tatoués (Harvey Keitel), utilisent des pâtisseries pour tromper l’ennemi, tiennent tête à des gardes-frontières patibulaires. … Ils prennent le téléphérique, font de la luge, boivent du « pouilly-jouvet » et n’oublient pas de se parfumer d’un nuage de « L’air de panache »…
La scène d’évasion de prison tient des 'pieds-niquelés', d’autre fois on se croirait à la Belle époque de Rouletabille.

«  Plusieurs envies se sont croisées. D'abord, un ami en a inspiré le personnage principal, Monsieur Gustave, le concierge raffiné et beau parleur de ce palace imaginaire. Je voulais absolument lui consacrer un film. Ensuite, le récit reflète mes lectures de ces dernières années, en particulier la découverte de l'oeuvre de l'écrivain autrichien Stefan Zweig. La structure des premières scènes, avec ses mises en abyme successives, vient directement de l'avant-propos de La Pitié dangereuse. Mais, plus largement, j'ai été frappé par la voix de Zweig, sa façon de raconter un monde puis de décrire son écroulement, dont il a été le ­témoin jusqu'à sa mort, au Brésil, en 1942. » Wes Anderson
« Non, je n'ai jamais étudié Proust, mais j'ai lu La Recherche quand j'étais étudiant à Austin. Je ne sais pas comment l'idée m'en est venue. Absolument personne n'avait lu Proust dans mon entourage. » W. And.

Sur le fond, nous pourrions dire que ce film d’Anderson est une allégorie …
* Nous pourrions nous demander s'il est légitime de faire appel à une forme d’allégorisation systématique du réel... Si nous pensons pouvoir dire quelque chose inintéressant, disons-le franchement ...!
Alors, parlons d'une fantaisie savoureuse, même si on y détecte une certaine tristesse en fond... La guerre, le fascisme et la dictature imminente encerclent 'The Grand Budapest Hotel'. La figure fictive de ce M. Gustave permet «  d’entretenir l’illusion d’un monde qui avait disparu bien avant qu’il n’y arrive » Dit par Zéro …

* Quelle époque pleure t-on ? Nous sommes les enfants d'une Europe où la quintessence de la culture croisa la barbarie la plus noire. Derrière les caricatures de ces petits personnages de maquette, automates, jouets … se cachent un cœur et une âme. M. Gustave se bat pour cette humanité gracieuse, même artificielle, et se sacrifie pour en dénoncer l'absence.
Il est indiqué que ce film est une adaptation partielle, de l’esprit si ce n’est de l’histoire, de l’autobiographique et testamentaire texte de Stephen Zweig : Le monde d’hier: Souvenirs d'un Européen. L'écrivain, y déplore la perte d’un monde fait d’arts et de raffinement, le Vienne d'avant la guerre.

Zweig, exilé au Brésil et ne supportant plus ce déclin fondamental de l’humanité, se donne la mort ainsi qu'à sa femme, juste après l'envoi du manuscrit chez l’imprimeur.

lundi 5 mai 2014

Le maître du thé et l'attention.

Alors qu'il souhaite rejoindre le campement du Roi Arthur, Perceval - non loin des tentes - voit aux pieds de son cheval, «  la neige, ( où s’était posée une oie sauvage blessée) , et le sang encore apparent. Et il s’appuie dessus sa lance afin de contempler l’aspect, du sang et de la neige ensemble. Cette fraîche couleur lui semble celle qui est sur le visage de son amie. Il oublie tout  tant il y pense car c’est bien ainsi qu’il voyait sur le visage de sa mie, le vermeil posé sur le blanc comme les trois gouttes de sang qui sur la neige paraissaient. » Dans cet état de grâce, sans quitter des yeux les gouttes de sang, il combat et blesse deux vaillants chevaliers qui voulaient le tirer de là, vers le roi…

Cette histoire, je la rapprocherai volontiers de celle ci, transcrite par F. Midal :

Estampe toshiaki

« Au japon médiéval, un seigneur en charge de la région de Tosa, se rendait en visite officielle auprès du Shogun, et emmena avec lui son ‘maître du thé’.
La cérémonie du thé est effectuée au Japon selon un rituel précis, exécuté avec une immense attention et vigilance. On oublie le temps qui passe et cela rend chacun plus présent à son expérience. Pour être admis au palais, le maître du thé avait du revêtir la tenue des samouraïs et porter le sabre. Pendant plusieurs jours, il demeura auprès de son seigneur exerçant son art pour le plus grand bénéfice de tous. Il officia même en présence du Shogun. Un matin, n’ayant aucune tâche à accomplir, il décida de visiter la capitale. Alors qu’il traversait un pont, il bouscula par mégarde un guerrier errant, décidé, pour lever un tel affront, à en découdre avec lui. Désemparé, le maître du thé finit par avouer que , malgré son habit, il n'était pas un véritable samouraï. Le guerrier se mit encore davantage en colère et menaça de déclarer publiquement qu’un samouraï de Tosa tait un lâche.
Estampe samourai Musashi
Voyant qu’il était impossible de faire entendre raison à cet homme, et craignant que sa conduite ne portât atteinte à l’honneur de son seigneur, le maître du thé se résigna à mourir. Il acceptât le principe d’un combat. Il lui demanda cependant de le différer de quelques heures, laps de temps durant lequel il se rendit dans une école de sabre. Il demanda à rencontrer le maître des lieux, le suppliant de lui apprendre à mourir dignement. Le maître fut surpris de cette requête ; on venait généralement le trouver pour apprendre à vaincre. Avant de lui dire quoi que ce soit, il le pria de lui servir une tasse de thé, puisqu’il était un maître en cet art.
Le visiteur ne se fit pas prier et, préparant la boisson, il oublia tout, exécutant chaque geste comme si rien d’autre n’avait d’importance à cet instant. Le maître du sabre en fut fortement impressionné.
Il lui donna alors quelques conseils : «  Après avoir salué poliment votre agresseur, remerciez-le pour le délai accordé. Pensez que vous allez servir du thé à un ami. Pliez délicatement votre veste et déposez-là sur le sol. Relevez vos manches, annoncez à votre adversaire que vous êtes prêt pour le combat. Après avoir dégainé votre sabre, levez-le au-dessus de votre tête tout en fermant les yeux. Soyez complètement là, au summum de vos capacités pour abaisser votre arme juste au moment où vous entendrez votre adversaire pousser son cri d’attaque. ».
Aikido par Diogochewbacca

Le visiteur remercia le maître de sabre et il retourna sur le pont. Il se prépara au combat comme il lui avait été dit. Quand il leva son sabre et ferma les yeux, le visage de son adversaire changea d’expression. Il ne reconnaissait plus l’homme qu’il avait rencontré plus tôt, celui-ci était animé d’une telle détermination, qu’il prit peur et s’enfuit sana demander son reste. …
Le sens de présence qu’avait manifesté le maître de thé peut contenir un impact stupéfiant …
gekigami par diogochewbacca