vendredi 30 septembre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -7/.- Glastonbury Tor

Nous n'en avons pas fini, avec la Légende … L'abbaye de Glastonbury serait le portail vers Avalon.
Faire ainsi le lien avec '' l’Autre Monde '' ne serait-il pas osé... ?

Tor, est la colline qui surplombe Glastonbury. Dans les écrits constituant la Matière de Bretagne, Avalon est une île sur laquelle on se rend en barque (et avec un peu de magie), île qui aurait même disparu tandis que la fée Morgane ramenait un roi Arthur mourant, barrant pour toujours aux simples mortels l’accès à l’Autre Monde. Or, le Tor se dresse au-dessus d’une plaine marécageuse qui était jadis immergée sous l’eau, faisant ainsi de la colline une sorte d’île difficile d’accès entre la rivière, le brouillard et l’altitude.
Tor, selon les légendes et les croyances païennes, était un centre de résistance du paganisme face à la montée du christianisme. Montée fort bien caractérisée par l’abbaye, justement, née à peu près à l’époque d’Arthur.
Aujourd'hui, des anciens bâtiments (certainement un monastère) ne reste qu’une tour : la tour de St Michel, l’unique vestige de l’église du 14e siècle . Elle offre un refuge appréciable après une montée éprouvante par le vent... C’est une tour carrée et massive, sans pratiquement aucune ornementation, à part deux motifs qui encadrent la porte à l’avant. Juste deux petites fenêtres étroites apportent un peu de lumière dans le corps de la tour, et l’absence de plafond n’apporte rien au niveau du sol.


Un peu plus bas, on peut aujourd'hui visiter ''Chalice Well and Source'' sorte de jardin zen.
La légende locale raconte que Joseph d'Arimathie – portant avec lui le Graal et la Lance qui a percé le flanc du Christ - , arrivant à Glastonbury est épuisé... Il plante alors la lance dans le sol, et jaillit alors une source, intensément rouge comme si du sang y était dilué. Cette source est celle qui se trouve dans les jardins du Chalice Well and Source. Point de sang dans cette eau, mais une très importante quantité de fer, qui en s’oxydant devient rouge, et tinte ainsi la pierre sur laquelle co
ule la source.
Chalice Well est un puits sacré qui aurait été bâti par les Druides. Les puits figurent souvent dans la mythologie galloise et irlandaise des portes sur le monde des esprits. La croisée des deux mondes est représentée par le couvercle du puits, couvercle dessiné par l’architecte et archéologue Frederick Bligh Bond en 1919. Les deux cercles entrecroisés constituent le symbole connu sous le nom de Vesica Piscis. Dans le dessin du couvercle, une lance ou une épée croise ces deux cercles, référence possible à Excalibur, l’épée du Roi Arthur. Le feuillage représente l’Aubépine Sacrée de Glastonbury.
Tor - Earth's Chakras,
Crown and Heart
(Art by Cheryl Yambrach Rose-Hall)



La carte de la Tour foudroyée, rappelle cet épisode relié à Merlin : Vortigern fait édifier une tour, mais ses fondations sont sapées par deux dragons qui s'affrontent... Merlin les identifient et les fait combattre entre eux … Cette destruction peut s'avérer nécessaire, si elle permet – après purification – un nouvel équilibre...

Et, si je me promène dans des ruines, transperce avec la nature environnante un équilibre, qui me prévient que l'Histoire qui se rattache à ses lieux ne sont qu'un décor d'une aventure plus riche encore … A découvrir...

Envie de revenir aux aux légendes, qui habillent ces lieux. Une petite histoire se rattache précisément à la fondation de l'abbaye de Glastonbury :
Le roi Arthur a adoubé ce dernier jour de Noël, le chevalier Yder ; avant qu'il n'aille – avec lui - combattre trois géants malfaisants. On identifie la montagne des trois géants avec Brent Knoll, une colline au-dessous de Bristol...Yder accomplit l'exploit mais Arthur le croyant mort l'abandonne sur place. Yder meurt. Apprenant son erreur, Arthur établit vingt-quatre moines à Glastonbury et leur demande de prier en permanence pour l'âme du chevalier défunt.
La quête d'Yder, est de rechercher son père qu'il ne connaît pas. Il finit par le retrouver, accède à la royauté et épouse le reine Guenloïe. Lors de son exploit, il sauve la reine Guenièvre d'un ours ( Arthur signifie ours). Ici Arthur est un mauvais roi, et le couple Yder/Guenloie supplante le couple Arthur/Guenièvre ...
En Bretagne armoricaine Yder aurait servi de prototype à saint Edern. Edern sauve un cerf poursuivi par des chasseurs.  Dans la légende galloise, Edern, qui chevauchait aussi un cerf, est le fils du dieu Nuz et l'un des premiers amants de la reine Guenièvre, l'infidèle épouse du roi Arthur.

mardi 27 septembre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -6/.- Glastonbury

Le lendemain, nous prenons la route de Glastonbury, en passant par Wells ; ce serait dommage de manquer la cathédrale et les 'à-côtés'... On peut se promener dans la plus vieille rue d'Angleterre : ''Vicars’ Close''. Dans cette rue, l’architecture est uniquement médiévale. Elle fut créé en 1348 par l’évêque Ralph de Shrewsbury afin d’héberger les 42 membres du chœur de la cathédrale. Cette communauté s’organisait le long d’une simple rue avec les maisons individuelles de part et d’autre, ainsi qu’à chaque extrémité, une salle commune pour la prise des repas et une chapelle.
Chaque maisons se voulait habitable pour un seul prêtre et était identique : une salle de séjour au rez-de-chaussée avec une grande fenêtre de part et d’autre, à l’Est et à l’Ouest, donnant sur un escalier en colimaçon menant au 1e étage où se trouvait la chambre. Des latrines et des douches étaient installées dans les cours arrières et des puits se trouvaient à chaque extrémité de la rue.

Passé Penniless Porch la « porte sans le sous » en référence aux mendiants qui y faisaient l’aumône, remplacés aujourd'hui par un jeune joueur de guitare ; on découvre l’impressionnante façade de la cathédrale de Wells  devant laquelle s’étend une grande pelouse encadrée de maisons médiévales. La cathédrale est vraiment imposante par sa largeur : la porte voûtée est surmontée de trois longs vitraux et, de part et d’autre de la structure centrale, deux grandes tours gothiques se dressent vers le ciel. Il s’agit de la première cathédrale anglaise construite dans ce style gothique. La façade, qui date de 1230, comprend de nombreuses statues médiévales représentants des scènes bibliques, des rois et des évêques, des anges, les douze apôtres et, à son sommet, la statue du Christ.

Nous voilà prêts pour ce que je pensais être l’essentiel de notre voyage : Glastonbury...
Ce serait Joseph d'Arimathie qui aurait établi la première église chrétienne en Somerset. Il serait à l'origine de l’abbaye, qui daterait du premier siècle. Nous en avons des traces dès le VIIe siècle... Elle s'agrandira au cours des siècles jusqu’en 1541 où elle fut détruite par le roi Henry VIII.
Joseph d'Arimathie emportant le Graal
Une légende médiévale prétend que Joseph construisit une table pareille à celle de la cène, la place de Judas restant vide, personne ne devait s'y asseoir sauf un véritable chevalier. Cinquante ans après avoir mis Jésus au tombeau, Joseph fut enseveli le 27 juillet 82 auprès de la petite chapelle en torchis et osier, bâtie par lui et ses douze compagnons...

A la mort de Joseph d'Arimathie, des sources mentionnent que le Graal fut transporté à Rome, pour faire partie du trésor des papes. Mais ici, on a retenu que Joseph aurait dissimulé le vase en l’ensevelissant juste au dessous du Tor de Glastonbury à l’entrée du monde souterrain. On cite un lieu précis, '' Chalice-Hill '' sous la colline qui porte ce nom, et où se trouve le puits sacré, dont l'eau aurait servi à baptiser les convertis et bien des personnalités...
Joseph of Arimathea,
Keeper of the Holy Grail

En 166, le pape Eleuthère envoie des missionnaires en Somerset pour restaurer la chapelle primitive. On ne reparle plus de Glastonbury, avant le Ve siècle quand Saint-Patrick vient ici. En 546, Malgwin de Landoff érige une grande église. Saint David, patron du Pays de Galles, crée au VIe s. des monastères dont Glastonbury, pour combattre les erreurs de Pélage...
Le nom celtique du lieu était '' Dun-Nazeth-Clas '', qui signifierait le fruit sacré, chez les druides, de la pomme, un lieu renommé pour sa fertilité...

L’abbaye a connu d’après les retracés archéologiques diverses phases de constructions et de destructions. En particulier un incendie ravage la plupart des bâtiments constitutifs de l’abbaye en 1184….








Selon l’ecclésiastique Giraud de Barri, des pèlerins découvrent quelques années plus tard lors de sa reconstruction une sépulture contenant des os appartenant à deux individus distincts.  Sépulture constituée par un cercueil disposé sous une dalle de pierre portant une croix de fer avec cette inscription :
Arms du King Arthur
Hic jacet sepultus inclutvs Rex Arturius in insulis Avalonia cum Wenneveria uxore cum sua secunda in insula Avallonia” ; C’est à dire : Ci-git le fameux Roi Arthur ensevelie avec sa seconde épouse Wenneveria dans l’île d’Avalon ( avalon signifie '' pommeraie '').

Le roi Richard Coeur de Lion règne alors, roi français plus que britannique : il a grandi en Aquitaine, a fait sa croisade, est revenu se faire couronner en Angleterre après sa libération qui a laissé exsangue le royaume, puis est retourné en France. Ce n’est pas un roi très populaire en Grande Bretagne. Mais c’est le fils d’Henri II Plantagenêt, commanditaire de l’Histoire des Rois de Bretagne, qui place Arthur, ce héros breton, à l’origine de la lignée des Plantagenêt. Le mythe arthurien s'inscrit alors dans l'histoire... La découverte de ces corps renforce la fiabilité de la légende, et permet à Richard de se revendiquer breton. Elle permet aussi à la petite abbaye de Glastonbury, déjà bien puissante dans les cercles chrétiens de l’époque, d’asseoir son autorité et d’assurer sa richesse. Richesse qui va se révéler indispensable quelques années plus tard, quand l’abbaye brûle entièrement dans un incendie (1184) .
Arms des Plantagenêts
Grâce à son prestige, les moines parviennent à la faire reconstruire en un temps record : en deux ans... La construction est allée tellement vite qu’ils ont du faire appel à différents maîtres d’oeuvre, ce qui explique pourquoi chaque fenêtre est ornée de motifs différents. Cette nouvelle église est la vieille église encore partiellement debout aujourd’hui, l’Eglise des Dames qui date de 1186.
On déambule donc aujourd’hui dans les ruines de l’abbaye datant de la période post-incendie.
Quelques décennies plus tard, le rayonnement de Glastonbury s’est encore accru. La petite église ne suffit plus. Une cathédrale est alors construite, juste derrière. En 1278, lors d’une grande cérémonie à laquelle assistent le roi Edouard 1er et la reine Éléonore, les restes du roi Arthur sont remis en terre dans une tombe de marbre noir massif, porté par des lions, de marbre eux aussi, au pied du grand autel de l’église. Glastonbury est au faîte de sa gloire.







L'emplacement de la tombe est marquée au sol. Non loin, une jeune femme rousse se recueille. Je l'avais déjà aperçue alors qu'elle parcourt le site selon certains axes...
Le cadre s'il est grandiose - 15.5 hectares - est serein. La visite commence par un musée, puis on rentre dans un jardin verdoyant. La pelouse entoure les bâtiments : la Chapelle de la Vierge, puis les quelques ruines qui entourent le site du tombeau d'Arthur... Il y a deux étangs et un verger. Plus de 250 arbres sont dispersés...
Des ruines, bien sûr... les toucher nous ramène à tenter de retrouver ce qui animait les moines qui vivaient ici... Je trouve une carte : ''la tour foudroyée'', bien sûr... La paix n'est pas toujours au rendez-vous...
Je reviens à l'Histoire.... Par permission d' Edouard III (1312-1377), on fit des fouilles pour retrouver le corps de Joseph d'Arimathie... (?)

On arrive à l’époque d’Henri VIII. Celui-ci se déclare le chef de l’Eglise dans son propre royaume. Le schisme avec Rome est consommé et la guerre éclate. Mais Henri VIII est ruiné. Un de ses conseillers lui rappelle alors sagement qu’en tant que chef de l’Eglise en Grande Bretagne, il est aussi libre de prendre ses richesses. Plusieurs abbés se révoltent, dont celui de Glastonbury, Richard Whiting, qui est pendu pour haute trahison sur le Glastonbury Tor  en 1539.
Les richesses de Glastonbury partent alors dans le trésor royal et la cathédrale et l’abbaye sont démantelées (1541) , à la fois par les hommes d’Henri VIII pour s’assurer que ce puissant centre religieux disparaisse, mais aussi par les habitants qui utilisent les pierres déjà taillées...

Les ruines vont rester à l’abandon pendant trois siècles, jusqu’à l’époque romantique anglaise (19ème siècle). Un riche propriétaire achète alors ces ruines, qui jouxtent son domaine, dans le but d’étendre un peu sa propriété et de posséder de jolies ruines. Lui-même n’aura jamais connaissance de l’importance de ces jolies ruines en question, mais un de ses proches descendants oui, en retrouvant également de vieux manuscrits parlant de l’endroit.
Commence alors la protection de l’abbaye de Glastonbury, aujourd’hui assurée par une association privée et le English National Heritage, qui protège également le Tor.










Des parties communes du monastère, comme le cloître, la cuisine des moines et le réfectoire, il ne subsiste que les fondations, recouvertes d’herbe verte. Seule la cuisine de l’Abbé datant du 14e siècle est encore intacte avec son toit en forme de dôme surmonté de deux tours octogonales permettant l’évacuation de la fumée. Elle témoigne de la richesse et du niveau de vie élevé des abbés et moines de l’abbaye.






samedi 24 septembre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -5/.- Bristol

Il est temps de fermer ses valises, et enfin de parcourir le chemin... Mais, par où commencer ?
Autrement dit, qu'elle est l'origine de La Légende... ?

Très vite, je m'aperçois qu'elle est multiple. Cette quête ne peut être que celle d'un agnostique en la matière, mais un agnostique qui cherche, un pèlerin...

Après ma descente de l'avion à ''Bristol- Airport'', je passe ma première nuit sur le sol anglais, dans un hôtel du centre-ville ''Brooks Guest House'', la chambre King double nous attend... Avec la possibilité de boire un thé, je trouve une carte : le N°8 du Tarot de Merlin - ''le Magicien'' ( en fait le Bateleur du Tarot) , une figure qui me conforte à ouvrir mes livres : Hermes initie l'apprenti que je suis par la mobilisation de mon énergie intellectuelle, la plus simple à rassembler et à contrôler.

Ma première source sur laquelle je peux m'appuyer, qui fait référence textuellement au Roi Arthur, c'est l' "Historia Regum Britanniae" œuvre rédigée en latin entre 1135 et 1138, par l'écrivain gallois Geoffroy de Monmouth (~ 1100-1155) ( à noter que l'origine de ce clerc serait de souche bretonne …) . Ce texte remporta un certain succès jusqu’à la fin du XVe siècle : plus de 200 manuscrits latins en subsistent. Bien des adaptations et des traductions ( appelés Bruts) ont circulé...

Ce livre s'appuie sur un ''magicien '' Merlin et ses prophéties ( Prophetiae Merlini  ), il serait lui-même inspiré par un livre très ancien le Liber vetustissimus, composé en breton. Ensuite cette Historia a été traduite en gallois (Brut y Breninhed), et adaptée en langue romane sous le titre de Roman de Brut en 1155 par Wace qui lui évoque pour la première fois la Table Ronde. .
Merlin prophesies for Vortigern,
from a manuscript of Geoffrey of Monmouth's ..
Le texte de Geoffroy de Monmouth aura une influence très importante sur les auteurs médiévaux qui s'emparent de la matière de Bretagne pour créer leurs œuvres.
Geoffroy de Monmouth, remonte aux premiers héros fantastiques, et après la conquête romaine, il cite le traître Vortigern ( ou Vortegirn) qui appelle dans l'île les barbares saxons ; c'est Vortigern qui rencontre Merlin, qui en aidant ses successeurs : Aurelius Ambrosius et Uther Pendragon, repoussent victorieusement les invasions barbares. Enfin, Monmouth rapporte le règne d'Arthur, conquérant de l'Irlande, de la Norvège et de la Gaule et vainqueur de son neveu Mordred qui, avec l'aide de la reine Guenièvre, devenue sa maîtresse, avait tenté de s'emparer du trône. Avec les successeurs d'Arthur, et sous la menace continuelle des Saxons, le royaume ne fait que décliner jusqu'à la fin du VIIe siècle.
Le tout premier portrait du roi Arthur
In Geoffroy de Monmouth Prophetia ...

Le roi Arthur avait déjà été cité par l'historien et moine Nennius ( début du IXe s.) dans L'Historia Brittonum : premier ouvrage à faire référence au personnage d'Arthur, en tant que chef des rois des Bretons, avec le titre de dux bellorum dans les 12 batailles qu'il livra contre les Saxons...

Les Plantagenêt ( Henri II …) et leurs successeurs vont s’approprier la figure du roi mythique des Bretons jusqu’à en faire leur ancêtre. Vers 1200, la découverte de la tombe du roi Arthur à l’abbaye de Glastonbury brise le mythe de « l’espoir breton ». Le prêtre Layamon ( fin du XIIe s.) , par ailleurs traducteur du Brut de Wace en langue anglo-saxonne, va récupérer dans les écrits de Geoffroy les prophéties de Merlin pour les détourner au profit des Anglais : Merlin annonce qu’un jour Arthur reviendrait pour aider les Anglais...

Dans le troisième livre attribué à Geoffroy de Monmouth, La Vie de Merlin : Merlin est marié à Gwendolena, roi de Dyfed, il est pris de folie à la vue du massacre de trois de ses frères, il s’enfuit dans la forêt de Calédonie, au sud de l’Ecosse actuelle. Il devient le Merlin ' homme sauvage '. Dès lors, Merlin vit en compagnie d’un loup.  Merlin refuse les présents les plus merveilleux qu’on lui offre pour l’arracher à sa retraite. Dans la forêt de Calédonie, il développe des capacités prophétiques prodigieuses, il parle avec les plantes et les animaux. C’est un savant : il connaît l’astronomie et la musique, il discourt longuement des phénomènes naturels et des origines du monde.
Geoffroy de Monmouth a fait entrer dans l’histoire Arthur, Merlin, Gauvain, Conan Meriadec, Utherpendragon, des personnages ''créés'' que l’on retrouve aux côtés de personnages historiques. Cette confusion du légendaire et des faits historiques a eu comme conséquences, durant huit siècles, de contribuer à la rencontre de la légende et de l'histoire …
Il est extraordinaire de constater que ce Mythe qu’il a contribué à répandre a été accepté comme un ensemble de faits historiques jusqu’au XVIIe siècle en Angleterre et jusqu’au début du XIXe en France !








Avec Richard Cœur de lion, successeur d’Henri II, Arthur est adopté par les rois normands d’Angleterre. C’est cet Arthur là que nous retrouverons chez Chrétien de Troyes, autre grand auteur arthurien après Geoffroy de Monmouth, dans la seconde moitié du 12e siècle. Avec Chrétien, nous entrerons dans le monde et dans l’idéologie chevaleresque...

( Parmi mes sources : l'Encyclopédie de brocéliande: http://broceliande.brecilien.org/ )

Ces lectures méritent bien une promenade dans la ville de Bristol, ….....
Sur un muret, non loin de King St. au bord de l'eau, un verre (pint) de bière abandonné attire mon attention... A l'intérieur, une carte : le Chariot.... ! Je me suis permis de garder le verre …
Il y a grande animation au ''Old Duke''... Il fait beau, en suivant la rivière, nous mangeons sur la terrasse du Severnshed, au-dessus de l'Avon.

Si le Bateleur-Magicien, fait s'interroger l'impétrant avec la question du Graal : Que cherches-tu dans la vie ? : Le chariot, véhicule de la conscience, rappelle une autre question : Où vas-tu ? Cette figure remet Minerve/ Brigid (*) comme patronne de la connaissance et de l'inspiration. L'intellect n'est pas la seule source, et il me faut revenir à toute la richesse du Mythe. Je marche dans une direction choisie avec discernement, sagesse, enthousiasme … Arthur, est le précurseur de nombreuses quêtes... Si les chevaliers de la Table Ronde parcourent la Bretagne arthurienne, ils se rendent, la quête achevée, dans la ville de Sarras devenue la demeure du Graal...


(*) Brigit ou Brigid était la déesse la plus puissante et la plus connue de la mythologie celtique. Elle fut assimilée à Sainte Brigitte patronne de l'Irlande qui naquit vers 453  

Les deux illustrations ci-dessus sont de l'illustratrice Beatrice Stevens - Geoffrey of Monmouth's Dream — 1906.

mercredi 21 septembre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -4/.-

Au-delà même du 'solaire' , se trouve le Monde Stellaire, représenté par la troisième carte : L'Etoile.
Dans les textes relatifs à Merlin, on y trouve la déesse Ariane qui tisse les étoiles.
C'est le lieu de la Vérité Universelle

Au-delà de toute connaissance géographique, historique, il y a dans toute recherche, tout voyage une possibilité d'un déplacement intérieur, peut-être même spirituel...
L’ÉTOILE est, en vérité, notre Étoile intérieur, notre guide intérieur... 
L'ensemble de ces trois cartes, nous invite au discernement. La Lune représente ce qui nous semble être l'obscurité intérieure, le Soleil une certaine révélation et l’Étoile permet de différencier la chemin de l'illusion et celui de l'Esprit. Et, c'est très difficile … !
L'Etoile nous rappelle, que chacun d'entre nous a une mission à réaliser... Mais, sur ce chemin nous ne sommes pas seuls; et c'est ce que nous verrons – sans doute - ( je garde confiance !) pendant notre voyage.
Mon objectif en entreprenant ce voyage est d'accentuer la prégnance de ce mythe, en moi... Et, pourquoi celui-là ? J'espère aussi faire une provision d'images ressenties, d'ambiances et pénétrer encore un peu plus l'environnement de cette Légende. Enfin... pour ce que j'en conscientise !

Partir à la recherche du mystère d'une légende a t-il un sens … ?

Évidemment ! S'il y a mystère, et d'autant plus portée par une légende : le départ pour une quête, donc une recherche est naturel. Quant au sens de cette recherche, elle est en elle-même, puisque le but n'est pas la cible, mais le chemin : démarche propre au mystère lui-même …
Et si la légende est celle du Graal ; la matière est si importante, si vaste, qu'y mettre un peu d'ordre – un ordre tout personnel bien sûr – est déjà un beau travail.

La légende du Graal, avec sa figure centrale du Roi Arthur est présente dès le Moyen-âge sous sa forme littéraire ; mais elle circule depuis beaucoup plus tôt...
A partir de Chrétien de Troyes, la légende du Graal se croise avec la tradition chrétienne ; mais elle était présente déjà dans une tradition païenne et celte en particulier ...
Les efforts des historiens et de nombreux chercheurs pour établir cette légende sur un fondement historique, ont produit un personnage d'Arthur, chef de tribu...
L'origine de ces légendes se perd dans un obscur passé, attendu que beaucoup de ces aventures symboliques démontrent une époque pré-chrétienne.
Ainsi, Merlin le Sage, dernier frère de la fraternité Druidique, doit avoir été relié à tous les prêtres Druidiques précédents qui prêchaient la Doctrine Universelle que l'humanité d'à présent ne connaît plus.

Aujourd'hui encore, de nombreux pèlerins gravissent péniblement la pente raide du château de Montségur; bastion cathare appelé par certains "Le mont de la Certitude" pour chercher paix et recueillement là où ont vécu et où sont morts des centaines de ''parfaits''.

Mêmes pèlerinages au château de Montréal-de-Sos ( Ariège) ainsi qu'en Espagne où le Montserrat est lui aussi, la montagne des pèlerins.

De même aussi, en Angleterre, vers la chapelle en ruines de Glastonbury où se trouverait le sépulcre de Joseph d'Arimathie, et où le Graal aurait trouvé son dernier refuge.

Cette recherche prend parfois figure d'une chasse au Trésor, aventure symbolique, reprise en divers lieux quelque soit notre tradition...



Avant de quitter le Northumberland, j'ai envie d'évoquer un château que je n'ai pas visité : : Bamburgh Castle, qui est dit être le ''Joyeuse Garde'' cité dans le ''Lancelot en prose '' (1215) . Initialement, il se nommait ' Douloureuse Garde ' puisqu'il causait la mort des chevaliers qui tentaient de l'assaillir... Il est l'un des plus beaux châteaux Anglais, et il est sur la côte du Northumberland
Il est le cadre du premier exploit de Lancelot, alors que son nom ne lui avait pas été révélé. Il était le ' chevalier sans nom ', ou ' le blanc chevalier '.
Il gagnera ce château, au cours de trois épreuves : celle des ' trois portes ', celle de la dalle du caveau qui lui révélera son nom, et celle de la crypte et du démon... Les habitants redécouvriront la joie de vivre, la prospérité et la fécondité …
'' Joyeuse Garde '' deviendra le domaine de Lancelot, et son refuge avec Guenièvre lorsqu'il sera pourchassé, et où il serait enterré...


- Certaines sources disent que Arthur aurait rasé ''Joyous Gard'' ... Et Malory ( 1470) suggère que le château de Bamburgh est assis sur les ruines de ''Joyous Gard''.  



samedi 17 septembre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -3/.-


Le royaume de Gorre, qui reste une trace du Northumberland, est évoqué chez Chrétien de Troyes : c'est le royaume de Baudemagu qualifié du pays « d'où nul ne revient. ». ( Chevalier de la Charette).
Il s'agit d'un pays de l'au-delà auquel Lancelot parvient en franchissant le Pont de l'Epée. Gorre vient de gouffre, gosier : une gueule d'enfer ( dans l'imagerie médiévale) . C'est là qu'est emprisonnée la reine Guenièvre emmenée par Méléagant...
Dans la mythologie irlandaise, Gorias est aussi le nom d'une des îles au nord du monde où l'on va cherche
r l’initiation ( c'est dans le royaume de Gorre que Lancelot apprendra son nom)

Continuons la visite du Northumberland, avec la carte suivante : le Soleil.
Cette carte nous conduit au-delà du ''lunaire''. Dans le texte ''vision prophétique de Merlin'', on y trouve un cavalier sur un cheval blanc qui régule les rivières. « Quand le disciple est prêt, le maître arrive » dit-on ; ce maître, ce guide est ici Merlin lui-même...
Si je suis prêt ; c'est que j'ai trouvé cette 'force', c'est que je sais qu'elle m'habite, et que j'en connais la source ...


Le personnage fétiche et énigmatique de la légende du Graal, légende – pourtant - portée ensuite par des narrateurs cisterciens, est le mage Merlin adepte des anciennes traditions païennes...
C'est avec lui, qu'il convient de commencer notre route. Comme toute légende, son fondement se veut géographique et historique... Selon Norma Lorre Goodrich, le personnage serait apparu lors d'une période tragique de la Grande-Bretagne, située vers la fin de l'Empire romain, Merlin aurait vécu entre le milieu du Ve siècle et la fin du VIe siècle...

Certaines histoires ramènent Merlin à Myrddin, petit roi de tribut dans la foret de Kelyddon. Il serait devenu fou au cours de la bataille de d'Arderyd, au nord de Carlisle. C'est l'origine de la légende de Merlin, le « Fou du Bois ».
C'est sous la plume de Geoffroy de Monmouth au XIIe siècle, qu'est transcrit – pour la première fois - ce nom de Merlin (Merlinus), Myrddin en gallois et Merzhinn en breton.
Geoffroy de Monmouth mêle l'histoire du « Fou du Bois » à celle de « L'Enfant qui parle », et donne ainsi au personnage sa dimension de mage et de devin, fils d'un démon. Les manuscrits gallois ont conservé des poèmes attribués au « barde » Myrddin, et il est à peu près sûr que certains d'entre eux sont, sinon authentiques, du moins issus d'une tradition orale remontant avant cette époque.
Arthur vit une époque où la tradition ancienne et moribonde (le monde druidique) fait face au monde chrétien alors en pleine expansion.
Merlin est un guide, il est là pour montrer une réalité cachée qui échappe au commun des mortels. Chaque fois qu'on lui pose une question, il se met à rire, parce qu'il sait que celui qui la pose connaît la réponse mais ne veut pas la dire ou ne sait pas comment la dire. Il a un rôle nécessaire, sans lui personne ne se poserait de question et personne ne trouverait la voie à suivre.

Lié aux forêts et aux lieux sauvages, incarnant une sorte d'esprit universel en lien avec les rythmes cosmiques de la nature, l'enchanteur Merlin met ses pouvoirs au service de la Bretagne. Entre ses apparitions au milieu des hommes et à la cour, les auteurs du Lancelot-Graal, le font rejoindre dans la forêt de Northumberland une demeure appelée "l'Esplumoir". Là l'attend un prêtre nommé Blaise qui a pour mission de consigner l'histoire du royaume breton.

 Le trait mythique le plus important qui caractérise Merlin est son pouvoir de métamorphose : être protéen, il peut à volonté prendre la forme d'un animal, en particulier d'un cerf, créature liée à la forêt et symbole de souveraineté, ou parfois l'apparence d'un homme sauvage ou d'un gardien des bois, mi-homme mi-animal. Selon les circonstances, il revêt d'autres formes : celle d'un paysan ou d'un moine ou celle d'un enfant ou d'un vieillard. Il a aussi le pouvoir de transformer les autres ; ainsi grâce à lui le roi Uter prend l'apparence de son vassal, le duc de Tintagel et peut ainsi confondre et séduire sa femme Ygerne. Omniscient, Merlin domine la condition humaine et se met au service des hommes.

mercredi 14 septembre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -2/.-

Pour revenir à ce premier trio de carte... Observons l'arcane de La Lune :

Dans un voyage, il y a d'abord la découverte des paysages. Dans une histoire, également : est décrit la terre, sa diversité de paysages et de créatures... Également, apparaissent, ses dimensions cachées : des forces ou des influences invisibles, inconscientes. Les histoires traiteront de naissance et de mort, elles peuvent indiquer les premières étapes de transformation ou d’initiation...
Les mystères cachés derrière les éléments naturels sont représentés par des êtres 'élémentaux' comme les fées ou les génies des lieux ( figures d’animaux...)... Ces êtres révèlent des états de conscience, et expriment des pensées, des émotions ou des énergies liées à ce monde 'lunaire' et donc terrestre...

Avant même de partir, Viviane nous entraîne dans un pays qui '' n'existe pas '' portant, dans notre histoire nous le nommons, nous le désignons même sur la carte : il s'agit du Northumberland.
– Attention... ! Ceci n'est pas un conte : c'est une Légende... –

Notre parcours commence dans un territoire inhabité, couvert de forêts : terre inculte aux franges de la civilisation. Ce sera donc le Northumberland, et elle sera la terre des confins.
Le Northumberland de Grande Bretagne est intégré à un réseau de royaumes étranges, et peu comme le redoutable royaume de Gorre... Le Northumberland est associé à un ''autre temps''...
Un temps qui précède même celui de Merlin, puisque c'est avant le ''passage'' . Ici règne un monde inculte et sauvage … Le rôle de Merlin sera d'en faire un monde organisé, l'espace de la cour arthurienne …

De cette origine terrestre, de ce limon, qu'est-ce qui en moi demande à advenir ?

dimanche 11 septembre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -1/.-

Depuis longtemps je souhaitais mettre mes pas dans ceux de la légende arthurienne, sur le sol anglais ; au plus près de l'origine du mythe...

Un voyage comme celui-là se prépare, pour être prêt à recevoir non seulement, ce que le pays garde en patrimoine, en paysages ; mais aussi ce qui ne peut pas s'écrire dans un guide de voyage, qui n'est pas de l'ordre de la foi, mais de l'Esprit et de l'esprit même de la Légende …
Ce voyage se prépare en amont, avec ce que j'ai déjà compris de la '' Quête du Graal '' ; de la Légende avec ses contes et ses images … C'est cette préparation particulière, que je décris dans ces articles, avant même de partir …

L'occasion de partir et tenter ce chemin m'a été facilité grâce aux interventions de Viviane, une belle femme rousse qui s'exprime par l'intermédiaire des cartes du Tarot.
Les trois premières cartes sont la Lune, le Soleil et l’Étoile.







La tradition de Merlin est fondée sur l'idée d'Espace Sacré, avec toutes les énergies et la conscience tournant autour des trois Mondes – de la Lune, du soleil et de l'Etoile...

La Tradition de Merlin, enseignée par une femme : Viviane voit la création comme un ensemble de trois roues :
  • La première Roue représente le monde lunaire ( centré sur la Lune) qui comprend les planètes dont la terre.
  • La deuxième Roue est le monde solaire, centré sur le Soleil, l'au delà du Lunaire ...
  • la troisième Roue : le monde Stellaire, centré sur … l'Inconnu, ou le vide, ou l'au-delà du Solaire ...
Viviane - appelée aussi Niviène ( céleste - le gallois 'nef', le breton 'nenv' signifient 'ciel' ) dans le Roman de Merlin - est une fée des eaux et une magicienne... Deux figures vont fusionner dans ce personnage : la marraine de Lancelot et la geôlière de Merlin.