vendredi 24 mars 2017

Roger de Laron et le ''Grand Oeuvre'' -2/.-

Juste après le départ pour une ''Quête'' non définie, Roger de Laron se fraye un chemin à travers une forêt impénétrable. Cette forêt est vierge: elle n'a visiblement jamais connu la main de l'homme. C'est la forêt originelle, primitive.. Mais, peut-être, n'est-ce qu'une apparence : un autre monde ''invisible '' veille … Plus encore, cette forêt est le symbole de la matière première brute qu'il faut dégrossir et c'est peut-être aussi un symbole du pouvoir de la 'Pierre'.

Après être sorti de cette forêt, le chevalier ''errant'' va devoir subir les épreuves des ''quatre Eléments''. Il va traverser un marécage, dans lequel il s'enlise et manque de se noyer... Juste après la sortie dudit marécage, il s'endort et fait un rêve dans lequel il se voit submergé par les flots: voici pour l'épreuve de l'Eau. Ensuite, il doit traverser un désert brûlant dans lequel ils sera bien près de mourir de soif. Ceci est pour l'épreuve du Feu. Vient ensuite l'épreuve de l'Air: ils va grimper dans la montagne et devoir franchir un précipice, il s'élève dans les airs..

Arrivé, enfin, au '' Gaste Pays '' une terre dévastée, maudite, il va s'aventurer dans une grotte pour libérer ''la princesse'' ( n'oubliez pas que Marguerite d'Albret était retenue dans un prieuré …) et capturer celui qui l’oppresse, ceci est l'épreuve de la Terre

Après avoir triomphé de ces quatre épreuves, il reste au héros l'ultime épreuve: vaincre le dragon qui crache du feu. Après quoi, il aura accès au trésor: à l'or et aux pierre précieuses... Le diamant est le symbole de l’Oeuvre au blanc. Les diamants sont composés de carbone pur. Dans la Nature, le carbone se trouve partout mais le diamant est très rare. Le dragon, pourtant invulnérable, va être vaincu: Il est dangereux parce qu'il recèle en lui un feu interne, qui fait sa force et qu'il va falloir éteindre. En effet la matière première est parfois nommé dragon écailleux et l'alchimiste sait qu'elle contient un puissant feu interne. 

Le combat avec le dragon, s'accompagne ou se poursuit d'une période d'enfouissement, un passage par la grotte, lieu clos et chaud; parfois une "vraie fournaise". A rapprocher du Mythe de Jonas et du ''gros poisson''

La matière première doit d'abord passer par le stade de la putréfaction avant d'arriver au stade supérieur de la Pierre philosophale. Jonas, qui est avalé par une ''baleine'' et séjourne plusieurs jours dans son ventre avant d'en ressortir, représente cette étape... Jung, dans son ouvrage Psychologie et Alchimie, écrit que ce mythe symbolise la plongée de l'esprit conscient dans les régions profondes de l'inconscient.
N'oublions pas le rôle de l'épée du chevalier... Fulcanelli dit que « L'épée qui ouvre le rocher, la verge de Moïse qui fait jaillir l'eau de la pierre d'Horeb, le sceptre de la déesse Rhéa, le javelot d'Atalante sont un seul et même hiéroglyphe.»

Le dragon se retrouve transformé en fontaine, en source vivante. Il se montre maintenant un serviteur docile, qui fait tout ce qu'on lui commande, ce qui va faciliter grandement la suite des opérations: le retour au château du roi sera bien plus facile et plus rapide que l'aller puisqu'il se fera en vol à dos de dragon.
En général, l'or ou les diamants ; ont alors perdu de leur importance... Le but du Grand Œuvre n'est d'ailleurs pas de fabriquer de l'or mais d'obtenir la Pierre philosophale. Les alchimistes disent du reste, en parlant de l'or, que "Si tu sais en faire, tu n'en as plus besoin!"

On pourrait ajouter qu'il faut quatre jours pour arriver au ''Gaste Pays'', trois jours sont nécessaires dans la grotte... Au total le voyage peut durer neuf jours. Ces chiffres ne sont pas là par hasard...

Bien sûr, les contes ne relèvent pas de l'alchimie, mais ils prennent source dans notre inconscient collectif et c'est la raison pour laquelle on retrouve toujours les mêmes thèmes et les mêmes symboles dans presque toutes les histoires.

Il faudra encore à Roger de Laron, la rencontre d'un philosophe-alchimiste et de son double féminin, pour entreprendre sa Quête...
A suivre...

mardi 21 mars 2017

Roger de Laron et le ''Grand Oeuvre'' -1/.-

A partir de Roger de Laron, dernier de cette branche de la lignée ; après avoir été chevalier lié au Temple, seigneur... Roger de Laron dans sa dernière partie de vie ( après la mort de Marguerite, ''Dame Margot'' ), prend le titre de ''laboureur''..
« L’alchimie portait le nom d’Agriculture céleste, et ses adeptes de laboureurs. » Fulcanelli, Mystère des cathédrales...

Dans les chroniques, Roger de Laron est présenté assis au coin du feu ( philosophe par le ''feu''), et il réfléchit sur le sens de l'or(hors) du temps, l'éternité...

Ce ''Grand Art'' aujourd'hui nommé l'Alchimie, était reconnu d'essence spirituelle, et sa technique opérative devait rester cachée, du moins au profane ; aussi la communication se faisait à travers une multitude de langages codés dont les clés devaient être progressivement décryptées pour ceux et celles qui seraient prêts à recevoir une plus grande Lumière.

L'alchimie est opératrice, elle s'est donc nommée ''science''. Alchimie ou Al-kemia se traduit par ''terre noire divine'' cela fait référence au limon du Nil ainsi qu’à la première phase de l’œuvre : la putréfaction où la matière est réduite en ces éléments essentiels, seule condition pour entamer une évolution

L'Alchimie étudie les transformations de la matière,et elle sous-tend la doctrine qui prône l'union du microcosme (mondes infiniment petits) et du macrocosme (mondes infiniment grands). Son objectif est la réalisation de la pierre philosophale ou transformation de tous les métaux en or ou en argent .

L'alchimie est une Quête de l’immortalité : cette recherche de l’élixir ou remède, s'appuie sur la théorie d'une fécondation du principe du mercure par le principe de soufre, le troisième principe – conséquence de cette union - étant le sel ; et mon tout est … La pierre philosophale ! Le Graal, peut aussi apparaître comme ce symbole de la Vie Éternelle.
Aujourd'hui, on pourrait dire que la '' Pierre Philosophale '', représentait « la plus fantastique concentration d’Esprit dans la plus petite quantité de Matière possible » ( de ''je ne sais plus qui'').

Je ne connais pas, bien sûr, la vision exacte de ce que Roger de Laron, en chevalier du XIVème siècle, pouvait envisager quand il évoquait ce ''Grand Art''.

Après la guerre en Terre Sainte, après ses voyages, son séjour en Angleterre, après son mariage avec Dame Margot ( sa ''Mélusine''(*) ) qui dure sept ans ; Roger de Laron, se terre dans son château. Quelques pages, tirées de ses chroniques, reprennent des anecdotes de sa vie, en un roman de chevalerie... Il se met en scène, et cette histoire recoupe les étapes d'une recherche alchimique... Jugez-en par vous même...
( A suivre …)


(*) Rappelons que la légende de Mélusine, que nous connaissons, nous, par Jehan d'Arras (  La noble hystoire de Luzignan ) de la fin du XIVe s. est déjà bien connue de Jean de Laron, et de ses contemporains... Mélusine crée la lignée des ''Lusignan ''…  

samedi 18 mars 2017

Roger de Laron, et le trésor des Templiers -3/.- Un Graal à Saint-Julien le Petit...

Après la mort de Roger de Laron, l'abandon du château jusqu'à l'oubli même du nom de Laron ; puisque les ruines castrales sont très vite nommées ''de Rochein ''…
Après la mort de Roger de Laron, donc, seules les légendes rappellent l'existence, ici, d'un chevalier au service du Temple... Des histoires ont circulé et bien sûr, l'existence d'un trésor est évoqué. Avant de vous raconter la légende du trésor des Templier au Château de Laron ; je voudrais vous évoquer les éléments historiques, éclairées par les chroniques proches de Roger de Laron...


Évidemment, les templiers sont très riches en domaines, ils gagnent beaucoup d'argent, ont de nombreux bénévoles et ne payent aucun impôt... Il est difficile d'envisager qu'il n'y aurait rien eu 'dans les caisses' lors de leur arrestation, le vendredi 13 octobre 1307... Sauf si, les templiers pressentant l’imminence de l’intervention de Philippe le Bel, n'avaient débarrassé les commanderies de tous les documents, comptes, archives diverses en leur possession.
Les Templiers ont occupé la Terre-Sainte pendant plus de deux siècles, fouillant, commerçant, et sans doute récupérant aussi de nombreuses reliques et de nombreux textes antiques. Ils sont même persuadés d'avoir mis la main sur des objets liturgiques et sacrés des premiers temps du christianisme.

Le trésor des Templier a été en partie dispersé en lieux ''sûrs'', et regroupé en partie en Angleterre et en Ecosse...
Une partie, avec Gérard de Villers ( le précepteur de France) et Hugues de Châlon, qui ont amené en Angleterre des coffres du Trésor Général.
Une autre partie, aurait été transportée vers l'Aquitaine, via les commanderie de Paulhac, puis de Fouqueure et de Barbezières. pays peu accessible aux hommes de Philippe le Bel, et terre provisoire de refuge pour les Templiers et leur Trésor.

A noter, les traces historiques d'Humbert Blanc, le précepteur de l’Auvergne, qui a échappé à la rafle du 13 octobre 1307. Il a fui en direction de l’Angleterre. Il y est ''arrêté'' en 1309, et jugé pour la forme, puis remis en liberté, à condition qu’il revête l’habit des cisterciens.
D'ailleurs, les Templiers en Ecosse auraient participé de façon décisive à la bataille de Bannockburn le 24 juin 1314, et Robert Bruce les auraient ensuite protégés...

Je peux facilement envisager que les motifs de la visite de Roger de Laron en Angleterre, concerne les affaires du Temple, même si aucun document historique ne le relate.

Je reviens à cette histoire que l'on se raconte, et qui daterait de bien après la fin du Moyen-âge …
Château de Laron aujourd'hui
Château de Laron aujourd'hui
Dans les souterrains, relevés d'ailleurs par Louis Guibert, en 1893, une salle présente un mur du fond, avec la trace d'une ouverture possible … En effet, dit-on, cette façade s'ouvre aux douze coups de minuit - le jour de Noël -, et permet d’accéder à une cavité remplie de richesses : une partie du trésor des templiers, enfermée ici par Roger de Laron... !

Ce ''secret'' se transmet de générations en générations ; sans que personne n’ose se risquer à aller plus loin dans l'exploration ; sachant que – si la question est évoquée - chacun relie cette entreprise aux affaires du Diable, avec le risque d'y perdre son âme ...

Roger de Laron aurait ramené d'Italie, un serrurier qui avait inventé des portes capables de s’ouvrir et de se fermer sans utiliser de clés, uniquement par la vibration émise par un gong ou par une cloche précise. Par ce procédé, Roger avait fait aménager un endroit secret dans les souterrains de son château, dont les parois du fond s'entrouvraient une seule fois dans l'année, au bruit de la cloche de l'église de Saint-Julien sonnant minuit le jour de Noël. Toutefois, pour empêcher qu'on emporte le trésor, l'ouverture de la cavité ne durait que le temps de la résonance des cloches.

Pourtant - 4 siècles plus tard - un jour, Pierre Marchand, qui a sans-doute reçu le secret d'un parent, ne peut plus de par ses activités de laboureur, nourrir sa famille.. Il décide d'aller, lors de la prochaine nuit de Noël, récupérer une partie du trésor du Temple afin de vivre plus facilement.
Connaissant le risque de rester enfermé dans la cave du trésor, mais ne pouvant, par serment familial, partager son secret, Pierre Marchand demande à André, son plus proche ami, de venir voir, en cas de disparition le lendemain de Noël, s'il a laissé une trace de son passage dans les souterrains. Et si cela est, de faire disparaître toute trace et - surtout- de jurer de ne jamais en parler à personne.

 Quand Noël arrive, André assiste à la messe à l'église de Saint-Julien le Petit, mais ne voit pas Pierre. Le lendemain, Pierre n’a pas réapparu. Fidèle à son ami, il va, le soir et malgré un froid intense, dans les ruines du château muni d’une lanterne. Il connaît le chemin qui mène aux souterrains du vieux donjon pour l'avoir parcouru pendant sa jeunesse avec Pierre. Il allume sa lanterne alors qu'il parvient à l'escalier qui descend vers les caves sombres du château de Rochein (Laron).
 André suit les traces laissées par Pierre, jusqu'à un escalier obscur, et un amoncellement de pierres qui devaient boucher le passage. Luttant contre sa peur, mais comprenant qu'il s'agit là de la trace dont avait parlé Jean, André s'engage dans la descente. Après quelques marches, il pénètre dans une petite fosse ... L'explorant alors à la lueur de sa lanterne, il remarque qu’au pied du fond de la fosse se trouve des bouts de doigts sectionnés à hauteur de la première phalange. Il y a aussi un calice qui brille intensément à la seule lumière de la lanterne, et il n'y a rien d'autre.
Aux débris sanglants qu'il ramasse dans la fosse, André devine qu'un drame s'est déroulé là, et que Pierre en est sûrement la victime. Impuissant face au mur, qu'il cogne et gratte, et commençant à suffoquer dans la fosse, André ramasse le ciboire, remonte, et rebouche avec les pierres laissées là le passage à la fosse, afin d'effacer la trace du passage. Il sort des souterrains, il se doute bien que le mur de la fosse contient la clé du mystère de la disparition de Pierre mais, tenu par son serment et n'en sachant pas beaucoup plus, il ne peut se parjurer en demandant de l'aide.

Peu de temps après, tourmenté mais décidé à ne pas se parjurer, André décide de se confesser au curé et d'obtenir qu’une messe soit dite à la mémoire de Pierre. Pour prix de cette dévotion, il remet le ciboire au curé en lui affirmant que tel était le voeu de Pierre avant qu'il disparaisse, mais il ne dit pas un mot sur le passage des souterrains du château.
Lui-même tenu au secret confessionnel, et ne sachant comment justifier la présence d'un ciboire décoré de pierres précieuses dans sa paroisse, le curé de Saint-Julien le Petit remet la coupe à l'évêque de Limoges.

On pourrait penser que, surpris de la beauté d’un tel don, l'évêque fasse expertiser la coupe par des orfèvres, sans rien révéler de son origine... On dit que le ciboire d’André était en en moldavite, une pierre classée précieuse, d'une gemme brun vert, qui provient de Moravie et serait d'origine météorite.
On ne peut que faire le rapprochement avec le Saint-Graal... Certaines légendes relatives au roi Arthur et aux chevaliers de la Table Ronde, prétendent que le Saint Graal, qui aurait recueilli le sang du Christ, aurait été taillé dans cette gemme.
Ainsi, le ciboire de Roger de Laron aurait pu entrer dans la grande légende du Graal .
Mais, trouvant – sans doute - trop lourd pour lui le mystère de cet objet, l'évêque de Limoges fit don du précieux calice au Saint Père le Pape, qui venait d'inaugurer son pontificat...

Le trésor du Temple est-il toujours enfoui sous les ruines du vieux château de Rochein ( Laron) ?

mercredi 15 mars 2017

Roger de Laron, les Lusignan et les Templiers -2/.- La légende de dame d'Albret

Je continue avec Roger Mortimer, comte de March, qui participe au complot contre le roi d'Angleterre Edward II... En novembre 1316, Roger Mortimer sera nommé Lord lieutenant d’Irlande.
En 1318, il s'associe au mouvement d'opposition grandissant contre le roi Édouard II et ses favoris, les le Despenser... Aussi, en 1322, est-il emprisonné à la Tour de Londres, pour avoir conduit la révolte des seigneurs des Marches contre le roi Édouard II.
Pourtant ….
 Roger Mortimer, parvient à s’enfuir en France, où il est rejoint par l’épouse d’Édouard II, Isabelle de France : la reine d’Angleterre.., qui devient sa maîtresse !
Rappelons-nous cette page d'Histoire :
Isabelle de France ( 1295-1358), est la fille de Philippe IV le Bel... Elle est reine et épouse ( en 1308) d’Édouard II d’Angleterre, homosexuel, qui l'humilie avec ses favoris...
En 1325, le couple royal était au bord de la rupture.
 Isabelle ne peut accepter le nouveau favori : Hugues le Despenser … Voyageant en France sous le prétexte d’une mission diplomatique,  Isabelle entame une relation adultérine avec le comte de March, Roger Mortimer.
Pendant ce temps … En conséquence de la révolte de son mari contre le roi Édouard II d'Angleterre, déjà pénalisée par l'infidélité de Roger Mortimer, Jeanne de Geneville et emprisonnée au château de Skipton deux années durant.

Roger Mortimer et la Reine Isabelle conviennent de déposer Édouard et de se débarrasser de la famille du favori Despenser.
En 1326, la reine revient en Angleterre avec une petite armée de mercenaires ; l’armée royale fait rapidement défection. Isabelle dépose Édouard. De 1327 à 1330, Mortimer et Isabelle tinrent conjointement lieu de régents au nom du fils d'Isabelle et d'Édouard...
En 1330, Édouard III dépose Mortimer à son tour, reprend son pouvoir et fait exécuter l’amant de sa mère. La reine n'est pas poursuivie, et vit encore longtemps entourée de beaucoup de considération, mais loin de la cour d'Angleterre, jusqu’à sa mort en 1358. 
Château de Chirk
Je n'ai pu résister à vous raconter ces brides d'histoire de l'Angleterre médiévale ; alors que mon propos ne concernait que Roger de Laron... Mais reconnaissons que les aventures ''légendaires'' de mon personnage rivalisent difficilement avec la truculence de la réalité historique ...
C'est donc dans ce cadre, et suite à ces déplacements à Florence, puis au château de Chirk, des Marches galloises … que Roger de Laron, réintègre ses terres en compagnie d'une jeune et belle femme, Marguerite d'Albret, de la lignée des Lusignan, cousine de Jeanne de Geneville, et tenue recluse comme nonne au prieuré d'Aconbury...
A la demande de Jeanne de Geneville, et la complicité de l'intéressée, Roger enlève Marguerite, avant de rejoindre Saint-Julien de Laron …
Ils seront mariés sept années, jusqu'à la mort de ''Dame Margot'' ; selon la chronique...
Selon la Légende anglaise dame Margot, pourrait être la fameuse Ladyhawke, la femme de la nuit, héroïne inspirée d'une légende médiévale qu'a reprise assez librement le scénariste d'un film de fantasy de Richard Donner..

Voici la légende de Dame d'Albret, nonne au prieuré d'Aconbury :
Marguerite d'Albret, appartient à la grande famille des Lusignan, déjà liée à plusieurs lignées anglaises... Le problème est la dispersion des terres par le mariages des filles, terres qui font la richesse et la grandeur d'une famille ; aussi, pour éviter cet éparpillement par des dots trop nombreuses, certaines dames de grande famille sont fortement incitées à entrer dans les ordres... Marguerite d'Albret, avait le goût – semblait-il – pour le surnaturel... Mais, il s'est avéré, que ce goût loin d'être de l'ordre de la vocation religieuse, s'apparentait plus à une recherche hermétique, et s'opposait à la discipline de l'ordre monastique...
Son confesseur, n'était pas insensible à cette libre personnalité... Impressionné par la liberté de penser, il a d'abord mis en garde la jeune et belle postulante; puis s'est laissé emporté par une passion sensuelle, dont le diable ne pouvait en ce lieu ne pas être étranger.
Aussi, pour ces raisons, Marguerite d'Albret ne pouvait envisager de rester dans ce prieuré... Elle supplia sa parente, Jeanne de Geneville, de l'aider à tout tenter pour la sortir de la vie religieuse... L'arrivée d'un chevalier français, semblait providentielle. Très vite, c'est l'organisation même d'un enlèvement qui fut envisagé ; d'autant que le chevalier et Marguerite – dès leurs premières rencontres, étaient tombés follement amoureux, l'un de l'autre....
Seulement, le confesseur attaqué par le démon de la luxure, ne savait plus comment empêcher cette passion exclusive …
Marguerite et son chevalier réussirent à s'enfuir, et sous la protection de sa cousine, furent recueillis au château de Chirk ..

Alors désespéré, le clerc - faisant appel aux forces du mal - conclut un pacte innommable qui aurait du anéantir les projets des deux amants.
On s'aperçoit, en effet, que la femme est transformée en 'faucon' le jour, alors que le chevalier devient 'loup' la nuit... "Jamais ensemble, et jamais séparés ", leur regards ne se croisant furtivement qu'à l'arrivée de l'aurore et du crépuscule...
Pour que les amants puissent se rejoindre, il faudrait briser le cycle, ce que seul un miracle paraît capable de réaliser.
Une sorcière, leur apprend le moyen de sortir de ce maléfice: l´homme devra décocher sur sa bien-aimée, une flèche, et ce uniquement au Crépuscule...

Cette Légende s'applique fort bien à Roger de Laron, et la jeune femme de la lignée des Lusignan, qu'il ramène de son séjour en Angleterre …

A suivre ...

dimanche 12 mars 2017

Roger de Laron, les Lusignan et les Templiers -1/.-

Lors de la lecture de l'histoire '' Dame Margot - leberou et la forêt de Laron '' ICI , vous avez sans doute fait le rapprochement avec La Fée Mélusine ; en particulier au cours de ce passage ...
« Par une lucarne donnant sur sa chambre, Roger voit sa dame, toujours aussi belle, malgré sa douleur, se mirer dans une glace, la poitrine nue jusqu'à la taille. Mais il s'aperçoit avec horreur que son corps s’achève en forme de loup-garou... »

Le rapprochement est bon à faire ; d'autant, si l'on sait que : 1) Mélusine est une fée qui engendre dix fils, et avec Raymondin du Forez, originaire du Poitou, fonde la lignée des ''Lusignan''
et 2) des rapports qu'entretenaient Roger de Laron avec la Maison des Lusignan, en particulier la lignée de Terre Sainte …

Roger de Laron, avait rencontré Amaury de Lusignan (1272-1310) seigneur de Tyr, avec les Templiers, il fait partie du complot d'Amaury - en 1306 - contre son frère Henri II de Lusignan (1271-1324), roi de Chypre... Il lui permit ainsi de devenir régent de Chypre, avant qu'il soit assassiné.

Alors que Roger était déjà revenu en France, en cette funeste année 1307 durant laquelle Philippe IV le Bel fait arrêter et emprisonner tous les templiers ce 13 octobre... Roger de Laron est interrogé à Clermont-Ferrand en 1309, et finalement relâché, fin 1312, ayant ''choisi'' de dire tout ce que la commission voulait, plutôt que de s'exposer à une ''question non modérée''. Il abjure son apostasie et ses erreurs... Puis, il reçoit l'absolution, et la liberté...
Son activité ''Templière'', pourtant, continue...

1313 : Roger de Laron, après un séjour dans son château limousin, repart, rencontrer les banquiers de la ''Compagnia dei Bardi'', à Florence, qui gèrent une partie ''cachée'' des biens financiers des Templiers ; puis revient dans le Comté de la Marche, avant de partir en Angleterre …
Il reviendra l'année suivante accompagnée d'une femme ; que les légendes locales – peut-être du fait de sa beauté et de son ''étrangeté'', préféreront voir venir du monde féerique... ( Voir les histoires concernant Marguerite de Laron)

En Angleterre, Roger entre en relation avec une autre dame qui se réclamait de la Maison de Lusignan... Elle aussi, demande le soutien des Templiers, c'est ainsi que l'on retrouve le chevalier Roger apportant, une fois de plus, un soutien à la maison des Lusignan, en la personne de Jeanne de Geneville (1286-1356) , petite-fille du dernier comte de Lusignan (Hugues XII), et dont la mère Jeanne de Lusignan dite «de la Marche»- a été cohéritière du Comté de la Marche... Elle dut s'en dessaisir au profit de Philippe le Bel. Jeanne est l'épouse de l'anglais Roger V Mortimer (1287 – 1330), comte de March …

Roger de Laron, porteur de documents importants, (et ''d'objets'' appartenant au trésor des Templiers), rencontre Roger Mortimer qui prend contact avec les chevaliers du Temple, pour avoir leur soutien, contre les favoris du roi Edouard II... Roger de Laron, négocie aussi, le passage d'un nombre important de chevaliers français en Angleterre où pour l'instant, la répression n'est que de façade ...


( à suivre …) 

jeudi 9 mars 2017

Les fées en Limousin

Nul ne mettrait en doute, en ce début du XIVe siècle, que les fées ( Fadas) abondent en Limousin. Sous la conduite d'une reine, elles peuvent être bonnes ou malveillantes ; elles appartiennent à un monde naturel qui échappe à la plupart d'entre nous... Elles célèbrent la nature, et observent les humains qui éprouvent bien des difficultés à discerner le bien du mal … Quand l'humain est confronté à un choix, à deux chemins : le bon ou le mauvais ; alors la ''bonne fée'' peut se charger d’influencer cette décision.
Les fées étaient là avant que les hommes n’arrivent, de tout temps, depuis l’origine du monde… Elles célèbrent Gaia ( la Terre ) et ses diverses incarnations. Ce sont donc des créatures antédiluviennes, païennes ou celtiques pour certains, honnies par l’église, même si elles furent rattrapées par le syncrétisme. Avant tout, elles sont l’incarnation vivante de la nature, bonne ou austère, toujours mystérieuse !

En Limousin, d'expérience, les humains sont d’accord pour discerner quatre sortes de Fées :

- Les Bonnes Fées ou Marraines : Longues et filiformes, blondes ou rousses, toujours d’une beauté surhumaine, dotées d’une voix douce et mélodieuse pour guider les hommes , elles mesurent près de six pieds. Vêtues de robes fines et légères, munies d’ailes graciles et soyeuses, parfois colorées, leur apparence frêle n’en fait pourtant pas des créatures fragiles car leurs pouvoirs empêchent quiconque de se montrer physiquement menaçant envers elles…

- Les Mauvaises Fées ou Fades : « Porteuses des malédictions, oiseaux du malheur !!! Bien triste sera la vie de celui ou celle qui défie les Fades… » Aussi grandes que leurs sœurs mais voûtées, très maigres et comme desséchées, brunes comme les corbeaux, avec des ailes de chauves-souris et une sorte de fichu noir rappelant un linceul pour tout vêtement…

- Les Fanettes : Equivalent limousin du Lutin breton, ce sont de petites fées qui ne dépassent pas les trois pieds. Des ailes de libellules en font des créatures très vives, vêtues de quelques feuilles. Joueuses, leurs jeux peuvent entraîner dans la mort l’innocent qui tombe entre leurs griffes !

- Les Feux Follets : Mâle ou femelle, de la taille d’une pomme de pin, luminescents comme les lucioles, avec des ailes de papillon de nuit. Ils sont les gardiens de lieux d’antiques batailles, veillant sur les âmes damnées de héros antédiluviens et parfois messagers des Fées…

Nous leur connaissons comme principal pouvoir, celui de se métamorphoser :
Ainsi, une vieille femme qui attend à un carrefour une aide, une jeune fille qui attire un homme dans un bois, ou comme ce qui est arrivé à Roger de Laron, une jeune femme nue perchée dans un arbre … Chacune d'elles peut être une fée ...
La Fade préfère les apparences de chauve-souris, chouette … Elle peut aussi prendre l’apparence d’une vieille, mais de très mauvais conseil..
Les fées peuvent transformer un humain, en monstre, ou les affubler de déformations corporelles ...
Beaucoup de sources miraculeuses, avant d'être christianisées, furent installées par les fées... Ici, on raconte qu'à la fontaine de Sainte-Geneviève près de Saint-Julien de Laron, un enfant de 12ans qui ne pouvait se servir de ses jambes fut transporté jusqu'à la source ; il y trempa ses membres à plusieurs reprises... et s'en revint à pied.

Elles peuvent aussi aider de jeunes héros à combattre un monstre, en leur prêtant des armes magiques ...
En Limousin, de nombreuses grottes, ou lieux repérés par des pierres levées, dolmens, leurs servent d'espace pour danser, et célébrer les dieux et déesses de l'ancienne religion... Il n'est pas secret que de nommer des lieux comme : les « Pierres Jaumâtres », et le « Peu de la Fade ». On appelle un ''peu '' un puy, un tumulus, et fade vient de ''fa'' en celte ( qui signifie magie, charme)... Les gens de Laron, cite volontiers la Pierre aux neuf gradins de Soubrebost, près de Bourganeuf, en Creuse. Ce lieu ''sacré'' serait dédié à une déesse tutélaire : Ana.


A Saint-Sulpice-les-feuilles : on parle d'une cité disparue – Le Pen des Quatre-Vents... Il n'en reste que deux pierres : l'une attribuée aux fades, l'autre aux Pageais.
Les caches, fentes dans les rochers où l’on glissait des présents : brins de serpolet, cailloux luisants, bijoux, selon sa richesse personnelle, dans le but d’attirer la bienveillance des fées, sont nombreuses.
Tous les présents rejoignent le '' trésor des fées ''. Chacun, ici, envisagerait bien de le trouver … On parle à ce propos de la ''Pierre Servière'' ...
Les étangs, rivières peuvent abriter leurs jeux, où elles se baignent nues... Les jeunes gens qui succombent à leur beauté, peuvent gagner des preuves d'amour ; mais, en général, tous en perdent l'esprit...

Sources : Les Contes du Limousin de Fred Tréglia, et Marcelle Delpastre. 

lundi 6 mars 2017

Marguerite de Laron, et les fées, en Limousin

On parle d'un pauvre jeune homme, bossu et musicien, qui s'était endormi en plein bois près du château de Laron.. Robin souffrait de son infirmité : on le craignait, et les filles s'écartaient de lui. Il gagnait sa vie en tressant la paille et le jonc, et en faisaient des paniers et des chapeaux ...
Dans ce bois, en songe, il entend une musique, mais aussi des voix claires, naïves de jeunes filles. Il se réveille. De bien mignonnes jouvencelles dansent au clair de lune. Des fées à n'en pas douter. Leur refrain, à vrai dire, est simplet: « Dimanche, lundi.».. ! L'air, trop court, est monotone et un rien triste.
«Je vais leur apprendre à égayer cela», se dit le bossu . De son frestel (*), il donne le son , il joue la ritournelle des fées en y ajoutant quelques notes joyeuses. Étonnées, souriantes, les « fadettes » (filles) se tournent vers lui. Il rejoue le refrain, complété, en chantant: « Dimanche, lundi, mardi. »
Les fadettes, enchantées, entonnent, la chanson améliorée.
Encore, demandent-elles en battant des mains, et elles font leur ronde autour de l'artiste.

La plus belle de la bande - la reine des fées, pense-t-il – Et, là: ... il reconnaît La Dame Margot... ! - elle lui dit:
- Tu nous as fait un grand plaisir. Grâce à toi, notre chanson est beaucoup plus jolie. Nous la chanterons toujours ainsi. Pour te remercier, je vais t'enlever ta bosse. Tu mérites d'avoir le corps aussi beau que le cœur.
Elle lui caresse légèrement le dos. De tordu qu'il est, Robin devient droit. Sautant de joie, il  reprend la chansonnette sur un rythme de menuet que les fées dansent à ravir, en s'éloignant. En quelques secondes, elles ont disparu laissant pour seule trace un écho, répercuté par les roche des fées: «Dimanche, lundi, mardi, dimanche, lundi, mardi.»

Robin se sent bien plus léger que d'habitude, pour la première fois de sa vie il peut lever la tête, se tenir droit et tout lui semble de plus en plus beau.
C'est le silence... « Ai-je rêvé? », se demande t-il . Tâtant son dos redressé, il ne peut plus douter, la charmante rencontre a bien eu lieu. Il court au bourg annoncer la bonne nouvelle, qui fait sensation.

A quelque temps de là, quand l'histoire de sa bosse se fut répandue dans la région, une vieille femme vient frapper chez lui pour demander les détails de sa guérison, à l'intention du fils d'une de ses amies, lequel est bossu aussi. Robin, de caractère aimable et confiant, ne se fait pas prier pour décrire son aventure.


Or ce bossu, était depuis sa naissance un être geignard, irritable, mauvais  et plein de ruse. Quand il entend la musique des fées, il est si pressé de se débarrasser de sa bosse qu'il ne pense pas instant qu'il doit attendre le bon moment pour essayer une variation, ni même se soucier de bien chanter. Il interrompt sans vergogne la musique des fées avec ses braillements, « et mercredi, et jeudi » pensant que là où il en est passé un, deux passeront mieux, et que si Robin avait reçu un habit neuf, on lui en donnerait deux.
Un tel comportement provoque la colère des fées. Elles l'entourent avec force cris et hurlements : "qui a abîmé notre chanson, qui a abîmé notre air ?.
- C'est lui … Ses mots sont venus si mauvais dans l'air heureux que nous nous chantions ; il est si mauvais dedans, que sa vie peut encore en être attristé : voici deux bosses pour lui!
La reine des fées fixe la bosse de Robin par-dessus la sienne, aussi fermement que si des maîtres charpentiers l'avaient clouée avec des clous en or.
Au matin les deux femmes le trouvent à demi mort, les deux bosses sur le dos.
Il est mort peu après, et l'on se dit qu'il peut être dangereux d'aller écouter des airs féeriques du côté du Château de Laron ...

(*) Le frestel est une flûte de Pan du Moyen Âge.  

vendredi 3 mars 2017

La vie d'une sorcière au Moyen-âge -4/4-

Le sabbat :
La sorcière qui a renié Dieu et juré fidélité au Diable entend pratiquer sa nouvelle religion en allant au Sabbat. La croyance au Sabbat, universelle dans l'Europe du Moyen Age, remonte au Ve siècle environ.
Tant qu'elle est belle, ou bien tant que ses désirs ne sont pas compromis par une incapacité physique, la sorcière est pour une longue soirée une des reines du sabbat où l'on festoie, se goinfre même à la santé des paysans terrorisés. On y pratique également avec ostentation tous les péchés interdits par l'Eglise, le fin du fin étant la messe noire... N'est-ce pas toujours croire en Dieu que de s'appliquer à son contraire jusque dans les moindres détails ? Réciter les prières à l'envers, boire l'eau bénite pour la rejeter en urine, tant que dure l'effet de l'onguent des sorciers ou des sorcières : pommade à base d'alcaloïdes d'origine végétale telle la morphine, base tirée directement de l’opium, de la belladone et des bribes de champignons hallucinogènes qui prédisposent à la participation aux orgies totales.

Le vol des sorcières :
Comme en témoigne le ''Malleus Maleficarum '', Satan donne le pouvoir de voler dans les airs à certaines de ses plus ferventes adeptes: '' Certaines femmes mauvaises, perverties par Satan et séduites par les illusions et fantasmes des diables, croient et professent qu’à certaines heures de la nuit, elles s’en vont chevauchant diverses bêtes en compagnie de Diane, déesse des païens, d’Hérodiade et d’une multitude innombrable de femmes, parcourant de grands espaces dans le silence d’une nuit profonde. ''

Le Familier :
Pour les seconder dans leurs immondes occupations, les sorcières les plus talentueuses possèdent un ''familier''. Le familier est un animal, un esprit ou un démon mineur offert à la sorcière par le Diable afin de l'aider à accomplir ses maléfices. Il se doit de servir fidèlement celle qui a pactisé avec Satan. Le familier accomplit souvent les tâches dont les sorcières ne peuvent se charger elles-mêmes.
 A l'époque des persécutions, on pensait que chaque Sorcière avait son familier, et le fait d'avoir un animal domestique suffisait bien souvent à accuser une personne de sorcellerie. Les légendes de cette période attribuent aussi aux familiers l'habitude de boire du sang : ils étaient considérés comme presque aussi dangereux que la Sorcière elle-même, car ils ressemblaient à des animaux normaux et pouvaient espionner ou faire du mal pour le compte de leur Sorcière tout en restant difficilement détectables.

Particulièrement, dans notre région, on peut vous indiquer où trouver la ''pierre à dent'', pour guérir les mal de dents, et autres affections donnant fièvres et douleurs. A Limoges, on garantit que la '' Lance de Frochet '' gardée dans l'abbaye de St-Martial désenvoûte les malheureuses victimes des sorcières … Cette lance permit au XIIe siècle de se débarrasser de la fameuse ''Mandragore''.



Sources : le chaudron de la Sorcière de Jean-Marc Soyez