jeudi 9 mars 2017

Les fées en Limousin

Nul ne mettrait en doute, en ce début du XIVe siècle, que les fées ( Fadas) abondent en Limousin. Sous la conduite d'une reine, elles peuvent être bonnes ou malveillantes ; elles appartiennent à un monde naturel qui échappe à la plupart d'entre nous... Elles célèbrent la nature, et observent les humains qui éprouvent bien des difficultés à discerner le bien du mal … Quand l'humain est confronté à un choix, à deux chemins : le bon ou le mauvais ; alors la ''bonne fée'' peut se charger d’influencer cette décision.
Les fées étaient là avant que les hommes n’arrivent, de tout temps, depuis l’origine du monde… Elles célèbrent Gaia ( la Terre ) et ses diverses incarnations. Ce sont donc des créatures antédiluviennes, païennes ou celtiques pour certains, honnies par l’église, même si elles furent rattrapées par le syncrétisme. Avant tout, elles sont l’incarnation vivante de la nature, bonne ou austère, toujours mystérieuse !

En Limousin, d'expérience, les humains sont d’accord pour discerner quatre sortes de Fées :

- Les Bonnes Fées ou Marraines : Longues et filiformes, blondes ou rousses, toujours d’une beauté surhumaine, dotées d’une voix douce et mélodieuse pour guider les hommes , elles mesurent près de six pieds. Vêtues de robes fines et légères, munies d’ailes graciles et soyeuses, parfois colorées, leur apparence frêle n’en fait pourtant pas des créatures fragiles car leurs pouvoirs empêchent quiconque de se montrer physiquement menaçant envers elles…

- Les Mauvaises Fées ou Fades : « Porteuses des malédictions, oiseaux du malheur !!! Bien triste sera la vie de celui ou celle qui défie les Fades… » Aussi grandes que leurs sœurs mais voûtées, très maigres et comme desséchées, brunes comme les corbeaux, avec des ailes de chauves-souris et une sorte de fichu noir rappelant un linceul pour tout vêtement…

- Les Fanettes : Equivalent limousin du Lutin breton, ce sont de petites fées qui ne dépassent pas les trois pieds. Des ailes de libellules en font des créatures très vives, vêtues de quelques feuilles. Joueuses, leurs jeux peuvent entraîner dans la mort l’innocent qui tombe entre leurs griffes !

- Les Feux Follets : Mâle ou femelle, de la taille d’une pomme de pin, luminescents comme les lucioles, avec des ailes de papillon de nuit. Ils sont les gardiens de lieux d’antiques batailles, veillant sur les âmes damnées de héros antédiluviens et parfois messagers des Fées…

Nous leur connaissons comme principal pouvoir, celui de se métamorphoser :
Ainsi, une vieille femme qui attend à un carrefour une aide, une jeune fille qui attire un homme dans un bois, ou comme ce qui est arrivé à Roger de Laron, une jeune femme nue perchée dans un arbre … Chacune d'elles peut être une fée ...
La Fade préfère les apparences de chauve-souris, chouette … Elle peut aussi prendre l’apparence d’une vieille, mais de très mauvais conseil..
Les fées peuvent transformer un humain, en monstre, ou les affubler de déformations corporelles ...
Beaucoup de sources miraculeuses, avant d'être christianisées, furent installées par les fées... Ici, on raconte qu'à la fontaine de Sainte-Geneviève près de Saint-Julien de Laron, un enfant de 12ans qui ne pouvait se servir de ses jambes fut transporté jusqu'à la source ; il y trempa ses membres à plusieurs reprises... et s'en revint à pied.

Elles peuvent aussi aider de jeunes héros à combattre un monstre, en leur prêtant des armes magiques ...
En Limousin, de nombreuses grottes, ou lieux repérés par des pierres levées, dolmens, leurs servent d'espace pour danser, et célébrer les dieux et déesses de l'ancienne religion... Il n'est pas secret que de nommer des lieux comme : les « Pierres Jaumâtres », et le « Peu de la Fade ». On appelle un ''peu '' un puy, un tumulus, et fade vient de ''fa'' en celte ( qui signifie magie, charme)... Les gens de Laron, cite volontiers la Pierre aux neuf gradins de Soubrebost, près de Bourganeuf, en Creuse. Ce lieu ''sacré'' serait dédié à une déesse tutélaire : Ana.


A Saint-Sulpice-les-feuilles : on parle d'une cité disparue – Le Pen des Quatre-Vents... Il n'en reste que deux pierres : l'une attribuée aux fades, l'autre aux Pageais.
Les caches, fentes dans les rochers où l’on glissait des présents : brins de serpolet, cailloux luisants, bijoux, selon sa richesse personnelle, dans le but d’attirer la bienveillance des fées, sont nombreuses.
Tous les présents rejoignent le '' trésor des fées ''. Chacun, ici, envisagerait bien de le trouver … On parle à ce propos de la ''Pierre Servière'' ...
Les étangs, rivières peuvent abriter leurs jeux, où elles se baignent nues... Les jeunes gens qui succombent à leur beauté, peuvent gagner des preuves d'amour ; mais, en général, tous en perdent l'esprit...

Sources : Les Contes du Limousin de Fred Tréglia, et Marcelle Delpastre. 

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