jeudi 31 octobre 2013

Qu'est-ce qu'un protestant ?

La diffusion des Quatre-vingt-quinze thèses, a déclenché la Réforme en Allemagne. Le document aurait été placardé à la porte de l'église de Wittemberg (aujourd'hui en Saxe-Anhalt) le 31 octobre 1517.


Luther a rédigé ses 95 thèses comme support pour un débat, une Dispute théologique, une pratique courante à l'époque. Conçues pour être diffusées dans un cercle restreint de théologiens, leur succès aurait surpris Luther lui-même. Si l'affichage sur la porte de l'église de Wittemberg n'est pas certain, il est en revanche acquis que Luther en a fait parvenir des copies à des amis et dignitaires religieux dont l'archevêque Albrecht de Mayence.
Les 95 thèses sont ensuite imprimées en grande quantité et largement diffusées. Devant leur retentissement, les autorités religieuses hésitent cependant à condamner Luther. Ce dernier continue de débattre avec les théologiens catholiques comme par exemple Johann Eck lors de la fameuse dispute de Leipzigen 1519.
Les 95 thèses sont finalement condamnées le 15 juin 1520 par la bulle Exsurge Domine du pape Léon X. Luther, alors ouvertement en conflit avec l'Église, est excommunié au début de l'année suivante.

Je suis chrétien par ma foi, et je suis catholique par tradition... Par tradition, cela veut-il dire par habitude ?
Olivier Bauer, lui se demande s'il est protestant ou réformé... Les questions intermédiaires qu'il se pose, et auxquelles il répond, m'interpelle fortement :


Question 1: "Qu’est-ce qu’un-e protestant-e?"
•    Sociologiquement, c’est celui ou celle qui se déclare chrétien-ne et qui n’est ni catholique-romain-e, ni orthodoxe.
•    Historiquement, c’est celui ou celle qui se situe du côté de la Réforme du 16e siècle.
•    Théologiquement, c’est celui ou celle qui affirme trois refus (selon le théologien français Laurent Gagnebin):
•    Le refus de faire d’un homme, le pape, le représentant de Dieu sur terre.
•    Le refus de faire d’une femme, Marie, une intermédiaire entre Dieu et les êtres humains.
•    Le refus de faire d’une chose, l’hostie, le corps du Christ.


Question 2: "Qu’est-ce qu’un-e réformé-e?"
•    C’est un-e protestant-e qui se réclame de la théologie du Suisse Huldrich Zwingli, des Français Guillaume Farel et Jean Calvin, de l’Écossais John Knox.
•    C’est un-e protestant-e qui déclare appartenir à l’une ou l’autre des Églises réformées (indépendantes et souvent nationales) implantées sur les cinq continents.
•    C’est un membre de la famille protestante:
•    Il/elle a des frères et sœurs (presque jumeaux) chez les luthériens.
•    Il/elle a des cousin-e-s  (plus ou moins proches) dans d’autres Églises protestantes (adventistes, baptistes, évangéliques, méthodistes, etc.) et chez les anglicans.
•    Il/elle a des parents qui ne veulent pas entretenir de relations avec lui: les Témoins de Jéhovah, les Mormons, etc.

Question 3: "La multiplication des Églises protestantes est-elle un problème?"
•    Non, elle est un reflet de la diversité humaine.
•    Non, tant que les protestant-e-s ne se battent pas pour imposer leur avis comme la seule et unique vérité (ce qu’ils ont fait parfois).
•    Non, tant que les protestant-e-s  admettent que leurs Églises sont et seront toujours imparfaites (Semper reformanda)

Question 4: "Y a-t-il un principe commun à tous les protestants?"
•    Oui, il y en a même trois:
•    Rien n’est sacré hormis Dieu (Soli Deo gloria).
•    Personne ne mérite son salut, mais Dieu le donne gratuitement (Sola gratia) et l’être humain peut lui faire confiance (Sola fide).
•    La Bible est le seul juge de la théologie (Sola Scriptura).
•    En protestantisme, le mot-clef, c’est celui de "liberté" : liberté de croire librement parce que Dieu donne à chacune et à chacun son Saint-Esprit (Témoignage intérieur du Saint Esprit ou TISE).

Question 5: "De quelle liberté parlons-nous?"
•    En bon protestant, je vais chercher la réponse dans la Bible.
•    Selon l’Évangile de Jean (chapitre 8), Dieu libère du péché, c’est-à-dire de ce qui nous empêche d’être pleinement et  véritablement humain. Dieu libère de l’obligation de "bien faire", de "réussir sa vie".
•    Être chrétien-ne permet d’admettre que l’on est à la fois juste et pécheur (Simul justus simul peccator), c’est-à-dire, finalement, terriblement humain-e.

Question 6: "La liberté chrétienne n’est-elle que spirituelle?"

•    Non, elle est aussi sociale et politique.
•    Tout au long de la Bible, Dieu voit la misère, entend les cris; il guérit les malades; il libère les prisonniers; il ramène les exilés.
•    Il encourage à réformer la société, à la rendre plus juste, plus humaine.
Je peux maintenant répondre à ma question à la fois ultime question fondamentale:
    Ultime question fondamentale: "Être protestant ou être réformé?"
•    Protester est toujours plus facile que réformer.
•    Je suis moi-même souvent plus protestant que réformé (dans ce domaine aussi, je suis imparfait).
•    Mais pour permettre la liberté que Dieu donne, je dois toujours rester un protestant-réformé.
•    Protester est mon droit; réformer est mon devoir. 

La femme et le sacré: avec Julia Kristeva

La notion du sacré fait référence au sacrifice ( latin : sacer ) rire sacrificiel grâce auquel s'établit une double relation, une relation verticale à l'au-delà et une relation horizontale qui est le pacte entre les communiants. L'autre dimension du sacré est davantage liée à la fécondité, à la force vitale... Les femmes ont un rapport spécifique avec ces deux versants...
Veillée funèbre au Kosovo 1990. Georges Merillon Veillée funèbre dans un village espagnol 1951. Eugene Smith
Le masochisme féminin : jouir de la mort et de la détresse des autres, jusqu'à la complaisance, la mélancolie, le suicide ...
*****
Les femmes donnent la vie en aimant des hommes, et ce désir de maternité reste prégnant malgré les techniques de contraception …
«  Quel que soit notre être social, je pense qu'il y a un sentiment d'appartenir à un flux de générations et quasiment à un être biologique indéracinable dans la vie féminine...( …) Je sais que je suis mortelle... je suis capable de dilater chaque instant... parce qu'il m'associe au genre humain... l'être est pour moi, femme, une pluralité … autonomes, elles sont des sujets qui partagent avec d 'autres, et avec l'univers. » J.Kristeva


« Marie est entrée dans notre culture moderne comme l'exemple du refoulement. Comment se fait-il qu'une femme qui n'a pas connu l'acte sexuel puisse être mère ? » J.K.
( rejet de la sexualité, hantise de vouloir freiner le plaisir féminin, pour le réduire à la procréation ... ..?)


Pietà (vers 1560-1570.), peinture sur bois de Luis de Morales "Pieta" de Kim Ki Duk-remporte le Lion-d'or à Venise en 2012

La pietà est un moment extrêmement fort pour l'imaginaire de tout être humain. Aujourd'hui, elle pointe encore l'écueil, de se dire: « je suis mère toute puissante qui a donné la vie, et qui a tous les droits sur la vie »...
Reconnaître sa faiblesse, nous permet de la sublimer et de l'élaborer …
Marie, 'Reine de l'Eglise' : reconnaissance du besoin de pouvoir chez la femme … titre donné par des hommes, en réalité secondaire qui draine les fantasmes de supériorité et de pouvoir, et maintient les femmes à la fois dans l'obéissance et dans une espèce de fierté, flattant la psyché féminine." J K.

Les artistes voient en Marie la mère apaisée, la femme non érotique, qui nourrit son enfant... L'homme artiste dépasse sa rivalité avec elle, et sa haine œdipienne envers le père.
Marie nous réconcilie avec le maternel, mais «  si le corps féminin est un corps sans organe sexuel visible, il provoque l'épouvante et induit chez l'homme l'angoisse de la castration ou la renforce." J K.

Sources : Arts sacrés N°24

mardi 29 octobre 2013

Les 'athées' plus intelligents que les 'croyants' ?

On pourrait le « croire » selon une étude parue dans Personality and Social Psychology Review.
Richard Lynn (Université d’Ulster, Irlande) et deux co-auteurs ont réalisé une synthèse des différents travaux mettant en rapport la croyance religieuse et l’intelligence telle qu’elle est estimée par les tests psychométriques de QI. Leur article souligne que l’on observe une corrélation entre croyance et intelligence. Une analyse les données de l’American National Longitudinal Study of Adolescent Health, portant sur 14.277 individus suivis de l’adolescence à l’âge adulte, incluant des tests psychométriques et des autoquestionaires sur le degré d’adhésion aux croyances religieuses, fait ressortir que le groupe se disant « sans religion aucune » a le QI le plus élevé (103,09), et que le groupe se disant « très religieux » a le QI le plus faible (97,14).
D’une autre analyse menée sur la base du National Longitudinal Study of Youth (1997), sur 6.825 sujets ayant répondu également répondu à un questionnaire sur leur croyance, il résulte une différence moyenne de 6 points de QI en faveur des athées par rapport aux individus ayant déclaré leur adhésion à une religion. Autre type de recherche : la comparaison des élites scientifiques et de la population générale. Une étude de l’Académie américaine des sciences montre que 7 % des chercheurs croient en dieu contre 90 % dans la population générale (Larsen 1998). En Angleterre, la proportion dans une enquête plus récente est de 3,3 % de croyants chez les membres de la Royal Society contre 68,5 % dans la population générale. L’ensemble des travaux analysés par Richard Lynn indique que les athées sont, en moyenne, plus intelligents que les croyants, même si la différence de QI d’environ 6 points est relativement faible.
Nb : Les trois psychologues travaillant sur cette étude ont défini l'intelligence comme "la capacité à raisonner, à anticiper, à résoudre des problèmes, à penser de façon abstraite, à comprendre des idées complexes, à apprendre rapidement et à tirer des leçons de ses expériences". La religiosité était quant à elle définie par une implication dans tous ou certains aspects de la religion.
****
Pour l'interprétation d'une telle étude et de ses affirmations, essayons d'être intelligent :
  • Ces travaux ne répondent pas à la question de savoir si c’est la croyance qui freine le développement de l’intelligence ou si c’est le développement de l’intelligence qui freine la croyance. Ils ne permettent pas non plus d’exclure un facteur tiers, comme par exemple la classe socio-économique, la pauvreté étant corrélée négativement à l’intelligence, et corrélée positivement à la religiosité.
  • Les gens d'une ' intelligence supérieure' obtiennent de meilleurs emplois, de plus hauts salaires, ce qui les incite à avoir une plus haute estime d'eux-mêmes et les encourage à contrôler leurs croyances personnelles et leur pensée.
L'étude ne dit pas explicitement que la foi rend idiot, mais elle laisse entendre que les personnes les plus brillantes sont plus enclines à se détourner de la religion, et ce des premières années jusqu'aux âges les plus avancés.


Trois interprétations sont tirées par les chercheurs. 
Première explication de l'étude : «Les gens intelligents seraient moins portés à se conformer aux règles et résistent donc davantage aux dogmes religieux». Ce serait l'idée qu'un 'croyant' arrête de penser... On ne comprend pas, donc on décide d'y croire quand même..!

Deuxième explication : «Les gens qui brillent aux tests de QI tendent à penser de façon analytique plutôt qu'intuitive. Or, les croyances religieuses résistent souvent mal à l'analyse rationnelle.». On pourrait dire, aussi, les personnes très 'cartésiennes' ont de la difficulté à accepter le mystère...

Troisièmement, « plusieurs propriétés de la croyance, comme le contrôle compensatoire, l'auto-régulation, l'auto-amélioration, et un attachement solide, sont également conférées par l'intelligence. Les gens intelligents peuvent donc avoir moins besoin de croyances et de pratiques religieuses. » 




Objections :...
  • On objectera à cette conclusion que nombre de grands scientifiques, fascinés par la beauté et la complexité du monde, finissent par "croire" en quelque chose, sans pour autant embrasser un dogme religieux.
  • Que mesure t-on comme étant l'intelligence ? Et seulement, par le "Q.I." ? L'intelligence telle que considérée par les chercheurs est une notion sujette à caution. Les trois psychologues impliqués dans l'étude la définissent comme « la capacité à raisonner, organiser, résoudre des problèmes, à penser des choses abstraites, comprendre des idées complexes, apprendre vite, et apprendre de l'expérience ». Mais elle exclut, de fait, l'intelligence émotionnelle ou créative. 

  • Bien sûr, cette étude n'a rien à dire concernant le débat philosophique qui divise les croyants des athées concernant l'existence de Dieu. Pourtant, n'est-on pas incité à se dire : "les athées sont généralement plus intelligents que les croyants DONC les athées ont probablement raison DONC Dieu n'existe sûrement pas." Mais ce serait commettre un faux raisonnement... .
    Les sciences humaines ont comme but d'examiner les causes et les effets des croyances et non leur fondement. Cette étude nous en apprend sur les hommes, mais ne nous apprends rien sur l'existence de Dieu (le fondement de la croyance). 
  • Deuxièmement, cet article n'implique pas que tous les athées sont plus intelligents que les croyants ou même que les athées intelligents sont plus nombreux que les croyants intelligents. C'est la moyenne de l'intelligence analytique des athées qui serait supérieure à celle des croyants. Mais, attention... Nous comparons ici la moyenne de deux groupes dont la grandeur est complètement différente! Cette étude est réalisée au Canada ( 16% sans religion vs 75% de chrétiens en 2001), aux Etats-Unis ( 20% sans religion (2,4% d'athées) vs 73% de chrétiens en 2012) et au Royaume-Uni (25% sans religion vs 59% de chrétiens en 2011) … En moyenne , sans doute n'y aurait-il pas plus de 10%, vraiment athées … !

Il y a donc, dans le nombre …, autant de croyants aussi ou plus intelligents que des athées. 

vendredi 25 octobre 2013

Du cerveau à la spiritualité : qu'en dit la science ? -4-

Peintures de Oleg Osipoff 
La science progresse dans la connaissance du cerveau. Pour preuve, ces quelques exemples qui révèlent ses possibilités extraordinaires :
  • Si des rats ont pu expérimenter la télépathie, cet été une expérience scientifique, l'a reproduite chez des humains...
  • Le docteur en psychologie Roi Cohen Kadosh ( Oxford) a boosté des capacités en calcul mental, grâce à des stimulations électriques cérébrales …
  • Le chercheur japonais Yukiyasu Kamitani a pu identifier l'apparition d'images dans les rêves d'une personne.
  • Kevin Warwick, est le premier cyborg, en 1998, il s'est fait implanter dans le bras gauche une puce RFID... En 2002, l'universitaire se fait greffer une puce bien plus performante. Pour lui, et beaucoup d'autres, les mutations visant à nous robotiser sont naturelles. « Que le corps pose un problème, autant s'en débarrasser... Qu'à l'avenir, nous ferons beaucoup moins d'efforts physiques, utiliserons moins nos sens et seront bien plus intelligents, voire de purs esprits. L’essentiel étant la connexion avec le cerveau... »
Beaucoup aujourd'hui espèrent l'augmentation significative des capacités physiques et intellectuelles de l'homme. Et, Kevin Warwick s'inscrit comme un représentant du Post-humanisme, un courant qui remplace avec l'efficacité de la science, nos vieilles idéologies... A quand, et sous quelles formes s'exprimera le prochain fascisme … ?

Descartes pensait que le cerveau est le point d'intersection entre le monde matériel et le monde des esprits, et plus précisément que, c'est par la glande pinéale, que l'âme entrerait pour donner la vie et le mouvement à l'individu... Aujourd'hui de plus en plus d'intellectuels ne croient plus en l’existence de l'âme. Au XIXème siècle, déjà, les philosophes positivistes préféraient parler d'esprit, et comme un ensemble de facultés – mémoire, réflexion, conscience – à étudier spécifiquement, et non comme un tout métaphysique …
Aujourd'hui, on comprend ce qui se passe quand on écoute de la musique, mais pas le plaisir d'entendre un certain morceau... Les phénomènes subjectifs et qualitatifs échappent à l'analyse …


Barak Obama a annoncé en avril 2013, que les Etats-Unis débourseraient 100 millions de dollars en 2014 pour l'étude du cerveau.

Le projet européen Human Brain Project ( HBP) développé par l'école polytechnique fédérale de Lausanne ( EFPL) a été sélectionné par la Commission Européenne. L'Europe s'est engagée à débourser plus d'1 milliard d'€ sur 10 ans pour cette recherche dont l'objectif est de faire progresser la compréhension du fonctionnement du cerveau... Comment ? En réussissant à créer une simulation du cerveau : un cerveau artificiel.

mercredi 23 octobre 2013

Du cerveau à la spiritualité : qu'en dit la science ? -3-

L'étude des états altérés de conscience renforce l'hypothèse que la conscience est fondée sur un réseau d'aires cérébrales. Avec l'imagerie médicale on peut détecter si un patient est toujours conscient après un coma. En observant ce qui se passe sous anesthésie, l'hypothèse d'un interrupteur unique de la conscience, actionné par des agents anesthésiques, a fait place à celle d'une défaillance des connexions entre les régions cérébrales impliquées.
Pour que la conscience émerge de notre cerveau, il faut que s'active un réseau relient plusieurs régions cérébrales.
Les illusions de sortie du corps – elles concernent de 5 à 10% de la population – sont des expériences de désincarnation étonnantes. Des neurobiologistes commencent à comprendre les mécanismes cérébraux de ce phénomène. Ils progressent ainsi dans l'étude de la « conscience de soi ». La stimulation électrique d'une zone du cerveau a pu engendrer ce type d'expériences.
Sources : « La Recherche » N° 439 de mars 2010.

« Comprendre le cerveau est un enjeu de société capital » Etienne Hirsch, directeur adjoint du centre de recherche de l'ICM. Cette recherche doit s'appuyer sur les mathématiques, la physique et faire le pont avec les sciences humaines.

La plasticité du cerveau commence à décroître lorsque l'on a entre 20 et 30 ans ; mais cela n'est pas l'essentiel. Car plus on a de l'expérience, plus on a emmagasiné d'informations dans l'hippocampe, sorte de disque dur du cerveau... On compense par une meilleure capacité d'exploitation des informations à notre disposition...





Un grand enjeu : la découverte du Code neural - la façon dont les cellules nerveuses sont capables de capter les informations de l'environnement, de les stocker, de les traiter, puis de les utiliser en réponse à des stimuli - il ouvrirait la porte à la création de nouvelles technologies.








Illustrations: photo-montage de Simone Held.

lundi 21 octobre 2013

Du cerveau à la spiritualité : qu'en dit la science ? -2-


de Michel Ogier:  La chute dans le temps
« La physique quantique nous enseigne que cette réalité dans laquelle nous vivons, située dans le temps, l'espace, l'énergie et la matière, n'est pas la réalité ultime, et que la réalité ultime - si elle existe – ne peut peut-être située dans le monde des phénomènes. Cela rend à priori, non absurde l'idée d'une possible survie après la mort. » Bernard d'Espagnat ( physicien de l'Institut de France )
Comment un scientifique peut-il avancer pareille idée ?
Pour un Jean-Pierre Changeux, le cerveau secrète la conscience comme le foie secrète la bile : «  l'Homme n'a plus rien de l'esprit, il suffit d'être un homme neuronal »
Pourtant, la physique quantique redonne de nouvelles perspectives aux conceptions non matérialistes de la conscience...
  • Un des grands enseignements de la physique quantique est que c'est la même chose pour les caractéristiques de toutes les particules élémentaires : elles sont indéterminées en dehors de l'observation. Aussi, la conscience ne peut pas s'observer elle-même, et on peut se demander si le conscience n'est pas autre chose qu'un épiphénomène issu de la matière … ?

Illustration : un arc en ciel bouge quand nous nous déplaçons. Il est absurde de parler de la position et la vitesse d'un arc en ciel, puisque celles-ci dépendent de notre propre vision et de notre propre vitesse. Un des grands enseignements de la physique quantique est que c'est la même chose pour les caractéristiques de toutes les particules élémentaires, elles sont indéterminées en dehors de l'observation.


  • La physique quantique a mis en évidence un certain nombre de phénomènes : - La non-localité : deux particules formant un ensemble unique : ce qui se produit pour l'une a des conséquences immédiates sur l'autre, quelle que soit la distance qui les sépare. - Le monde ne se limite pas à ce que nous pouvons voir, mesurer, toucher et sentir...



Ci-dessus : Sources MR N°51, P40 et 41 : par Jean Staune : philosophe des sciences.

samedi 19 octobre 2013

Ne demande pas ton chemin, tu ne pourrais pas te perdre

Hokusai_1760-1849_Ocean_waves

Tout homme est tiraillé entre deux besoins: 
- le besoin de la Pirogue, c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et 
- le besoin de l’Arbre, c’est à dire de l’enracinement, de l’identité, et les hommes errent constamment entre ces deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre ; 


jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue.


Mythe mélanésien de l’île du Vanuatu






"Ne demande pas ton chemin, tu ne pourrais pas te perdre"


Photos de Denis Darzacq.

jeudi 17 octobre 2013

Parole d'ermite: Frère Antoine

Frère Antoine : « Dieu est mon compagnon, mon guide. Il vit en moi depuis toujours. L’essentiel, c’est l’amour, la vie. Je ne crois pas en un Dieu qui distribuerait les bonnes choses de la vie, qui empêcherait les enfants de mourir. Celui-là est un faux dieu, une idole, un fétiche que les hommes ont créé.

 Quand un individu se comporte spontanément avec générosité et altruisme, il est divin lui-même et le royaume des cieux existe ici et maintenant, à partir de nos comportements. 
Dieu est simplement ce qu’il y a de meilleur en nous. »

Né en 1923 à Cuillé (Mayenne), Frère Antoine est un religieux cistercien qui vit dans une grotte depuis 1966, sans eau ni électricité. Il se définit comme « le galopin de Dieu », passe ses journées en méditation et en prière, mais aussi à écrire des livres et des chansons. Sa spiritualité se rattache aux traditions chrétiennes et hindoues, mais avec un regard attentif aux philosophies de la Grèce antique. 

Sources: La Croix du 25/07/2013


mardi 15 octobre 2013

Tomasz Alen Kopera



Tomasz Alen Kopera est né en Kozuchow, en Pologne en 1976. Il a fréquenté l'Université de Technologie de Wroclaw. 
La nature humaine et les mystères de l'Univers sont sa source d'inspiration. L'objectif attaché à chaque peinture est d'interroger, déstabiliser... Parfois, l'obscurité l'emporte, à d'autres moments, la lumière. 
Tomasz, peint à l'huile sur toile. Il est reconnu pour son attention aiguë au détail, la maîtrise de la couleur et l'utilisation audacieuse de la matière.

Depuis 2005, il réside en Irlande, et depuis 2010 il appartient au "Groupe Libellule" formé par Lucas Kandl.


"Un déluge de couleurs pastels recouvrent des personnages – faits de chair, de pierre ou de bois –, dont les contours tendent à s’émousser dans le lointain de nos rêves.
Le végétal surgit toujours comme une soudaine lueur d’espoir dans la mélancolie. Couronnant ce couple de statues enlacées pour l’éternité, ou subsistant en plein milieu d’un désert rocailleux, comme par enchantement." 

dimanche 13 octobre 2013

Parler de l'âme, a t-il encore un sens ? -2-

Louis_Janmot - Poème de l'âme 17 - L’Idéal

Personnellement, je ne peux me représenter l'âme comme le petit fantôme du petit ' soi ' qui quitterait son corps au moment de la mort, pour continuer ' sa vie ' que l'on m'assurerait être la plus heureuse. Pour moi, cette vision n'est pas raisonnable, n'est pas acceptable …


C'est la vision de Jung, qui me semble rejoindre avec une certaine cohérence le christianisme, que je rejoindrais …
Je n'aime pas le mot « âme », qui me semble porteur de trop de malentendus. Je préfère la triade ' corps, psyché et esprit ' pour définir l'humain. Cependant, avec Jung, je reconnais que la reprise de ce concept traditionnel peut être éclairant …
Carl Gustav Jung (1875-1961)
L'exploration jungienne de l'âme, littéralement transdisciplinaire, se fonde sur une rationalité ouverte, accueillant la vérité des poètes, visionnaires, artistes, mystiques, mais aussi scientifiques...
Jung rentre en rébellion contre un réductionnisme contemporain : « La conviction moderne de la primauté du physique conduit en dernière analyse à une psychologie sans âme, c'est à dire une psychologie où le psychique ne saurait être autre chose qu'un effet biochimique. » Jung en 1931.


Jung identifie l'âme à la nature psychique même de l'humain, sa psyché, toute entière, c'est à dire non réduite à la conscience rationnelle. L'âme est cette totalité polymorphe qui lie notre 'petite' conscience et l'inconscient...
L'exploration de « l'âme inconsciente » se révèle quasiment impossible pour la rationalité discursive... Ici, les ressources de l'imagination active sont requises. Jung fait ainsi dialoguer la connaissance et le mythe, le concept et l’image....
C'est ainsi qu'il a pu donner une cohérence à sa quête de sens, à l'introspection de la psyché.

Illustrations de Jung: Le Livre Rouge

Sources : Le Monde des Religions N°59, article de Mohammed Taleb

vendredi 11 octobre 2013

Parler de l'âme, a t-il encore un sens ? -1-

Alors que nous employons communément le mot « âme » savons-nous précisément ce qu'ainsi nous nommons … ?

Sans-doute, beaucoup seront plutôt récalcitrants pour employer ce mot : « Je dis ' psyché ' parce que plus personne n'entend le grec ; si je disais ' âme ', on me retirerait probablement mon brevet de neurobiologiste. » déplore Jean-Didier Vincent arguant qu'il existe «  quelque chose qui est de l'ordre du mystère et qui se passe au niveau de la psyché ».
*****


Louis_Janmot - Poème de l'âme 2 - Le Passage des âmes



« Avoir des bleus à l'âme », ou des « états-d'âme »... Trouver « l'âme soeur »... « le sang, c'est l'âme » Deutéronome 12,13... «  L'âme, je ne l'ai pas trouvé sous mon scalpel » Cabanis ( XVIIIe s.) ..
Si pour Tertullien l'âme préexiste au corps, Thomas d'Aquin dit que l'âme est insufflée dans l'embryon entre 40 et 80 jours …
Pour Epitecte (IIe s.) l'âme de l'homme est « un fragment détaché du Dieu cosmique »...
Dans le Coran, l'âme survit au corps, et «  Dieu accueille les âmes au moment de leur mort. » ( Sour 39,42). Chez les chrétiens l'âme est marquée par le péché originel, mais peut être rachetée. En Islam, elle est tentatrice, « incite au mal, à moins que mon Seigneur ne me fasse miséricorde. » ( Sour 12, 53).

mercredi 9 octobre 2013

Du cerveau à la spiritualité : qu'en dit la science ? -1-

Si la spiritualité est - avant tout ? - une expérience, il me paraît légitime que la science tente d'en expliquer la teneur … Ensuite, cela signifie que cette expérience touche non seulement l'esprit, mais le corps … La mesure fait d'ailleurs le lien entre esprit et matière . Ce qui aussi intéressant, c'est que la science ne fait pas de distinction, à priori, entre les confessions ...Quelle que soit la foi, l'adepte l'expérimente …
Voici ci-dessous quelques points que je retiens de la lecture de différents dossiers ( l'un des récurrents parmi les revues scientifiques …) et en particulier celui du Monde des Religions ( N°51) :


  • Le cerveau est conçu de telle façon, que la spiritualité est l'un des outils les plus puissants pour l'aider à accomplir quelques unes de ses fonctions ( pas toutes encore bien définies) …

  • L'activité du cerveau ne peut rien dire sur l'existence d'une réalité spirituelle objective, mais on peut revisiter la théologie ( et certains vocabulaires ) en intégrant les données neuro-scientifiques...

  • Aujourd'hui, avec l'imagerie médicale, on peut reconnaître des régions du cerveau impliquées dans ces expériences : le lobe temporal en particulier, une augmentation d'activité dans le système limbique et une diminution dans le lobe pariétal. Parler de « zone de Dieu » n'a pas de sens ...
  • Si on ne peut pas créer des expériences mystiques par simple stimulation, on peut pratiquer par exemple «  la pleine conscience » ( méthode méditative bouddhiste... ou laïque) pour réduire les risques de rechute dans le cadre de troubles émotionnels ( anxiété, dépression …)
  • En comparant les expériences réalisées sur des pratiquants de la méditation, et de la prière avec des carmélites, on y a relevé un certain nombre de différences. Chez les carmélites, une activation particulière du cortex visuel... ( je résume ...)

lundi 7 octobre 2013

Portraits de la moyennes des visages du monde …


Chacun de ces visages "moyens" aurait été composé à partir d'une trentaine de photographies. Les recherches suggèrent que le portrait moyen est plus attrayant que les originaux, il paraît plus jeune, peut-être du fait que les rides et autres marques disparaissent. Bien sûr, le résultat peut dépendre des photos utilisées …

La méthode de la moyenne des visages est en fait assez ancienne. Vers 1870, Galton a essayé de faire une moyenne des photographies de visages de criminels. Lui-même fut surpris de découvrir un visage agréable ...( http://www.impactlab.net/2006/10/ 09/the-science-of-attractiveness / )

Pour plus de renseignements sur les techniques informatiques graphiques qui sont utilisés pour fabriquer ces images composites (plus sophistiquées que la méthode de Galton), il faut visiter le site: http://www.faceresearch.org/tech/

samedi 5 octobre 2013

Jung, toujours actuel.

Paula Rego, est née à Lisbonne en 1935
Curieusement, Jung semble encore original, alors que la psychanalyse s'est imposée jusque dans le langage ordinaire ( inconscient, etc..). Freud fait encore partie de ce siècle où l'idéologie fascine, lui-même estime – par exemple - que l'on doit expliquer la mythologie et la religion par la psychanalyse... 
Alors que pour Jung, c'est la psychanalyse qui doit apprendre de la mythologie et de la religion. De même, Freud marqué profondément par ce XIXème finissant, était unilatéralement branché sur la sexualité, et un inconscient essentiellement marqué par son histoire personnelle. 
Svetoslav Stoyanov
Jung, en avance me semble t-il, pressent l'existence d'une strate plus profonde que cet inconscient, qui dépasse la personne et que l'on peut nommer l'inconscient collectif. C'est là qu'il met à jour un certain nombre de figures mythologiques, qui seraient comme des structures de l'imagination, comme il existe des structures logiques ( 2+2=4 sur toute la planète...!).

Pour résumer, la définition de l'archétype, selon Jung : ce n'est pas une image identique à tout humain, mais plutôt : ce qui sous-tend des images qui seront différentes, comme Isis, Kali ou Ishtar, sont des images culturelles différentes, d'un même principe féminin...
Ces images sont des manifestations de notre inconscient
Svetoslav Stoyanov Bulgare


Dieu serait-il donc, au ciel... ou dans un cosmos intérieur ?
Pour Jung, il existe une transcendance, mais elle est immanente, dans notre cœur...
Là encore, l'originalité de Jung s'exprime dans le refus d'opposer transcendance et immanence ! Ainsi ne craint-il pas de reprendre le concept du « Soi » à l'hindouisme, et redouter ( avant 1914 …) la toute puissance de l'ego...
Jung se défend de trouver une vérité, il dit « C'est un système d’interprétation et de compréhension  que je propose. »
Paula Rego
La question que Jung se pose n'est pas «  Comment me trouver bien dans ce monde »( inflation de l'ego) ; mais «  Comment est-ce que je peux recevoir une volonté qui me dépasse et la transcrire dans ma vie ? ». Le véritable « je » n'est pas le moi, mais le « Soi » : le « Soi » comme présence de ce qui me dépasse en moi ( et que j’appellerai le divin ).

Sources : Michel Cazenave dans le Monde des Religions.

jeudi 3 octobre 2013

La Vérité... ? ne fait pas recette ..!

Il me semble, que de tous temps, un chemin de spiritualité comprend une remise en question, voire une opposition à un ordre établi (lui-même antagoniste à un esprit libre... ). Aujourd'hui, une constante apparaît chez nombreux 'chercheurs' : le scepticisme d'une adhésion à un message qui se présenterait comme ' La Vérité '... 
Le constat est simple : les vérités religieuses n'engendrent que fanatisme et violence.
Le XXème siècle a même remplacé ces vérités religieuses par des vérités immanentes ( fascistes ou soviétiques) tout autant ou plus dangereuses …! Finalement, on peut se demander si - avec notre vocabulaire actuel - l'idée de Vérité ( attachée à une collectivité ) n'est-elle pas en elle-même, terroriste ?

Aujourd'hui, toute recherche comprend une sorte de révolte contre un dieu tout-puissant, et une institution qui s'auto-proclamerait seule détentrice de toute La Vérité.
A mon avis, ce chemin n'est pas un retour en arrière, ce serait plutôt une nouvelle liberté. Bien sûr cet agnosticisme est une affaire occidentale ( encore actuellement…). Une grande partie de notre humanité confesse et confessera, encore longtemps..., un attachement à des formes religieuses avec ou sans transcendance, superstitieuses, et sans aucun doute porteuses d'une connaissance à ne pas mépriser ( bien au contraire….).

Aujourd'hui, si l'idée de religion semble peu attractive, alors que " la spiritualité " attire toujours autant ... c'est que nous souhaiterions nous attacher plus à des formes de sagesse, qu'à des croyances. Une donnée me semble importante : l'idée même de progrès recule au profit d'un temps circulaire …
Enfin, aujourd'hui, nous professons plus facilement un polythéisme ( un sacré polymorphe) qu'un monothéisme. Certains appellent cela ( avec dédain ) le bricolage religieux. Bien sûr, il ne s'agit plus d'un polythéisme de dieux, mais d'un polythéisme de valeurs... Tout simplement parce que la question n'est plus Qu'est-ce que la Vérité ?, mais Comment vivre heureux ?.


Sources de cette réflexion : F Lenoir, et C Delsol, le Monde des Religions N°49,


Illustrations: photographies de Dariusz Klimczak, né en 1967 à Sieradzen Pologne, diplômé de l'Ecole d'Art Zduńska Wola, il s'installe avec sa famille dans un village près de Leba.
Journaliste indépendant, peintre et aphoriste (lauréat du Grand Prix de la septième édition du concours Aphoristic à Nowy Targ, 2005).

mardi 1 octobre 2013

La famille et les catholiques.

C'est un peu, comme si l'attitude du pape François, permettait enfin de promouvoir une attitude de dialogue, d'écoute et d'accompagnement, et de proscrire la condamnation, l'exclusion avec la volonté de convertir...
Sur un sujet aussi sensible que la famille, un évêque français prône avant tout le dialogue. Dans le contexte laïc et français, sa position me semble ajustée à l'Evangile...


La famille reste pour la grande majorité des français, le lieux privilégié où s'expriment des valeurs. Le couple marié et fidèle, éternellement … ?
Cela est bien beau … mais, nous savons tous, que cela est « trop beau »... ! Alors … ?




« Il faut cesser de penser que l’Église ne s’intéresse qu’aux familles qui correspondent à un idéal » Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, président du conseil Famille et société de la Conférence des évêques de France

« Il y a toujours moyen de « faire famille » en dépit des divers accidents : échec conjugal, maladie, veuvage, perte d’un enfant, chômage… Ce qui est certain, c’est que ce désir est partagé par tous, pas seulement ceux qui confessent la foi chrétienne. C’est pour cela qu’il faut explorer le concept d’espace tiers entre la société et l’Église, un peu comme un « Parvis des gentils » pour les familles qui sont préoccupées par le sens de la vie.
(...)
Il faut améliorer l'accueil ecclésial des personnes séparées, divorcées, remariées... et leur accompagnement. » J.Luc Brulin

« le rôle privilégié de l’école est de dépouiller l’enfant de toutes ses attaches prérépublicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen ». Vincent Peillon, dans son livre La Révolution française n’est pas terminée (Seuil, 2008)
« Cette déclaration se fonde sur une conception qui relève du siècle des Lumières, à une époque où on réduisait l’homme à sa raison, qu’il fallait éclairer par l’instruction. Or, on ne devient un sujet libre qu’au cœur des appartenances diverses qui nous socialisent. C’est le but de l’acte éducatif, dont les parents demeurent les premiers responsables. Certes, l’école va apporter des compléments d’éducation, mais il y a des fondamentaux qui sont portés par la famille, car elle est la première communauté éducative et c’est là que l’on apprend, entre autres, à se respecter, à se supporter et à se pardonner.
(...)
« Le dialogue n’est pas une stratégie mais une manière fondamentale pour les chrétiens d’habiter la société et de témoigner de la richesse que porte l’Évangile. » J.Luc Brulin

Extraits de l'interview de J.Luc Brulin, La Croix du 24/09/2013