lundi 29 avril 2013

L'inquiétude spirituelle


« Les chrétiens n’ont pas à se soucier d’abord de l’Église, mais du Christ. »
Jean-Luc Marion

« Je crains pas tant les choix de certains de quitter l’Eglise ou le fait d’abandonner une fonction ecclésiastique. Ce qui me chagrine, ce sont les gens qui ne réfléchissent pas, qui se laissent pousser par les circonstances. Je veux des gens qui pensent. C’est là le plus important. La question de savoir s’ils sont croyants ou incroyants vient après » (cardinal Carlo Maria Martini, « Le rêve de Jérusalem »).



« Croire, ne pas croire … Ce n’est pas là le décisif, le véritable enjeu de demain. Mais la manière de croire, oui. Mais la manière de ne pas croire, certainement. L’inquiétude spirituelle, voilà l’enjeu, la vraie parenté, et donc la frontière » (Gabriel Ringlet, «L’Evangile d’un libre penseur »).



« Devrais-je renoncer une fois pour toutes à me poser ces questions de sens. La vrai foi est-elle à ce prix ? J’ai du mal à m’y résoudre. Je me sens trop fils des Lumières, de la raison, de la modernité pour simplement répéter les formulations dont le sens m’échappe » (Jean-Claude Guillebaud, « Comment je suis redevenu chrétien »).



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Les illustrations représentent des oeuvres de Ricardo Fernández Ortega ( né en 1971), il est l'un des artistes visuels les plus représentatifs du Mexique ( Durango ). L'artiste, inspiré par les maîtres anciens, a exposé son travail collectivement et individuellement, au Mexique, aux États-Unis et en Europe.

dimanche 28 avril 2013

L'Eglise Catholique est-elle « de droite » ?


Ou: " Peut-on, encore au XXIème siècle, être de gauche et catholique ?" 

Évidemment, L’Évangile n'a pas de couleur politique ! Sans doute même, aucun programme politique ne peut s'en réclamer… Pourtant, en août 2011, l'hebdo. La Vie relevait dans une enquête sur les jeunes participants aux JMJ, que 80% préféraient la droite, l’extrême -droite ou le centre; et un peu moins de 20% pour la gauche, l'extrême gauche ou les écologistes... Aux présidentielles de 2012, au deuxième tour : 79% de cathos ont voté Sakozy, 21% Hollande...
Ces chiffres ne sont plus dans la fourchette de l'ensemble de la population ; ils posent donc question.

Serait-ce la pratique religieuse qui, en éclairant les catholiques de la vérité de l'Evangile, orienterait leur opinion fortement à droite ?
Serait-ce que le milieu de recrutement et de transmission de la religion catholique est singulièrement différent de l'ensemble de la population ?

Au XIXème siècle, l'Eglise catholique, par son conservatisme social, a « perdu la classe ouvrière ». Aussi, la création de l'ACO et de la JOC tentèrent de répondre à cette fracture ; avec le constat aujourd'hui de résultats mitigés … L'Eglise semble s'être résignée à être absente de divers milieux sociaux, se gardant présente dans des milieux aisés, ou âgés … Un tempérament de droite s'est installé : réflexe conservateur, droiture morale, désarroi profond devant tout ce qui semble se déliter sous leurs yeux, besoin d'ordre, d'autorité, de stabilité, de sécurité... Ce tempérament s'auto-entretient, s'accentue... pour finalement aboutir à un souhait de purification intellectuelle. Effectivement, les rares fidèles de milieu modeste, ou ceux qui portent de fortes convictions de gauche ou écologistes se sentent « étouffés » …

On peut s'étonner que des chrétiens puissent avoir peur de l’immigration, du partage financier ; défendent une économie individualiste ...etc

Jésus, en face de la femme adultère, rembarre fermement les vertueux partisans de l'ordre moral et de la répression. Et quand le centurion qui a « un esclave malade sur le point de mourir, qu'il appréciait beaucoup » ( Luc 7,2) fait demander à Jésus de le guérir, celui-ci doit s'étonner de cette demande : un esclave, pour un centurion , c'est moins que rien, moins que son cheval... sauf si …
On peut s’interroger sur le terme grec qui est utilisé pour parler de l'esclave. Matthieu utilise le mot « Doulos », qui signifie esclave, pas un simple serviteur. Luc utilise un mot tout à fait différent, " pais " terme justement utilisé pour les jeunes garçons dans ce type de relation. Est-ce son jeune amant, comme peut le faire penser le contexte de l'époque et le terme pais ? En effet, dans les chroniques de l'époque, les histoires d'amour entre maîtres et esclaves étaient courantes. Et si Jésus, ne pouvait pas donner son opinion sur la PMA, ou la contraception; il pouvait condamner une pratique beaucoup plus courante qu'aujourd'hui ….
Il enfonce le clou avec la parabole du Bon Samaritain, qu'on a bien édulcorée à force de l'entendre, en oubliant son caractère scandaleux pour la morale de ses auditeurs : Jésus donne en exemple le samaritain méprisé, et montre le bon prêtre et le bon lévite, inhumains dans leur raideur à suivre les prescriptions. Il chasse le marchands du temple, il ne cesse de condamner la domination du pouvoir et de l'argent... etc

Alors, pourquoi - en France certainement - les personnes de "sensibilité" de gauche, quittent-elles cette église ?

Source, en particulier: J'ai quitté l'Eglise, de Jean Aubin.

vendredi 26 avril 2013

La Foi ... encore -3-

La Foi … J'ai encore envie de tourner autour, avec de pauvres mots...


La Foi, libérée au mieux que je puisse, des croyances... 
Les croyances, appartiennent à ce que l'on nomme « le cercle clos mimétique », des représentations de notre culture ( mal comprises, mais mémorisées)  ...etc. C'est aussi ce que l'on entend quand on dit , " je n'ai pas la foi, j'ai perdu la foi .."; etc.  La Foi ne relève pas de l'avoir.

La Foi, elle, appartient à une réalité éternelle et identique en tout être : elle relève de l'esprit et non de l'âme ( la psyché ) de « cette "fine pointe de l'âme"( Thérèse d’Avila), cette capacité silencieuse et contemplative (…) cet espace, cette liberté qui accueille la lumière de l'Esprit (le Pneuma)." : Jean-Yves Leloup


Ce que l'oeil, et même l'âme ne perçoivent pas, la Foi propose une capacité de perception : c'est alors l'esprit qui laisse le passage au souffle de l'inspiration divine ( Le Saint-Esprit )
« La foi ne sert qu’à nous tenir élevé vers Dieu, dans l’attente, la découverte, l’émerveillement. La foi est une aptitude à la révélation », écrit Louis Evely « La prière d’un homme moderne », 1969

« En hébreu classique, le mot « foi », « émuna », ne désigne pas l’adhésion à une vérité abstraite, mais plutôt la confiance en, Dieu et la fidélité à lui. De cette même racine dérive le mot « amen », il est vrai (…) Ce qui est important dans la prière, c’est la certitude d’être écouté. »: Alexandre Men, « Jésus, le Maître de Nazareth », 1999


- "Croire en", c'est savoir, c'est aimer, c'est être avec. Je suis. Tu es. C'est cela que "croire en" veut dire. »

La foi ne doit pas s'opposer à la raison. Sinon elle n’est que superstition.
Le superstitieux (du latin "superstare"=se tenir au-dessus) veut contrôler ce qui lui apparaît incontrôlable. Il a une approche mécaniste, non relationnelle.
L'intuitif, ne met pas, pour autant, sa raison de côté :
« La foi, c’est l’expérience que l’intelligence est éclairée par l’amour », écrit Simone Weil. Et elle ajoute :« Seulement, l’intelligence doit reconnaître, par les moyens qui lui sont propres, c’est-à-dire la constatation et la démonstration, la prééminence de l’amour. Elle ne doit se soumettre qu’en sachant pourquoi, et d’une manière précise et claire. Sans cela, sa soumission est une erreur, et ce à quoi elle se soumet, malgré l’étiquette, est autre chose que l’amour surnaturel. C’est par exemple l’influence sociale. » La pesanteur et la grâce, 1950

La foi n’est pas de l’ordre d’une certitude logique. la logique ne fait aucune place à la liberté personnelle.
L’esprit doit imposer la vérité d’un énoncé logique. Mais avec la foi, les niveaux profonds de vérité
sollicitent une réponse personnelle que nous sommes éternellement libres de donner ou de retenir (…) Un acte de foi, tel que nous pouvons l’accomplir vis-à-vis d’un autre être humain ou d’une communauté, fait avancer le processus de guérison que constitue l’intégration humaine. Sans actes de foi pour nourrir et éprouver nos vies, nous nous sentons moins vivants, moins entiers.”
(Père Laurence Freeman, « Le Dalaï- Lama parle de Jésus », 1996)

La Foi est porteuse d’Espérance et laisse entrer l'Amour.
"Vous ne réussirez pas, par vos efforts, à créer la lumière du soleil mais ce que vous pouvez par vous mêmes, c'est ouvrir les volets afin que pénètre la lumière. Cette image toute simple et bien connue est une réponse parfaite à la question tant débattue de l'effort et de la grâce (…) Un jour les mots souffrance ou épreuve ne vous feront plus peur parce qu'ils seront relativisés par rapport à cette paix des profondeurs qui, elle, est absolue, libre du temps, de l'espace et de la causalité dans quelque domaine que ce soit. C'est à cette espérance centrale que vous pouvez rattacher tout ce que vous entendez ou lisez concernant la spiritualité, le mysticisme, l'ascèse, et l'ensemble des traditions religieuses." Arnaud Desjardins, « En relisant les Evangiles »

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Les illustrations sont des enluminures, provenant de :
Le Mortifiement de Vaine Plaisance
Composé par René d'Anjou en 1455 et dédié à l'Archevèque de Tours Jean Bernard, Le mortifiement de vaine plaisance est un traité de morale religieuse sur le mode allégorique.
Ce poème allégorique, débat entre l’âme et le cœur, invite l’homme à renoncer aux désirs toujours insatisfaits du cœur pour se tourner vers ceux que peut combler la présence divine.


Un Cycle de huit miniatures déroule le récit:
1- La Personnification de l'Âme en femme assise, tenant un coeur contre son coeur.
2- La Crainte de Dieu ouvrant sa robe, le Remords avec la poitrine dénudée tenant des badines, ainsi que l'âme endeuillée tenant son coeur.
3- L'Âme couronnée en mariée, conduite dans une charrette tirée par deux chevaux vers Dieu.
4- L'Âme vêtue d'une robe marron de pèlerin portant la Peine dans un baluchon, traversant une passerelle au dessus du ruisseau de la Colère. Un meunier tenant une corde lui adresse la parole.
5- Siège de la ville "Monde", un chevalier (Christ) sur une échelle lançant des pierres aux agresseurs.
6- L'Âme quittant sa demeure, transmet son coeur à la Pitié et au Remords.
7- Les quatre vertus, couronnées et richement parées, clouent le coeur sur la croix.
8- La Pitié et le Remords rapportent le coeur retiré de la croix à l'Âme. L'Âme, agenouillée, le reçoit devant la demeure.

René d'Anjou, écrivain et mécène (1409-1480) se situe au carrefour de la féodalité (dont il fut l'un des derniers grands représentants, à une époque où s'affirmait le pouvoir royal) et de l'humanisme (dont René eut un avant-goût par les liens qui l'attachaient à l'Italie).
En 1420, alors âgé de 11 ans, René est marié à l’héritière du duché de Lorraine, Isabelle, à Nancy. A la mort de son beau-père, Charles II, en 1431, il devient duc de Lorraine. En février 1453, Isabelle de Lorraine meurt à l’âge de 43 ans. Veuf inconsolable, malgré son remariage dès l’année suivante à Angers avec Jeanne de Laval, il rédige en 1455 le Mortifiement de vaine plaisance, qui s’inscrit pleinement dans les préoccupations spirituelles de la chevalerie. On lui connaît aussi Le Livre des tournois et Le Cœur d’amour espris.

jeudi 25 avril 2013

Trouver Jésus... dans quelle Eglise?


« L’identité chrétienne n’est pas une simple carte d’identité, mais relève de l’appartenance à l’Église. Trouver Jésus en dehors de l’Église n’est pas possible. » Le pape François : 23/04/2013 La Croix

Il y a quelques décennies, c'était hors de l’Église catholique, qu'il n'y avait point de salut. François, parle ici de l'identité chrétienne ( et non catholique ), c'est dire que pour lui, toutes les églises chrétiennes qu'elle soient protestantes, orthodoxes, anglicanes, etc .. sont un chemin vers Jésus, le Christ. Et c'est tant mieux. C'est dire encore, que leurs différences, ne sont pas essentielles... Nous pourrions ainsi, lister toute une série de rites, d'habitudes de pensée, de recommandations ...etc de l'une ou l'autre église, qui sont secondaires à la rencontre avec Jésus. Et, j'en suis - en effet – persuadé.

Façade de l'abbaye (anglicane) de Westminster à Londres 

Au cours des siècles, dix niches étaient restées vides au-dessus du porche d'entrée de l'abbaye de Westminster à Londres. Les responsables de ce haut lieu de l'anglicanisme prirent la décision d'y poser les statues de dix " martyrs " du 20e siècle, représentant le témoignage chrétien en diverses confessions : des anglicans bien sûr (Manche Masemola et Janani Luwum), mais aussi deux catholiques (Maximilien Kolbe et Oscar Romero), un luthérien (Dietrich Bonhoeffer), un baptiste (Martin Luther King), une orthodoxe (Elisabeth de Russie), une évangélique (Esther John)... Autour de l'archevêque de Cantorbéry, des responsables de plusieurs Eglises assistèrent le 3 juillet 1998 au dévoilement de cette façade restaurée.


S'il est impossible d'être chrétien seul … Il reste à définir, ce qui fait l'essentiel d'une communauté chrétienne, pour accompagner chacun à la suite du Christ.
Pour ma part, l'Eglise catholique de France, s'est trop compromise dans des manifestations, dont l'enjeu allait bien au-delà de la simple question du mariage civil... L'Eglise catholique, devient une chapelle identitaire, trop souvent en contradiction avec le principe français de la laïcité...

Par contre, la question spirituelle reste au cœur de beaucoup de nos contemporains, et je m'inquiète du lieu d'Eglise - à inventer (?) - qui nous permettra, aujourd'hui et demain, de suivre le Christ.

mercredi 24 avril 2013

Pas de mariage, pas de père ... Les Moso de Chine

La famille et le mariage – bases de la filiation et de l'alliance - sont-ils le fondement de toute société ?
Quelle est, ou quelles sont les formes de la famille élémentaire ?
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Le mariage et la vie conjugale n’existent pas, le père n’est pas reconnu, et l’enfant est donc élevé par son oncle maternel. 
Dans son livre « Une société sans père ni mari. Les Na ( ou Moso )de Chine », l’anthropologue Cai Hua présente le cas d’une société dont le système de parenté est complètement différent de « notre » famille.
Les Na, une minorité ethnique d’environ 30 000 habitants, vivent dans la province du Yunnan, au sud-ouest de la Chine. Agriculteurs dans les montagnes himalayennes, ils cultivent le riz, le blé, l’avoine, le sarrasin, le maïs, le lin, le soja et d’autres légumes. Dans la plupart des maisonnées, on file et on tisse le lin et on brasse la bière.
Leur religion est un mélange de culte des ancêtres et de bouddhisme tibétain.


Dans une maisonnée, les relations de base sont celles mère-enfant et frère-sœur. À la naissance, l’enfant fait partie du groupe de sa mère. Frères et sœurs de diverses générations vivent ensemble sous le même toit toute leur vie en travaillant et en élevant les enfants des femmes.
Au sein de chaque matrilignée, il existe deux chefs (dabu), un homme et une femme : « le chef masculin s’occupe des affaires extérieures, le chef féminin se charge des affaires intérieures ». Ils partagent l’autorité, ne jouissent pas de privilèges particuliers mais travaillent plus que les autres. Pour être chef, deux conditions sont requises : compétence et impartialité. L’autorité découle du mérite personnel et la capacité individuelle prime sur tout. Les ascendants ont le devoir de transmettre aux descendants les connaissances morales et techniques, séparément pour les deux sexes : les femmes pour les filles et les hommes pour les garçons.

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Mère et oncle moso.
Le partage des tâches entre hommes et femmes est réglé avec précision...
Le matriarcat Moso n’a rien à voir avec la gynarchie féministe. Il s’agit bien ici d’une société sexiste, où hommes et femmes ont chacun des fonctions et des droits différents. Les femmes sont plutôt responsables de toute l’économie domestique (foncier, immobilier, agriculture…). Les hommes gardent en général le pouvoir politique, et gèrent les affaires extérieures au clan. On parlera plutôt de système matricentré ou matristique, car la mère n’est pas au-dessus mais au centre de la société.

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Vivant en communisme familial, la propriété appartient au clan familial mais à aucun individu : il n’y a donc ni héritage ni disputes. La structure familiale intergénérationnelle a engendré de fortes solidarités.
Dans cette société sans mariage –et donc sans infidélité-, la sexualité est libre. À 13 ans, à l’issue d’un rite initiatique, garçons et filles deviennent membres à part entière de la société. Chaque jeune fille reçoit la clé de sa « chambre des fleurs » : elle est dès lors libre d'avoir (en secret toutefois) autant d'amours qu'elle le désire. Le garçon choisi, à l’issue de ces « visites furtives », devra retourner chez sa mère à l’aube… Cohabitation et mariage sont exceptionnels mais admis pour assurer la perpétuité d’une maisonnée.
Seule restriction : l’inceste entre frère et sœur, qui, s’il est connu, condamne les contrevenants à la mort.
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 Chambre des fleurs  Mariage ambulant ou visite furtive entre hommes et femmes...
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La plupart des relations amoureuses restent secrètes. Il est difficile de savoir qui fréquente qui. Il n’y a donc ni jalousie, ni possessivité, ni violences sexuelles. « Chez nous, la jalousie et la possessivité, c’est honteux, c’est être faible, on appelle ça  "boire du vinaigre"  » affirment les femmes Moso
Trois modalités de pratiques sexuelles sont détaillées par Cai Hua : la visite furtivela visite ostensible et la cohabitation.
Traditionnellement, tous les Na pratiquent ce qu’ils appellent la relation d’açia ou visite furtive. L’expression indique une rencontre galante qui se déroule à l’insu des adultes de la maisonnée. L’homme s’introduit dans la chambre de la femme vers minuit et repart à l’aube afin que personne ne l’aperçoive. Hommes et femmes jouissent d’une égalité totale, chacun(e) ayant le droit d’accepter ou de refuser la relation qui peut durer une ou plusieurs nuits, des semaines ou des mois… Mais une asymétrie existe tout de même entre les partenaires : c’est toujours l’homme qui rend visite à la femme et non l’inverse.
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À l’intérieur des maisons, les hommes dorment autour du foyer dans la pièce centrale, et les femmes ont chacune leur chambre séparée, dont une porte donne sur l’extérieur ( ici: avec escalier ) afin de recevoir discrètement leurs amants.
Dans la visite ostensible ou ouverte, l’homme n’est pas obligé d’éviter les membres de la lignée de la femme. Il existe un privilège sexuel mutuel mais les partenaires continuent tout de même à pratiquer la visite furtive en essayant de ne pas se laisser surprendre. Si le partenaire de la femme arrive, le visiteur est prié de partir. Il n’y a pas de contrainte et la durée de cette relation dépend, encore une fois, des sentiments réciproques.
La modalité de la cohabitation implique, elle, que les partenaires passent ensemble non seulement la nuit mais aussi la journée, « partageant le même pot et le même feu », formant ainsi une unité économique. Il existe toujours un privilège sexuel mutuel dont la transgression est réprimandée seulement si elle est découverte.
La cohabitation représente une solution de crise temporaire lorsqu’il manque un membre dans une lignée. Sa fonction - tout comme l’adoption - est celle de pallier à ce manque qui pourrait menacer la survie de la lignée. La cohabitation a donc pour but la perpétuité de la maisonnée et, en dehors de ce contexte, elle est réprouvée, voire interdite.
Sources: http://matricien.org/geo-hist-matriarcat/asie/moso/
http://epicurienhedoniste.blogspot.fr/2012/11/matriarcat-moso-chine.html



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lundi 22 avril 2013

Le catholicisme n'est pas une chapelle !


Sur la bannière de ce blog, je tenais à afficher mon appartenance « catholique »... Depuis quelques temps, je m'interroge si je ne devrais pas remplacer ce terme par « chrétien »... ?.


 Frigide Barjot main dans la main avec Gilbert Collard (FN), et Boutin au milieu

Les événements politiques récents, centré sur « le mariage pour tous », semble décomplexer les « cathos » de s'afficher à droite. Je regrettais déjà que les catholiques, obstinément, s'y concentrent … !: «  Presque huit catholiques pratiquants réguliers sur dix (79%) ont voté pour Nicolas Sarkozy, contre 48,1% de l’ensemble des Français. Le vainqueur du scrutin, François Hollande - avec 51,9% - aurait eu le soutien de seulement 21% de ces catholiques, définis comme des personnes qui vont à la messe une fois par mois ou plus. » La Vie du 07/05/2012

A mon avis, il est très dommageable, que les dernières « manifestations pour tous » élargissent leur cible, jusqu'à s'en prendre à la politique d'un gouvernement qui vient d'être élu, voire à le déstabiliser …! Je ne me reconnais pas dans ces cathos ;  je ne me reconnais pas dans cette chapelle, se nommerait-elle « Eglise Catholique Romaine » … !

Pour ce qui me concerne : le catholicisme n'est pas un héritage, une tradition, un patrimoine à défendre.


L’Église ne m'apparaît pas être comme un rempart face à une modernité tant honnie. Je me refuse à prendre au premier degré cette phrase de Bernanos ( que j'admire par ailleurs ...) : « On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas tout d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure » Il paraît même, qu'un bon catho. de droite récemment affirmait : « Puisque le Christ a dit « il faut rendre à César ce qui est à César, ça veut dire qu’il faut rendre la France aux Français ». !

« Il existe, selon les textes mêmes de Vatican II, deux manières juxtaposées de faire valoir la différence chrétienne (…) : soit maintenir une culture proprement catholique défensive face à la société, soit inscrire cette différence au sein de la modernité. Le premier modèle est intransigeant, intégral et utopique, tandis que le second, reconnaissant que la dignité humaine est un fruit de l’Évangile, se risque à accepter la croix plutôt que d’imposer la vérité, et veut se mettre au service de l’espérance élémentaire de toute l’humanité. » P. Christoph Theobald

Etty Hillesum: véritable maître spirituel pour notre temps.

Suite à l’article de Jean-Pierre NAVE, président de l’Association des Amis d’Etty Hillesum, dans La Croix, je reprends quelques uns de ses mots, pour acquiescer à l'importance et la contemporainité du message spirituel d'Etty Hillesum ( 1914-1943) . Je retiens quelques traits particuliers :



- Elle est une jeune femme juive qui fut loin d’être un modèle de vertu et qui, malgré une indéniable proximité avec le christianisme, résiste à toute tentative de récupération. ( le nom de Jésus n’apparaît pas dans ses œuvres complètes).



- Dans la banalité quotidienne d’une existence chaotique et menacée, la jeune femme vit son itinéraire spirituel. Elle ne renonce à rien : 

* ni du bonheur d’être femme, et c’est à travers l’évolution d’un amour très charnel qu’elle apprend à aimer, jusqu’à se déposséder d’elle-même ; 

* ni de la curiosité intellectuelle …. Elle rejette toute formalisation théologique. Elle semble ignorer les doctrines et les codes religieux aussi bien juifs que chrétiens, et c’est dans les mots de tous les jours qu’elle exprime ses découvertes intérieures et sa relation à Dieu.



- Enfin, l’expérience de cette jeune femme fragile, vécue dans ce cauchemar de l’histoire que fut la persécution des juifs par les nazis, témoigne que dans  les pires épreuves de l’existence, il est possible de ne pas s’effondrer et de tenir debout :« pour peu que Dieu soit chez nous en de bonnes mains » .
Le 29 septembre 1942, elle écrit dans son journal : « Ne pourrait-on apprendre aux gens qu’il est possible de “travailler” à sa vie intérieure, à la reconquête de la paix en soi. De continuer à avoir une vie intérieure productive et confiante, pardessus la tête – si j’ose dire – des angoisses et des rumeurs qui vous assaillent. Ne pourrait-on leur apprendre que l’on peut se contraindre à s’agenouiller dans le coin le plus reculé et le plus paisible de leur moi profond et persister jusqu’à sentir au-dessus de soi le ciel s’éclaircir ? »


samedi 20 avril 2013

Foi et intuition -2-

L'article ci-dessous reprend le dernier article, quand ce Blog était hébergé chez site sur OverBlog
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Dans le langage courant, croire évoque les « croyances », et s'oppose à savoir... Croire serait adhérer à des croyances plus ou moins croyables du point de vue rationnel ; les croyants seront donc plus ou moins crédibles ( plus ou moins fondés sur la raison )
Croire n'est pas «  avoir » un savoir irrationnel, qui donnerait un pouvoir de maîtriser le monde et même d'asservir les esprits à une idéologie ...etc
L'acte de « croire », est une acte de connaissance et un acte de confiance...

Croire : le verbe latin credere, dont il vient, réunit au mot « coeur » : cred ( cœur en latin, c'est le principe intérieur de la pensée ), le mot « donner » dare. Croire, c'est donner son cœur.



Poser l'acte de croire, c'est sortir de l'impersonnel : avec un « je » et un « tu » … C'est la reconnaissance d'une altérité, et signifie que la personne à qui je parle demeure insaisissable par le seul savoir.
« Je crois », et je suis en un mouvement, je suis au cœur d'une relation. Interpellé : j'ai un choix à faire : croire ou ne pas croire. Il y a un risque à prendre face à l'autre, à cet autre qui est unique. Croire, c'est accepter une recherche par la médiation d'un dialogue …

S'ouvrir à du nouveau, c'est reconnaître en soi-même un manque... ( « Manque » différent de « besoin » ; car ce manque en moi, n'est pas fait pour être comblé...).

Je peux parler de « Foi », de « croire » ; sans évoquer « Dieu » .. Cependant, à partir du moment, où j'accepte de faire confiance, à cette manière de penser... La Parole de Jésus ( au travers des Évangiles...) me semble cohérente :
Pour un chrétien, une Parole a retentit ( rattachée à un fait historique …).
Dieu se révèle dans une relation : entre un « père » et un « fils ». Et c'est à un dialogue que Dieu nous invite quand il nous parle.

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" Il faut renoncer au savoir, se laisser faire par l'intuition. Dans le rien, il y a un abandon de la volonté. C'est comme ça qu'on avance. "
Claude Régy:  metteur en scène de théâtre français qui a contribué au renouvellement du jeu de l'acteur et de l'esthétique du théâtre contemporain.

Jean Paul Sartre ; « Il n’est d’autre connaissance qu’intuitive. La déduction et le discours, improprement appelés connaissance, ne sont que des instruments qui conduisent à l’intuition. »
C’est la saisie de l'esprit par lui-même au sein de la durée, que Bergson définit comme « la sympathie intellectuelle ou spirituelle par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un être pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et par conséquent d’inexprimable »

Les illustrations ( un peu décalées ...! ) sont des peintures de Monica Fagan. D'origine irlandaise par son père, Monica Fagan est née en Angleterre, dans une région du Yorkshire. Boursière de la ville de  Sheffield, elle vient en France à l'âge de 18 ans pour suivre des cours de dessin et de peinture à l'école des Beaux-Arts de Rennes.
Sa peinture, à travers une solide technique fine et précise, fait transparaître un monde onirique troublant peuplé par un bestiaire mythologique, des femmes mystérieuses et masquées qui évoluent entre les symboles telles des déesses romantiques. Ces femmes ... évoluent dans un monde différent, à la fois proche et inespéré... dans lequel la femme serait l’avenir de l’homme.