lundi 29 juin 2015

J'ai lu l'encyclique Laudato si' -2/2-


Chapitre III – La racine humaine de la crise écologique

La destination commune des biens.
« Le principe de subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens et, par conséquent, le droit universel à leur usage, est une « règle d’or » du comportement social, et « le premier principe de tout l’ordre éthico-social ». » ( §93)
Celui qui s’approprie quelque chose, c’est seulement pour l’administrer pour le bien de tous. Si nous ne le faisons pas, nous chargeons notre conscience du poids de nier l’existence des autres. (§95)


« C’est le faux présupposé « qu’il existe une quantité illimitée d’énergie et de ressources à utiliser, que leur régénération est possible dans l’immédiat et que les effets négatifs des manipulations de l’ordre naturel peuvent être facilement absorbés » » (§106)
« Les finances étouffent l’économie réelle. Les leçons de la crise financière mondiale n’ont pas été retenues, et on prend en compte les leçons de la détérioration de l’environnement avec beaucoup de lenteur. » (§109)
« le marché ne garantit pas en soi le développement humain intégral ni l’inclusion sociale. » (§109)


« Quand la pensée chrétienne revendique une valeur particulière pour l’être humain supérieure à celle des autres créatures, cela donne lieu à une valorisation de chaque personne humaine, et entraîne la reconnaissance de l’autre. L’ouverture à un « tu » capable de connaître, d’aimer, et de dialoguer continue d’être la grande noblesse de la personne humaine. » (§119)


« cesser d'investir dans les personnes pour obtenir plus de profit immédiat est une très mauvaise affaire pour la société » (§128).
Les limites du progrès scientifique, avec une référence claire aux OGM (132-136) : « une question d’environnement complexe » (§135). « Même si, dans certaines régions, leur utilisation est à l’origine d’une croissance économique qui a aidé à résoudre des problèmes, il y a des difficultés importantes qui ne doivent pas être relativisées » (§134), comme « une concentration des terres productives entre les mains d’un petit nombre » (§134). Le Pape François pense en particulier « aux petits producteurs et travailleurs ruraux, à la biodiversité, au réseau des écosystèmes ».


Chap IV : Une écologie intégrale.
« il n'y a pas deux crises séparées, l'une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale » (§139)
« Aujourd’hui l’analyse des problèmes environnementaux est inséparable de l’analyse des contextes humains, familiaux, de travail, urbains, et de la relation de chaque personne avec elle-même qui génère une façon déterminée d’entrer en rapport avec les autres et avec l’environnement. Il y a une interaction entre les écosystèmes et entre les divers mondes de référence sociale, et ainsi, une fois de plus, il s’avère que « le tout est supérieur à la partie ». » (§141)
Un développement authentique présuppose une amélioration intégrale de la qualité de la vie humaine : espaces publics, logements, transports etc… (§150-154).. Cette écologie intégrale est « inséparable de la notion de Bien commun »(§156)


Chapitre V – Quelques lignes d’orientation et d’action
« les Sommets mondiaux de ces dernières années sur l’environnement n’ont pas répondu aux attentes parce que, par manque de décision politique, ils ne sont pas parvenus à des accords généraux, vraiment significatifs et efficaces, sur l’environnement » (§166) Et de se demander : « Pourquoi veut-on préserver aujourd'hui un pouvoir qui laissera dans l’histoire le souvenir de son incapacité à intervenir quand il était urgent et nécessaire de le faire ? » (§57).
« En définitive, il faut un accord sur les régimes de gestion, pour toute la gamme de ce qu’on appelle les ‘‘biens communs globaux’’ » (§174)
« la protection de l’environnement ne peut pas être assurée uniquement en fonction du calcul financier des coûts et des bénéfices. L’environnement fait partie de ces biens que les mécanismes du marché ne sont pas en mesure de défendre ou de promouvoir de façon adéquate » (§190)
« Nous savons que le comportement de ceux qui consomment et détruisent toujours davantage n’est pas soutenable, tandis que d’autres ne peuvent pas vivre conformément à leur dignité humaine. C’est pourquoi l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties. » (§193)

Chapitre VI – Education et spiritualité écologiques
« exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social » (§206)...
"C’est ce qui arrive quand les choix des consommateurs réussissent à« modifier le comportement des entreprises, en les forçant à considérer l'impact environnemental et les modèles de production » (§206).

dimanche 28 juin 2015

J'ai lu l'encyclique Laudato si' -1/2-

Et je suis emballé... ! Un beau texte touffus et complet... Pour une véritable '' Ecologie Globale ''… « Tout est lié ... » revient constamment …
Pour l’instant, je n'ai fait que recopier les passages de l'encyclique qui m'ont frappé...
(Chaque paragraphe de l’encyclique( §) est numéroté... ).


Chapitre I – Ce qui se passe dans notre maison
François commence par passer en revue les  « Différents aspects de la crise écologique actuelle », et les commente en s'appuyant sur d'anciens textes du Vatican... ainsi :
- Le développement humain authentique a un caractère moral et suppose le plein respect de la personne humaine, mais il doit aussi prêter attention au monde naturel et « tenir compte de la nature de chaque être et de ses liens mutuels dans un système ordonné ». (§ 5)
- « éliminer les causes structurelles des dysfonctionnements de l’économie mondiale et à corriger les modèles de croissance qui semblent incapables de garantir le respect de l’environnement ».
- On oublie que « l’homme n’est pas seulement une liberté qui se crée de soi. L’homme ne se crée pas lui-même. Il est esprit et volonté, mais il est aussi nature ». ( §6)

L'appel du Pape François :
« Les attitudes qui obstruent les chemins de solutions, même parmi les croyants, vont de la négation du problème jusqu’à l’indifférence, la résignation facile, ou la confiance aveugle dans les solutions techniques. » ( §14)
« certains axes qui traversent toute l’Encyclique. Par exemple: l’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète ; la conviction que tout est lié dans le monde; la critique du nouveau paradigme et des formes de pouvoir qui dérivent de la technologie ; l’invitation à chercher d’autres façons de comprendre l’économie et le progrès ; la valeur propre de chaque créature ; le sens humain de l’écologie ; la nécessité de débats sincères et honnêtes ; la grave responsabilité de la politique internationale et locale ; la culture du déchet et la proposition d’un nouveau style de vie. » (§16)
« La technologie, liée aux secteurs financiers, qui prétend être l’unique solution aux problèmes, de fait, est ordinairement incapable de voir le mystère des multiples relations qui existent entre les choses, et par conséquent, résout parfois un problème en en créant un autre. »(§20)

* Les mutations climatiques 
« l’impact le plus fort de son (le changement climatique ) altération retombe sur les plus pauvres, mais « beaucoup de ceux qui détiennent plus de ressources et de pouvoir économique ou politique semblent surtout s’évertuer à masquer les problèmes ou à occulter les symptômes » (§26)

* La question de l’eau 
« l’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des personnes, et par conséquent il est une condition pour l’exercice des autres droits humains » (§30)

* La perte de la biodiversité 
« l’intervention humaine, « fréquemment au service des finances et du consumérisme, fait que la terre où nous vivons devient en réalité moins riche et moins belle, toujours plus limitée et plus grise » (§34). »

* Inégalité planétaire
« aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’ une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale , qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres . » (§49)

* La dette écologique : dans le cadre d’une éthique des relations internationales, l’encyclique indique qu’il existe une « vraie dette écologique » (51), surtout du Nord envers le Sud. (§51)
«  Accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes. On prétend légitimer ainsi le modèle de distribution actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser, parce que la planète ne pour rait même pas contenir les déchets d’une telle consommation. » (§50)
« La soumission de la politique à la technologie et aux finances se révèle dans l’échec des Sommets mondiaux sur l’environnement. » (§54)
« les pouvoirs économiques continuent de justifier le système mondial actuel, où priment une spéculation et une recherche du revenu financier qui tendent à ignorer tout contexte, de même que les effets sur la dignité humaine et sur l’environnement. Ainsi, il devient manifeste que la dégradation de l’environnement comme la dégradation humaine et éthique sont intimement liées. » (§56)

Chapitre II – L’Évangile de la Création
Mark Henson
« La terre ne sera pas vendue avec perte de tout droit, car la terre m’appartient, et vous n’êtes pour moi que des étrangers et des hôtes » (Lv 25, 23). » (§67)

« À l’homme incombe la responsabilité de « cultiver et protéger »le jardin du monde (cf Gen 2,15) (§67), en sachant que « la fin ultime des autres créatures, ce n’est pas nous. Mais elles avancent toutes, avec nous et par nous, jusqu’au terme commun qui est Dieu » (§83)

« Pour la tradition judéo-chrétienne, dire « création », c’est signifier plus que « nature » » (§76)

samedi 27 juin 2015

Edgar Morin a lu l'encyclique Laudato si'

Mark Henson
Une interview du sociologue non-croyant Edgar Morin, sur l'encyclique Laudato si', reprend le thème de l’humanisme que je viens d'interroger précedemment :

« ...à travers cette notion d’écologie intégrale, l’encyclique invite à prendre en compte toutes les leçons de cette crise écologique. Mais là aussi, à condition de préciser la notion d’humanisme, qui a un double sens. D’ailleurs, c’est ce que François dit dans son discours. Il critique une forme d’anthropocentrisme. Il existe en effet un humanisme anthropocentriste, qui met l’homme au centre de l’univers, qui fait de l’homme le seul sujet de l’univers. En somme, où l’homme se situe à la place de Dieu. Je ne suis pas croyant, mais je pense que ce rôle divin que s’attribue p a r f o i s l’homme est absolument insensé. Et une fois qu’on est dans ce principe anthropocentriste, la mission de l’homme, très clairement formulée par Descartes, c’est conquérir la nature et la dominer. Le monde de la nature est devenu un monde d’objets. Le véritable humanisme c’est au contraire celui qui va dire que je reconnais dans tout être vivant à la fois un être semblable et différent de moi. » E. Morin dans 'La Croix' du 22/06
Mark Henson

Edgar Morin salue la vision du pape : « cette même préoccupation d’une vue complexe, globale, au sens où il faut traiter les rapports entre chaque partie, m’a toujours animé.. »
« François définit « l’écologie intégrale » , qui n’est surtout pas cette écologie profonde qui prétend convertir au culte de la Terre, et tout lui subordonner. Il montre que l’écologie touche en profondeur nos vies, notre civilisation, nos modes d’agir, nos pensées. Plus profondément, il critique un paradigme « techno-économique » , cette façon de penser qui ordonne tous nos discours, et qui les rend obligatoirement fidèles aux postulats techniques et économiques pour tout résoudre. Avec ce texte, il y a à la fois une demande de prise de conscience, une incitation à repenser notre société, et à agir. C’est bien le sens de providentiel : un texte inattendu, et qui montre la voie. »
Cai Guo-Qiang, 
« Si nous remontons à l’histoire de l’univers, nous portons ainsi en nous tout le cosmos, et d’une façon singulière. Il y a une solidarité profonde avec la nature, même si bien entendu nous sommes différents, par la conscience, la culture… Mais tout en étant différents, nous sommes tous des enfants du Soleil. Le vrai problème, c’est non pas de nous réduire à l’état de nature, mais de ne pas nous séparer de l’état de nature. »

jeudi 25 juin 2015

Faut-il avoir peur de l'Homme? -2/2-

Au nom de quoi, doit-on : '' Croire en l'homme '' ?

Aujourd'hui l'Homme ne se définit plus en rapport avec - le 'cosmos' ( qui inclut l’idée d’un ordre ou d’une harmonie) à l’intérieur duquel l’homme doit s’insérer s’il veut trouver sa place : ( antiquité) ; ou, - un 'Dieu' qui donne sens...

Le XIX e siècle ouvre le champ à un Homme qui se définit lui-même comme l'Etre suprême. Mais .... aujourd'hui, l'Homme lui-même tombe de son piédestal,

Qui peut souhaiter une société où l’imperfection n’a pas sa place ? « Ah! frappe-toi le coeur, c’est là qu’est le génie. C’est là qu’est la pitié, la souffrance et l’amour ; c’est là qu’est le rocher du désert de la vie…» A. Musset.
Loin d’être maître et possesseur de la nature, l’homme n’a pas le droit de soumettre le reste du vivant, encore moins le droit de l’exploiter.


Si la figure du Dieu (biblique) disparaît, somme-nous sûr qu'elle n'a pas refait surface sous d'autres noms ( Science, Gaïa, transhumanisme...) ?
Au nom de quoi, peut-on aujourd'hui défendre l'Humanisme ?

A mon avis, le monothéisme, encore aujourd'hui, garde une longueur d'avance sur une justification de la valeur humaine... Nul ne sait définir Dieu : mais si Dieu ne se donne dans aucune image, l'homme lui, est défini à l'image de Dieu …

Dieu fait de l'homme un 'sujet'. S'il ne l'est plus, il peut devenir objet de la production. Alors tout invite à le soumettre, comme tout autre produit, à une rationalisation. Que celle-ci soit biologique, numérique ou politique.

mardi 23 juin 2015

Faut-il avoir peur de l'Homme? -1/2-

Certains veulent parler d' ''Ecologie Humaine'', plutôt que d' Ecologie … peut-être un peu comme ceux qui parlent de ''Laïcité positive'', plutôt que Laïcité … ? Pour ma part, vouloir accoler un qualificatif à des mots comme Laïcité, Ecologie … me semble suspect.
Suspicion de ne pas vouloir prendre la force du mot dans sa définition, mais de vouloir atténuer son sens.
Requiem pour l'espèce humaine - de Zé Diogo et Diamantino Jesus
L'Ecologie humaine, cependant est une expression qui me permet de réfléchir sur l'humain, sa place dans l'univers.
Le projet humaniste – dit Rémi Brague - «  c’est d’abord l’idée d’une différence radicale entre l’homme et les autres vivants ». Qui dit ''différence'', dit-il aussi forcément ''supériorité '' ?
Au XIXe siècle, en particulier sous l'impulsion du positivisme, l’Humanisme devient pour certains une quasi-religion, et désigne « le projet moderne d’une autonomie radicale de l’homme, décidant lui-même de ce qu’il est et doit être, sans loucher vers la nature ou vers Dieu. ».

Aujourd'hui, le progrès des mentalités nous permet de nous interroger plus avant : L'espèce humaine nous semble arrogante, et souvent dangereuse ; jusqu'à menacer toute autre vie sur terre, voire capable de se faire disparaître, elle-même... !
De plus comme le rappelle R. Brague « notre ADN est quasiment identique à celui des grands singes, et les prétendus privilèges de l’humain comme le langage, la vie sociale et le sens moral sont préfigurés dans d’autres espèces. »

Si l’existence de l’homme est menacée, mérite-t-il vraiment qu’on le défende ? Que vaut l'espèce humaine ?

De quelle légitimité se prévaut l'humain ? Est-il une 'espèce' comme une autre ? Est-il une menace pour les autres ?

samedi 20 juin 2015

Sam Jinks, sculpteur...

Sam Jinks est né en Australie en 1973. C'est un sculpteur aux expositions très remarquées... J'ai juste retenu ces quelques photos ...




mercredi 17 juin 2015

Honneur à l'incroyance : Alain

Ce que l'on nomme 'croyants' trouve matière à réflexion, à la lecture des témoignages de ceux qui se disent ''Incroyants, Sceptiques, athées, agnostiques...'', et qui veulent bien en parler.

Bien sûr, un athée qui ne construirait sa connaissance - que - sur le ''savoir'', ne peut répondre à cette question '' Dieu existe t-il ?'', parce qu'aucune science n'y répondra jamais... a moins de n'en dire plus que ce que l'on en sait. Et de même, pour un ''croyant'' (d'où ce nom ..), sa foi ne peut être de l'ordre du ''savoir''... 
Donc, la question sur Dieu est métaphysique.
Le ''croyant'' a autant d'intérêt à s’intéresser à ce que défendent les agnostiques, que beaucoup d'agnostiques montrent de l'intérêt à la spiritualité en général... Ainsi, j'ai grand intérêt à lire A Comte-Sponville qui reconnaît s’intéresser à l'histoire et aux valeurs de la religion. Mais aussi à bien d'autres penseurs comme :

 Alain (1868-1951)*, qui pense qu' « il n'y a qu'une vérité absolue, c'est qu'il n'y a pas de vérité absolue ». Pour cet homme de raison, la religion est disqualifiée par son caractère irrationnel ; le croyant veut croire avant de savoir...
Pour Alain, le passage du polythéisme au monothéisme s'est fait au détriment de l'humanisme... Suit, la dénonciation du fanatisme, et d'un Dieu violent.
Quant à l'Amour, prôné par le christianisme... : « il ne faut pas moins que l'ordre de Dieu pour qu'on aime un méchant », et pour ce qui est d'aimer Dieu, « aimer la perfection, ce n'est qu'un axiome froid. C'est comme aimer ce qui serait parfaitement beau ou parfaitement héroïque... On ne donne rien de soi ; on est tout ravi... »

Intéressant... non ? Il suffit maintenant de s'interroger, et de répondre en conscience... Non pas, en ''idéologue'', c'est à dire avec le présupposé que je dois à tout prix défendre la thèse ''chrétienne''... Au contraire, je dois d'abord comprendre: pratiquement faire mienne cette thèse opposée, être pratiquement prêt à la défendre... et ensuite m'interroger : suis-je convaincu en moi-même ? En quoi me laisse t-elle insatisfait... ? Que me dit mon expérience ; et éventuellement, que puis-je dire pour justifier de ma foi ?

* Sources : Dictionnaire des athées, agnostiques, sceptiques et autres mécréants, de G. Minois – Pourquoi Alain ? : - parce qu'il est l'un des premiers de cet intéressant dictionnaire...

dimanche 14 juin 2015

Vilhelm Hammershøi



Vilhelm Hammershøi est un peintre danois né à Copenhague le 15 mai 1864 et mort dans la même ville le 13 février 1916. Il était considéré comme un phénomène à part dans l'art danois et européen. On redécouvre depuis les années 1990 ses tableaux d'intérieur énigmatiques représentant des pièces souvent vides, parfois habitées par des personnages féminins perdus dans une profonde réflexion, souvent vus de dos, tournés vers des murs clairs et nus, réalisés dans une gamme de tons de gris, de brun très restreinte ou de blanc, ses paysages, ses portraits, qui, tous, baignent dans une atmosphère étrange, irréelle, dénuée de toute action ou d'anecdote.


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jeudi 11 juin 2015

L'imagination créatrice: de l'histoire au mythe

On peut aujourd'hui se permettre de parler de … tenez : Cléopâtre, en l'envisageant sous son aspect historique ( avec toutes les interprétations parsemées par les historiens au cours du temps) et sous un regard légendaire; parce que cette figure a nourri l'imagination des générations précédentes et satisfait encore notre curiosité ...

The Visit of the Queen of Sheba to King Solomon
Il nous parait plus difficile d'aborder, des personnage comme Marie, mère de Jésus, ou Marie-Madeleine, parce qu'ils appartiennent à la sphère religieuse, et qu'encore aujourd'hui évoquer la vie de ces femmes, c'est interroger notre foi, notre culture, notre religion...
- Parler de Marie, c'est se confronter à une figure qui 'appartiendrait' à la religion, catholique en particulier ...
- Parler de Marie Madeleine, c'est s’intéresser , en plus des Évangiles ( texte protégé...!), à des textes souvent obscurs et ''refoulés'' du christianisme, que sont les 'apocryphes'...
Pourtant, c'est le minimum de l'honnêteté que de chercher à questionner des sources, qui sont à notre connaissance depuis peu... Mais, voilà, la lecture de ces textes est à ce point qualifiée d'aventureuse, qu'elle est déconseillée et laissée soit aux spécialistes universitaires, soit aux interprétations qualifiées de 'New-âge' (pour les disqualifier)... Ce qui réussit plutôt bien, en effet les cathos. ne lisent pas ces textes dits ''légendaires'' …
Je ne vais pas maintenant, aborder ce corpus apocryphe... Juste pour dire ceci :

Il est vrai... ces textes nous rappellent l'importance de l'imagination...
L'imagination ! ? - La folle du logis ( Pascal) … ?
Cornélius Castoriadis précise que l'imagination est ce qui différencie l'homme des autres animaux, qui sont comme on le sait, capables de pensées, de calculs et de mémoire … ( Figures du pensable, le Seuil, 1999)
Pour lui, en effet, l'imagination se situe à la racine de l'humain : la philosophie, les oeuvres esthétiques, mais aussi les institutions, les normes morales, les sciences... Tout cela en est issu.
La conséquence – fondamentale – de cette reconnaissance de l'imagination, c'est que les hommes et les sociétés peuvent changer...
Saint Mary Magdalene Italy, ca. 1425

Aujourd'hui, il nous est aisé de contempler à quel point les grecs, ont pu s'apercevoir de l'origine imaginaire des grandes significations qui ont structuré leur vie sociale … De cette découverte ont jailli la politique et la philosophie... Bien sûr, il faut ajouter la poésie et la spiritualité, qui remettent en question une perception du réel par seulement, les sens et la raison.
Autrement dit, peut-on envisager l'histoire humaine, sans l'imaginaire qui la dit et la raconte ?
Sans imaginaire, on ne raconte pas d'histoires, on ''dogmatise'' ( dans le sens négatif), on absolutise... Si l'imaginaire est figé, peut-il encore y avoir de recherche, d'art possible... ?
Souhaitons que pour les temps futurs les humains redoublent d'imagination pour trouver des issues aux défis actuels, qui ne se sont jamais posés par le passé …

Une des fonctions des textes ''inspirés'' est de « stimuler notre imagination, ou plus précisément notre faculté d'interprétation, car si ''l'humain est condamné à être libre'', c'est qu'il est condamner à interpréter ( et non pas absolutiser un écrit, quel qu'il soit …). Rien, ni dans le monde, ni dans un ''Livre'', n'a de sens à priori, c'est à l'humain de lui en donner un, c'est ainsi qu'il participe à l'acte créateur. » Jean-Yves Leloup, ''les profondeurs oubliées du Christianisme''
Mary Magdalene - Arnold Böcklin

L'imagination créatrice qui a inspiré les ''textes sacrés'', ne trouvent leur achèvement que dans la lecture ''imaginante'' de ceux et celles qui les accueillent

En spiritualité, « Pourquoi opposer le mythe et l'histoire ? Certains personnages historiques sont devenus des mythes, des mythes qui écrasent parfois le personnage historique et le relègue en second plan. » ... Derrière le mythe du Roi Arthur, même si on dit qu'il aurait pu existé au IV ou Ve s.... qui se soucie vraiment du vrai ''Perceval''..?  Même les recherches du vrai ''Graal'', me signifient à quel point le mythe peut se rendre présent, encore aujourd'hui … et m’émerveille …

« De la même façon on dira de Judas qu'il a ''sans doute existé...'' un Judas réel, qu'il était '' l'un des douze'' choisis par Jésus... On a également parlé de Myriam de Magdala comme d'un personnage construit à partir d'un certain nombre de femmes qui suivaient Yeshoua. Là aussi l'archétype l'a emporté, et c'est en tant qu'archétype qu'elle est vivante aujourd'hui après avoir traversé les siècles. » J. Y. Leloup

Sources : lectures de Jean-Yves Leloup

Voir aussi :


lundi 8 juin 2015

"Je doute..." Jean SULIVAN: prêtre

Ce nom de ''Jean Sullivan'' est le pseudonyme d'un prêtre, Joseph Lemarchand (1913-1980) ; c'est quand il se met à écrire, qu'il prend ce pseudo d'auteur.
Ordonné prêtre, il devient professeur. Puis aumônier des étudiants.
En 1967, il est ''libéré'' de son sacerdoce de prêtre diocésain, pour vivre à Paris et écrire. Il est désormais libre pour un autre sacerdoce. Libre, mais jamais en rupture avec une Église. La figure du prêtre « homme du paradoxe » est présente dans presque tous ses ouvrages.
« Je me souviens des sermons enthousiastes que je faisais autrefois et j’ai pris conscience, petit à petit, que j’étais un comédien. Alors je me suis tu… pour parler autrement, à voix basse, pour parler des êtres et des choses sans les nommer... » Interview 1968
« Entre prêtre et écrivain, il y a quelque chose qui va bien », dira-t-il. Pourquoi a-t-il tellement tenu à être écrivain ? « J'ai commencé à écrire pour respirer, pour être libre, pour vivre. »
Entre 1958 et 1980, il va publier au moins un livre par an. Il est ainsi l'auteur de plus de trente romans et essais, la plupart publiés chez Gallimard et traduits en une dizaine de langues.

Renversé par une voiture, il meurt, le 16 février 1980. À soixante-six ans.

"Je doute...
J'adhère globalement. Je désire que tout soit vrai. Pas un jour, sans doute une heure ne s'écoulent sans que, en quelque manière, je ne pense aux choses éternelles. Mais cela aussi m'inquiète. Impossible de fonder quoi que ce soit là-dessus. La critique ne cesse jamais. Je lutte."
Incroyant, je le suis, comme vous, à moins que vous n'ayez cédé à l'illusion de croire que la ligne de partage entre foi et incroyance passe seulement entre les hommes et non point à l'intérieur de chaque conscience."
" Venant à parler de Dieu, je préfère dire : S'Il existe. .. Le doute ainsi introduit, me semble-t-il, dit la distance, l'humour, une sorte de pudeur, la non-annexion. On ne le décide pas. Cela est ainsi. Car comment oser dire que je crois, si je ne suis charbon ardent, si je ne monte sur la croix ? Je veux bien que vous vous soûliez de convictions, mais sachez qu'elles masquent le plaisir de Dieu que vous vous donnez, qui est plaisir à vous-mêmes. Abattre les idoles hors de soi n'est presque rien. Détruire en soi l'idolâtrie est autrement difficile."
" Chercher à convaincre, dans l'ordre de la foi : vulgarité et sottise. Est-ce qu'on se bat pour la vérité ? Jamais. On se bat pour des convictions qui en tiennent lieu. Qui aime la vérité cherche seulement à lui laisser prendre toute la place en lui-même.
Ne désirez pas faire changer d'idées ni convertir quiconque. Soyez ce que vous êtes et l'autre, peut-être, sera conduit à devenir ce qu'il est. Dites d'un ton vrai ce qui vous meut sans vous occuper des suites."

Jean Sulivan, prêtre ( 1973 - 1980 )



vendredi 5 juin 2015

Blake Flynn: artiste peintre

Blake Flynn se dit être un ''artiste à plein temps ", depuis qu'il a quitté - en 1999 - son emploi d'ingénieur en aérospatial.


Toutes ses peintures sont faites à l'huile sur panneaux rigides. Il commence par l'élaboration d'un croquis détaillé, souvent en conjonction avec des études de valeur et de couleur à petite échelle. Après le transfert du dessin sur le panneau, il applique la peinture en couches minces avec des brosses douces, un peu comme à l'aquarelle. Il commence souvent avec une sous-couche monochrome, puis ajoute de la couleur par couches.





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mardi 2 juin 2015

L'organisation synodale

Il y a quelques jours, je participai à une grande réunion diocésaine, qui célébrait les 30 ans du dernier synode... ! Un père dominicain, à ce propos revenait sur le mode de fonctionnement dans notre Église.

La comparaison avec un système démocratique, ce que n'est pas l'Eglise, m'amène à réfléchir plus généralement … Une assemblée politique, qui se veut démocratique, tranche par la règle de la majorité... L’Église est une organisation de type ' synodal ' : le pouvoir s'exprime lors d'un concile (la parole du Pape, n'étant que 'personnelle') avec un type d'organisation qui cherche le ''consensus''... La majorité est estimée insuffisante, et les acteurs sont invités à se remettre au travail, pour trouver un consensus... Cette organisation n'est pas ''révolutionnaire''.. ! Elle prend le temps...
Le dernier concile Vatican 2, a suivi cette discipline... Presque réussie, sauf si quelques-uns décident contre tous de se retirer, et c'est le schisme ( Mgr Lefebvre ) !
La démarche synodale, c'est prendre en compte la majorité des opinions, et tenter d'avoir raison ''avec'', et non pas ''contre'' ...




Je trouve – quand-même - cette démarche intéressante, d'autant qu'elle insiste sur un point qui me semble essentiel : l'articulation entre le ''un'', le ''tous'' et le ''quelques-uns'' ; voilà comment je l'ai compris :

Le ''un '' c'est la personne que l'on désigne pour nous représenter : le pape, l'évêque (*) , le curé... En politique ( je suis encarté ''EELV'') ce sera le candidat désigné pour des élections, un secrétaire ..etc. Le ''quelques-uns'' ce peut être ceux qui font 'équipe' avec le 'un', ceux qui l'ont soutenu, ceux qui sont 'partisans' … Le ''Tous'' , ce sont tous les autres, y compris ceux déjà désignés.

A mon avis, et en particulier en politique ; nous n'avons pas réellement réfléchi sur cette articulation ; c'est bien dommage parce qu'elle me semble nécessaire pour la réussite des objectifs de l'organisation. Chez EELV, des 'camps' ( des ''quelques-uns'' ) s'affrontent et cela crée de la violence... Nous sommes impuissants, ensuite, à la dissiper : la relation entre ''quelques-uns'' et '' Tous'' reste conflictuelle... Le ''Un'' n'est jamais réellement soutenu par le ''Tous'' …

Nb/ - Dans la Liturgie, le prêtre ne dit pas ''je '', mais ''nous'' : le nous de l'assemble chrétienne qui célèbre - en ''corps'' qu'il est -: le corps du Christ.
- (*) Intéressant la désignation des évêques ( en France depuis 1917, seulement …), différent en Allemagne ou en Suisse ...

- Dans le cercle œcuménique, il est vrai aussi que les catholiques sont plus axés sur le ''Un'', que les orthodoxes et les protestants ...