Mark Henson |
Une interview du sociologue non-croyant
Edgar Morin, sur l'encyclique Laudato si', reprend le
thème de l’humanisme que je viens d'interroger précedemment :
« ...à travers cette notion d’écologie intégrale, l’encyclique invite à prendre en compte toutes les leçons de cette crise écologique. Mais là aussi, à condition de préciser la notion d’humanisme, qui a un double sens. D’ailleurs, c’est ce que François dit dans son discours. Il critique une forme d’anthropocentrisme. Il existe en effet un humanisme anthropocentriste, qui met l’homme au centre de l’univers, qui fait de l’homme le seul sujet de l’univers. En somme, où l’homme se situe à la place de Dieu. Je ne suis pas croyant, mais je pense que ce rôle divin que s’attribue p a r f o i s l’homme est absolument insensé. Et une fois qu’on est dans ce principe anthropocentriste, la mission de l’homme, très clairement formulée par Descartes, c’est conquérir la nature et la dominer. Le monde de la nature est devenu un monde d’objets. Le véritable humanisme c’est au contraire celui qui va dire que je reconnais dans tout être vivant à la fois un être semblable et différent de moi. » E. Morin dans 'La Croix' du 22/06
Mark Henson |
Edgar Morin salue la vision du pape :
« cette même préoccupation d’une vue complexe, globale,
au sens où il faut traiter les rapports entre chaque partie, m’a
toujours animé.. »
« François définit « l’écologie
intégrale » , qui n’est surtout pas cette écologie
profonde qui prétend convertir au culte de la Terre, et tout lui
subordonner. Il montre que l’écologie touche en profondeur nos
vies, notre civilisation, nos modes d’agir, nos pensées. Plus
profondément, il critique un paradigme « techno-économique » ,
cette façon de penser qui ordonne tous nos discours, et qui les rend
obligatoirement fidèles aux postulats techniques et économiques
pour tout résoudre. Avec ce texte, il y a à la fois une demande de
prise de conscience, une incitation à repenser notre société, et à
agir. C’est bien le sens de providentiel : un texte inattendu, et
qui montre la voie. »Cai Guo-Qiang, |
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