dimanche 29 novembre 2015

L'échelle de Jacob -1/2-

L'echelle-de-Jacob   -  Peintre: Michael Willmann


Au cours d'une courte retraite d'un week-end ; j'ai l'occasion de faire une pause et une ''relecture''... Parmi d'autres textes, il y a ce texte de l'échelle de Jacob.
« Prenant une pierre, pour en faire son chevet Jacob se coucha en ce lieu. Il eut un songe, voilà qu'une échelle se dressait depuis la terre et son sommet touchait le ciel. Les anges y montaient et descendaient.
 Et voici, l'Éternel se tenait au-dessus d'elle; et il dit: Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu d'Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je la donnerai à toi et à ta postérité. » Genèse 28, 11.

Cette échelle, image d'un songe, ouvre directement sur le symbole... C'est ainsi que les mythes et les symboles, même anciens portent des interrogations qui sont aussi les nôtres.
L’échelle image l’idée d’un divin situé dans un 'plus haut', ce qui suppose un 'plus bas' où l’homme a chuté. L’échelle lie ces deux espaces... Elle ouvre vers une communication, et ce sont les anges qui servent de messagers.

L'échelle est un symbole riche de sens :
- Pour Origène, l'échelle représente la métempsychose ou réincarnation: à la mort de l'individu, l'âme tente de s'élever vers le haut de l'échelle. Mais si elle a péché, elle ne peut franchir une certaine hauteur et retombe vers la terre pour se réincarner en un autre corps. Pour Théodoret, elle représente la Providence divine (les anges qui descendent du ciel pour accomplir les ordres divins).
- Philon, l'échelle représente l'âme. la base représente la sensation, le dernier échelon, l'intellect pur, et les autres échelons les degrés de la contemplation. 
- Pour Tertullien, l'ascension de l'échelle représente la vie du juste, dont les échelons sont les vertus, les bonnes actions qui permettent de parvenir à l'excellence morale.
Bref … Depuis longtemps, et quelque soit la tradition, cette image d'échelle parle … signifie plus que la fonction de l'objet ….


Pour moi, je suis sensible à ce que cette échelle me lie à '' l'Eternel ''. Par l'intermédiaire du 'moi' plus intime de moi-même, à une altérité ( je veux bien l'appeler aussi: le Soi)... Deux présences en face à face … Deux présences 'inégales', et la nécessité de messagers ( nul ne peut regarder le divin en face ...)
L’échelle ouvre le ciel... C'est possible ! Les anges offrent aux hommes la possibilité d'interpréter le 'haut' à partir du 'bas' ...



Intéressant d'observer sur le portail de 'Notre Dame' à Paris, face au Parvis, — et à la place d’honneur, — la figure de l’alchimie.

Elle y est figurée par une femme dont le front touche les nues. Assise sur un trône, elle tient de la main gauche un sceptre, — insigne de souveraineté, — tandis que la droite supporte deux livres, l’un fermé, l’autre ouvert. Maintenue entre ses genoux et appuyée contre sa poitrine se dresse l’échelle aux neuf degrés ...

Bon travail ...
A suivre... 

jeudi 26 novembre 2015

Les attentats, Dieu, la foi et l'Islam...

Ces événements tragiques, sont pour moi l'occasion d'entendre des responsables religieux, ou des hommes de foi, s'exprimer hors leurs posture ordinaire...
Daniel Péron - Les cavaliers de l'Apocalypse
Je salue, la sincérité de l’archevêque de Canterbury, chef spirituel des Anglicans, Justin Welby qui était l’invité d’une émission de la BBC, où on lui a demandé si les attentats de Paris lui avaient fait douter de la présence de Dieu… : Extrait.  « Oh oui alors. Le samedi matin, j’ai marché, prié et demandé à Dieu, pourquoi - pourquoi est-ce arrivé ? Où étais-tu dans tout cela ? Oui je doute. »
Ce témoignage est pour moi le cœur de la foi d'un homme de Foi. Que d'images de Dieu, avons nous à détruire ou du moins à interroger, en nous … !

Et puis, il y a les paroles de cet homme qui n'arrêtent pas de m'interroger. Il s'agit du musulman Ghaleb Bencheikh...
 Quelle chance avons-nous d'avoir cet homme qui nous interroge ainsi … !
Il excelle à démonter les discours des « imams autoproclamés », des « prédicateurs de pacotille ». Il n’y a, pour lui, « d’engagement dans une foi » que « tamisé par le filtre de la raison ».

D'abord sa réaction à chaud sur les attentats : Extraits :
« Ces attaques vont à l'encontre de toute éthique universelle et heurtent la conscience humaine. ( …) Ce qui anime ces terroristes :, c'est une idéologie mortifère ayant avili la religion islamique et perverti la révélation coranique. ( …) La responsabilité des hiérarques religieux musulmans qui, par pusillanimité ou par lâcheté, ont laissé depuis des années, les sermonnaires doctrinaires tenir leur discours fielleux et manipulateurs est plus qu'engagée. Ces derniers sont comptables et coupables des crimes perpétrés au nom de Dieu. ( …) A titre personnel, je me suis égosillé à le faire savoir depuis longtemps.  Alors, maintenant plus que jamais, une refondation de la pensée théologique combinée à une saine éducation fondée sur l'amour et la bonté, s'impose... »

Mais aussi, pour aller plus loin …
Extraits :
«  Il nous faut inventer une audace et une hardiesse intellectuelle, ne pas baisser les bras. Nous n’avons plus de réels débats d’idées, ici ou ailleurs.
G B. regrette que :Pour certains 'philosophes', le fait que les pays arabes et musulmans n’aient pas connu la période allant de Descartes au Siècle des Lumières, les réduit à une pensée sans importance. 
Daniel Peron - Musulmane
Sur la Laïcité : Les religions qui ont un clergé n’échappent pas aux tentations du pouvoir.... Le laïc ( le « laos ») est séparé du « clerc » qui exerce le pouvoir religieux.... La laïcité est un faux problème puisque le musulman ne se soumet à aucune église. La question de la séparation ne s’introduit que là où il y a des structures hiérarchiques verticales. » (…) «  s’il devait y avoir une tradition religieuse qui s’adapterait le mieux à un espace laïc, ou à un idéal laïc, ce serait bien l’islam. »
«  la laïcité pourrait se résumer à : c’est la loi qui garantit le libre exercice de la foi aussi longtemps que la foi ne prétend pas dicter la loi. En définitive, la laïcité, c’est le parapluie sous lequel nous nous abritons tous. Elle permet de réguler le croire ou le non-croire. C’est un principe, et non une philosophie de l’État comme certains veulent bien la présenter. »

Bien sûr, pour Ghaleb Bencheikh, il faut déconnecter la religion de la politique. (..) « quand il y a manipulation, domestication, idéologisation, instrumentalisation de la religion pour d'autres fins que spirituelles il y a danger de dérives despotiques et obscurantistes. Tout revient à la séparation des deux ordres. Il faut déconnecter la religion de la politique. »

« Je distingue trois moments dans la religion, mot lui aussi trop vide de sens à force d’être sans cesse utilisé.
Le premier je l’appelle « Religion force ». Chaque religion a des mythes. Ceux-ci interrogent le sens de la vie, du monde …
Il y a ensuite la « religion –forme », elle-même partagée en trois moments :
le moment « refuge », un lieu d'expression des détresses, un refuge pour les opprimés ..
le moment « repaire », où on retrouve tous les fanatiques,
le moment « tremplin » où la religion est un outil au service de la carrière personnelle.
Le dernier moment, le « moment-cadre » est le moment proprement lié à l’expérience du sacré ( cadre de l'expérience humaine du divin et du sacré )
( …)
Daniel PERON - Imminence 2
En matière de sens, la religion demeure une référence. Elle répond aux sempiternelles questions qui taraudent l'homme : la question des origines de la vie et des fins dernières. Quand la religion s'institutionnalise, elle devient un refuge, un repaire et un tremplin. Elle est un refuge pour les opprimés sur la terre, elle est un repaire pour fanatiques extrémistes et elle est un tremplin pour les carriéristes, ceux qui n'ont pas su faire autre chose qu'exploiter la religion pour leurs ambitions personnelles. »
[Verset 19] Peut-on comparer à un aveugle celui qui est convaincu que ce que ton Seigneur t’a révélé représente bien la vérité? Mais seuls en saisissent le sens ceux qui sont doués d’intelligence » Sourate du Tonnerre. 
Pourquoi dire cela ? Peut-être parce que la réflexion est une affaire intime et nullement incompatible avec la foi. J’appelle à un sursaut des consciences et ceci signifie d’abord une honnêteté vis-à-vis de soi-même. Il faut réveiller nos automatismes paresseux. Il faut sans cesse remettre nos certitudes en doute. Subvertir sa propre pensée c’est commencer en philosophie.
« 
Que sont donc encore ces églises si ce ne sont pas les caveaux et les tombeaux de Dieu ? » écrivait Nietzsche.

Daniel Peron
Sur le voile : « Le véritable voile de nos soeurs et de nos filles musulmanes consiste en leur instruction et leur acquisition du savoir. Je suis atterré de la régression tragique à laquelle nous assistons suite à ce « revoilement » de certaines femmes musulmanes. Rappelons nous que le scoutisme islamique dont le guide spirituel était Abdelhamid Ben Badis était composé de garçons en bermudas et des filles en jupe. »

Et enfin : très important, pour répondre aux incongruités du Front National du genre de cette parole de Marion Maréchal-Le Pen, qui estime dans un entretien au quotidien de l'extrême droite catholique Présent, paru ce samedi 21 novembre, que les musulmans "ne peuvent avoir exactement le même rang que la religion catholique" en France.

« Tant que l'on traitera l'élément islamique en termes d'extériorité et d'étrangeté nous nous vautrerons toujours dans les basses eaux du débat. L'Islam n'est ni allogène, ni incongru ni intrus au contexte européen. Nous appartenons à une aire euro-méditerrannéenne sur une longue ère civilisationnelle ensemencée sur le plan spirituel par le monothéisme abrahamique judéo-islamo-chrétien d'expression gréco-arabe. »


Ghaleb Bencheikh, né en 1960 à Djeddah en Arabie saoudite, est un docteur en sciences et physicien franco-algérien. Il est soufi. Il est également de formation philosophique et théologique et anime l'émission Islam dans le cadre des émissions religieuses diffusées sur France 2 le dimanche matin. Il préside la Conférence mondiale des religions pour la paix...

lundi 23 novembre 2015

Abraham, Sara, et Agar ; Isaac et Ismaël -5/5-

C'est encore un rire... qui m'a rappelé à ma responsabilité :
Ton rire Ismaël...
Tu jouais avec ton frère,beaucoup plus jeune, tu l'as entraîné vers des jeux qui n'étaient pas de son âge... Et Sarah, t'a vu rire Ismaël...
Sarah, m'a prié de décider maintenant … De dire aujourd'hui : qui est le fils de la Promesse ? Plus tard sera trop tard … Il en va de ton héritage !

Il fallait encore trancher... Ne pouvait-il y avoir deux fils de la Promesse... ?

Je ne voulais pas choisir... Pour la première fois, je me suis mis en colère contre Sara... Et la nuit, cette fois-ci fut très longue... Jusqu'au moment,
Jusqu'au moment, où l’Éternel me dit :
Accorde à Sara ce qu’elle te demande. Isaac est le fils de ma promesse. Je ferai aussi une grande nation du fils de ta servante; car il est ta postérité. 




Très tôt le matin, j'ai préparé des provisions, et j'ai réveillé Agar et toi, mon fils, pour vous séparer de notre clan … Et, je vous ai vu partir , et disparaître dans ce désert …
Mais je vous savais sous Sa protection... J'ai guetté les nouvelles... J'ai su, que tu étais devenu l'archer le plus adroit de tous les nomades... Tu es devenu leur chef, et marié à une égyptienne, tu assures à présent ma descendance... Je suis fier de vous, mes fils …



Agar et Ismaël ont erré longtemps dans le désert. Et, la provision d’eau s’épuise vite. Agar installe Ismaël sous un arbrisseau et s’éloigne à une portée d’arc. Elle s’assoit, ne sachant que faire, mais ne veut pas voir mourir l’enfant. Ismaël se met à crier et pleurer : il a soif, il a peur. Dieu, qui finalement assume cette histoire humaine s'adresse à Agar : '' Agar, lève-toi et prends ton fils.... Vous vivrez, vous verrez ! Agar court vers son fils, et après quelques mètres, aperçoit un puits : elle fait boire Ismaël, boit elle-même et remplit son outre. Dieu ne les abandonne pas. Ismaël et Agar s’installent au désert...

A côté de la tente d'Abraham : au-dessus des trois hommes, s'étend le ciel noir empli d'étoiles, aussi nombreuses que la descendance promise à Abraham …

Isaac dit : Avant de partir, Père... donne-nous ta bénédiction :
Abraham répond : Comment pourrais-je vous donner quelque chose... ? Qu'ai-je à moi … ?
J'ai appris à me dessaisir sept fois : de mon père,de ma terre, de mon nom, de mon fils Ismaël, et même de toi Isaac... De ma femme, et … même de mon prépuce pour sceller mon alliance …

Alors Abraham a ri.... a ri …






vendredi 20 novembre 2015

Etre chrétien aujourd'hui -3/..-

Une discussion autour du Bouddhisme, renvoie fréquemment à la notion de ''sagesse'' ..
Nous reconnaissons la 'sagesse' du bouddhisme ; et nous nous empressons d'ajouter que le christianisme est ''bien plus que cela'' : c'est une rencontre avec une Personne, le Christ...

D'ailleurs, le Bouddhisme ne serait-il pas plutôt une ''sagesse'', qu'une religion … ?


Je ne partage pas 'cela' … Et, 'cela' me questionne.



Je voudrai reconnaître dans le Chemin, que je tente d'emprunter, autant une sagesse qu'une religion.
La sagesse est un idéal. Le ''sage'' lui, un être de chair et de sang ( finitude, contingence, petitesse...); la sagesse cesse au contact de l'humain, d'être un absolu. La sagesse n'opprime pas...
De plus, nous n'avons pas tous la même faculté d'admiration... Je n'ai pas cette simplicité de voir des ''sages'' , des ''saints'' ; des 'saintetés'.. des ' monseigneurs' ..etc . «  C'est peut-être que les humains me touchent par leurs blessures, par leurs failles, par leur fragilité avouée, plus que par leur force ou plénitude supposées. » A Comte-Sponville

Etre chrétien, ce n'est pas ''être parfait''... Et si la ''sagesse'' devait s'exprimer par une compétition, aujourd'hui les ''religieux'' ne me semblent pas plus ou moins l'incarner... Et, je ne leur demande pas cela.
Etre chrétien ( comme sans doute être musulman, juif ou être bouddhiste …) c'est une chance, c'est un cadeau. Cela ne me rend pas meilleur, mais ça m'aide à l'être un peu … Du moins, je crains de l'être pire sans cela …
Il me semble en lisant les Evangiles, comprendre qu'on est d'autant plus chrétien, qu'on sait ne pas l'être...


Une religion est une sagesse, en ce qu'elle pointe un idéal à atteindre. Une religion est plus qu'une sagesse, parce qu'elle s'incarne. Les fruits de cette incarnation, sont la communauté, l’enseignement, et ce que matérialise le rituel : la Présence …

Illustrations de Jon Krause

mardi 17 novembre 2015

Abraham, Sara, et Agar ; Isaac et Ismaël -4/5-

Puis, à l'âge de 99ans, Abram entend l’Éternel.
L’Éternel souhaite conclure une alliance avec le vieil homme et sa descendance...
Abram se jette le visage contre terre. La voix continue : Je serai ton Dieu je vous donnerai un pays pour toujours. Des peuples et des rois sortiront de toi. Tu t’appelleras désormais Abraham Père de la multitude des croyants - et ta femme Sara - Princesse, et non plus ''ma princesse' - , elle te donnera un fils et ta descendance sera innombrable.

Alors, j'ai crié... Oui, longue vie à Ismaël !
Non... ! Sara, ta femme aura un fils et tu l’appelleras Isaac. Je n’ai pas oublié Ismaël : c’est le fils de votre désir, je le prend sous mon aile. Mais mon alliance, c’est avec Isaac, le fils de ma promesse, que je l’établirai...

Et, ce jour même, Abraham s'est fait circoncire, lui, son fils Ismaël et tous les hommes de sa maison

- J'avais laissé mon pays, et à 99 ans,, j'ai laissé mon nom, … Quant à Lui, je ne savais même pas son nom, mais je savais qu'il était présent... 
Et j'ai ri, Ce que j'ai ri … Quel est donc ce Dieu qui fait alliance avec un homme? Quel est donc ce Dieu, pour m'annoncer que Sara, âgée de quatre-vingt-dix ans, enfanterait... ?

Quelques jours ont passé, et …
C'est ici, près du grand chêne, que j'ai eu la visite de trois anges... Je les ai reçus comme il fallait... Sarah, cachée nous observait … L'un des trois annonce que d'ici un an Sarah aura enfanté un fils …. Sarah, dans son cœur rit... Alors l'ange me dit « Pourquoi donc Sara a-t-elle ri ?… » Je ne savais pas … mais Sarah, elle a su que c'était l’Éternel – qui l'avait vu rire en son cœur - qui rappelait sa promesse ...

Et …. Tu es né :Isaac, l'enfant du rire de Sarah, l'enfant qui rira, puisque tu es le fils de la promesse ...

samedi 14 novembre 2015

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix


Cette invitation à changer la haine en amour prend, aujourd'hui, un sens tout particulier.

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix 
Là où il y a la haine, que je mette l'amour. 
Là où il y a l'offense, que je mette le pardon. 
Là où il y a la discorde, que je mette l'union. 
Là ou il y a l'erreur, que je mette la vérité. 
Là où il y a le doute, que je mette la foi. 
Là où il y a le désespoir, que je mette l'espérance. 
Là où il y a les ténèbres, que je mette ta lumière. 
Là où il y a la tristesse, que je mette la joie.
Ô Seigneur, faites que je ne cherche pas tant 
à être consolé...qu'à consoler 
à être compris...qu'à comprendre 
à être aimé...qu'à aimer
Car 
c'est en donnant...qu'on reçoit 
c'est en s'oubliant ...qu'on se trouve 
c'est en pardonnant...qu'on est pardonné 
et c'est en mourant à soi-même...que l'on renaît à la vie éternelle.

Saint François d'Assise


Etre chrétien aujourd'hui -2/..-



Etre chrétien aujourd'hui, c'est – fort du socle de sa propre tradition – s'ouvrir aux autres expressions religieuses. Je reconnais un socle commun à toutes les religions. En plus de notre nature humaine, nous partageons les mêmes aspirations.

Chaque religion possède des particularités propres à enrichir notre vision... Par exemple, « le bouddhisme oriente ses croyances et sa pratique sur la manière de cultiver l'esprit avec harmonie et équilibre. C'est une des grandes contribution et c'est toute sa beauté. » Khandro Rimpoché
Khandro Rimpoché, est un maître féminin du bouddhisme tibétain. Elle-même reconnaît que le bouddhisme doit s'inspirer d'autres traditions :

«  Je suis très impressionnée de voir comment d'autres religions peuvent interagir avec la société, ce qui n'est pas toujours notre cas... La sagesse bouddhiste est très belle, mais très intellectuelle, et elle ne donne pas toujours les bons outils pour évoluer dans le monde d’aujourd’hui...( …) Atteindre l'Eveil est une chose, mais nous devons auparavant expérimenter notre vie en tant qu'être humain en faisant face , au quotidien, aux différents enjeux de notre monde d'aujourd'hui, qu'ils soient écologiques, économiques ou sociétaux. » K. R.

Illustrations:  Odilon Redon (1840 – 1916) 

mercredi 11 novembre 2015

Abraham, Sara, et Agar ; Isaac et Ismaël -3/5-

Et, Agar, ta mère - dit Abram à Ismaël - , une servante égyptienne – t'a porté, généreusement... mais quel caractère ! Un tempérament de feu, qui la rend fière, exigeante... pour son enfant.
Sarah souffre et ne supporte pas l'attitude nouvelle de sa servante :
Alors Saraï dit à Abram : « tu es responsable de l’injure qui m’est faite ! J’ai mis ma servante entre tes bras et, depuis qu’elle s’est vue enceinte, je ne compte plus à ses yeux. Que ton Dieu juge entre moi et toi ».


Ismaël, pardonne-moi, dit le vieux patriarche... Je n'ai peut-être pas assez défendu ta mère, Ismaël … C'était elle, qui portait mon enfant... Je n'ai rien dit...
Et Sarah est devenue dure, et si dure.... que ta mère s'est enfuie
J'ai eu peur pour toi, Ismaël ….

Quand Agar, est revenue – changée – J'ai compris que c'était Lui, l’Éternel qui était intervenu … Alors que nous nous avions désigné cette étrangère, l'Eternel lui, l'avait vue, elle et toi mon fils, Ismaël …. Ta mère L'appelle « le Vivant » : «  le Vivant qui me voit » dit-elle...

Agar est donc revenue... Puis Agar a posé l'enfant sur les genoux d'Abram, qui a déjà 86 ans et de Saraï...

Pendant 13 ans, Ismaël, je t'ai élevé, comme mon fils unique …

Les trois hommes sont près de la tente d'Abraham, autour d'un feu d'herbes du désert, dont la flamme et le parfum réjouissent le cœur, autant que la boisson... La boisson pour le vieil homme , c'est du '' petit-lait bouilli sucré au miel '', préparé par les femmes ...
Ajouter une légende
Ajouter une légende

dimanche 8 novembre 2015

Etre chrétien aujourd'hui -1/..-

J-Kirk Richards   Zachée
Etre chrétien aujourd'hui, ne se justifie pas de la même façon aujourd'hui, qu'il y a quelques dizaines d'années … Déjà, beaucoup d'entre nous employons plutôt le terme de ''chrétien'', que de ''catholique'' … Chrétien se rattache à la personne du Christ, et ''catholique'' à l'expression '' romaine '' d'une religion.... Et, nous préférons insister sur notre attachement au Christ, plutôt qu'au magistère...

Notre époque n'est pas si matérialiste que nous le disons... A chacun, sa manière de réenchanter un monde si friand de consommation …
- Parmi nos valeurs phares actuelles, se situe ' la liberté individuelle '. Traduction chrétienne : la Foi personnelle prend le pas sur l'autorité du magistère. Nous affirmons ainsi une confiance en l'humanité : nous 'croyons ' en l'Humain.
- Deuxième idée actuelle : je peux être plus libre, plus épanoui et finalement plus heureux en travaillant sur moi. Aujourd'hui, nous prenons le temps de faire du sport, de se cultiver … Si nous le faisons, c'est bien parce que l'humain du XXIe s. a la foi.
- Troisième idée : Avoir la Foi, ''Croire '' c'est – aujourd'hui – produire ce que l'on croit. Avoir la foi, commence par un travail sur 'soi' : c'est lâcher-prise, s'abandonner et se faire confiance pour libérer sa créativité...

Il pourrait sembler que tout ceci est ''trop'' dans l'air du temps : un attachement à une mode , un papillonnage... C'est peut-être aussi, un manque de confiance et une impossibilité à comprendre les aspirations contemporaines … !?

Illustrations: Jon  Krause

jeudi 5 novembre 2015

Abraham, Sara, et Agar ; Isaac et Ismaël -2/4-


Abram décide de descendre encore plus bas : en Égypte !
Abraham hésite, il n'est pas fier... Sarah est si belle :
Saraï, tu sais, je sais que tu es encore une très belle femme. Quand les Égyptiens te verront, ils me tueront certainement pour pouvoir te posséder. Alors je crois que le mieux serait que tu te fasses passer pour ma sœur, comme çà ils m’épargneront par égard pour toi !

Pas plutôt arrivés, les voilà choyés à cause de la beauté de Saraï ; beauté que les officiers se hâtent d’offrir à Pharaon qui se met à combler Abram de toutes sortes de cadeaux en échange ! Mais voilà aussi, que Pharaon est bientôt frappé de tous les maux, et fait appeler Abram qui lui dévoile ''le pot aux roses'' !
« Reprends ta femme ! Reprends-la vite ! » lui crie Pharaon, « et rentre chez toi ! Garde tout ! Je ne veux plus te voir ! »

Et voilà la troupe, qui remonte le Negev jusqu’à Béthel, ne sachant s’il fallait rire ou pleurer de cette histoire … Il restait dans le cœur d'Abraham, un goût amer de couardise, et il se demandait si Sara lui avait vraiment pardonné … ?
On dut se séparer de Lot : des histoires de famille !
Enfin... Ils s’installent, près d’Hébron, aux Chênes de Mambré.

Saraï suit, obéissante et rangée: elle va rester seule un bon moment... En effet Abram doit lever une troupe de partisans pour aller au secours de son neveu Lot... Il n'y a , rien de moins, que quatre grands rois Amraphel, Aryok, Kedor-Laomer et Tidéal qui tentent de s’emparer du territoire et qui ont capturé Lot. Abram sort vainqueur de cette campagne, rend ses biens à Lot, avec ses femmes et ses gens. Il a même le privilège de voir venir jusqu’à lui, avec le roi de Sodome, le grand prêtre Melchisédech, le Roi de Sainteté, avec les offrandes de pain et de vin, qui lui renouvela la promesse et la bénédiction du seul dieu qu’il adore lui aussi, l’Unique, et à qui Abram donna le dixième de tous ses biens. Du roi de Sodome, il ne veut rien accepter : ni biens, ni hommes !

Saraï devient vieille et n'a toujours pas d'enfant... Saraï doute peut-être de la promesse faite à Abram... Elle dit : « C'est l’Éternel qui me rend stérile... »... Ils en parlent, longuement... Que peuvent-ils faire... ?

Abram rêve, fait des cauchemars, connaît insomnie sur insomnie : il a des visions de toutes sortes auxquelles il ne comprend rien. Il parle à Dieu, ne comprend rien de ce qu’il lui dit. Abram et Saraï sont bien malheureux !
Peut-être leur revient-il d'agir pour que la promesse de l'Eternel s'accomplisse.... ?
Le droit du désert autorise l’épouse légitime à mettre dans le lit de son mari, une personne de son choix, si le ciel veut qu’elle soit stérile ! L’enfant, reconnu par le géniteur, est dès lors considéré comme le fils de famille et l’héritier !
( à suivre ...)


lundi 2 novembre 2015

Abraham, Sara, et Agar ; Isaac et Ismaël -1/4-

« La durée de la vie d'Abraham fut de 175 ans, puis il expira. Abraham mourut après une heureuse vieillesse, âgé et rassasié de jours, et il alla rejoindre les siens. Ses fils Isaac et Ismaël l'enterrèrent dans la grotte de Macpéla, dans le champ du Hittite Ephron, fils de Tsochar, vis-à-vis de Mamré. » (Genèse 25.1-11)



Deux fils qui enterrent ensemble leur père : une scène sans doute assez banale, au cours des siècles passés … Pourtant cette histoire ne l'est pas... Elle se passe il y a longtemps... à l'origine de nos peuples, de nos traditions …
Les fils se nomment Isaac, et Ismaël : fils d'Abraham...
Abraham - dit-on – est mort à 175 ans. A présent, il est enterré -selon sa volonté – aux côtés de Sarah, dans la grotte de Makpéla, à Hébron.
Hébron, où il a terminé sa vie : cette région de maquis et de chênes, là même où les trois anges lui étaient clairement apparus, en plein midi, pour leur annoncer la prochaine naissance d'Isaac...
Isaac pense à sa mère - Sara - morte à cent vingt-sept ans. Abraham, qu'on présente parfois comme un conquérant, ne possède pas le moindre arpent de terre en Canaan, il a du supplier un chef d'une tribu de lui céder une caverne aménagée, la grotte de Makpéla, pour la déposer... Ensuite, il viendrait la rejoindre...

Abraham a eu une autre concubine, et d'autres enfants …

Juste avant de mourir, Abraham a demandé à ses proches de réunir autour de lui ses deux fils : Isaac et Ismaël.
Abraham a tant de choses à leur dire... Peut-être aussi, tant choses à se faire pardonner, et qu'il n'a – malheureusement - même pas pu dire à leur mère : à la mère d'Isaac, la belle Sara ; et à la mère d’Ismaël, l'égyptienne Agar ( Agar signifie ''l'étrangère'' ...)...


Abraham – même très âgé - reste un nomade... Il vit près des tentes... Il a besoin de sentir la nuit arriver sur le campement avec le bellement des troupeaux, rassemblé près des tentes pour la nuit...
Autour d'un feu, il est plus facile entre hommes de se parler … Et Abraham a besoin de parler...

En ce temps là, Abram avait sacrifié aux idoles, pour avoir une descendance... Mais rien...
Ensuite, sur son chemin, il avait rencontré des anges, qui lui annonçaient un Dieu qui se souciait des hommes ...
Ce ''Dieu'' lui demande de quitter son pays. Abram quitte Haran sa patrie, il est déjà très âgé, sans enfant ; il a soixante quinze ans...
Ce ''Dieu'' lui annonce, que lui Abram sera le Père d'un grand peuple, et qu'Il sera toujours là à ses côtés...


Sa femme Saraï ( qui signifie ''ma Princesse'' ) et leur neveu Lot qu’ils prennent avec eux, ne lui posent pas de question. Quand Abram décide, c’est qu’il en a discuté suffisamment avec celui qu’il appelle son Seigneur, pour qu’on lui demande quoi que ce soit !

Avec Saraï, nous avons quitté le clan, nous sommes partis vers le sud... Nous avons fait confiance à l'Eternel...

Nous sommes entrés en Canaan après avoir suivi la route des troupeaux, celle du Croissant fertile, qui monte de Chaldée jusqu’à la frontière que trace l’Euphrate puis redescend à mi chemin entre la mer et le Jourdain, à travers les collines de Canaan, jusqu’à Sichem, et au Chêne dit, Chêne de Mambré, où il établit son camp provisoire … 
Il y eut une famine … 
A suivre ...