Après donc, avoir situé dans sa lignée, Roger de Laron... Je
m'attache rapidement à la situation géographique du domaine du
seigneur de Laron, en ce début du XIVème siècle, alors que l'ordre
des Chevaliers du Temple, vient d'être dissous.
''Saint-Julien-le-Petit '', est le nom de la paroisse où se trouve le château du Laron, elle appartient au bailliage crée par Philippe IV, qui est qualifié de bailliage (ou prévôté) royal de Laron, mais aussi de Laron et Masléon.
Pour atteindre à Saint-Julien le Petit, ce qui devait être l'emplacement du château, on franchit – aujourd'hui - la rivière au '' Moulin de Larron '' puis on grimpe la colline, motte féodale dans la forêt, qui surplombe le barrage sur la Maulde : l'endroit était connu encore au XIXème siècle sous le nom de « butte de Rochein » ou «
château de Rochein » ainsi que le prouve le relevé cadastral de 1835 (Saint-Julien-le-Petit, section dite « d’Artigeas », E1).
Des vestiges d’une tour ronde,
de nombreuses pierres éparpillées, des restes de murs recouverts
par la mousse, et aussi, côté sud, l'entrée
d'un souterrain, attirent l'attention.
Le nom de château Rochein n'a jamais
été vraiment élucidé. Pour Louis Guibert, qui reste pratiquement
l'un des seuls historiens à s'être intéressé à ce site, le
toponyme « Rochein » pourrait dériver tout simplement de
« Rocher ». A moins qu'il ne fasse référence à la
dynastie des seigneurs de Laron où le prénom « Roger »
était récurrent.
Des témoignages de riverains du site
ont été recueillis au XIXème siècle, révélant des vestiges plus
abondants qu'aujourd'hui. La plupart des pierres de construction ont
été réemployées, sans doute pour des édifices de la région.
Dans quelques vieilles maisons voisines, on peut remarquer
des linteaux remarquables. Les ''anciens'' disent connaître
l'emplacement du château disparu et en parlent...
Sur cette disparition du château, diverses légendes circulent... On dit que le château de Laron aurait été pris par les Anglais , grâce à la complicité d'une servante, et détruit par eux au cours de la Guerre de Cent Ans... Une notice du Cartulaire d'Aureil ( non précisément datée) parle de la "guerre de Laron": "Quidam miles de Larunt, nomine Willelmus de Gemeu '' (cartulaire d'Aureil, fol.2).
Une autre éventualité a refait surface au cours du XIXème siècle, entretenue par les histoires que se transmettaient ''les anciens'', elle évoque un chevalier Templier qui se serait ici terré ; et rendu fou par la possession d'un fabuleux trésor …
Le nom de
Saint-Julien-le-Petit viendrait de Juliannus martyrisé à Brioude au IIIème siècle. Antérieurement au Xème siècle la commune se nommait Saint-Julien-près-de-Laron ( ou Larron) , puis fut baptisée de son patronyme actuel en 1135.
Saint-Julien le Petit est dans l'orbite de
Saint-Léonard de Noblat...
- Les premières mentions qu'on connaisse d'un ''Léonard'' au
cours du VIème siècle, se trouvent dans la chronique d'
Adémar
de Chabannes écrite vers 1028 et dans la correspondance de
l'évêque Fulbert de Chartres mort cette même année. Par
l'intermédiaire du chroniqueur, c'est surtout
Jourdain de Laron,
évêque de Limoges de 1023 à 1051 qui semble être le véritable
inventeur du culte de saint Léonard. Jourdain de Laron était en
effet précédemment dévôt laïc du chapitre collégial de l'église
de Noblat où était conservé la dépouille de Léonard. Devenu
évêque au moment où prends corps la légende de l'"apôtre"
Martial et qui favorise le sanctuaire de l'abbaye de Saint-Martial,
il va naturellement s'attacher à organiser le culte de saint
Léonard, lieu dont il était le seigneur laïc. Adémar commence
donc par relater que vers 1017, plusieurs saints, dont le saint
confesseur limousin Léonard, se signalèrent par d'éclatants
miracles.
Parmi, ces grands barons, il ne faut pas oublier les prélats et,
en premier lieu, l'évêque qui dispose d'un episopium substanciel.
Ce domaine épiscopal sur lequel il "règne" en seigneur ne
le distingue pas des autres potentats. Il y possède des châteaux
qu'il confie à des chevaliers vassaux...
Dès le XIème siècle, les évêques sont maîtres de la Cité,
l'ancien chef-lieu de la civitas du Limousin, fortifiée depuis le
IVème siècle. Ils contrôlent aussi les domaines constitués autour
de Saint-Junien, d'Eymoutiers, de Chateauneuf, de Laurière, de
Razès, de Nieul et de Noblat, il se font reconnaître suzerains des
castra d'Alassac, de Donzenac et de Voutezac et, vers 1210 seulement
de Malmort.
A Noblat, quoique seigneur éminent du
castrum puisque ses partiaires lui devaient hommage, l'évêque
n'était que médiocrement le maître : il devait partager avec trois
autres co-seigneurs la jouissance de la tour-maîtresse à raison
d'un trimestre chacun.
Au cours du XIIIe siècle,
les rois de France donneront des privilèges aux habitants
de la cité ; c’est ainsi qu’ils élisent, tous les ans,
huit consuls.
Les terres du
seigneur de Laron, font partie de des terres
relevant du temporel de l'évêque de Limoges entre la Haute-Marche
et les vicomtés de Limoges et de Bridiers (Bénévent et le
Grand-Bourg de Salagnac dans la Creuse actuelle) et d’autres
relevant directement du Poitou (Peyrat-le Château, Haute-Vienne) et
Bourganeuf (Creuse).
Signalons que c'est à l'époque de notre Roger de Laron, que
vécut
Raynaud de la Porte (1260-1325), évêque de Limoges.
Raymond fut un des huit juges au procès des templiers. On peut voir
son tombeau dans la cathédrale de Limoges.
Au XIII et XIVe siècles, en Limousin, 6 grandes villes sont
prépondérantes : Felletin, Saint-Léonard-de-Noblat, Tulle,
Brive-la-Gaillarde et surtout Limoges-Cité et Limoges-Château. Les
ensembles Brive-Tulle et Limoges-Saint-Léonard forment deux pôles
principaux.
-- Je rappelle enfin :
Jean de Bretagne devient vicomte de Limoges, en 1301. En 1308, les
provinces d'Aquitaine retombent dans les mains des Plantagenêts, le
prince de Galles ayant épousé Isabelle, la fille de Philippe le Bel
(1285-1314).
En 1309, les papes, à la demande de Philippe le bel,
s'installent à Avignon jusqu'en 1376.
En 1314 : Jacques de Molay, grand-maître
des Templiers est condamné à brûler vif.
Les Templiers avaient été arrêtés, dans tout le royaume
de France, le 13 octobre 1307 par le roi Philippe
IV le Bel.