lundi 31 août 2015

" Comme un château défait " Lionel Ray

Ma maison fut quelquefois une brève lueur,
le jaillissement subit de l'oiseau
dans l'instant immense.
Ma maison fut bâtie de paroles
par des mains invisibles.
Toi qui en es le centre, la table et la fenêtre,
entre la fin et le commencement,
que vois-tu ? qui es-tu ?
___________


Il y a toutes sortes de vies dans ta vie

et toutes sortes de mots dans tes mots,
mais qu'est-ce à la fin que ce brouillard ?
Même la lampe des morts s'éteint,
il n'y a plus où ils sont de langage.
Qu'est-ce à la fin que cette nuit
d'où tu viens, et cette nuit finale
où ni les mots ni les morts ne font signe ?
___________

Comme on glisse hors de soi
aux confins de la veille et du songe,
on regarde une autre demeure, un corps chantant.
Qui est cet homme proche de toi
si peu semblable et pourtant ressemblant,
Dans le tumulte des soifs et des mondes,
broyant le grain des paroles,
cherchant la source brève, la présence sans nom ?
___________

Monde errant sont les paroles,
forêt en marche sous le vent oblique
avec dispersion d'oiseaux.
En elles, le temps se dépose
comme une encre invisible.
La nuit descend dans ta voix,
tend le cou vers l'aurore
au-dessus des décombres.
 ___________

Tu parles aussi pour toi hors du temps
dans ce grand désordre couleur d'ivresse
des routes des heures des paysages.
Tu parles parmi les ombres finales de la nuit
au bord de l'inimaginable absence.
Tu ne dis rien, tu es en proie à toi-même,
tu cherches la place d'être
un autre ou personne.
___________

Tu construis une ville visible 
avec des voyelles pour fenêtres,

des tunnels soudains, des pages de sable.
Les mots sont des chambres où la nuit
repose, mère du monde.
Ce que tu dis et ce que tu vois
ont même vêtement, même présence,
dans le jour inconnu.
___________

Dans la géométrie du soleil mobile,
ailes ouvertes sur tant de plaines,
de décombres et de scintillements,
Tu t'éloignes et te rejoins,
tu te rassembles,
Tu es toi-même chaque mot que tu dis
et chacun te conduit en ce lieu
où tu es plus toi-même que toi.
___________
Ces poèmes de Lionel Ray sont extraits d'un livre intitulé " Comme un château défait ", 1993 , éditions Gallimard.  Les photos sont de Fernand Bignon ( autour de 1925 )

vendredi 28 août 2015

Tarot -2- La Papesse , la Dame du Lac

 Le Tarot de la Quête du Graal:

- Les arcanes majeurs ou '' grands pouvoirs'' ( suite )

2-papesseTarot -2- La Papesse , la Dame du Lac

Gardienne du Temple de la sagesse, elle tient entre ses mains le livre de la Connaissance et des mystères de l'univers. Elle a pour mission de faire respecter les secrets du sacré et d'empêcher toute intrusion hostile... Elle peut alors nous préparer à soulever le voile de notre ''moi'' intérieur.
La Papesse est un élément féminin dont la force est constituée sur l’équilibre et sur la précision.
Elle pourrait représenter aussi, '' la gestation '' des idées avant de passer à l’action (L’IMPÉRATRICE) et vers la concrétisation (L’EMPEREUR)... LA PAPESSE dirige souvent vers des domaines inexplorés, voire des domaines interdits et elle attend toujours le développement...cat_tarot
Elle a le chiffre 2, c'est à dire également le Yin et le yang … C'est La Lune, le double de la lumière solaire sur le plan planétaire, elle est la manifestation symbolique du pouvoir fécondant de cette Matrice universelle qui est la souveraine de cette puissante énergie sexuelle qui serpente en toute chose.
la Dame du Lac speedllLa Papesse a la maîtrise de la Vouivre, l'énergie de la ''Terre-Mère''
Au Dragon-Vouivre ( aux deux aspects, bénéfique et maléfique), nous disent les anciennes légendes, on offre des sacrifices, parfois humains, sous la forme le plus souvent d'une vierge. Vient alors le Chevalier, le Héros, le Saint ou la Sainte qui soumet le Dragon et délivre la Femme prisonnière.
C'est là, morcelée, l'image de l'Unité perdue, la Femme représentant la juste réceptivité, le Dragon l'énergie vitale qui, tous deux, sont nécessaires au Héros pour qu'il puisse accéder à la royauté véritable.La papesse 2
Au cœur d'une île, au beau milieu d'un lac, est assise la Dame du Lac sur un trône de roseaux. Elle tient une épée et un livre, et un panier est posé à côté d'elle. Derrière, une grue.
Dans les légendes arthuriennes, les femmes de l'Autre-Monde guident et instruisent Arthur et sa cour.
Pendant le Moyen-âge, nombreux aspects de ''l'ancienne déesse'' passent aux nombreuses damoiselles, dames à qui l'on fait du tort... Si on se reporte aux textes anciens, au lieu de damoiselles qui requièrent l'assistance des chevaliers pour recouvrer leurs droits, ce sont de puissantes dames d'une stature exceptionnelle qui se manifestent pour aider et assister les chevaliers.La dame du Lac
La Dame du lac est issue d'une lignée très complexe de ce genre de dames, dont la principale est Morgane, fille d'Avalon... C'est elle qui soigne les blessures d'Arthur après la bataille de Camlan, et qui veille sur lui, dans le temps de l'Autre-Monde, jusqu'à ce qu'il soit rappelé...
Guérisseuse, la Dame du Lac est aussi, nourricière et initiatrice. Chez les peuples de race Celte, des femmes guerrières forment les les garçons dans l'art du combat. La tradition française médiévale parle de l'éducation de Lancelot par la Dame du Lac.
Ste Marie Madeleine, enluminure, manuscrit KB76F5 - Bibl. Royale
Ste Marie Madeleine, enluminure, manuscrit KB76F5 - Bibl. Royale
Avec le Christianisme, bien sûr, ces ''modèles'' sont délaissés... Sauf, qu'ils peuvent revenir par la sagesse populaire : ainsi le culte marial. Marie, est l'une de ces images; et qui peut avantageusement être complétée par la figure de Marie-Madeleine. Elles est une disciple proche de Jésus, l'apôtre des apôtres. Elle représente l'union essentielle entre l'âme humaine et l'Esprit de dieu.


- la Question du Graal : Quelle est 'votre' source de 'connaissance' ?
Sources : Le Tarot Arthurien de Caitlin et John Matthews

mardi 25 août 2015

Honneur à l'incroyance : A. Comte (1798-1857) et Emil Cioran (1911-1995) – 6

Tomasz Alen Kopera

Le positiviste Comte (1798-1857) ne se dit ni théiste, ni athée, mais ignorant. La raison humaine est incapable de prouver l'existence ou la non-existence de Dieu …
A son époque, la science bouscule la religion, et le savant écarte le prêtre... Après l'état théologique, puis philosophique, l'humanité atteint l'état scientifique … L'athéisme est pour lui contre-productif, puisqu'il ne fait qu'entretenir l'idée de dieu … Le positivisme substitue à la question du ''pourquoi'', celle du ''comment''...
Comte, admet que les hommes ont besoin d'un objet de vénération qui les dépasse. Puisqu'il leur faut une religion, ce sera celle de l'Humanité : «  le seul véritable grand Être, dont nous sommes les membres nécessaires. »

Après cet élan positiviste, et cette croyance en la Science toute puissante... Cioran (1911-1995), représente bien la défaite des 'idéaux', en cette fin de cette première moitié du XXe siècle.
Tomasz Alen Kopera
On se dit que Cioran a montré par son témoignage de vie, qu'il n'est pas ''indifférent'' et qu'il est sincère. Il est aux antipodes de la vanité médiatique des intellectuels. Il refuse les honneurs et vit pauvrement. Sa vison de la vie est lucide et désespérée...

Cioran ne peut admettre l'existence d'un dieu, surtout d'un Dieu bon. Son athéisme découle d'un sentiment du malheur du monde... Il aurait presque plus de facilité à ''croire'' en un mauvais démiurge... Cioran ne comprend pas que le christianisme ai ''fait'' de Dieu une ''personne'', avec qui on peut bavarder ( et polémiquer …). A la contemplation on substitue la tension, créant ainsi avec la divinité des rapports passionnels.
Cioran qualifie le monothéisme d' oppressant, opprimant, obligatoire, unidirectionnel, créateur de névroses, intolérant et tyrannique … Le monothéisme exige la Foi. Bien sûr, l'histoire peut illustrer tous ces forfaits par maints exemples ...
Cioran prédit actuellement la disparition du christianisme puisqu'il abandonne l'intolérance. « L'intolérance était sa raison d'être. Pour son malheur il a cessé d'être monstrueux... »

Tomasz Alen Kopera
Les critiques de Comte, aujourd'hui, après la tyrannie des ''utopies'' et idéologies du XXe s, avec les limites reconnues de la Technique et de la Science ; me semblent aussi ''datées'' que les critiques du modernisme de l'Eglise d'alors …
Cioran, sans doute, s'approche plus des critiques qui nous interrogent actuellement. Cioran parle d'une divinité construite par le raisonnement humain, et dotée d'une certaine efficacité ( de cour terme), pour qu'elle fonctionne.
Personnellement, ce que je découvre c'est une idée de Dieu qui s'est construite, et qui s'appuie sur des moments-clés, que j'appellerai ''Révélation''... La plus importante étant celle qui est consignée dans les Evangiles. Révélation parce qu'il s'agit véritablement d'un ''don'' ( d'une grâce ) ; et semble t-il, l'humain n'en a pas encore fait le tour... Ce Dieu là, ce n'est pas l'homme qui l'a inventé ; et ce Dieu là, nous ne le connaissons qu'imparfaitement, voire si peu …
Je pense que le ''Dieu-Personne'' est une géniale découverte... C'est l’expérience même que vit Jésus ...

Contre l'avis de Cioran, je pense que ce ''Dieu'' gagne du terrain. Le Christianisme n'en est qu'à ses balbutiements, et après bien des errements ...
Tomasz Alen Kopera

vendredi 21 août 2015

Tarot - 1 – Le Bateleur, Merlin.

Le Tarot de la Quête du Graal:

- Les arcanes majeurs ou '' grands pouvoirs'' ( suite )

1-bateleur- 1 – Le Bateleur, Merlin.

Divers instruments sont à la disposition du bateleur : la coupe ( le féminin, l'amour), la baguette ( affirmation de soi) le denier ( les pieds sur terre), le poignard ( prendre ses responsabilités..). Astucieux, le bateleur capte notre attention, et nous montre que nous avons tous les éléments pour atteindre notre objectif.
Merlin, adepte des transformations, est éternellement jeune. Il est le médiateur entre les réalités de ce monde et celles de l'autre...
Merlin_0001Merlin se tient devant une table de pierre sur laquelle est posée une carte du monde dans lequel nous vivons... Les quatre ''Objets Sacrés'' : le Graal, l’Épée, la Lance et l'échiquier de Pierre, sont posés devant lui. Au-dessus de lui, un dragon rouge et un dragon blanc sont entrelacés. A sa droite apparaît la tour croulante de Vortigern ; à sa gauche, domine sa demeure de l'Autre-Monde, avec beaucoup de portes et de fenêtres.
Je vous invite à connaître la légende ancienne, dans laquelle Merlin enfant est amené devant Vortigern, merlin dragons 2l'indigne roi de Bretagne, qui essaie – en vain – d'édifier une tour … En fait, deux dragons l'en empêchaient...
A lire, également, l'emprisonnement volontaire de Merlin, pour l'amour de Viviane ( ou Nimüe)...
Merlin est le héraut intérieur de rêves, dispensant les messages de l'Autre-Monde sous une forme symbolique... Il a la maîtrise sur les quatre éléments, mais il ne manipule pas les événements. Sa ''magie'' consiste en sa méditation équilibrée des deux mondes, l'intérieur et l'extérieur.
- La Question du Graal : Quelle ''connaissance'' peut améliorer votre vie ?
Sources : Le Tarot Arthurien de Caitlin et John Matthews
Voir ici :
Merlin l'Enchanteur Il était une fois, en Bretagne, une jeune femme qui mit au monde un bébé si velu qu'on n'en avait jamais vu de semblable. Elle demanda aux personnes qui l'assistaient de le porter immédiatement à l'église pour qu'il reçût le baptême. – Quel nom voulez-vous lui donner ? – Celui de son aïeul 
La pierre merveilleuse Seize années s'écoulèrent. Uter Pendragon mourut, deux ans après Ygerne. Comme il n'avait point d'héritier direct, les barons du royaume trouvèrent une solution très simple : demander à Merlin de leur en désigner un. – Attendez le jour de Noël, répondit Merlin. Donc, la veille de Noël, les barons se réunirent à …
Artus et les chevaliers Après avoir chevauché quelques heures, ils éprouvèrent le désir de se reposer. On était au printemps. La beauté du ciel, le chant des oiseaux, la fraîcheur de la verdure naissante les plongèrent dans une douce rêverie. Ils n'en sortirent que pour s'apercevoir que quatorze jeunes gens, tous beaux et bien vêtus, …

mardi 18 août 2015

Développement personnel et Spiritualité -2/2-

Emil Nolde - Herbstmeer VII (Autumn Sea VII) (1910)

Dans notre vie quotidienne, le chrétien que nous tentons d'être a sans doute - au profit de l'efficacité de l'action - abandonné le temps de la contemplation.

- « Il nous est bien difficile de rester dans une présence gratuite, de passer du temps avec Dieu sans nous demander à quoi cela sert et en quoi cela nous transforme. » Jean-Marie Gueullette, dominicain, docteur en médecine et en théologie.

- D'autre part, les personnes 'agnostiques' en recherche, pensent que l'Eglise – en matière de 'méditation' n'a rien à proposer …
« Si la littérature chrétienne est discrète sur ces questions, c'est par défiance à l'égard de toute méthode ou de toute technique qui pourrait donner l'illusion que l'union avec Dieu serait accessible par les efforts de l'homme, et non dans la réception de la grâce, du don de Dieu. » (…)
« une longue tradition contemplative et silencieuse chrétienne s'est arrêtée au début du XVIIIe siècle, pour laisser place à une spiritualité de l'action, du service. » J.M. Gueullette.

A mon avis, c'est une des richesses de la spiritualité ignatienne, que de vouloir réunir ces deux pôles ...
Sunset d' Odilon Redon

samedi 15 août 2015

Développement personnel et Spiritualité -1/2-

Reflection - Odilon Redon
Chez les catholiques, il est de plus en plus admis qu'il est possible de concilier spiritualité, psychologie et méditation.
Certaines personnes s'offusquent encore que le terme ''spiritualité'' ne soit pas réservée à l'action ''catholique'' du Saint-Esprit...
Je suis de ceux qui considèrent que l'action du Saint-Esprit souffle où il veut ( et aussi en dehors de l'Eglise …).
Aujourd'hui, notre connaissance de 'soi' nous amène à chercher à concilier le corps et l'esprit, le mental et le ressenti ; dans une approche plus globale, plus intégrative de l'être humain ; et donc aussi dans sa dimension spirituelle …
Ainsi, nous savons que la guérison ne passe pas seulement par le tout-technique ou le tout-contrôle ; et bien sûr nous savons aussi que la part spirituelle de l'humain ne saurait être réduite à ce qui relève de la psyché.

Il nous faut prendre ne compte les multiples témoignages qui relatent qu'une redécouverte de leur esprit ( plus exactement la psyché, ou l'âme ) et de leur corps (par la méditation, par exemple) les conduit à une redécouverte de cette fine pointe de l'esprit ( que l'on dit en contact avec le divin …)

Christophe André, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, écrit : « La spiritualité, c'est tout simplement l'attention, le respect, l'humilité accordés à la vie de l'esprit, perçu comme chambre d'écho du monde, visible ou invisible. »
« J'ai lu un jour cette remarque attribuée au Dalaï-Lama : « Nous pouvons nous passer de thé, mais pas d'eau. Tout comme nous pouvons nous passer de religion, mais pas de vie spirituelle. » 
Odilon-Redon - The-Sacred-Heart
La spiritualité peut parfaitement se vivre de manière laïque. Et aussi conduire à une qualité accrue de notre foi si nous sommes croyants. C'est pourquoi de nombreux croyants viennent aujourd'hui à la méditation : car la seule foi ne suffit pas à guérir (elle est là pour sauver, pas pour soigner). Et ils s'en retournent ensuite, enrichis, apaisés, vers leur religion : car la seule méditation ne suffit pas à pleinement les nourrir... »

Frédéric Midal ( philosophe, fondateur de l'École occidentale de la méditation et bouddhiste) rappelle des idées essentielles, fondement de toute spiritualisé :
  • « la guérison n'est pas le fruit d'un effort de la volonté, mais vient lorsqu'on cesse de tout vouloir organiser, gérer et dominer. » Dans mon langage ignatien (CVX), je retrouve l'idée de commencer par ''louer'' ''adorer'', donc l'idée commune de ''lâcher prise''
  • Attention, à ne pas nous enfermer dans notre ''problème'' ….
  • La méditation vise à mettre un terme à une quête narcissique. Nous sommes invités à nous mettre en face de ce qui est... Exactement tel qu'il est.

mercredi 12 août 2015

Tarot - 0- Le fou, le Chercheur...

Le Tarot de la Quête du Graal

- Les arcanes majeurs ou '' grands pouvoirs''

0-fou (1)- 0- Le fou, le Chercheur

Nous sommes au début de la Quête... Dans un paysage désolé, le Chercheur commence son voyage. Vêtu de haillons et pieds nus, il part d'un lieu élevé et emprunte la voie de l'arc en ciel, inspiré par le chant des oiseaux de Rhiannon qui volent au-dessus de lui.
Toutes les quêtes commencent par une question... La plus basique, élémentaire et existentielle : Que fais-je là ? Quel sens.. ? Pourquoi les choses sont-elles ainsi... ? Etc … Toutes sont une variante de la fameuse question du Graal : " A qui le Graal est-il servi. ? " … Ce questionnement est le propre du Chercheur.Tarot arthurien - Le Chercheur
Le Chercheur du Sacré est poussé par un profond désir de connaître et d'expérimenter ; de trouver la guérison du monde et de chercher sa direction personnelle. Cette voie est à la fois voyage et but.
Potentiellement, chaque Chercheur(se) est le vainqueur du Graal, un rôle qui convient aux femmes comme aux hommes. PercevalLa légende Arthurienne, nous propose le personnage de Perceval, que son désir d'expérience conduit à devenir l'un des chevaliers du Roi Arthur... Cependant, il est au départ le '' fou '' parfait...
Pour obtenir les '' objets sacrés '' le Chercheur doit parcourir le monde physique. Il le fait humblement, sans le poids d'idées arrêtées... Il commence un voyage de transformation de soi.
La voie de l'arc en ciel, c'est la voie de l'expérience...
- La question du Graal : Que cherchez-vous dans la vie ?
Sources : Le Tarot Arthurien de Caitlin et John Matthews

dimanche 9 août 2015

Croyance – J. Cl Carrière – 3- la Foi, objet de débat ?


Jean Claude carrière, ajoute :
« Il est en effet essentiel, pour un croyant, de se montrer totalement fermé à tout argument qu'on lui oppose. La foi ne veut rien entendre, et c'est à cela qu'on la reconnaît. Elle n'est pas un objet de débat. »
« Toute discussion, toute mise en doute, si raisonnable et si pondérée qu'elle soit, ne sert ni à apaiser ni à expliquer - et encore moins à persuader. »
« Inutile de préparer des arguments pour répondre aux questions qui pourraient se poser, et cela pour une bonne raison : il n'y a pas, ou plutôt il n'y a plus de question. »
« Le croyant contemporain est l'auteur et le propriétaire de la croyance qui le possède, et à laquelle il s'identifie pleinement, ce qui explique la brutalité avec laquelle il traite, souvent, celui qui est le plus proche de lui. "Se odian como hermanos", dit-on en espagnol, "ils se haïssent comme des frères." »
Ces propos sont intéressants, et doivent interroger les ''croyants''. Personnellement, je pense que nous devons travailler à dire le contraire...
Un peu comme ceci :

« Il est en effet essentiel, pour un croyant, de se montrer ouvert à tout argument qu'on lui oppose. La foi peut tout et doit tout entendre, et c'est à cela qu'on la reconnaît. Elle n'est pas un objet de débat, dans la mesure ou on ne recherche pas de consensus, ou on ne travaille pas pour se mettre en accord autour d'une formulation acceptée de tous... Elle est objet de débat, parce que la Foi s'enrichit du dialogue.»
« Toute discussion, toute mise en doute, aussi peu raisonnable qu'elle soit, ne sert ni à apaiser ni à expliquer - et encore moins à persuader... Elle sert à enrichir, douter, et avancer...»
«Il est passionnant de préparer des arguments pour répondre aux questions qui pourraient se poser, et cela pour une bonne raison : il y a fondamentalement au cœur de la Foi, une question non résolue, un doute ... »
« Le croyant contemporain est l'auteur de la Foi qui l'habite, et à laquelle il peut s'identifier, ''tout' donner''.. Cet 'abandon', ce renoncement à autre chose le rapproche de la fragilité de chacun. Dans l'idéal, le croyant n'ayant plus rien à perdre, pourrait s'imaginer comme l'exemple même de l'amour total ...»

A propos de - Croyance, éditions Odile Jacob - Jean-Claude Carrière

vendredi 7 août 2015

Croyance – J. Cl Carrière – 2- la Foi, comme objet de connaissance ?


Personnellement, plutôt que '' Comment peut-on croire ? '' la question qui m'interroge concerne la possibilité de trouver un terrain 'conceptuel' ( sur le plan de la raison ) où ''croyants'' et ''non-croyants'' puissent se comprendre, débattre, et envisager la possibilité ( avec toute leur raison ) de croire ou ne pas croire...

Ce n'est pas si simple … En effet, cette question ne touche pas le même niveau de connaissance...

Par exemple : la recherche scientifique en cosmologie suscite de nombreux débats concernant les ''trous noirs'', ou le ''vide quantique'' ( ou 'pire' : les multivers... ) des hypothèses sur lesquelles les scientifiques peuvent légitimement s'opposer, et, pour l'instant les preuves expérimentales de ces hypothèses sont fragiles … Bien, - on ne sait s'il s'agit d'ailleurs si ces 'hypothèses ' sont des connaissances scientifiques ou des 'croyances' – malgré tout, je considère que ces débats concernent le même champ de connaissance : la réalité matérielle... 

Quand, on parle de spiritualité, nous ne sommes même plus sur ce champ de connaissance... D'ailleurs, et c'est très important : si les scientifiques peuvent à propos des thème précédents avouer sans fausse honte leur ignorance ; la religion n'a aucune légitimité pour y apporter une réponse... Erreur bien souvent commise dans notre histoire... !
A mon avis, le danger de la ''Croyance'' c'est, quand nous confondons science et spiritualité, quand nous évoquons des affirmations pseudo-scientifiques, pour dévier sur la religion.

La violence sur fond d'islamisme radical, elle, nous renvoie au heures les plus sombres de l’obscurantisme de toute une société... A mon avis, ce problème ne relève pas du débat précédent … sinon, de faire l’amalgame entre Foi et Violence.


Aussi, je pense que Jean-Claude Carrière, élude la vraie question de la croyance quand il écrit abusivement : « Nous devons à présent nous faire une raison. A l'issue d'un long combat, la croyance, aujourd'hui, l'emporte sur la connaissance. ». S'il y a crise, aujourd'hui, elle ne remet pas en cause la lente évolution qui conduit en parallèle connaissance scientifique et connaissance spirituelle ...


Quand Jean-Claude Carrière s'interroge :« Qu'est-ce que cette chose étrange que la croyance ? Cette chose qui est en nous et que les progrès de la connaissance depuis deux ou trois siècles n'ont pas réussi à étouffer, interroge. » Je crains qu'il n'envisage ou ne valide, qu'un type de connaissance ''acceptable '' : la connaissance scientifique …

« La croyance a été définie comme une certitude sans preuve. C'est-à-dire “je suis sûr de quelque chose mais je ne peux pas le prouver”. » J. Cl. Carrière

Effectivement, j'en conviens, je ne peux pas prouver ( connaissance scientifique) ma Foi... ! Pour autant, je ne considère pas que ma religion ( à moins d'être désavouée par elle, … c'est possible …) affirme être la seule à posséder ( détenir ) La Vérité... Ce point reste – je le reconnais – crucial … !

mercredi 5 août 2015

Croyance – J. Cl Carrière – 1- Comment peut-on croire ?


Je comprends très bien que l'on puisse être en colère, ces derniers temps contre '' la Religion ''… Même si cette formule me gène par son raccourci … Reconnaissons que les violents conflits religieux actuels, au Moyen-Orient ( mais aussi en Asie ou en Afrique ) sont source de scandale... Ensuite, on peut faire le pas, et s'attaquer à ce que l'on va nommer ''La Croyance ''. Jean-Claude Carrière (*) , a fait le pas, et publie un livre - Croyance, éditions Odile Jacob -

« Se battre pour une terre, pour de l'argent, voire pour une femme, je peux le comprendre, mais pour une croyance, au risque d'y laisser sa vie, je ne peux pas. »
Bien que la motivation de nombreuses de ces guerres soit politique, et qu'il y a des enjeux de pouvoir et de territoire J.Cl Carrière y voient aussi de vraies guerres de religions.

- Il cite un ouléma sunnite de Daech entièrement vêtu de noir qui disait à propos des chiites : « S'ils refusent de se convertir à notre tradition, nous n'aurons pas d'autre choix que de les tuer. » Cette phrase est incroyable : ou tu penses ce que je pense - or ce que je pense est invérifiable - ou je te tue. »

- Il est difficile de comprendre qu'à la veille du siècle des Lumières, un roi se laisse convaincre par son entourage de révoquer l'Édit de Nantes - qui reconnaît les droits des protestants en France depuis 1598 -, ne se rend-il pas compte de ce qu'il va provoquer ? De l'autre côté, comment se fait-il que des Cévenols préfèrent mourir - en masse parfois : 500 villages ont été complètement rasés - plutôt que de renoncer à un aspect de leur foi chrétienne ?

- Dans l'art, et en particulier le cinéma, « Il y a une expression anglaise qui définit ainsi le cinéma : « you must make believe », il faut faire croire. Mais il s'agit avant tout d'un spectacle. Et d'un spectacle avoué. Aucun film ne se présente comme la revendication d'une vérité.

J. Cl Carrière présente ainsi l'énigme que lui pose ''la Foi '' : « ... ce mystère de l'esprit humain : grâce au travail des historiens des religions, nous savons que nous avons inventé les Cieux, nous savons où, quand, comment et pourquoi, mais voilà que nous finissons par croire à la vérité de ce que nous avons inventé... Comment se fait-il que ce qui est au départ une invention, une illusion, devienne pour nous-mêmes une vérité ? Au point de pouvoir tuer et mourir au nom de cette vérité. Cela m'a toujours sidéré. »
Croire, serait-il l'équivalent – pour notre esprit - d'entrer dans le scénario du film, et refuser de sortir de la salle obscure... ? L'imaginaire serait plus fort que le réel... ?

Extrait : « Le croyant et le crédule »

« Je peux m'interroger longuement, et sans résultat - d'ailleurs la pensée est-elle destinée à un « résultat » ? - sur l'aveuglement, l'extravagance, la naïveté, l'obstination et l'extrême brutalité, parfois, de ceux qui croient - et aussi sur le cynisme mercantile de ceux qui donnent à croire. La conviction des croyants est entière et inaltérable. Rien ne l'ébranle, et ce qui paraît troublant, aujourd'hui, en mettant côte à côte la recherche scientifique et la croyance, c'est que la certitude a changé de camp. Le chercheur s'interroge sans cesse, le croyant ne doute jamais. Il faut sans doute, au passage, distinguer le croyant du crédule. Celui-ci avale les yeux fermés toutes les mouches de passage. Il est naïf et un peu bête, une occasion, dans tous les pays du monde, de mille blagues. Il est amusant, nigaud, on lui fait croire tout ce qu'on veut. Il peut aller voir là-bas si j'y suis. Le croyant, au contraire, s'est fixé sur une vérité précise, et il n'en démordra pas. Il ne croira, désormais, que ça. »

(*) Jean-Claude Carrière est l'auteur De l'adaptation du Mahabharata*, avec Peter Brook ; de l'écriture de La Controverse de Valladolid, le sujet de la religion a toujours inspiré J. Cl Carrière.

dimanche 2 août 2015

Lecture ignatienne de " LAUDATO SI "

Ignace de Loyola
Cette lecture ignatienne de l'encyclique d'un pape jésuite, semble naturelle. Elle peut se faire selon quelques principes :
  1. Louer : c'est à dire observer, admirer, ralentir...
  2. L'indifférence à être riche ou pauvre … Choisir le don de dieu : la grâce...
  3. Trouver Dieu en ''toute chose''
  4. Prier 'sa vie', le sens du travail …
  5. L'engagement
1 Louer :
 "Ralentir la marche pour regarder la réalité d'une autre manière" (114). Le Pape demande aussi de "ralentir un rythme déterminé de production et de consommation", ce qui "peut donner lieu à d'autres formes de progrès et de développement" (191).

2 Sobriété :
"vingt pour cent de la population mondiale consomment les ressources de telle manière qu'ils volent aux pauvres, et aux futures générations " (95).
« Nous savons que le comportement de ceux qui consomment et détruisent toujours davantage n’est pas soutenable, tandis que d’autres ne peuvent pas vivre conformément à leur dignité humaine. C’est pourquoi l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties » (193)
«  Par ailleurs, aucune personne ne peut mûrir dans une sobriété heureuse, sans être en paix avec elle-même. La juste compréhension de la spiritualité consiste en partie à amplifier ce que nous entendons par paix, qui est beaucoup plus que l’ab­sence de guerre. La paix intérieure des personnes tient, dans une large mesure, de la préservation de l’écologie et du bien commun, parce que, authentiquement vécue, elle se révèle dans un style de vie équilibré joint à une capacité d’admiration qui mène à la profondeur de la vie » (225).

3 En toute chose
« Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnemen­tale. Les possibilités de solution requièrent une ap­proche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature » (138)
« L’idéal n’est pas seulement de passer de l’extérieur à l’intérieur pour découvrir l’action de Dieu dans l’âme, mais aussi d’arriver à le trouver en toute chose, comme l’enseignait saint Bonaventure » (233)

4 Le travail, le ''monde'' ...
Il ne faut pas "que le progrès technologique remplace de plus en plus le travail humain, car ainsi l'humanité se dégraderait elle-même" (128).
Il faut avoir « le courage de nous rendre compte de la réalité d’un monde limité et fini » (56)
« L’humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui le provoquent ou accentuent. » (23)
Vouloir concilier « la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l'environnement et le progrès » ne ferait que retarder un peu l'effondrement (194).


5 L'engagement :
- Reconnaissance de la dette écologique des pays riches (51)
- Remise en cause des règles du commerce international (52) (une critique de l'OMC, des traités internationaux en cours de discussion comme le TAFTA ?) 
- Établissement d'un système de normes environnementales mondiales "qui assure la protection des écosystèmes " (53) et (173), mais en tenant compte des problématiques locales (144).
- Refus du marché carbone comme solution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (171).


Illustrations de l'artiste: Blake Flynn

Sources : Extraits d'un bulletin interne du Réseau de diacres de spiritualité ignatienne. Par Arnaud du Crest, CVX Loire-Océan, membre du groupe Paroles de chrétiens sur l’écologie, Nantes.