mardi 25 août 2015

Honneur à l'incroyance : A. Comte (1798-1857) et Emil Cioran (1911-1995) – 6

Tomasz Alen Kopera

Le positiviste Comte (1798-1857) ne se dit ni théiste, ni athée, mais ignorant. La raison humaine est incapable de prouver l'existence ou la non-existence de Dieu …
A son époque, la science bouscule la religion, et le savant écarte le prêtre... Après l'état théologique, puis philosophique, l'humanité atteint l'état scientifique … L'athéisme est pour lui contre-productif, puisqu'il ne fait qu'entretenir l'idée de dieu … Le positivisme substitue à la question du ''pourquoi'', celle du ''comment''...
Comte, admet que les hommes ont besoin d'un objet de vénération qui les dépasse. Puisqu'il leur faut une religion, ce sera celle de l'Humanité : «  le seul véritable grand Être, dont nous sommes les membres nécessaires. »

Après cet élan positiviste, et cette croyance en la Science toute puissante... Cioran (1911-1995), représente bien la défaite des 'idéaux', en cette fin de cette première moitié du XXe siècle.
Tomasz Alen Kopera
On se dit que Cioran a montré par son témoignage de vie, qu'il n'est pas ''indifférent'' et qu'il est sincère. Il est aux antipodes de la vanité médiatique des intellectuels. Il refuse les honneurs et vit pauvrement. Sa vison de la vie est lucide et désespérée...

Cioran ne peut admettre l'existence d'un dieu, surtout d'un Dieu bon. Son athéisme découle d'un sentiment du malheur du monde... Il aurait presque plus de facilité à ''croire'' en un mauvais démiurge... Cioran ne comprend pas que le christianisme ai ''fait'' de Dieu une ''personne'', avec qui on peut bavarder ( et polémiquer …). A la contemplation on substitue la tension, créant ainsi avec la divinité des rapports passionnels.
Cioran qualifie le monothéisme d' oppressant, opprimant, obligatoire, unidirectionnel, créateur de névroses, intolérant et tyrannique … Le monothéisme exige la Foi. Bien sûr, l'histoire peut illustrer tous ces forfaits par maints exemples ...
Cioran prédit actuellement la disparition du christianisme puisqu'il abandonne l'intolérance. « L'intolérance était sa raison d'être. Pour son malheur il a cessé d'être monstrueux... »

Tomasz Alen Kopera
Les critiques de Comte, aujourd'hui, après la tyrannie des ''utopies'' et idéologies du XXe s, avec les limites reconnues de la Technique et de la Science ; me semblent aussi ''datées'' que les critiques du modernisme de l'Eglise d'alors …
Cioran, sans doute, s'approche plus des critiques qui nous interrogent actuellement. Cioran parle d'une divinité construite par le raisonnement humain, et dotée d'une certaine efficacité ( de cour terme), pour qu'elle fonctionne.
Personnellement, ce que je découvre c'est une idée de Dieu qui s'est construite, et qui s'appuie sur des moments-clés, que j'appellerai ''Révélation''... La plus importante étant celle qui est consignée dans les Evangiles. Révélation parce qu'il s'agit véritablement d'un ''don'' ( d'une grâce ) ; et semble t-il, l'humain n'en a pas encore fait le tour... Ce Dieu là, ce n'est pas l'homme qui l'a inventé ; et ce Dieu là, nous ne le connaissons qu'imparfaitement, voire si peu …
Je pense que le ''Dieu-Personne'' est une géniale découverte... C'est l’expérience même que vit Jésus ...

Contre l'avis de Cioran, je pense que ce ''Dieu'' gagne du terrain. Le Christianisme n'en est qu'à ses balbutiements, et après bien des errements ...
Tomasz Alen Kopera

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