mercredi 22 février 2017

La vie d'une sorcière au Moyen-âge -1/4-

La sorcière ( ou le sorcier) si elle est d'une communauté paysanne, a pu commencer par être une gêne, une honte de la famille parce qu'elle est ''tord'', bossue, ou pied-bot... ou hors-norme... La jeune fille devient rusée, pour éviter les ricanements, les coups... Et, c'est de la sorcière qu'elle est tentée de se rapprocher ...
La sorcière est aussi l'objet d'un rejet des autres habitants. Elle est parfois une rescapée d'un massacre avec incendie et pillage où elle a tout perdu, enfants, mari, famille, maison, tout. Catastrophes qui l'ont laissée « un peu fêlée sous l'bonnet ». Elle commence par faire peur aux villageois qui ne la reconnaissent pas, traînant avec elle les stigmates du malheur. Les gens angoissés la chassent au bois ou au désert, la traitant de sorcière.
Certaines peuvent réussir, si l'on peut dire... Un peu d'or vient « récompenser » l'interminable recherche des plantes, les litanies nocturnes, l'acharnement à nuire, les sacrifices de bêtes innocentes. De quoi faire choir, parfois, n'importe quelle raison.. Et, ne plus quitter le monde du mystère.

Ceux qui s'approchent des secrets liés aux envoûtements graves et aux sacrifices se coupent d'eux-mêmes du monde villageois. Ils font peur. Cela devient leur raison d'être. Ils s'écartent des villages, des hameaux, et finissent par former une sorte de société où s'établit une hiérarchie instinctive.

La première mention en français de la sorcière apparaît au milieu du XIe siècle, dans le Roman d'Éneas (1060). Avant l’an 1000, sous les Carolingiens, on qualifie ces femmes, qui manipulent des herbes et que l’on soupçonne d’ensorceler, d’herbariae,  de sortiariae, de fascinatrices, d’enchanteresses, de stryges ou de femmes maléfiques.
Le portrait type de la sorcière y a été forgé avec les éléments présents dans l’imaginaire médiéval, et en premier lieu, le vol des sorcières. Cette idée du transport par les airs est une croyance antique attestée et relayée dans le Malleus Maleficarum (  le Marteau des Sorcières, manuel publié en 1486 par Heinrich Kramer pour répondre à toutes les questions des juges en matière de sorcellerie.)

Ainsi, pendant des siècles, les sorcières furent assimilées aux guérisseurs et aux devins. Les maladies, les tempêtes, les famines, étaient perçues comme des phénomènes surnaturels sur lesquels les sorcières possédaient une certaine emprise. On les disait également capables de voler la nuit, de se transformer en animal et il était admis qu'elles se rassemblaient régulièrement autour du Diable, à l'occasion de diverses célébrations. Ces femmes étaient craintes et leurs supposés pouvoirs attisaient la méfiance et les jalousies. Alors, les sorcières furent proclamées ennemies du genre humain et chacun se crut en droit de les faire mourir.


Mais aux alentours de 1300, nous n'en sommes pas encore là...
Pour l'Eglise, la sorcière est déjà passée sous l'influence du Diable, mais pas vraiment sous le statut d'hérétique... Ce qui lui donnera prochainement droit aux procès d'inquisition...
Craintes par les villageois, elles se font discrètes Malgré tout, la plupart des villageois fait appel à leurs services. Elles font des incantations, des dessins dits « magiques » pour compléter leurs remèdes ou pour servir à invoquer les forces du mal... La sorcière est recherchée puis jugée avant d’être punie, d’abord légèrement. Les conditions de vie sont dures et le Diable est tenu pour responsable.
A noter quelque chose d'intéressant :
A propos du transport au sabbat, le Canon Episcopi, datant de 906 est très clair : le vol des sorcières est une invention, une affabulation ou un rêve qu’il ne faut pas prendre au sérieux, tout comme la participation effective au sabbat. Par contre, pour la plupart des théoriciens de la chasse aux sorcières du XVIe siècle, le sabbat existe bel et bien ! En 1451, des femmes se déplacent à califourchon sur leur outil de ménage. "Le champion des dames", d'un certain Martin le Franc, est un manuscrit que l'on qualifierait aujourd'hui de pseudo-scientifique. Selon l'ouvrage, les sorcières vaudoises volent vraiment dans les airs !

Le Christianisme transforme aussi progressivement la sorcellerie. Les formules se christianisent; on fait appel aux Saints et à la Vierge pour faciliter les opérations magiques. (Claude Lecouteux, “Le livre des grimoires”)  

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