jeudi 31 décembre 2015

Lecture de Monsieur Ouine de Bernanos -3/ -

Inness, George - The Rainbow

Je reprends :
Nous sommes à Fenouille :  un petit village du Nord, où l’on sent, diffuse sans être toujours explicite, la présence des soldats tombés dans les tranchées.
« D’ailleurs, tout le monde pue, les hommes, les femmes, les bêtes, la terre, l’eau, l’air que je respire, tout, - la vie entière pue. »

Steeny est un jeune homme qui vit auprès de deux femmes : sa mère, Michelle, veuve d’un poilu mort au front, et Miss, une gouvernante, à qui le lie une relation trouble... Steeny étouffe dans cette famille, cette « cage » qu’il cherche à fuir.
Nous sommes assez proche du mois de novembre 1931 :
Première rencontre entre Philippe ( Steeny) et monsieur Ouine :
« Ô rêve absurde ! Steeny a cru reconnaître le compagnon prédestiné de sa vie, l'initiateur, le héros poursuivi à travers tant de livres. »
Philippe sent autour de lui de nouvelles possibilités de la vie... Une rupture avec le monde d'hier :
« Comme cela s'est élargi autour de moi ! Comme la vie est belle et profonde ! Jamais la mort ne m'a fait moins peur que ce soir. » ( p 28)
Steeny quitte l'enfance, à ce stade -selon M. Ouine - il est proche de 'la femme' : « notre origine est double, hélas ! Et le premier tiers de la vie suffit à peine pour tuer en nous la femme. » ( P 33)

Ouine est sorti, Jambe de Laine , venue le chercher, l'a conduit auprès d'Anthelme. Quasiment en putréfaction, secoué par son épouse, le moribond livre son secret : « Philippe n’est pas mort, garçon. Ton père vit toujours, mon garçon ! »
Je rappelle que Ginette de Néréis, la châtelaine du bourg, dite Jambe-de-Laine, une femme aux rapports confus avec ses proches, l’a enlèvé dans sa voiture. Ils rejoignent la demeure des Néréis, où Anthelme, le châtelain, un vieux viveur, meurt d’une gangrène diabétique. 
G Garouste - la-mandragore-et-le-ricin

Les personnages de ''Monsieur Ouine'', en ce début, et qu'il faudrait connaître avant de commencer...

- Michelle, la mère de Steeny. Elle a perdu son père à 8ans ( il y a a trente ans). Epouse Philippe disparu en 1916.. Vit en compagnie de Miss à qui elle abandonne pratiquement l’éducation e son fils. Son univers est clos. Elle voue à Miss une tendresse ambiguë. C'est une « femme sensible », à la douceur troublante, qui n'a « jamais rien compris à la vie », une résignée sur qui les événements passent comme « la mer sur une pente unie : le flot de la caresse sans l'user » ».

- Miss ( Daisy) Jeunesse malheureuse en Angleterre. Très jeune encore a connu « « les bons amis, les protecteurs bedonnants ». Recueillie par un oncle vicieux. S'échappe, Londres. Les ports. La déchéance. Venue en France, elle trouve « le havre de grâce, la douce maison de Fenouille, ses pelouses fraîches, ses secrets... » Compagne consolatrice de Michelle autant que gouvernante de l’enfant, elle vit avec eux depuis la 'mort' du père. Avec l'une comme avec l'autre, son comportement est sensuellement douteux, voire morbide. Partage avec Michelle la crainte de l'homme, une répulsion physique.

- Steeny ( Philippe) Adolescent marqué par une éducation entre deux femmes. Bien qu'il accepte la vérité maternelle selon laquelle son père a été gazé au cours de la guerre, il reste obsédé par ce père inconnu. Rêve de grandes choses, d'évasion d'une maison où il étouffe et se confie à un jeune infirme, Guillaume. A la fois attiré et dégoutté physiquement par Miss et Jambe-de-Laine, intellectuellement par Ouine. Étranger à la religion, se bâtit lui-même des règles très élastiques du Bien et du Mal.
GAROUSTE BELZEBUTH_2011

- Anthelme de Néréis. Chatelain de Wamnescourt. Usé à 46ans. A mené grande vie sans mépriser les arts. A ramené d'une ribote ( débauche) Ginette de Passamont qu'il a épousée. A installé chez lui M. Ouine. Atteint de gangrène diabétique, il est à l'agonie. Avant de mourir il a un secret à confier à Steeny.

- Jambe-de-Laine : madame de Néréis ( née de Passamont). Femme étrange qui se dépeint elle-même : «  je suis ridicule dans cette espèce de fourreau de soie, et mes longues pattes grêles ? J’ai l’air d’une araignée noire à tête blanche. ». Toujours à courir sur les routes dans une voiture que tire une énorme jument. Plus d'un villageois de flatte de l'avoir culbutée. Bannie par les gens de son monde, elle reste malgré tout, pour le village, l'épouse d'Anthelme le châtelain. Son comportement n'est pas toujours délirant, mais elle a des crises de violence et aime braver l'opinion.

- Monsieur Ouine. Enfance anormalement studieuse. Érudit avant l'âge. Expériences homosexuelles précoces. Professeur de langues vivantes. Curieux des âmes, a perverti plusieurs de ses élèves. Retraité, il a été accueilli au château. Il y trouve le repos et l'abri du monde. A peu près inconnu au village.
G. Garouste
« On l’eût pris volontiers pour une sorte de contremaître, n’était l’extraordinaire noblesse d’un visage aux lignes si simples, si pures que ni l’âge, ni la souffrance, ni même l’empâtement d’une mauvaise graisse n’en altéraient jamais la bienveillance profonde, l’expression de calme et lucide acceptation. »

Guillaume Devandomme. Adolescent infirme. Mère morte, père parti. Elevé par son grand-père Martial et sa tante Hélène. Pur, sensible au mal des autres. Il n'a qu'un seul ami, Steeny, qu'il jalouse un peu de connaître M. Ouine. Il ''sait'' qu'il mourra jeune. Accepte avec sérénité.

Martial Devandomme. Vieux paysan hanté par le passé de sa famille. Se dit isu d'une ''Maison'' rivale « de la Maison de Lorraine ». N'a pu empêcher le mariage de sa fille Hélène ave le bel Eugène mais n'accepte pas la présence du gendre sous son toit.

Hélène Demenou ( née Devandomme). Fille de Martial. A épousé Eugène qu'elle rejoint dans sa cabane de braconnier. Lui voue un amour sans limites.

Eugène Demenou. Ancien de la légion. Vit dans la forêt comme un hors la loi. Braconnier après avoir été bûcheron. Opposé à son beau-père qu'il estime.

Malépine est le médecin de Fenouille. Athée. Esprit fort. Passionnément raisonneur. Ne croit qu'en la science. A fait le tour du ''cas Arsène'' ( le Maire'), et le réduit à une banale obsession sexuelle.


Arsène, le Maire de Fenouille. Importance de son nez : naguère sujet de fierté, désormais sujet de tourments ( regret de son vice : courir et trousser les fillettes). Obsédé de pureté, se lave à grande eau comme un forcené...etc, à suivre
Gérard Garouste


lundi 28 décembre 2015

Une leçon d'islam...

Lundi 21 décembre 2015 – au nord-est du Kenya - des Shebab, un groupe radical affilié à Al-Qaïda, attaquent un bus qui quitte la capitale.
Les shebabs somaliens multiplient les attaques au Kenya. - Stringer - AFP - 2014
Deux personnes sont tuées et trois blessées... Un bilan qui aurait pu être encore plus dramatique si les passagers musulmans de ce car n'avaient pas tout fait pour protéger les passagers chrétiens.
Les agresseurs demandent à ce que les musulmans se séparent des chrétiens. Cependant, les musulmans déclarent aux attaquants, "tuez-nous tous ou laissez-nous tranquilles." Par ce geste d’unité, ils ont sauvé d’une mort certaine des chrétiens présents à leurs côtés...
Avant même de reprendre leurs esprits de cette surprise, les terroristes entendent le moteur d'un camion qui s'approche dans leur direction. Pensant à un camion militaire et pris de panique, les «shebab» s'enfuient.

"Les passagers ont montré un grand sens du patriotisme et de la solidarité en affirmant que les Shebab devaient les tuer tous ensemble ou les laisser vivre", a déclaré, admiratif,  le gouverneur de la région de Mandera, Ali Roba, au quotidien local Daily Nation.


Depuis 2013, plus de 400 personnes ont été tuées dans des attentats des shebab au Kenya. Une centaine de personnes ont été abattues en 2014 lors d'une série d'attaques contre des localités de la côte kényane, et 148 autres ont été massacrées par un commando shebab à l'université de Garissa en avril dernier. Lors de cette attaque, les exécuteurs avaient aussi séparé les chrétiens des musulmans, épargnant ces derniers.

"Nous avons même donné à quelques non-musulmans des vêtements religieux dans le bus pour qu'on ne puisse pas les identifier facilement", a raconté l'un des passagers, dans le Washington Post.

vendredi 25 décembre 2015

La naissance de Jésus et de Mohammed.

La naissance du Prophète Mohammed – le Mawlid (ou Mouloud) – sera fêtée cette année le 23 décembre par la plupart des musulmans en France, comme l’a annoncé le Conseil français du culte musulman, qui s’est calé sur le calendrier de l’Arabie saoudite.
Marie et Jésus
(ancienne miniature persane)
D’autres pays, comme le Maroc, l’Algérie ou la Tunisie, se sont accordés sur la date du jeudi 24 décembre 2015.
La coïncidence avec Noël « a été observée une première fois en 1558 puis ne s’est répétée que trois ou quatre fois », rapporte le site Internet Saphirnews.
Oeuvre tirée d’un ouvrage persan du XIVe siècle
expliquant la vie des prophètes (« qisas al-anbiya »).
 La vision du prophète Isaïe
 Jésus (que l’islam considère comme un prophète)
et Mahomet chevauchant côte à côte.

Manuscrit iranien du IXe siècle de l’Hégire (XVIe siècle)




 « Cette fête permet aux musulmans d’exprimer leur reconnaissance au prophète, de se rappeler ses vertus, de prier et de vivre un heureux temps familial », rappelle le P. Vincent Feroldi. « Communautés chrétienne et musulmanes auront ainsi le cœur en fête. Elles rendront grâce à Dieu, chacune dans sa tradition, pour cette bonne nouvelle qu’est la naissance de Jésus ou de Mohammed, naissances qui vont être source d’une rencontre entre des hommes et femmes croyants et Celui qui Source de vie, source de la Vie ».  « Beaucoup veulent voir (dans cette coïncidence de dates) un signe de Dieu, en ces temps difficiles où la paix annoncée par les anges, la nuit de Noël, est malmenée par la folie des hommes », reconnaît le directeur du Service national des relations avec les musulmans.
( Sources: 'La Croix')



La naissance du Prophète
Cela m'évoque la Série '' Jésus et l’Islam '' sur Arte...

 « Nous savions que Jésus occupait une place importante dans le Coran mais nous ne mesurerions pas à quel point elle était exceptionnelle », reconnaît Jérôme Prieur. Objet central des trois premiers épisodes, le Messie des chrétiens laisse place ensuite à d’autres questions, sur le prophète Mohammed, la mise par écrit du Coran…


Ainsi, les judéo-chrétiens – ces chrétiens de Jérusalem rejetés par les juifs puisque chrétiens, mais aussi par les chrétiens puisque restés fidèles à la loi juive – refont leur apparition, comme source possible d’information du Prophète de l’islam… « Le Coran n’est pas un texte séparé des mondes juif et chrétien, mais bien plutôt la chambre d’écho des débats qui les animent entre les IV  e    et VII  e    siècles », note Jérôme Prieur.
Présentation-de-Jésus-au-Temple-Anglican-theological-college-St-Stephen-s-House-Oxford
NOËL - Dans le contexte actuel, et alors que de nombreux lieux de culte ont été placés sous haute surveillance, cette initiative donne du baume au coeur. Une dizaine de musulmans sont venus symboliquement protéger l'église de Lens (Pas-de-Calais) pendant la messe de minuit de Noël vendredi, un "geste fort", selon le président de la Fédération des associations musulmanes du Nord-Pas-de-Calais, Abdelkader Aoussedj. (Le HuffPost avec AFP)

mercredi 23 décembre 2015

Noël - au Moyen-âge - à la cour du Roi Arthur


Au début du Moyen Age, ce n'était pas le jour de Noël qui importait. La grande fête était l'Epiphanie : la manifestation de Jésus comme Christ, aux Mages. Le calendrier médiéval était dominé par des congés tels que les ''quarante jours de Saint-Martin", qui débutaient le 11 Novembre avec la fête de St Martin, période qui correspondrait aujourd'hui à l'Avent.
L'importance du jour de Noël a augmenté progressivement après Charlemagne qui fut couronné empereur le jour de Noël 800. Le roi Edmund martyr a été oint au Noël de 855 et le roi Guillaume Ier d'Angleterre a été couronné le jour de Noël 1066. Autour du 12ème siècle, les ''douze saints jours'' apparaissent dans les calendriers liturgiques, à compter du 25 Décembre et durent jusqu'au 6 Janvier à l'Epiphanie.

À la fin du Moyen Âge, la fête est devenue si importante que les chroniqueurs régulièrement relèvent ce que les rois font à cette date Noël. C'est lors de la fête de Noël en 1377 - avec le roi Richard II - que vingt-huit bœufs et trois cents moutons ont été mangés.
Un régal festif représentant Janvier
dans les Très Riches Heures du duc Jean de Berry (XVe siècle)

Dans la légende arthurienne, le conte de Sire Gauvain et du Chevalier vert est présenté comme une histoire de Noël, remplie de célébrations et réjouissances... Le motif de Noël est facilement observable dans la personne même du Chevalier Vert...
Le récit relate l'arrivée d'un mystérieux géant vert, monté sur un cheval verts, à la cour d'Arthur se préparant à fêter Noël. Le mystérieux chevalier lance un défi au roi et à ses preux : que celui qui en aura le courage accepte de le frapper avec sa propre hache de forestier ; en retour, le chevalier lui impose seulement d'accepter le même traitement un an et un jour plus tard. Arthur serait prêt à relever le défi, mais par souci de le protéger, c'est Gauvain son neveu qui aura finalement cet ''honneur''. Pensant éviter toutes suites désagréables, Gauvain décapite à la hache son adversaire tout de vert vêtu, maos ô surprise, le génat ramasse sa tête qui avait roulé par terre dans des flots de sang. La t^te se met à parler, donnant à Gauvain rendes-vous à la Chapelle Verte, avant que le chevalier portant sa tête sous le bras et chevauchant son destrier aussi vert et superbe que lui ne s'éloigne au galop.... L'aventure ne fait que commencer …. !



Les activités décrites à la cour du roi Arthur lors de Noël dans le célèbre roman du XIVe siècle Sire Gauvain et le Chevalier vert  offrent un bon aperçu de la fête dans une cour médiévale tardive:
Christmas preparations
 on a calendar page
for December in 'The Golf Book'
Le roi est à Camelot au moment de Noël et, avec les meilleurs chevaliers de la noble confrérie de la Table ronde, dûment assemblés, ils s'adonnent aux réjouissances et aux plaisirs insouciants de la fête. Auparavant, ils avaient participé à des tournois... Ces célébrations s'étalent sans interruption pendant quinze jours, alternant toutes sortes d’activités festives et de la danse la nuit, pour le plus grand contentement des seigneurs et des dames de la cour …
'The Golf Book', British Library
Alors que la Nouvelle Année est toute jeune - ce jour même la splendeur de la table est redoublée – le roi après la messe rejoint la grande salle avec tous ses chevaliers... Noël est célébré à nouveau, chacun apportant des présents …



La majeure partie du poème (37-197, de 750 à 2479) a lieu pendant la saison de Noël. Le défi du chevalier vert a lieu le jour de la Nouvelle Année.

Un an plus tard, Gauvain arrive au château de Bertilak la veille de Noël; il y reste pour être ''testée'' par Lady Bertilak pendant trois jours, et répond au défi du chevalier vert, le jour de l'An. Ainsi, les principaux éléments de l'intrigue se produisent lors de la Veillée de Noël et au cours de ses douze jours.
Calendar page for February in British Library
 ‘The Golf Book (Sixteenth Century)

dimanche 20 décembre 2015

La vie de Jésus - Illustrée par J. Tissot -1/2-

Je voulais illustrer des ''citations'' de personnages célèbres autour de la Bible ou des Évangiles. Et, ce sont des dizaines d'aquarelles réalisées par James Tissot (1836-1902) qui ont retenu mon attention . Aussi , je commence directement par évoquer ce peintre :

Il y a dans ces dessins une volonté de témoigner de l'histoire d'une culture dans laquelle la vie de Jésus, le galiléen, s'est déroulée. L'environnement dans laquelle s'inscrit chaque scène évangélique est détaillé avec précision. A l'opposé de toutes les illustrations religieuses qui ont précédé le travail de J. Tissot, c'est une présence historique du Christ qui est ici affirmée, et elles semblent bien plus appropriée – aujourd'hui - pour notre contemplation...



Tissot apporte à son travail un éclat artistique et technique d’une richesse presque cinématographique dans les détails, (il avait un appareil de photo lors de ses voyages), un sens de la vision dramatique et psychologique et un degré d’exactitude archéologique. Ses voyages en Palestine lui font représenter les scènes évangéliques avec les décors et les costumes qu’il y a connus, avec un grand réalisme.
S'il nous semble entrer dans une vision réaliste de la vie du Christ, on ressent un sentiment d'immatérialité qui - d'ailleurs - a décontenancé beaucoup de ses contemporains de cette fin du 19e siècle... Cependant, ses éditions ont fortement influencé l’art religieux dans la première moitié du 20ème siècle.



James Tissot, après des années d’artiste mondain, se consacre à la peinture religieuse à la fin de sa carrière, suite à la mort de la femme qu'il aime, Kathleen Newron, en 1882, et à la suite d’une crise mystique. Il entreprend la réalisation d’une série d’illustrations pour la Bible après un voyage en Terre sainte entrepris en 1886 : La vie de Notre Seigneur Jésus-Christ (1886-1894, ensemble de 365 aquarelles, Brooklyn Museum) puis L’Ancien Testament (1896-1902, Jewish Museum, New York) projet resté inachevé à sa mort en 1902.

Ses voyages en Palestine lui font représenter les scènes évangéliques avec les décors et les costumes qu’il y a connus, avec un grand réalisme. Ses éditions ont fortement influencé l’art religieux dans la première moitié du 20ème siècle.

jeudi 17 décembre 2015

Lecture de Monsieur Ouine de Bernanos -2/ -

Lors de cette première tentative de lecture de M. Ouine, il m'a semblé, ne pas retrouver le climat des romans Bernanos dans lequel je pensais me replonger (nostalgie !?) ... Je ne veux pas abandonner : je vais accompagner ma lecture d'une étude sur Bernanos pour essayer de le comprendre mieux …
Et, je recommence.

Je lis dans sa correspondance, ce qu'écrivait G Bernanos, pendant l'écriture de son livre :
« … j'écris dans un noir opaque ; moins que jamais je suis capable de juger ce que je fais, avec tant de peine.' février 1931
« … quand j'ai raturé, déchiré, recopié, puis gratté chaque phrase au papier de verre, je compte que ma moyenne est d'une page et demie par jour. Je vous assure que je ne peux pas faire mieux... » mars 1933
«  j'ai grand mal à ne rien retrancher, dont ma conscience ..(..) ou je ne sais quoi qui me ronge jour et nuit – m'invite à retrancher le tiers, ou la moitié, ou le tout. » mai 1933
« Mon livre me dégoûte. » février 1934
« Mon fameux roman est un lugubre urinoir... » mars 1934
Nostalghia  - Andrei Tarkovsky 
Le manuscrit lui revient du Comité de lecture de l'éditeur, annoté, raturé … «  n'oubliez pas qu'on tue un artiste en tuant la confiance – toujours ombrageuse hélas ! - qu'il a en lui et en son oeuvre. A quoi bon ? » juillet 1934
« Je veux absolument me réserver d'achever M. Ouine, avec les modifications que je crois nécessaires pour éviter autant que possible le reproche d'obscurité, formulé par un certain nombre de pauvres types. Monsieur Ouine est ce que j'ai fait de mieux, de plus complet. Je veux bien être condamné aux travaux forcés, mais qu'on me laisse libre de rêver ce bouquin en paix. » Novembre 1934
Nostalghia -  Andrei Tarkovsky 
« Ce Monsieur Ouine que je ne me décide pas à faire paraître, tant il a aussi ce caractère de gratuité qui me vaudra toujours, avec l'amical et trop indulgent suffrage des compagnons, connus ou ignorés, de ma vie, la méfiance ou la réprobation des véritables écrivains professionnels. » Sept 1935
«  je pense qu'après l'achèvement et la publication de Monsieur Ouine... - ni fleurs, ni couronnes, - et surtout pas de discours. » Janvier 1936
' j'écris en ce moment avec mes nerfs. C'est ce qui donne à ce que je fais ( M. Ouine et Nouvelle Histoire de Mouchette ) sa violence et son accent. Juin 1936
En voie de terminer M. Ouine : 1939 … 1940
« Si vous avez jeté les yeux sur '' Monsieur Ouine'', je suis sûr que vous croyez comme moi que la publication ici n'est pas opportune du tout. » Janv 1941


Monsieur Ouine est le dernier roman de Bernanos. Il a mis neuf ans à l’écrire et le livre fut publié à deux reprises dans des versions différentes, en 46 et 55 ; la dernière, posthume, complétée par des feuillets que l’auteur avait tardivement remis à un ami.   

A suivre ... Je vous assure... J'ai repris cette lecture, et c'est ... fascinant ...!

lundi 14 décembre 2015

Lecture de Monsieur Ouine de Bernanos -1/ -

J'aime lire les romans de Bernanos; depuis tout jeune. ''Le Journal d'un curé de campagne'' a fait partie des premiers 'Poche' que j'ai lus, avec ''Les Pensées de Pascal''; j'ajoute ce détail, pour reconnaître qu'aujourd'hui il ne doit pas être évident de trouver un jeune lecteur de ces titres… !
Les sentiments des personnages, les situations, et même les lieux et les circonstances des récits de Bernanos me touchent ; au-delà de tout snobisme intellectuel ou littéraire, je vous prie de me l'accorder.
- Mais, je n'avais pas encore lu ''Monsieur Ouine'' ; je me gardais cette possibilité un peu avec gourmandise.
Ausii, un peu agacé contre moi de passer autant de temps devant mon écran ; j'ai pris la décision de réagir, avec brio : il est temps de lire '' Monsieur Ouine'' !

Jean-Dominique Vancaulert
1947
Je découvre un enfant gâté, Steeny; le comportement étrange d'une gouvernante ( Miss)  et la nonchalante mère de l'enfant... Mère qui me raccroche - un peu - à l'univers clérical de Bernanos avec ce prêtre à qui elle dit « la douceur a raison de tout », et qui lui répond que ce sont là les mots d'une sainte …. Sauf que tout semble déjà faux ! ( je ne parle que des sentiments exprimés par la mère de Steeny).
Il y a ce lien non avoué entre Miss ( la gouvernante) et Michelle ( la mère) :
- « Miss est rose de surprise, d’émotion, d’une sorte de saisissement délicieux. Elle enveloppe sa maîtresse d’un regard doré. »
Jean Dupas né à Bordeaux le 21 février 1882 
et mort à Paris le 6 septembre 1964, 
est un peintre, affichiste 
et décorateur français, 
représentatif de l'Art déco
Ce jeu entre la mère de Steeny et Miss envers le jeune garçon sur sa virilité ( non souhaitée) : Elle le serre contre elle : «  Il connaît depuis longtemps cette violence calculée, sournoise, ces caresses féroces qui le bouleversent de curiosité, de terreur, d’une sorte d’écœurement inexprimable. Non, non, que ce secret-là reste entre eux ! ». Michelle sourit, prie Miss de laisser Steeny et, « elles lui tournent le dos ensemble, s’éloignent, serrées l’une contre l’autre... »

Ensuite, nous reculons jusque dans la jeunesse de la mère, avec ses propres parents...
Et, au fil des lignes, je ne comprends plus de quel père on parle, du grand-père ? Du père de Steemy … ? D'ailleurs « Steeny n'est qu'un faux nom, un sobriquet emprunté par Michelle à son roman anglais favori. Steemy se nomme Philippe, comme son père – le disparu, l'englouti. ».
Très vite, la narration emprunte celle d'un rêve... La recherche du mort. Celle d'un tyran … ?

Ensor - L'intrigue

Pis, c'est l'entrée en scène de la châtelaine de Wambescourt, Mme de Néréis : un masque sur une marionnette... ! « Je trouve que vous ressemblez à un personnage de roman. » dit Steeny.
James Ensor (1860-1949)
Une histoire de cheval emballé, et c'est Steemy qui est 'enlevé' ( kidnappé). Je lis : Ginette, la vieille marquise Destrées, Mme Dorsel ? Je m'y perd !
C'est l'histoire d'une Ginette de Passamont, avec le bonhomme Anthelmes « « Anthelmes me dégoûte » fut le cri de toutes les femmes », avant d'arriver enfin à ce M. Ouine, dévoré de tuberculose « qui correspond avec le ministre de l'Instruction Publique... »
Pas de lien entre les personnages, les situations ... Je m'y perd... Je recommence tout !

Ces tableaux rapidement brossés, inachevés – Tout cela est-il finalement réel ?- Ils me font penser à des toiles d'Ensor..  

Vous n'avez rien compris ...? Moi, pas trop non plus ... Bon, la prochaine fois; je reprends tout ...!

vendredi 11 décembre 2015

L'extrême droite aujourd'hui, pour quel totalitarisme demain ...?

Ne serait-il pas temps de comprendre ce que veut, l'extrême droite ? Quel autoritarisme, quel totalitarisme pour notre temps … ?

« Depuis le XIXe siècle, cette famille politique répond aux bouleversements géopolitiques en proposant de retrouver une société close et organique, c’est-à-dire qui fonctionnerait de manière harmonieuse, à la manière d’un être vivant. Ce qui suppose toujours le rejet d’un autre que soi. » Nicolas Lebourg : Les Droites extrêmes en Europe
La ''crise économique'' est une fausse excuse, que les espagnols ne reprennent pas puisque l'extrême droite n'y fait pas 1%...
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Les questions aujourd'hui sont plus vastes : le nouvel ordre mondial géopolitique, le chamboulement des repères culturels, et pour chacun dans le quotidien la peur du '' ça risque d'être moins bien demain …''
Pour répondre à cela :
  • La droite et la gauche ne proposent, depuis longtemps, qu’une lecture «économiste» de la mondialisation.
  • Disons, que ''la gauche'' s'enlise dans son programme ( de droite ou de gauche... ? Bref : libéral!). La droite est renvoyée constamment à son '' style ''… Seule, l'extrême droite aurait une '' vision du monde '' … ?
La ''vision du monde '' de l'extrême droite est homogène : à chaque question concernant «  des problèmes actuels - désindustrialisation, chômage de masse, pauvreté des rapports sociaux… c'est par la présence de populations arabo-musulmanes non assimilées », que l'on y répond … (Nicolas Lebourg)

Si l'extrême droite présente une certaine ''vision du monde'', elle n'offre plus aujourd'hui – comme dans les fascismes idéologiques passés – un projet d'avènement d'un ''homme nouveau''. Aussi, le mot ''fascisme'' ne semble plus être approprié...


Aujourd'hui les extrêmes droites européennes soutiennent une politique libérale, à condition que soient menées des politiques de lutte contre l’immigration et de fierté nationale. 
Le Front National, « abhorre la postmodernité et valorise une France mythifiée des Trente Glorieuses. ». Le FN serait assez 'gaulliste'... ! 
Un état fort, mais une société (selon Jacques Attali) dans laquelle «nous serons tous intermittents du spectacle»

mardi 8 décembre 2015

L'échelle de Jacob -2/2-

Gerbrandt Eeckhout 1621 1674.  -   Le songe de Jacob, 1672
Si, en règle générale l'échelle de Jacob, illustre un développement et une montée par degrés... Ce jour là, cette lecture, et cette relecture m'ont conduit, à une autre interprétation :

Les anges de cette échelle, représentait tous les ''messagers''du divin, qui se sont succédés dans ma vie : personnes, livres, événements … Dieu était présent, même quand je n'y pensais pas, même quand je me fourvoyais …

*« Vraiment, c'est le Seigneur qui est ici et je ne le savais pas.. » Gen 28, 16
Je préfère dire que ''Dieu était là'', plutôt que ''Dieu était intervenu''... En effet, j'aime penser que la personne, par exemple, qui était porteuse de la réalité divine dans ma vie, a agi librement, de son plein gré, et non 'télécommandée' par Dieu …
Cette présence de Dieu se manifeste au plus intime de moi-même. Elle n'était pas moins présente quand j'ai rencontré le bouddhisme, quand j'ai pratiqué la Méditation transcendantale, puis quand j'ai frappé à la porte d'un temple maçonnique; expériences qui m'enrichissent encore comme chrétien …

* « Jacob prit la pierre dont il avait fait son chevet, l'érigea en stèle et versa de l'huile au sommet » Gen 28, 18
Cependant, je qualifierai assez rapidement un événement familial comme événement fondateur dans ma vie. Je l'imagerai bien par cette stèle qu'érige Jacob avec la pierre sur laquelle il a fait ce songe … Cette pierre représenterait mon retour par l'intermédiaire de ''mon Eglise'' au Christ comme pierre d'angle... Et, parmi les barreaux de l'échelle, se trouvent le SIF ( Service Incroyance Foi), des retraites ignatiennes et CVX ( Communauté Vie Chrétienne).


Enfin, aujourd'hui j'affine chaque jour l'image de mon Dieu. « Le Seigneur deviendra mon Dieu » Gen 28, 21 . Si la pensée que j'ai de Dieu, ne sera sans doute jamais définitive ; j'ai trouvé dans la Parole des Evangiles, une source d'eau vive incomparable …
Cette peinture de Pietro Rizieri Calcinardi (1834), est dans l’église paroissiale de Decenzano, qui avait été celle d’Angèle Merici dans sa jeunesse

samedi 5 décembre 2015

Prier pour le succès de la COP21 ?

Vincent_van_Gogh
L'urgence écologique, et pas seulement climatique, mérite que les Etats réunis de notre planète réfléchissent de concert pou organiser le monde futur.... 
Comme militant écologiste, je salue l'organisation d'un telle entreprise. Comme chrétien, et frêle humain sur cette planète ; je remets mes espoirs dans nos gouvernants, et je prie...
Pourquoi prier ?
- S’agirait-il d'une prière païenne et superstitieuse pour demander la pluie... ?
- La terre serait-elle une divinité ?
- Face à une crise mondiale, ma prière unie à toutes les autres religions, serait-elle un culte d'une nouvelle religion mondiale ?


Je prie en particulier pour que l'humanité agisse. ''D.ieu'' est reconnu dans son action créatrice. Il est à l''origine de la vie et de la création. Je Le reconnais dans cette Vie même. En protégeant la Vie, j'honore ''D.ieu''... Ce qui signifie … ? : - que seul je ne peux rien, c'est empli par l'Esprit divin, que je peux agir. C'est empli par l'Esprit divin, que nous pouvons – en priant ( comme si ''D.ieu'' était seul tout puissant...) et en agissant ( comme si ''D.ieu'' était impuissant, sans nous …).

Cette prière n'est pas de l'ordre de la superstition... Je ne prie pas pour la pluie, avec succès à la clef ! Je conseille de garder son assurance civile, et je compte sur la science ( et pas seulement ..elle) pour relever les défis écologiques...

Un chrétien écologiste ne se détourne pas de ''D.ieu'', pour adorer la déesse Terre et Mère. Sainte Hildegarde de Bingen, pensait la vitalité et la fécondité de la nature comme une force globale issue de la création divine. Saint François d’Assise, louait son Seigneur par et pour toutes ses créatures.
Saint Bonaventure, ce disciple du « poverello », et compilateur de la théologie franciscaine, voyait la création comme le projet divin ultime, l’écrin où Dieu, débordant d’amour, avait voulu aller à la rencontre d’autrui, l’homme... Un chrétien ne peut que reconnaître l’immensité et la beauté du don que ''D. ieu'' nous a fait lors de la création du monde et d'entendre son appel à en prendre soin.

Ne serait-il pas dans le '' Projet de D.ieu'', que loin de renier nos 'images' respectives, loin, pour les chrétiens, de renier le Christ, les militants climatiques réunis ensemble (en interreligieux) puissent joindre leurs traditions spirituelles et religieuses pour rappeler et se rappeler que leur foi, leurs sources et traditions les poussent à prendre soin de l’environnement... ?

Comme chrétien, je ne désire pas renoncer à l'essence de ma tradition religieuse, et je ne souhaite pas que les autres abandonnent la leur.


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J'ai écrit ''D.ieu'', avec la précaution du judaisme, et de celui qui ne sait pas bien ce que chacun peut comprendre sous ce nom... Evitons d'y mettre sa propre image... La seule, qui me convienne est celle de Jésus-Christ... Pour ma part ...

mercredi 2 décembre 2015

Après les attentats …

C'est le moment de la réflexion :
Tomasz Alen Kopera


Par leur violence, certains événements publics ou privés appellent à la consolation... Cette consolation s'oppose à la vengeance... 

« Elle déplaît souvent parce qu’elle est économe. C’est-à-dire que toute consolation véritable redonne de la valeur, de la dignité à ce qui pourrait nous apparaître, dans l’épreuve et l’abomination, des riens sans force, sans consistance. Tout ce qui fait le sel d’une vie. La consolation tient à ce peu dans lequel l’épreuve nous abandonne, parce qu’elle sait que ce peu fait patiemment la valeur d’une existence quand cette existence se trouve dévastée précisément par l’horrible prodigalité du mal, de la violence. » FRÉDÉRIC BOYER

Mabel Royds Alington, (1874 - 1941)

Le tragique de la vie : Nous prenons conscience de notre faiblesse :
«  jusqu’où porter le travail de la consolation ? Jusqu’à ce moment où nous acceptons de ne pas diaboliser notre ennemi, parce que notre ennemi est sans doute aussi l’objet de notre consolation.
« Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous pourchassent » (Mt 5, 44) FRÉDÉRIC BOYER

« Nous ne pouvons effacer de nos cœurs la sauvage douleur d’être des hommes. Nous ne sommes pas nous-mêmes sans obscurs agissements. Mais cette fragile conscience-là est notre grandeur. » FRÉDÉRIC BOYER

«  qui leur aura mis dans le crâne ce destin de mort et qui aura fait d’eux ces perdants terrestres qui s’imaginent en vainqueurs célestes en échafaudant une revanche fantasmée contre ce qu’ils appellent « les valeurs occidentales » , frappant le peu que nous sommes, notre jeunesse, notre faiblesse, attaquant notre fragilité pour mieux dénoncer notre force? » FRÉDÉRIC BOYER


Que nous a t-il manqué ?
« Ce n’est pas l’autorité de la force, je ne le crois pas, mais celle qui garantit l’appartenance à un même monde
« Une religion, expliquait Simone Weil, utilisée pour « représenter la divinité comme commandant partout où elle en a le pouvoir est fausse. Même si elle est monothéiste, elle est idolâtre. » La pire idolâtrie justifie notre violence comme manifestation ou volonté divine. Je me souviens que mon ami le bibliste Paul Beauchamp écrivait que pour « en finir avec le mal » , il fallait donner du temps à la compréhension. Un temps pour comprendre le pire parce que le Diable revient toujours au moment précis où l’intelligence cesse devant la force. » F.B.

Frédéric Boyer est écrivain, traducteur et éditeur. Auteur d'une trentaine de livres depuis 1991. Remarqué pour sa nouvelle traduction des Confessions de saint Augustin (Les Aveux, P.O.L 2008). Il a dirigé le chantier de la Nouvelle Traduction de la Bible, avec de nombreux écrivains contemporains... parue en 2001 (éditions Bayard). Depuis des années son œuvre associe l'écriture personnelle et la relecture et traduction de grands textes anciens....

dimanche 29 novembre 2015

L'échelle de Jacob -1/2-

L'echelle-de-Jacob   -  Peintre: Michael Willmann


Au cours d'une courte retraite d'un week-end ; j'ai l'occasion de faire une pause et une ''relecture''... Parmi d'autres textes, il y a ce texte de l'échelle de Jacob.
« Prenant une pierre, pour en faire son chevet Jacob se coucha en ce lieu. Il eut un songe, voilà qu'une échelle se dressait depuis la terre et son sommet touchait le ciel. Les anges y montaient et descendaient.
 Et voici, l'Éternel se tenait au-dessus d'elle; et il dit: Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu d'Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je la donnerai à toi et à ta postérité. » Genèse 28, 11.

Cette échelle, image d'un songe, ouvre directement sur le symbole... C'est ainsi que les mythes et les symboles, même anciens portent des interrogations qui sont aussi les nôtres.
L’échelle image l’idée d’un divin situé dans un 'plus haut', ce qui suppose un 'plus bas' où l’homme a chuté. L’échelle lie ces deux espaces... Elle ouvre vers une communication, et ce sont les anges qui servent de messagers.

L'échelle est un symbole riche de sens :
- Pour Origène, l'échelle représente la métempsychose ou réincarnation: à la mort de l'individu, l'âme tente de s'élever vers le haut de l'échelle. Mais si elle a péché, elle ne peut franchir une certaine hauteur et retombe vers la terre pour se réincarner en un autre corps. Pour Théodoret, elle représente la Providence divine (les anges qui descendent du ciel pour accomplir les ordres divins).
- Philon, l'échelle représente l'âme. la base représente la sensation, le dernier échelon, l'intellect pur, et les autres échelons les degrés de la contemplation. 
- Pour Tertullien, l'ascension de l'échelle représente la vie du juste, dont les échelons sont les vertus, les bonnes actions qui permettent de parvenir à l'excellence morale.
Bref … Depuis longtemps, et quelque soit la tradition, cette image d'échelle parle … signifie plus que la fonction de l'objet ….


Pour moi, je suis sensible à ce que cette échelle me lie à '' l'Eternel ''. Par l'intermédiaire du 'moi' plus intime de moi-même, à une altérité ( je veux bien l'appeler aussi: le Soi)... Deux présences en face à face … Deux présences 'inégales', et la nécessité de messagers ( nul ne peut regarder le divin en face ...)
L’échelle ouvre le ciel... C'est possible ! Les anges offrent aux hommes la possibilité d'interpréter le 'haut' à partir du 'bas' ...



Intéressant d'observer sur le portail de 'Notre Dame' à Paris, face au Parvis, — et à la place d’honneur, — la figure de l’alchimie.

Elle y est figurée par une femme dont le front touche les nues. Assise sur un trône, elle tient de la main gauche un sceptre, — insigne de souveraineté, — tandis que la droite supporte deux livres, l’un fermé, l’autre ouvert. Maintenue entre ses genoux et appuyée contre sa poitrine se dresse l’échelle aux neuf degrés ...

Bon travail ...
A suivre...