vendredi 27 février 2015

Images de '' La Trinité ''

A la fin du premier siècle, soixante ou soixante dix ans après la mort de Jésus, la formulation de la foi, celle des « kérygmes », disait simplement que Jésus, le Christ, mort et ressuscité, était monté aux cieux où il est assis à la droite de Dieu.
Miniature du Missel de Cambrai. 1120
Il faudra encore  plusieurs années, pour que, dans la dernière  version de l’Evangile et des épîtres de Jean, Jésus soit considéré comme « fils de Dieu » non seulement par adoption, mais aussi par filiation naturelle : Dieu né de Dieu…
Le mot lui-même de Trinité ne serait apparu qu’aux alentours de 180, dans une lettre de Théophile d’Antioche à un certain Autolycus, avant d’être employé un peu plus tard par Tertullien.
Il  faudra encore du temps… pour que l’Esprit, le Paraclet, envoyé par le Père et le Fils (Filioque), soit reconnu comme une personne distincte au sein de la Trinité
C’est seulement en 381 lors du concile de Nicée-Constantinople, les communautés chrétiennes ont la conviction que l'Esprit est « la troisième personne d’un Dieu un et trine qui reçoit même adoration et même gloire que le Père  et le Fils »


- En 726, la crise iconoclaste est déclenchée par l’Empereur Léon III, avec la destruction de toutes les images existantes dans l’empire byzantin. Malgré l’opposition du Pape Etienne II, l’Empereur Constantin V fit confirmer cette condamnation par le Concile de Constantinople qui s’est tenu en 754 sans délégués pontificaux.  


- Les '' Trinité du psautier '' : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à ma droite » ( psaume 109)
- Complète similitude entre le Père et le Fils - La personne du Dieu Père étant traditionnellement invisible, il ne pouvait à cette époque être représenté que sous les traits de la nature humaine de son Fils incarné...

Miniature de la Bible de Heisterbach. Vers 1240
La Trinité Psautier de Cantorbery. Vers 1210 Exceptionnellement, le Père a la tête d’un vieillard à longue barbe blanche… Mais comme dans la Bible de Lothian, le Fils est présenté comme un grand enfant que le Père bénit avant peut-être de l’envoyer sur terre.

- Les '' Trinités triandriques '' : ces Trinités sont représentées par trois hommes du même âge.

Trinité triandrique. Miniature du XVème. Stimulus Amorus Une ' Trinité à l’autel '. Miniature d’un Missel – livre d’heures franciscain.

- Les ''Trinités Trifrons '' Des «  monstres » à trois têtes sortant d’un même tronc ou une seule tête avec trois visages. Il faudra attendre 1628 pour que le pape Urbain VIII interdise ce type de peintures; alors qu'elles étaient déjà jugées hérétiques par celui qui deviendra "Saint Antoine de Florence". (1389-1459) ...

Trinité tricéphale. Fresque. 1450 Jerónimo Vallejo Cosida (1510-1592). Fin XVIème siècle


- les Trinités ''Trônes de grâce '' … Nous y voyons un Dieu sensible, touchant, accessible à la souffrance des hommes…et à celle de son Fils…

Robert Campin. 
La compassion du Père. 1425-1430.
Le Greco reprendra superbement
 le thème de la compassion du Père 
dans sa Trinité du Prado


- La Trinité dans les Couronnements  de la Vierge : Le culte de Marie, la Mère de Dieu prend de plus en plus d’importance en Occident à la fin du Moyen Age...

Jean Fouquet. 
Le couronnement de la Vierge 
par la Trinité. 1452-1460.
Enguerrand Quarton. 
Le Couronnement de la Vierge 
par la Trinité. 1453


Cette fois, à la fin du XVIème, le Père et le Fils n’ont plus du tout la même figure.

2
Le Greco. 
Le couronnement de la Vierge. 1590
Paternité de l’Ancien des jours, miniature de la fin du XIème siècle, Mont Athos, monastère de Dionysiou

Dieu le Père tient sur ses genoux ou dans son giron son Fils beaucoup plus petit que lui, comme la Vierge tient son enfant.
Roublev. La Trinité. Début du XVème siècle




En 1555, un concile de l’Eglise russe a qualifié l’œuvre de Roublev d’icône parfaite, non seulement pour sa beauté propre, mais aussi pour la qualité de la vision théologique qu’elle a su exprimer.

Les trois anges du chêne de Mambré sont ainsi devenus le symbole de cette mystérieuse union d’amour dans lequel vivent les trois personnes de la Trinité.


Sources: Jacques de Chalendar avec son travail
Itinéraire iconographique

mercredi 25 février 2015

Lecture : De la croyance à la foi critique – J. Moingt -17/99-

Jésus «  faisait appel à la ''conversion'', c'est à dire à la réflexion, à la liberté et à la décision des individus au risque de désagréger les liens familiaux et sociaux... » (p323)

Naissance d'une Tradition, d'une théologie, d'un dogme … en ce début du Christianisme :
«  Cette prolifération confuse, cette créativité intellectuelle est le signe du choc culturel prodigieux que fut l'irruption de la mission chrétienne. Mais elle ne doit pas faire oublier que cette époque est aussi celle où l'Eglise se rassemble en rassemblant ses Écritures à la jointure de celles de la Synagogue : elle s'unifie en s'identifiant... » ( p 322)
J. Moingt passe en revue toute cette période, en relevant pour chaque période de ce parcours : Justin, Irénée ( IIe s.) Tertullien et Origène ( IIIe s.), et les conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381) …) ; les questions, les arguments, pour définir les enjeux autour de l'identité de Jésus ( la Christologie ..) :
Préexistence du Christ
représenté comme le créateur du monde

Unir, l'ancien et le Nouveau Testament

..  « ses adversaires de toujours, les « gnostiques » … qui rabaissent le Créateur au rang de démiurge... » «  C'est donc bien dans la ligne de la tradition apostolique, qui a uni l'Ancien et le Nouveau Testament en un seul ''canon'', qu'Irénée a voulu ... » (p 328)
Justin, lui s'adresse aux juifs...
Justin … « certain de la préexistence du Christ.... Jésus ''préexistait'' en tant que Dieu à sa naissance humaine... » ( p 330)
Irénée : «  l'homme entre en communion avec le Verbe de Dieu et, recevant l'adoption, il devient fils de Dieu » (p 335)

Le Père, le Fils … et le Saint-Esprit … !

La foi ne va pas tarder à découvrir qu'elle a besoin de la raison : ce sera la tâche des théologiens, puis des conciles, des IIIe et Ive s. » ( p338)
« Tertullien a compris que la défense de la foi requérait un discours cohérent..(...) '' Comment donc le Fils a -t-il été émis par le Père ?'' ..
«  Ne voilà t-il pas l'être divin divisé en deux ou trois portions séparées ? » ( p 243)
Tertullien, «  accole la substance à l'unité et à l'identité, la personne à la distinction et à la singularité ; il pose ainsi, le premier, les fondements de l'énonciation du dogme trinitaire. » ( p 344)
«  Il est donc légitime de créditer Tertullien d'avoir élaboré les formules majeures des deux dogmes chrétiens fondamentaux : unité de la substance dans la distinction des personnes, dans le cas de la Trinité ; distinction des substances dans l'unité de la personne, dans le cas de l'Incarnation. » ( p 345)
Il n'empêche qu'il faut « saluer l'apparition de la formule grecque des '' trois hypostases '', qui complète la formule de Tertullien » … ( p 349)
Un problème nouveau : … «  celui de l'origine de l'Esprit... C'est le mérite d'Origène d'en avoir fait un ''objet'' théologique à part entière ... » ( p349)
« Origène y inclut tout ce qui a fait débat au cours du siècle écoulé et que l'Eglise avait fait entrer dans son enseignement comme autant de ''principes'' de foi pour discriminer ce qu'elle tenait pour hérésie et pour vérité. » ( p 350)

Question : « Comment concevoir la génération en Dieu d'un Fils ''par qui tout a été fait '' sans diviser sa divinité ni son pouvoir créateur ? » ( p 356)
Attention… ne pas confondre ''substance''(ousia) et ''subsistance''(hypotasis) … Concile d'Alexandrie de 362-363) .. !
Je passe ( non pas sur ma lecture) mais sur ma transcription ; le livre de J. Moingt reprend les connaissances 'classiques' de cette période … Intéressant néanmoins …
«  Penser l'unité numérique de la nature divine, c'est concevoir qu'elle subsiste en soi et par soi, de telle sorte que les Personnes divines ne se distinguent que par la manière propre à chacune de subsister de cette unique et commune existence... peut-on donner ce sens à la formule '' la Trinité consubstantielle'' définie en 553... » ( p 366)


Le parcours que nous avons accompli d'un concile à l'autre montre la futilité d'insinuer que le Christ aurait été ''divinisé'', par la volonté de Constantin d'unifier l'empire en unifiant la foi de l'Eglise. » ( p 368)

lundi 23 février 2015

Le regard fait l'image - 12/99 - Dorothée Golz (suite )

Un article précédent avait commencé la présentation des photos de Dorothée Golz...
Dorothee Golz (* 1960, Muehlheim, Allemagne) a étudié l'art à Strasbourg et en parallèle l'histoire de l'art  et l'anthropologie à l'Université de Fribourg. Elle vit et travaille à Vienne depuis 1988.







samedi 21 février 2015

Lecture : De la croyance à la foi critique – J. Moingt -16/99-

La foi chrétienne ne se cantonne pas dans le religieux ( c.à.d.: la loi, les rites ( comment honorer Dieu …)). Elle entreprend de penser Dieu...
« Elle ne craint pas de transférer les attributs de la divinité sur l'homme Jésus ni d'en faire bénéficier ceux qui croient en lui. » ( p303)
Ivan_Kramskoy._Le_Christ_au_Desert._1872

J. Moingt, entreprend une lecture de la révélation du Christ, du point de vue de la foi de l’Église, en suivant le '' Nouveau Testament '' ( les Écritures, donc), et la Tradition ( les Pères, les premiers conciles ..)

- « Le Christ est mort pour nos péchés » (1 Co 15, 3 – 1 P 3,18) vient de l'enseignement le plus ancien des apôtres... 
1- du fait de la persécution 'réservée' (en général)  aux prophètes... 
2-, « si la mort est le châtiment du péché, Jésus est mort ''pour nous'' ( 1 Th 5,10) » (p 307)
«  La mort de Jésus procure la libération du péché et de la mort..." (p 308)

- Qui est Jésus.. ? - Jésus est-il Dieu ?

«  le regard des apôtres et des chrétiens, sans se détourner de la résurrection de Jésus, s'est fixé, dans la seconde moitie du 1er siècle, sur sa mort en croix considérée comme l'événement central et décisif de l'histoire du salut ; et, puisque le salut est l’œuvre divine par excellence, Jésus se trouvait étonnamment associé à Dieu et à sa souveraineté sur le monde. » ( p309)
«  Ni donc l'humilité de sa naissance terrestre ni la honte de sa crucifixion ne doivent empêcher de reconnaître en lui '' l'image de Dieu'', celui ''par qui tout existe'', image du Dieu invisible. » ( p 310)
Messale di Weingerten, Morgan Library

* Évangile de Marc : « le jugement est proche, il faut s'y préparer »... « Il préfère se donner le nom de Fils de l'homme » (p312), venu servir, non pour être servi …

* Évangile de Matthieu : «  fait remonter la révélation de l'identité messianique … en la liant d'emblée à l'histoire et au peuple d'Israël » … « Matthieu souligne plus fortement les noms de Fils, Fils de Dieu et Seigneur.. » (p 313) ..

* Évangile de Luc: Identité filiale de Jésus... dans les divers épisodes qui ont marqué la naissance de Jésus … . «  il laisse entendre que Jésus meurt dans la confiance et la présence sentie du Père à ses côtés. » ( p 315)

* Évangile de Jean : «  les miracles sont des signes de la puissance divine dans l'Ancien Testament, du Royaume qui vient... Pour Jean, ils sont les événements eschatologiques en tant que signes de l'égalité de pouvoir du Fils et du Père.. » ( p 315)
«  rehausser la divinité de Jésus et à resserrer son union au Père par son lien singulier avec un troisième personnage, l'Esprit Paraclet qui procède du Père » ( p 316)


- Le Nouveau Testament : «  … ce n'est pas de faire une histoire de Jésus... c'est plutôt de dévoiler l'identité de Jésus... ». Ainsi, Jean, «  fait un choix parmi les ''signes'' opérés par Jésus « afin que vous croyiez qu'il est le Christ, le Fils de Dieu » » ( p 317)

jeudi 19 février 2015

La Quête du Graal, le mythe.

Hans Thoma (1839-1924), Die Gralsburg - 1899


Encore quelques mots sur le Graal... En parler ( le chercher ) : c'est sa fonction... Ainsi, de tous les mythes arthuriens...
Mais, bien sûr en parler de façon contemporaine, de manière à tracer une transversale entre « les temps anciens » ( là, ce sera le Moyen-âge qui sert de support...) et aujourd'hui.
Les mythes entrent en dialogue en même temps qu'ils nous racontent nos origines...

Le mythe, du fait de son origine ancienne, se frotte à notre héritage - plus récent - de la pensée dualiste qui veut qu'à une proposition on en oppose une autre, aboutissant à une logique du tout ou rien, et nous fait négliger la réalité, elle toujours paradoxale... Le mythe nous ramène, de ce point de vue, à une certaine humilité...

Nous n'échappons pas à la complexité, comme celles de Perceval, ou même de Lancelot du Lac, figure hermétique, aux carrefours de sa propre histoire et de la Quête, nous devons simultanément et dialectiquement interroger le sens des interactions à l'œuvre là où elles sont, c'est à dire toujours en interface.
Le mythe est un langage, mais par sa fonction il relève de la croyance, tant il suscite adhésion, et est moteur de réflexion, de désir, de volonté... C'est ainsi qu'il possède réellement une efficacité symbolique dont témoigne la réflexion que nous pouvons avoir sur le mythe du Graal.

Cette réflexion, aussi modeste soit-elle, est une expérience. Le mythe, dans son expression symbolique, est pétri des profondeurs de l'humain.

Au Graal est lié l'idée de contenant, et de nourriture... Les liens entre nutrition et mystique, sont évidents...


Au XIIIe siècle, la Quête du Saint Graal devient la fin ultime de toute chevalerie. Celui-ci est encore décrit comme coupe d'abondance dans le Roman en Prose lorsque, le jour de la Pentecôte, les Chevaliers de la Table Ronde étant réunis, apparaît un vieillard en robe blanche tenant un jeune chevalier vêtu d'une armure couleur de feu (Galaad), qui annonce au Roi et à ses compagnons la venue du Graal, lequel se manifestant dans les airs, remplit la palais de parfums et charge les tables de mets succulents. Les Chevaliers de la Table Ronde jurent tous alors, après Gauvain, de se mettre en campagne, toute affaire cessante, pour découvrir la vérité du vase très précieux, à la fois nourricier et but d’une quête spirituelle.

Au terme de cette Quête, seuls trois chevaliers, les plus jeunes et les plus purs, Bohort, Perceval et Galaad parviendront au château du Graal, ils assisteront à une messe dite par Josephé, le fils de Joseph d'Arimathie, au cours de laquelle Jésus-Christ leur apparaît, et assisteront aux mystères du Graal et de la lance qui saigne.
Mais un seul d'entre eux, Galaad, sera admis à contempler l'intérieur du Vase; ayant considéré les choses spirituelles qui s'y trouvent, il sera ravi au ciel. «Depuis lors, il n'y a jamais eu aucun homme, si hardi fût-il, qui aie osé prétendre qu'il l'avait vu.»


La mystique du vase mystique est d’ailleurs très présente à l’époque médiévale dans la pensée chrétienne, notamment grâce au culte de la Vierge Marie développé par saint Bernard. Adam de Saint-Victor, dans un hymne à la Vierge, l'interpellait ainsi: « Salve Mater Salvatoris,Vas electum, vas honorisvas cælestis gratiæab æterno vas provisum vas insigne, vas excisumManu sapientiæ. »
(Salut, mère du Sauveur,vase choisi, vase d'honneur,vase de la grâce céleste,vase préparé de toute éternité,vase insigne, vase creux,main de sagesse.)
The Damsel
of the Sanct Grael
Dante Gabriel Rossetti - 1874



Le Graal comme contenant du sang du Christ, ou Saint Graal, signifierait aussi Sang Réel (voir l'anglais Sangrail). L'évolution du mot est ici liée au développement, à l'époque des croisades, du culte du Précieux Sang et, mutatis mutandis, du Sacré Cœur, etc.
En même temps, le contenant Graal est, d'une manière mystérieuse, identifié à son contenu...

The Damsel
of the Sanct Grael
Dante Gabriel Rossetti - 1857


On passe en quelques décennies d'un Graal-chaudron symbolisant les cultes de fécondité de l'Europe chrétienne, via le Graal féminin, vase d'élection, dans le jeu complémentaire du principe mâle (lance) et du féminin où le graal est assimilé à la dame, lieu de toutes les aspirations courtoises, à la coupe de souveraineté, gradalis. Puis dans une mystique influencée par les croisades et leurs prédicateurs, le Graal ou graduel prend la figure de la sagesse, dont rend compte une Quête mystique sous double influence: cistercienne et trinitaire. La quête du Graal permettra le passage des chevaleries terrestres aux chevaleries célestes.
The Beatus Apocalypse of Gerona, 975




De nos jours les aventures du Graal connaissent à nouveau un immense succès dont témoigne une production intense notamment sur le plan cinématographique...
Il faut reconnaître également, comme l'indique un récent rapport parlementaire sur les sectes, que l'on peut identifier plusieurs mouvements néo-religieux qui n'hésitent pas à convoquer ostensiblement le mythe du Graal au service d'idéologies simplistes ou régressives...



Sources : Bertin Georges in RELIGIOLOGIQUES

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mardi 17 février 2015

Lecture : De la croyance à la foi critique – J. Moingt -15/99-

Le sens de la résurrection, aujourd'hui … ?
«  Paul ne se contentera plus de dire que le Christ est mort « pour nous » ( 1 Th 5,10)... les juifs, ou les chrétiens ... (...) mais pour nous tous ( 2 Cor 5,14), pour tous les hommes, de toutes origines et conditions, même païens et pécheurs... » ( p 283)

« .. questions de l'homme d'aujourd'hui, qui ont trait essentiellement à sa crédibilité : quel crédit peut-on accorder à un discours du salut qui fait miroiter une destinée future de vie éternelle... ? (..) Quel peut-être le sens d'un salut qui détourne de réalités présentes et des combats nécessaires à la poursuite de l’aventure humaine. » ( p 285)
Ces questions ne proviennent pas d'un discours athée arrogant … mais de la foi elle-même.

« Confesser la résurrection de Jésus, n'est pas proclamer un événement du passé qui aurait échappé à l'observation historique, c'est annoncer un présent, annoncer qu'il est vivant en Dieu, mais vivant d'une vie nouvelle, divine... » ( p 286)

« le discours chrétien des « fins dernières » ne tend-il pas à détourner le croyant des choses de ce monde, vouées à la destruction, sinon pour y acquérir des « mérites » en vue de la vie future ? »
Le discours de Paul, pour J. Moingt, se concentre sur l'abaissement de soi pour élever l'autre …
« c'est le geste éminemment humain de construire l'humanité de l'autre, de l'aider à croître en humanité, c'est un travail d'humanisation. Ouvrer à s'unir entre hommes … (..) Il s'agit avant tout, dans l'esprit de Paul, de l'édification de l’Église » c'est à dire : « œuvrer à faire naître dans le monde une société nouvelle, ouverte... » ( p 289)
On ne fait pas son 'salut' ... On travaille au salut de l'humanité.
Bref... ! On ne peut pas se sauver tout seul... Cela n'a pas de sens … !

Alain Gielen: Humanité, 2009
« l'acte salutaire n'était plus le sacrifice offert à Dieu, si ce n'est le sacrifice de soi au prochain que Paul appelle « abaissement », l'amour des plus petits et des ennemis, le pardon, la vie de chaque jour au cœur des réalités du monde selon l’Évangile... » ( p 291)
«  Sorti de l'enfermement dans du religieux, la salut est à la portée de tous. (…) Le salut désacralisé reste don de Dieu » ( p291)
«  '' faire son salut '' n'est plus se retirer du monde... » ( p 292)

La résurrection des morts :
«  Comment les morts ressuscitent-ils, avec quelle sorte de corps reviennent-ils ? » et Paul répondait : « Insensé, ce que tu sèmes ne reprend vie qu'à condition de mourir ; la semence que tu sèmes n'est pas la chose même qui va naître, c'est un grain nu, de blé ou d'autre chose, et Dieu lui donne corps comme il en a décidé, à chaque semence son corps propre » ( 1 Cor 15, 35-39).
Autrement dit, ce qui ressuscite n'est pas le corps que nous perdons malgré nous, parce que la mort nous l'arrache, c'est celui que nous donnons librement au jour le jour, corps recréé, transformé, spiritualisé par la liberté et la générosité avec lesquelles nous le donnons. » ( p 293) (…) «  c'est cela même qui ressuscite, ce qui porte la marque de l'Esprit qui nous l'a fait faire, ce qui sort de notre corps animé d'un souffle d'éternité. » ( p293)
«  Dans cette perspective, ce qui ressuscite de nous n'est pas notre stricte individualité. » ( p 294)

«  Ce qui ressuscite, c'est donc ce que nous donnons, à fonds perdu, de notre être aux autres, pour les aider à être, et aussi ce que nous acceptons de partager de leur être propre, pour les soulager, ce que nous mettons en commun... » ( p294)

dimanche 15 février 2015

La vie de parent, par Danielle Guenther.

Danielle Guenther est née et a grandi dans l'Ohio. Actuellement, elle vit à New York et apprécie la vie de la ville.... Elle dit être une photographe autodidacte qui aime à voir le monde à travers le point de vue d'un enfant. Elle est impressionnée par l'énergie de ces ''petites gens'' qui dirigent leur vie quotidienne avec une telle puissance, et avec tant d'enthousiasme et d'émotion.


Après avoir passé plus de deux ans à photographier des familles et leurs enfants chez eux, Danielle Guenther, a choisi de s'intéresser à ces moments de difficultés que connaissent les parents à travers une série de clichés pleins d'humour. Ainsi est née cette série de photos intitulée "Best Case Scenario" (en français "Dans le meilleur des cas").










"Beaucoup de parents aiment le réalisme derrière le fait d'être parent et l'aspect comique qui peut en ressortir. Les parents sont quotidiennement confrontés à des scènes pleines d'humour quand les portes de leurs maisons sont fermées!", indique Guenther.



Danielle Guenther est également maman d'un petit garçon de 5 ans... Les mises en scène qu'elle réalise et qu'elle prend en photo sont un reflet de sa propre expérience.

«  On est tous sur le même bateau. Parfois c'est difficile, parfois c'est simple ».




vendredi 13 février 2015

Lecture : De la croyance à la foi critique – J. Moingt -14/99-

Jésus, la Résurrection et l'Esprit-Saint
« Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts,
donnera aussi la Vie à vos corps mortels,
par son Esprit qui habite en nous »
Rm 8,10-11
A cette association de Jésus au ''Père'', J Moingt ajoute l’association de Jésus à "l'Esprit"... Jésus est proclamé '' Seigneur '', donc Dieu ; et Jésus est proclamé '' Sauveur '' puisqu'il arrache l'humanité à la mort .. La résurrection n'est plus renvoyée à son terme ultime : la résurrection générale des morts...

«  Nous constatons que le salut, tel qu'on le concevait et l'attendait au temps de Jésus, était fait de deux éléments, l'effusion de l'Esprit Saint et la résurrection générale des morts... » ( p 267) (…) «  ces deux éléments étaient censés devenir effectifs en même temps, au dernier Jour..(...). Or, d’après le langage du salut tenu par les apôtres dès le début de leur prédication, le premier élément s'est détaché du second et est devenu effectif sitôt Jésus ressuscité. » ( p 267)

« Ainsi est marquée la différence de situation du croyant sous la nouvelle Alliance, par rapport à l'Ancienne : il ne vit plus dans la même attente anxieuse d'un salut qui serait refusé au plus grand nombre... (…) car un événement de salut s'est produit, qui a changé le cours de l'histoire en anticipant sa fin. » ( p 267) ...  « les premiers chrétiens ont eu conscience de vivre ce tournant du temps qu’était le passage de l'Ancienne à la Nouvelle Alliance et qu se traduisait par un changement de temporalité et de vision du monde. » (p 268)
Paul après sa rencontre de  Jésus-ressuscité sur le chemin de Damas

J Moingt fait un parallèle ' lumineux ' entre la Pentecôte ( le don de l'Esprit Saint) et la Résurrection... et souligne ainsi «  l'intention théologique de Paul » qui n'est pas de « faire le récit historique d'un événement ( il s'agit ici de la Pentecôte) dont il ne fut pas le témoin direct et dont l'exactitude est mise en cause par plusieurs obscurité, invraisemblances ou inconséquences. » ( p 269)
La notion d' '' Esprit-Saint'' n'est pas utilisée ( ou rare ) dans l'ancien Testament... Paul, « nomme régulièrement l'Esprit en lien avec le Christ ressuscité, et dans les mêmes termes, nous sommes unis à l'Esprit comme nous le sommes au Christ.. » ( p 270)
Pentecôte correspond à « une '' christophanie '', c'est à dire une apparition du Christ ressuscité, plus proprement qu'un don d'esprit ».... (…) on doit bien se convaincre que ni Paul ni Luc n'avaient d'idée très claire sur la distinction trinitaire... » ( p271)
«  puisque le corps de Jésus n'était plus constitué d'une manière perceptible aux sens, ils prenaient conscience de sa présence, quand il se révélait à eux dans la foi, en s'éprouvant ''possédés'' par son Esprit-souffle de vie et sa Parole vivifiante qui imprimait son identité dans leur esprit. » ( p271)


Je passe sur les charismes, sur l'amour don de l'Esprit …