samedi 31 mai 2014

L'Histoire de la Bible -1/3-

Je viens de lire, un ouvrage «  de référence » sur la Bible: son histoire... L'objectif est de comprendre pourquoi à telle époque et dans telles circonstances politiques les textes bibliques ont vu le jour... Comment est né le Dieu de la Bible … ?

Non … La Bible n'est pas tombée du ciel !

Thomas Römer, n'est pas n'importe qui : Thomas Christian Römer, né à Mannheim en 1955, auteur d'origine allemande naturalisé suisse, est un exégète, philologue et bibliste. Thomas Römer est professeur au Collège de France. Chaire Milieux Bibliques, et professeur à l'université de Lausanne.

Le « style oral » de l'ouvrage nous permet de comprendre la complexité de cette étonnante histoire. Ainsi, ce qu'il en est de la concurrence de mythes fondateurs (autochtonique et exodique) dans les deux premiers livres bibliques ou, la référence à deux divinités distinctes (El et Yahvé, un chef du panthéon et un dieu de l’orage) en ce qui concerne l’émergence du monothéisme.

A mon avis, le « catholique moyen » se fait une conception idéalisée de ce qu'il a appelé longtemps « l'histoire sainte ». La Bible n'est pas seulement, des prières, des méditations, des textes saints …

La Bible, résulte d'un long processus, elle est le fruit d'une tradition orale, d'une rédaction et d'une transmission humaines qui ont été lentes et complexes et qui cherchaient à répondre aux situations très diverses de l'histoire mouvementée d'un peuple. Elle s'est constituée peu à peu dans des situations historiques, sociales, politiques et culturelles précises débutant au 8ème siècle avant notre ère chrétienne, au moment où les deux royaumes de Juda et d'Israël étaient sous domination assyrienne. Les premiers textes bibliques ont été produits en réaction à cette présence assyrienne, des textes construits comme de véritables traités de vassalité assyrienne mais qui en fait étaient des écrits de résistance, très subversifs à l'égard des occupants.

La Bible est une littérature qui se présente comme s'étaler sur presque un millénaire ; en fait sa rédaction est concentrée sur une période qui se situerait entre le VIe s. et IVe s. avant notre ère. Une littérature historiographique, qui ne cache pas ses enjeux idéologiques …

Ce que l'on nomme « la Bible », n'est pas un livre, mais une bibliothèque.

Extraits :

« Les copistes avaient une certaine liberté d'intervention sur le texte... le concept d'Ecritures canoniques auxquelles on ne peut ni ajouter ni retirer un mot n'existait pas dans l'antiquité. » (P40)
Quand je parle de l'histoire d'Adam et Eve et de la chute ( Gn2-3), je montre qu'à partir d'une analyse historico-critique du texte, on ne peut pas conclure en affirmant qu'un péché originel héréditaire aurait été commis par ce premier couple. Pour arriver à cette doctrine, il faut restituer tout un itinéraire de pensée sur plusieurs siècles. Cela va de l'apôtre Paul qui fait le rapprochement entre la faute d'Adam et son rachat par le Christ, dans le cadre des débats rabbiniques sur le salut, à Augustin d'Hippone, au IVe s., qui élabore le concept de « péché originel » dans le contexte qui était le sien. …
Les rédacteurs bibliques ne pouvaient pas imaginer un centième de ce que les commentateurs leur ont fait dire plus tard ... » (P65)

« Si l'on veut faire une utilisation religieuse de ces textes, il est indispensable de lire et d'interpréter chaque passage à la lueur de tous ceux qui traitent du même sujet. Il faut aussi s'interroger sur les contextes socio-historiques pendant lesquels ils ont vu le jour. C'est très important d'attirer l'attention sur ce point, car les lectures littéralistes nourrissent les tendances fondamentalistes que l'on voit se propager un peu partout, jusqu'à l'extrémisme.
Prenez les débats sur le mariage pour tous, qui ont fait tant de bruit. J'ai participé à une émission de télévision où quelqu'un disait : « Ce projet est inacceptable, parce que le livre du Lévitique interdit l'homosexualité. »
Sur ce point, en effet, le Lévitique est très clair. Mais que fait-on, alors, de l'instruction qui lui est associée, à savoir la mise à mort du contrevenant ? S'il fallait appliquer la Bible à la lettre, il faudrait aussi restaurer la peine de mort pour tous les couples homosexuels. Qu'on soit pour ou contre le mariage homosexuel, pour ou contre la peine de mort, etc., cette méthode qui consiste à faire son marché dans la Bible en fonction de ses propres convictions, puis à décréter : « Voilà ce que dit la Bible et ce qu'il faut penser », consciemment ou non, c'est de la manipulation. » (P67)
« la nécessité de l'interprétation est inscrite au cœur des textes bibliques...(...) la Bible oblige à faire un travail d'interprétation. Elle en donne elle-même de multiples exemples... » (P69)

A suivre, avec d'autres extraits

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