samedi 21 septembre 2013

Chercher et trouver Dieu en toutes choses

La revue jésuite ETUDES, a mis en ligne une interview exclusive du pape François. Le pape revient sur son itinéraire de jésuite, donne quelques éléments sur sa conception du gouvernement, partage ses goûts artistiques et dit tout ce qu’il doit à la spiritualité ignatienne.


François, revient sur cette formule traditionnelle : « Voir Dieu en toutes choses »


Toute chose porte en elle, ne serait-ce qu’une trace du divin. Bien sûr, même dans le plus obscur de nos vie...
Mais alors: '' Tout '' ne devrait-il n'être que beauté, harmonie et ordre … ?
« Dans les propos du pape, je relève ce qui se rapporte au registre de la vie et de la fécondité. Il semble que sa conception de Dieu relève moins de l’harmonie équilibrée d’un système en ordre que d’un milieu créatif d’où la vie jaillit en permanence. » François Euvé, sj
Le pape François invite à « semer la pagaille » : « C’est l’idée qu’une structure trop ordonnée, « cristalline », est aussi éloignée de la vie que le chaos intégral. La vie est un entre-deux, « entre le cristal et la fumée » (Henri Atlan), fragile équilibre qui tient de la souplesse du jeu. » Fr Euvé


Dans le cours de cet interview (ICI) , je retiens les passages c-dessous :


« . Si quelqu’un dit qu’il a rencontré Dieu avec une totale certitude et qu’il n’y a aucune marge d’incertitude, c’est que quelque chose ne va pas. (…) Si quelqu’un a la réponse à toutes les questions, c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui, que c’est un faux prophète qui utilise la religion à son profit. »

« Si le chrétien est légaliste ou cherche la restauration, s’il veut que tout soit clair et sûr, alors il ne trouvera rien. La tradition et la mémoire du passé doivent nous aider à avoir le courage d’ouvrir de nouveaux espaces à Dieu. Celui qui aujourd’hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive. De cette manière, la foi devient une idéologie parmi d’autres. »


« Pour ma part, j’ai une certitude dogmatique : Dieu est dans la vie de chaque personne. Dieu est dans la vie de chacun. Même si la vie d’une personne a été un désastre, détruite par les vices, la drogue ou autre chose, Dieu est dans sa vie. On peut et on doit Le chercher dans toute vie humaine. »


Notre foi n’est pas une foi-laboratoire mais une foi-chemin, une foi historique. Dieu s’est révélé comme histoire, non pas comme une collection de vérités abstraites. Je crains le laboratoire car on y prend les problèmes et on les transporte chez soi pour les domestiquer et les vernir, en dehors de leur contexte. Il ne faut pas transporter chez soi la frontière mais vivre sur la frontière et être audacieux.


« L’image de l’Église qui me plaît est celle du peuple de Dieu, saint et fidèle. (…) Il n’y a pas d’identité pleine et entière sans appartenance à un peuple. Personne ne se sauve tout seul, en individu isolé, mais Dieu nous attire en considérant la trame complexe des relations interpersonnelles qui se réalisent dans la communauté humaine. Dieu entre dans cette dynamique populaire


« Quand je me rends compte de comportements négatifs des ministres de l’Église, de personnes consacrées, hommes ou femmes, la première chose qui me vient à l’esprit c’est : “voici un célibataire endurci” ou “voici une vieille fille”. Ils ne sont ni père, ni mère. Ils n’ont pas été capables de donner la vie. En revanche, lorsque je lis la vie des missionnaires salésiens qui sont allés en Patagonie, je lis une histoire de vie, de fécondité. »


« Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles, la proximité, la convivialité.
Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut !
Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons aborder le reste. Soigner les blessures, soigner les blessures… Il faut commencer par le bas. »


« Au lieu d’être seulement une Église qui accueille et qui reçoit en tenant les portes ouvertes, efforçons nous d’être une Église qui trouve de nouvelles routes, qui est capable de sortir d’elle-même et d’aller vers celui qui ne la fréquente pas, qui s’en est allé ou qui est indifférent. Parfois celui qui s’en est allé l’a fait pour des raisons qui, bien comprises et évaluées, peuvent le conduire à revenir. Mais il y faut de l’audace, du courage. »

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