La religion établit la légitimité politique, ici de la reine. La composition est fondée sur deux pôles : à gauche, "le Roy ravi au ciel" c'est-à-dire la divinisation de Henri IV après son assassinat par Ravaillac et, à droite, "la Régence de la Reyne". Leur fils Louis XIII n'ayant que neuf ans, Marie de Médicis, en tenue de deuil, prend la tête du royaume et trône au-dessus des vivants.
Je
reprends ci-dessous le propos de Bruno Bouvet dans la Croix
du 18/05/2013 :
« Y
aurait-il donc deux attitudes antagonistes ? D’un côté,
s’ouvrir au monde et l’aimer tel qu’il est ; de l’autre,
affirmer ses convictions en résistance à une société qui ne les
comprend pas et n’en tient plus guère compte. »
Effectivement,
la lecture de l'actualité de ces derniers mois, envoie le signe
d'une Eglise, qui craint de disparaître comme force de pression...
et qui risque de s'en tenir à une attitude de crispation identitaire
et qui ne pourra que - petit à petit - susciter le rejet.
D'autant
que les cibles du combat qu'ont choisi « ces cathos-là »,
sont - encore une fois – des thèmes qui touchent la vie privée...
mais, aucun regard sur l’économie politique, la place des banques,
le rôle des industries multinationales, l’économie de marché,
les énergies … !
Véronèse transpose le banquet des Noces de Cana ( 1563) dans un contexte vénitien qui lui est contemporain et même ultra-moderne (certains éléments d'architecture sont empruntés à des bâtiments créés par Palladio l'année même) et cosmopolite (sont mêlés vêtements orientaux et occidentaux)Malgré ses couleurs chatoyantes et sa foule joyeuse, le tableau contient sa part d'ombre. Plusieurs signes renvoient à la finitude de l'homme.
De
ce numéro de La Croix,
je retiens également ces deux contributions ( extraits ) :
Véronique
Albanel, enseignante à la faculté
de philosophie du Centre Sèvres, suggère une façon parmi d’autres
d’essayer d’être présent au monde, nourrie notamment de son
engagement au Service jésuite des réfugiés.
« Aimer le
monde, confie-t-elle, ce n’est pas forcément
aller vers ce qui rassure. Je ne peux pas vivre en relation avec les
autres en choisissant la peur et le repli qui en découle. Nous
pouvons aussi nous exercer à nous reconnaître et nous
aimer dans nos singularités différentes, même si la
différence fait parfois mal. Hannah Arendt m’a fait comprendre que
l’élargissement du cœur, inséparable de
l’élargissement de la raison, est lié à la capacité
de s’ouvrir à des points de vue différents. Cela demande une
forme d’audace humble. Celle de nous quitter pour mieux vivre de
l’Évangile, avec la certitude de nous ouvrir alors à la joie
promise (Mt 25), et déjà là. »
James Ensor. L'Entrée du Christ à Bruxelles, 1898. |
Pâques 2009 une sculpture représentant le Christ mort sur une chaise électrique
|
« Comme le
rappelle le paragraphe 34 de Gaudium et spes,
le monde n’est pas un rival de Dieu, résume-t-il. Voulu
et aimé par Dieu, il est le lieu où s’exerce la vocation
chrétienne. Ce n’est pas ailleurs que je participe à son dessein
de salut, et ce n’est pas en dehors du monde que je vais trouver
Dieu. Dieu est là où les hommes souffrent, se battent pour plus
d’humanité. Le service du monde se vit à l’endroit où il est
blessé, là où Dieu est. »
Le Christ chassant les vendeurs du temple par Greco 1576
|
Et, ce que nous dit :Denis Müller, professeur d’éthique à la Faculté de théologie de Genève (Suisse)
« En
philosophie et en théologie, on distingue le compromis fort, et le
compromis faible ( autrement appelé la compromission). Ces deux
notions n’ont rien à voir. La première désigne une résolution
intermédiaire entre les extrêmes. En ce sens, un
compromis fort
est une méthode selon laquelle on essaie de se mettre d’accord
avec un adversaire ou un partenaire soutenant une thèse opposée. Le
but est de parvenir à une troisième voie qui tient compte de
l’intérêt des deux autres. En revanche, le compromis faible,
construit trop rapidement, a pour seul objectif d’éviter le
conflit : il essaie simplement d’éteindre un conflit en empruntant
trop rapidement une voie de garage. (...)
La Fête-Dieu était souvent l'occasion de renouveler l'alliance entre les pouvoirs politiques et religieux...
|
Pour
bâtir un compromis fort, il faut bien examiner tous les arguments
qui se situent de l’autre côté et reconnaître qu’ils ont aussi
leur raison d’être. Cela suppose une vraie éthique de la
discussion, c’est-à-dire une écoute sérieuse des arguments de
l’autre. Mais si, en conscience, mes principes résistent, je ne
suis pas obligé de faire un compromis. Il ne s’agit pas de la
seule option possible. On peut tous être appelés, dans certains cas
extrêmes, à refuser le compromis, mais il faut avoir de bonnes
raisons pour cela.
( ...)
Il
faut toutefois garder en tête que l’éthique
n’est pas composée d’une seule valeur mais de plusieurs.
Si l’on érige une
seule valeur en cas de conscience, on risque de s’isoler et de se
retrouver seul.
Si l’on accepte qu’il existe plusieurs valeurs complémentaires,
cela rend les choses plus complexes. »
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