mercredi 12 juin 2013

Faut-il avoir peur de Joseph Moingt ?


GUYOT/CiriC Pour le P. moingt, la théologie doit s’enraciner dans la vie.
Récemment, dans le quotidien « La Croix », apparaît au détour d'un article ( 16 mai) sur le théologien et prêtre jésuite Joseph Moingt , une « critique » de fond qui laisse bien transparaître un « retour » espéré d'une certaine discipline du magister...
Ainsi David Roure, journaliste, regrette que « le jésuite semble trop opposer le Magister à la théologie, répétant à de nombreuses reprises que la théologie doit se dégager complètement de l’emprise d’une institution qui la briderait. Ainsi, par exemple, prône-t-il la nécessité d’une « difficile liberté d’esprit et de langage dans l’obéissance aux autorités et aux instances magistérielles qui régissent le domaine de la foi ». Plus loin, il déplore le « conflit entre une éthique de la vérité liée à un faire et l’obéissance à une autorité qui se réclame, elle aussi, de la vérité » . Bref, comme on avait déjà pu le regretter dans son récent Croire quand même (2010), tous les lecteurs ne seront pas forcément en phase avec cette méfiance récurrente vis-à-vis de l’Église ( sic ! ) si clairement visible dans ce recueil. »

Effectivement dans Figures de théologiens (Cerf), Joseph Moingt distingue des théologiens qui lui apparaissent comme des « hommes de labeur et de recherche, de pensée rigoureuse, de culture étendue, avides d’horizons nouveaux et variés, aux intuitions aiguës »
Il estime que les auteurs qu'il choisit, traverse une théologie qui est « le lieu d’une authentique conversion à la foi : renoncer à la tentation des discours idéologiques, se dépouiller de son savoir, éprouver la pudeur d’affirmer, se tenir en posture d’apprendre, douter même de croire pour chercher où se pose “fondamentalement” la question de la foi, aller au bout de ses questions pour porter devant Dieu la cause de l’homme, assumer l’incroyance du monde pour lui porter l’appel de Dieu, aimer assez la vérité de Dieu pour ne jamais penser la posséder, mais la laisser venir à soi et lui en laisser le temps et s’abandonner, de toutes ces façons, à l’aventure du croyant » .
Alex Gross est un petit warholien ( nourri au pop art ). Et un bon.
Ses peintures mélangent le fantastique et l’ultra réaliste, donnant au tout un air de rêve, de flash cérébral, d’épiphanie de divan. Le genre d’images qui s’imposent parfois à nous dans un état second et nous donne envie de nous réfugier en fœtus dans le coin d’une pièce.
La coloration acidulée des œuvres rappellent forcément l’influence asiatique. Un ingrédient constant chez les rejetons de la Factory. Une touche manga qui ajoute l’ingrédient apocalyptique au pop art version 3ème millénaire.



Le souci de J Moingt est de travailler une théologie qui revient aux sources, interroger les traditions théologiques et philosophiques anciennes et contemporaines, de se confronter au monde moderne, et de faire des propositions pour l’organisation de l’Église pour les temps qui viennent, au moins pour sa partie occidentale. Parfois, sa critique porte sur le côté institutionnel de l’Église qui, comme toute institution, risque de faire passer sa défense sociale et politique, sa pérennité, avant la fidélité à sa finalité propre, sa vocation : la fidélité à l’Évangile. L’histoire nous apprend qu’il en fut souvent ainsi, et que cela pourrait perdurer. Le débat, le traitement des conflits seront toujours à l’ordre du jour. Il suffit de relire les Actes des Apôtres. Par ailleurs, il n’est pas interdit à tout un chacun d’avoir ses préférences, et il est conseillé d'avoir ses convictions. Mais cette incise « cette méfiance récurrente vis-à-vis de l’Église » qualifiant le travail de ce théologien me semble une accusation peu conforme avec la disputatio théologique … !

Joseph Moingt a 97 ans, il est l’auteur d’une œuvre théologique monumentale (quatre volumes sur Dieu dans la collection « Cogitatio Fidei » !). Il a également dirigé pendant près de trente ans (de 1968 à 1997) la prestigieuse revue Recherches de science religieuse.

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