lundi 11 mai 2015

Mystère de La Parole

La Bible est la Parole de Dieu : - formule entre bien d’autres - à laquelle, on finit par s'habituer, sans trop savoir de quelle manière on y adhère …
Ce Livre emprisonne t-il ainsi cette Parole ? Pour en faire une Parole univoque, unique, violente … ? 
- L'infinie complexité ne peut ainsi se laisser mutiler … 
- La lecture d'un tel Livre, ne peut jamais s'achever...

Ci-dessous, des extraits d'une conférence de Lucien Noullez, belge, enseignant et poète.
« La Parole de Dieu n'est pas dans le Livre, mais dans l'espace entre le livre et ses lecteurs, puis dans l'entre-nous de ceux-ci »

- La nature de la Parole, dans la Bible, serait-elle mystérieuse ou énigmatique ?
« Une énigme se propose à nous comme l’objet d’une élucidation, l’occasion d’un travail sur la découverte d’un sens caché, mais clair. Une parole énigmatique peut irriter ceux qui n’en ont pas la clé. Elle peut, au contraire, tisser entre ceux qui la comprennent (les initiés) un sentiment de connivence.

Une parole mystérieuse, elle, ouvre le sens à l’infini. Le mystère se présente à nous comme une convocation à entamer un travail sur le sens, dont on devine qu’il ne sera jamais achevé. »

Par exemple :

« Pourtant, il y a des choses dans la Bible qui demeurent mystérieuses, qui ne s’élucideront jamais. L’Exode, par exemple, nous raconte que Dieu ouvrit la mer afin d’y faire passer Moïse et les Hébreux. J’ai lu quelque part un commentaire de ce récit, selon lequel le bras de mer traversé offrait des passages à gué que Moïse avait pu explorer antérieurement lors de son séjour prolongé chez Jéthro. Il ne m’appartient pas de juger de la valeur historique d’une telle explication. Mais il saute aux yeux qu’elle s’éloigne des intentions du texte biblique, lequel raconte bien l’intervention mystérieuse de Dieu. On sent à quel point l’effort pour rendre ce récit plausible aplatit sa signification. En conférant au Passage de la Mer Rouge le statut d’énigme (comment cela a-t-il pu se passer.. ?), on croit résoudre une difficulté, mais on en vient en fait à vider la lecture de tout intérêt spirituel.
Biaggio d'Antonio ( Quattrocento) a construit la fresque autour d'une seule scène (Sixtine)
 Accepter, par contre, qu’il s’agit là d’un mystère n’oblige pas à prendre position sur la réalité factuelle de l’événement raconté, mais laisse résonner longtemps, infiniment, dans le corps et dans la tête, l’image d’une mer fendue en deux parts entre lesquelles des captifs font leurs premiers pas d’hommes libres… Le mystère demeure, il nous habite. Nous pourrons, selon les circonstances de notre vie, l’habiller de significations diverses. Il ne s’épuisera jamais, et il se refusera toujours au joug de l’explication univoque. La nouveauté du livre vient du jaillissement ininterrompu des interprétations qu’on en fera. »

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