samedi 16 mai 2015

Poésie et Parole Evangélique -1/2-

La poésie au secours de notre lecture de ''La Parole'' ?

Pour comprendre l’intérêt de la poésie, dans une recherche spirituelle, ou pour ce qui concerne la question que je me pose : la poésie nous donne t-elle une manière éclairante de lire La Parole ? ... Il n’est que d’essayer de suivre cette expérience avec Yves Bonnefoy, qui s’en explique …

La plupart du temps, La Parole évangélique, nous apparaît : concrète, ainsi, elle pénètre aisément notre esprit ; elle entre aisément dans les esprits qui la gardent en mémoire ; elle nous apparaît soucieuse de chacun, portée par l’amour ...
L’auditeur se sent poussé à conformer sa vie aux exigences du Maître, un maître proche, qui fait ce qu'il dit...


Et pourtant ; d’un autre côté, la parabole veut être mystérieuse...
Quand Jésus est à part de la foule, ceux de son entourage avec les Douze lui demandent le sens des paraboles. Et il leur dit : « A vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné ; mais à ceux -là qui sont dehors tout arrive en paraboles afin qu’ils aient beau voir et n’aperçoivent pas, qu’ils aient beau entendre et ne comprennent pas, de peur qu’ils ne se convertissent et qu’il ne leur soit pardonné. »(Mc 4, 10-12). Reprise d'Isaïe 6, 9-10...
Plus loin l’évangile de Marc (4, 33-34) complète :
« C’est par un grand nombre de paraboles de ce genre qu’il leur annonçait la Parole dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre ; et il ne leur parlait pas sans paraboles, mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples. »
Et Matthieu (13, 34-35) :
« Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur parlait point sans paraboles. Ainsi devait s’accomplir l’oracle du prophète : « Ma bouche prononcera des paraboles, elle clamera des choses cachées depuis la fondation du monde ». (Ps 78)


Que faut-il comprendre... ? La poésie, pourrait nous aider à comprendre ….

« Fondamentalement la poésie a pour but de rendre aux mots de la langue leur capacité d’évoquer pleinement les choses qu’ils représentent en ce qu’ont celles-ci d’existence actuelle, concrète, au sein de notre propre horizon de vie : ces arbres, par exemple, sur ce chemin, non l’arbre du dictionnaire. Sa tâche est de faire apparaître dans la parole notre lieu et notre moment, nullement d’en analyser les aspects, comme le font les autres emplois de mots, et ainsi ne dit-elle rien, en sa profondeur, mais accueille en nous les réalités qui importent, les mettant aussi en rapport entre elles, ici, maintenant, comme ne le font évidemment pas les projets de la science ou de l’action. » Yves Bonnefoy


Varengeville-Sur-Mer
église Saint-Valéry,
Le christ rédempteur 1998,
Michel Ciry.
« La poésie : désembroussailler tel mot auquel on a eu accès, par hasard : comme on entend tinter l’eau sous les gravats et les hautes herbes, après quoi on revient, et on dégage une source. (…) On n’appelle pas Dieu par son nom, on l’appelle dans un nom, et cela peut être du coup dans n’importe quel nom, c’est ce que l’on nomme l’amour ». Y. B.


« La poésie, si j’ose parodier Mallarmé quand il parle de la musique, c’est ce qui reprend à la religion son bien, lequel est une expérience de présence, dans la rencontre de ce qui est, que les croyances, les dogmes, nous dérobent, mais pour aussitôt l’affaiblir. Elle entend dissiper les mythes. Ceux-ci sont intéressants, passionnants même, mais par la perte de la plénitude de l’immédiat qu’on les voit faire et qu’il faut décrire et comprendre. J’ai conçu, en effet, et dirigé, un Dictionnaire des mythologies des sociétés traditionnelles et du monde antique. Mais qui collaborait à ce dictionnaire ? Jean-Pierre Vernant et ses amis du centre de sociologie de la Grèce antique, ou les chercheurs et les enseignants de l’École des hautes études. Et j’espérais, avec Mallarmé encore, ou Leopardi, que faire du mythe un objet d’étude aiderait la poésie à radicaliser son projet, à se faire ardente laïcité. » Y. B.

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