mercredi 13 mai 2015

Dieu: j'y crois ou j'y crois pas ...? - Réponse à A. Comte-Sponville

J'ai vu, au cours d'une rencontre-débat, le documentaire '' Le philosophe et les croyantes'' de Marjory Déjardin. Ce documentaire de 92 minutes met en scène cinq femmes, plutôt âgées, de religions différentes qui se confient et dévoilent leur approche de la spiritualité à travers une variété de thèmes, tels que la place de la femme dans la société, l’importance de la famille, l’homosexualité, le rapport à l’argent ou encore la solitude.

Ce film interroge sur la transcendance... Peut-on se passer de religion ? Quel est le rapport entre la spiritualité, la morale et la religion ? Cinq visions du monde : Simone, catholique française, Mildred, juive américaine, Toula, musulmane sénégalaise, Elin, protestante norvégienne et Eouch, bouddhiste cambodgienne. Et, face à ces femmes, le philosophe, sur scène, en autorité : André Comte-Sponville, philosophe français et athée.





 Marjory Déjardin, semble convoquer son professeur de philosophie, devant sa grand-mère, afin de mesurer la crédibilité de l'une face au raisonnement de l'autre... Combat inégal sur le plan de la raison... Comte-Sponville est implacable...

A vrai dire, le catholique que je suis, se retrouve bien plus dans les propos du philosophe que dans ceux de ces sympathiques croyantes; même si , finalement, ils me conduisent au-delà, mais avec plus d'intelligence, que la profession de foi athée de Comte-Sponville. Et puis, sans doute que ces femmes, parlent d'autre chose... De ce à quoi Camus pensait, quand il disait, je crois, '' S'il faut choisir entre ma mère et la vérité, je choisis ma mère...''


Par exemple, André Comte-Sponville, reconnaît invivable d'être craintif sous le regard d'un Dieu juge … Mais, si on déclare que Dieu est au contraire 'Amour', il récuse cette possibilité en trouvant tout aussi éprouvant d'être sous ce regard aimant... ''Qui aimerait vivre en permanence sous le regard aimant de sa mère … ?'' . Personnellement, je trouve que cet argument fait mouche ; sauf que... justement, je n'ai jamais pris ''l'amour d'une mère'', comme l'image de l'Amour... Enfin, quelqu'un qui me comprend quand je défend cette idée.. ! Pour une mère, l'enfant est son prolongement, sa vie... Il est soi... L'amour d'une mère, c'est l'amour de soi... De plus, il peut être possessif, et beaucoup d'autres défauts … Bref, l'Amour de Dieu, est bien autre chose ( oblatif, par exemple ...)… Merci, monsieur le philosophe de me permettre de préciser cette notion.

André Comte-Sponville, défend l'idée que le ''croyant'' bénéficie d'une vision rassurante de la mort, entre autres ; et, qu'il est globalement beaucoup plus difficile d'être athée, que croyant... Cette remarque ne me convainc pas, et m'oblige à creuser en moi cette impression … Peut-être est-ce parce que, même si je me définis ici comme ''croyant'' ( pour faciliter la discussion …), je suis à la fois 'agnostique' et 'croyant' : ma foi est sans cesse en question, et ceci n'est pas si confortable... Je dois faire l'effort constamment de ne pas me mentir, de ne pas me conforter par des sentiments agréables qui pourrait endormir ma raison, d'être en éveil … Ce n'est pas si facile … !

André Comte-Sponville, remarque que nous avons tous besoin de 'communier' en quelque chose ; les croyants auraient cette chance de pouvoir profiter de cette organisation à forte cohésion … C'est vrai, à mon avis, que l'Eglise catholique est une organisation qui bénéficie d'une efficacité qui s'est construite au cours des siècles, et qui ' heureusement ' s'est amendée sur beaucoup de points … Pour ma part, elle est aussi difficile à supporter: l'ambiance ''catho'' – repliée sur elle-même - me pèse : elle peut être condescendante, bon chic - bon genre, ' bisounours ', "prions les uns pour les autres .."etc.

Igor Morski 1960
Enfin, une phrase de A. Comte'Sponville m'a interpellé: Il parle de l'Humain, créé à l'image de Dieu ...etc: « La médiocrité de la copie me fait douter de l'original... »... pas mal, comme formule ! Mais, elle ne fait pas mouche, quelque chose ne correspond pas … Si l'Humain, est pour moi au coeur du projet divin, « l'humain » représenté par son comportement au cours de l'histoire plus ou moins récente ne définit pas ce que nous sommes appelés à être... Ce qui compte, à mon avis, c'est la réalité du progrès de sa conscience... Elle est réelle …Même s'il finit par tout faire exploser ...

Cela me fait penser à un autre point qu'il évoque ; la '' Révélation '', cela lui paraîtrait manifeste si dans la Bible, la Déclaration des droits de l'homme et de la femme … leur dignité, égalité ...etc, était clairement et textuellement établie dans La Bible; puisque les hommes alors ( il y a deux mille ans ) n'étant pas susceptibles de pouvoir l'inventer, l'origine ''divine'' serait établie … Faible argument ...!

Je rajouterai ; on pourrait se demander aussi, pourquoi Dieu n'intervient pas ( au 20h. de TF1) directement dans sa Tout-Puissance... ? Pourquoi '' Ressuscité '', il n'est pas allé fanfaronner devant les forces romaines, les grands Prêtres ...etc ?

En fait, quand un ''athée'', vous dit qu'il ne croit pas en Dieu... demandez-lui de quel dieu parle t-il ; il y a de grandes chances que vous n'y croyiez pas non plus … !

2 commentaires :

  1. En somme, Brassens résume assez bien la vision du philosophe:"Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires, mais j'envie les pauvres d'esprit pouvant y croire." La discussion est certes intéressante, mais on a trop souvent l'impression de ne pas parler de "la même chose"... Le Dieu dont il nie l’existence n'existe pas pour moi non plus!

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  2. Parler sur 'Dieu' s'avère être assez complexe et source de malentendus ... Je préfère lire et discuter les Evangiles... Mais bien sûr, selon que le lecteur puisse envisager une 'transcendance' ou s'y refuse ... La lecture sera bien différente... Il reste à disposition, comme ''outils intéressants'', le mythe ou le conte ...

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