mardi 24 mars 2015

Lecture : De la croyance à la foi critique – J. Moingt -24/99-

'' foi critique ''
La chute de Phaeton, par Peter-Paul Rubens
«  à maints endroits de plusieurs livres de la Bible met sur les lèvres de Yahvé des paroles guerrières, ou dans la Loi des préceptes de violence, qui ne peuvent pas venir du Dieu qui nous prescrit par la bouche de Jésus d'aimer nos ennemis ; les mythes qu'on y trouve méritent d'être traités avec plus de respect que ceux du paganisme, mais sûrement pas comme des mystères divins pleins de vérité... » (p 423)

Démythologiser la Parole de Dieu. (p 424)
Ce passage me laisse perplexe... Il ne faudrait pas comprendre que ''démythologiser la Parole de Dieu '' soit l'unique objectif de J. Moingt... Et penser que ''La Parole '' ne puisse s'exprimer à travers le Mythe.. ? D'ailleurs, je ne spécialise pas le mythe aux traditions païennes ou religieuses...

illustration de Igor Morski
« Il nous faut accepter de démythologiser la révélation pour la recevoir dans sa vérité de Parole de Dieu, non pas en extirpant de la Bible un à un tous les mythes que nous pourrions y détecter, mais en expurgeant la mythologie recelée dans notre concept théologique lui-même de révélation. » ( p 424)
« Le mythe est dans l'idée que l'homme de tout temps s'est faite et se fait encore de Dieu et de la manière dont il s'approche de nous ou se laisse approcher »

Bien sûr, le mythe – mélange de questions et réponses – évolue, mais la compréhension que l'homme se fait de Dieu dans la Bible, aussi...

«  Nous n'avons pas tort de chercher une révélation dans les traditions bibliques, puisqu'elles ont été consignées et transmises à cet effet. Notre tort est de penser que nous devons recevoir cette révélation telle qu'elle est racontée, et nous le croyons parce que nous sommes d'avance persuadés qu'elle a dû se passer ainsi et ne pouvait pas l'être autrement. Nous lisons la révélation à travers ce filtre imaginaire : le mythe est dans notre esprit. Relisons le récit avec un esprit critique, et le mythe s'évanouit, mais pas la révélation... » ( p 425)


Nous ne lisons pas un récit mythique, avec le filtre ''cela s'est-il réellement passé ? '' ( réellement = historiquement ), pour supprimer tout ce qui ne serait pas ''réel''. Le mythe vise à la Vérité, et la vérité ne se limite pas à la réalité. L'esprit critique ne peut pas rejeter le Mythe, au prétexte qu'il ne décrit pas une vérité historique … ! A mon avis, reconnaître où peut se cacher le mythe, peut me satisfaire ; mais ce n'est pas nécessaire... Et si l'on démythologise, il faut aussitôt reconstruire avec ces mêmes matériaux, pour ne pas perdre le message … Je prends pour exemple, un personnage comme Marie, qui '' démythologisée'', risque de perdre son poids symbolique... La seule nécessité, et c'est sur quoi J. Moingt veut insister, c'est que le mythe – aujourd'hui – n'est plus le support utilisé par les gens qui réfléchissent avec 'raison'...
illustration de Igor Morski
A mon avis, s'il est risqué d'abandonner le mythe, il est nécessaire de travailler avec le mythe et d'en découvrir son intérêt et toute sa profondeur ...

«  le peuple juif souffre de la même mythologie générique que les traditions religieuses des nations païennes, qui est l'attachement à un passé imaginaire de connivence avec la divinité, passé supposé fondateur d'un lien privilégié et perpétuel avec elle. » (p 427)
Mais … comme il a opté pour le dieu unique... Dieu s'en accommode, et fait route avec lui … !

Malgré tout, J. Moingt, reprends le terme de Mythe pour signifier la ''préexistence du Christ'' …
« L'idée de la préexistence du Christ se présente à la base de la foi au Dieu trine, incarné et rédempteur : c'est dire son importance. La qualifier de ''mythe'', alors que ce mot revêt souvent un sens péjoratif, c'est plutôt la désigner comme le point névralgique de la foi, au risque de décrédibiliser ce qu'elle prétend fonder. » (p 428)
Lima de Freitas Preste_Joao

« Platon, le premier, opposa le muthos et le logos, le premier désignant le domaine obscur des mystères divins, des rites religieux, des récits légendaires, des rêveries poétiques, et le second tout discours élaboré dans la clarté de la raison raisonnante.... (…) le langage commun appellera ''mythe'' ce qui relève de l'imagination sinon de la divagation par opposition à ce qui porte la marque du sérieux scientifique, du fondé et du raisonnement. ...»
« pour la plupart, de nos jours, archéologues, anthropologues et autres historiens de l'Antiquité ne traitent plus les mythes avec mépris, mais y admirent les premiers efforts de l'homme pour voir clair dans le réel et le mettre en discours, les premières tentatives de l'esprit scientifique pour expliquer l'univers... » ( p 429)
« Et parce que le désir de l'homme de se situer dans son monde le pousse à interroger l'origine de toute choses, de lui-même, de l'univers, de la société, des espèces, les mythes les plus nombreux sont des mythes de commencements... » ( p 430)
L'Arche de Noé par Edward Hicks (1780-1849),
basé sur l'histoire de la Bible hébraïque,
Genèse 65-22.

«  Le croyant peut donc recevoir dans le mythe biblique la révélation d'une Parole qui, depuis le début des temps, donne sens à l'histoire en l'acheminant vers le terme que lui assigne l'acte créateur, Parole qu'il accueille comme une promesse de salut dans la foi au Dieu créateur... (…) Dans ces récits mythologiques du passé hébreu, c'est tout le passé religieux de l'humanité païenne qui est ''sauvé'', qui accueille la Parole de Dieu, est soulevé par l'espérance d'Israël et connecté à l'histoire de salut que l'élan créateur conduit à son accomplissement en Jésus. » ( p 430)

«  Jésus donne sens aux anciens mythes de création et de salut en annonçant l'ultime mythe du Royaume à venir » ( p 431)
Vraiment … ? Je pense que la plupart des mythes, nous semblent encore assez indépendant, pour nous apporter un message dans leur identité propre … Je veux bien admettre qu'à terme, dans le Christ ''cosmique'', il puisse récapituler tous les mythes … Mais nous n'en sommes pas encore là … !

«  Jésus entre dans le mythe en revêtant le nom de Christ : cela n'enlève rien à la réalité de son histoire, mais lui donne l'éternité pour consistance, commencement et fin. » (p 431)

2 commentaires :

  1. Bonjour,
    le christianisme a sanctifié et "sauvé" les mythes païens et les mythologies du peuple Hébreu. Si ces mythologies que nous savons maintenant imaginaires et symboliques sont la base de la Révélation du Christ, comment comprendre et éclairer, sans évacuer la part mythologique , la transcription de la vie et de l'historicité des actes de Jésus ?
    la phrase "Jésus entre dans le mythe en revêtant le Christ" montre la puissance étonnante de la vérité du mythe. Pour les consciences modernes le mythe est source d'erreur et c'est là qu'il est nécessaire d'agir pour renouveler l'approche psychique et spirituellement motivante du mythe chrétien. Soit en réanimant l'orthodoxie par l'Esprit soit en utilisant l'analyse analogique et psycho-symbolique du Mystère-Dieu expliqué par Diel ou d'autres.

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  2. Il y a aussi, la voie de l'herméneutique... Et cet ''art'' d'interpréter était beaucoup plus vivant chez les Pères anciens qu'il ne l'est aujourd'hui.

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