jeudi 20 mars 2014

Si aujourd'hui, nous n'avons plus de « religion », nous avons des « valeurs »... -2-

Toutes les valeurs se valent-elles ? Peut-on ainsi choisir dans le choix des valeurs celles qui nous conviennent ? Ce qui reviendrait à étayer une pensée sceptique, voire cynique … A moins de penser pouvoir affirmer des « valeurs » scientifiquement établies, et privilégier une pensée positiviste... ?
Pourtant, aujourd'hui, il est impossible de ne pas prendre en compte le pluralisme des cultures, et les avancées scientifiques …

Affirmer que les valeurs sont nécessaires, c'est vouloir se donner les moyens d'affronter une situation qui se dégraderait sans l'intervention humaine. L'humain est la raison de ses valeurs. Il est le créateur de ses valeurs … Comment gérer ensuite, l'opposition de valeurs contradictoires... ?

Revenons au difficile problème du fondement des valeurs.
A cette affirmation : « Si les valeurs, écrit-il, n'ont pas de réalité extérieure, elles ne sont plus des valeurs; or, l'extinction de la transcendance est indissociablement celle de l'extériorité des valeurs; l'extinction de la transcendance implique donc celle des valeurs » Raymond Boudon. Le Juste et le Vrai.
Le Christ ( au centre et au fond ) au milieu des Docteurs de la Loi a été peint par le jeune Tintoret vers 1542. A gauche, en bleu, la mère de Jésus.

A mon avis, en morale, la force de sa raison est dans la volonté humaine d'affirmer une valeur, donc un sens … Une valeur se désire. Le message évangélique, lui-même résiste à cette tendance « religieuse », qui consiste à « comprendre la transcendance comme pure extériorité par rapport à l'acte d'une liberté qui la reconnaîtrait; en outre elle fait de la transcendance un moyen de l'affirmation de soi ou des valeurs, ce qui conduit à un subtile utilitarisme qui en réalité ruine ce qu'il prétend fonder » Paul Valadier ( jésuite )
Diogène recherche un Homme ( un vrai )
Peinture attribuée à JHW Tischbein (c. 1780)

« La logique évangélique conduit effectivement l’homme à se tenir responsable devant Dieu, à se reconnaître et à reconnaître autrui comme la valeur des valeurs » 

« Si fondement il y a, il se trouve là : dans une liberté qui se reçoit elle-même comme tâche à remplir ou qui se veut raison à l’œuvre dans l’histoire avec les moyens de l’histoire et dans les incertitudes d’une existence finie, donc aussi en admettant ses échecs, ses incertitudes, de même que les doutes qui peuvent la ronger quant au sens de ce qu’elle entreprend – ou de ce qu’il advient dans l’histoire de ses entreprises. Il n’y a pas d’autre fondement à chercher que celui-là, et d'une certaine façon il se suffit, parce qu’il ne fait pas nombre avec la liberté, mais la structure et la constitue en son désir d’être libre.
de Jean-Léon_Gérôme: Diogène
C’est une telle liberté qui se trouve alors motivée, non pour « inventer » des valeurs, mais pour les discerner dans l’épaisseur des tâches à elle proposées et pour les faire advenir dans les situations les plus diverses où son intervention est requise pour construire un monde humain. Tout autre fondement prétendument « objectif » délesterait la liberté d’avoir à se constituer, proposerait un comblement et une obturation du désir, et donc loin de « fonder » (c’est-à-dire de donner à soi en vue de…) détruirait ou ruinerait ce qu’il est censé fonder.
» (p. 166)
(P.Valadier. L'anarchie des valeurs. Le relativisme est-il fatal ? Albin Michel, 1997)  

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