"Pour la grande masse des chevaliers, l'amour courtois ne fut alors, quand ils en eurent connaissance, qu'une attitude mal comprise ; ils étaient encore, et pour longtemps, de purs soudards, incultes, incapables de réprimer leurs appétits, aux réflexes religieux élémentaires - parfois, dans les provinces les moins pénétrées, d'une redoutable sauvagerie, pillards vêtus de peaux de renards, tueurs de moines, détrousseurs de marchands, et ravisseurs de filles."
G. Duby et R. Mandrou, Histoire de la civilisation française, A. Colin, 1958.
"Pour eux, la femme est d'abord un objet. Les hommes la donnent, la prennent, la jettent. Elle fait partie de leur avoir, de leurs biens meubles. Ou bien, pour affirmer leur propre gloire, ils l'exposent à leurs côtés, pompeusement parée, comme l'une des plus belles pièces de leur trésor, ou bien ils la cachent au plus profond de leur demeure et, s'il est besoin de l'en extraire, ils la dissimulent sous les rideaux de la litière, sous le voile, sous le manteau, car il importe de la dérober à la vue d'autres hommes qui pourraient bien vouloir s'en emparer.".
Georges Duby, Dames au XIIème siècle, Gallimard, 1995.
Aussi, fallait-il bien que sous l'impulsion de femmes comme Aliénor d'Aquitaine ( 1122-1204) ou Marie de France ( sa fille ) (1) , une autre vision de la chevalerie soit proposée. C'est la tache demandée à Chrétien de Troyes, par Marie de Champagne (1174-1204) ( et fille de Marie de France ) : Au début de « Lancelot ou le chevalier de la charrette » écrit : « puisque ma dame de Champagne veut que j'entreprenne un roman, je l’entreprendrai très volontiers ». Marie participe à l’épanouissement du lyrisme courtois en langue d'oïl …
- (1) Marie de France ( 1145-1198) participa à la cour lettrée d’Aliénor d'Aquitaine à Poitiers (1170-1173) et tint elle-même une cour brillante et protégea ou encouragea plusieurs écrivains, dont Chrétien de Troyes, Gace Brulé, Gautier d'Arras, Guyot de Provins, Huon d'Oisy, Geoffroi de Villehardouin.
Lancelot embrassant Guenièvre |
L'Église romaine condamne, alors, l'amour courtois comme une hérésie … St Bernard lui-même relit le Cantique des cantiques et oppose à la fin'amor, la mystique de l'Amour divin ( 1129 ).
Les 'prolongations' christianisée des romans du Graal, corrigeront les excès de l'amour courtois, sauf peut-être l'amour de Lancelot pour Guenièvre : trop connu... !
Merci pour tous ces beaux articles, je viens te lire chaque jour. Sur l'amour courtois, tu peux aussi trouver des pistes de réflexion dans mon article "Une seule chair"...
RépondreSupprimerEt pour toi qui aimes bien les nombres sacrés, si ça t'intéresse j'ai trouvé le nom et le nombre de la Bête de l'Apocalypse. Suite sur mon blog (je te préviens, c'est philosophique ;)
Effectivement, on peut penser que les troubadours qui chantaient l'amour courtois, rêvaient de cette union parfaite... Gnose et poésie se sont souvent entremêlées pour décrire cet état ... D'avant "la chute" ou futur ...?
RépondreSupprimerTes articles sont très profonds ... La proximité d'une Marie-Madeleine, avec Le Divin ...!