Etty Hillesum (1914-1943) aurait 100
ans aujourd'hui. Elle reste cette éternelle jeune femme libérée et
fougueuse, prodigue de vie et d'amour... Juive hollandaise, elle
devient à vingt-sept ans passionnément amou
reuse d’un
psychothérapeute qui lui fait lire la Bible et l’initie à une
expérience intérieure. Drôle, fine et surtout intensément
vivante, elle nous livre dans son journal son cheminement. Il la
conduit à un engagement social auprès des prisonniers du camp de
Westerbork en attente d’être déportés. Elle choisit librement
d’assumer le destin de son peuple. Elle est déportée en septembre
1943 et meurt à Auschwitz.
Dans ses écrits, nous sommes surpris
de constater, alors qu'elle s'apprête à être déportée, sa
liberté d'esprit face aux événements et face à elle-même. Jour
après jour, dans un combat lumineux et singulier pour rencontrer la
vérité et la réalité telle qu'elle est, elle confie à son
journal son cheminement mystique et son inébranlable parti pris
d'espérance : la vie est “belle et pleine de sens” à chaque
instant.
Femme de désirs par excellence, grande
amoureuse, elle va, grâce à un travail sur soi et à de nombreuses
lectures (la Bible, les Evangiles, Saint-Augustin, Dostoïevski,
Tolstoï, Rainer Maria Rilke) progressivement dépasser l’amour
humain pour toucher l’amour de Dieu. Un Dieu incarné cher à ma
sensibilité judéo-chrétienne, et un Dieu parfois plus abstrait,
proche des sagesses orientales.
Etty est une sainte des temps modernes
comme l'est Simone Weil. Elle incarne la figure du croyant en marge
des églises institutionnelles.
"Je vais te promettre une chose, mon Dieu, oh, une broutille ! Je vais t'aider, mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi...."
Et, loin de la toute-puissance hypothétique de Dieu:
« Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire, ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider – et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. C’est tout ce qu’il est possible de sauver en cette époque et c’est la seule chose qui compte, un peu de toi en nous, mon Dieu... Il m’apparaît de plus en plus clairement, presque à chaque pulsation de mon cœur, que tu ne peux pas nous aider, mais que c’est à nous de t’aider et de défendre, jusqu’au bout, la demeure qui t’abrite en nous. »
Etty Hillesum Une vie bouleversée
Bonjour Régis,
RépondreSupprimerLa suite de la citation d'Etty Hillesum devrait également faire réfléchir : aider Dieu en s'aidant soi-même, loin de la toute-puissance hypothétique de Dieu.
« Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire, ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider – et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. C’est tout ce qu’il est possible de sauver en cette époque et c’est la seule chose qui compte, un peu de toi en nous, mon Dieu... Il m’apparaît de plus en plus clairement, presque à chaque pulsation de mon cœur, que tu ne peux pas nous aider, mais que c’est à nous de t’aider et de défendre, jusqu’au bout, la demeure qui t’abrite en nous. »
Bravo pour votre site.
Rott
Merci ... C'est tout à fait juste, et je rajoute la suite de ce texte - extraordinaire de lucidité - ...!
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