mercredi 22 janvier 2014

L'arbre de la connaissance du bien et du mal. -5/5-

Intéressant, également, le sens théologique que Bonhoeffer donne au 'bien' et au 'mal' auquel il préfère les noms hébreux de tov et ra, nous voyons pourquoi ici :


" Bien et mal, tov et ra, écrit-il, ces mots ont ici un sens qui va beaucoup plus loin que les termes de notre vocabulaire. Tov et ra évoquent en somme une ultime division, une ultime ambiguïté dans le monde des humains, division qui va au-delà de la division morale, de sorte que tov pourrait aussi bien signifier à peu près ' ce qui apporte de la joie, du plaisir ', et ra, 'ce qui apporte la douleur '. Tov et ra sont les concepts qui expriment la plus profonde rupture de l'existence humaine ". (1) Tov et ra ne sont pas en effet des concepts moraux mais existentiels. Et ainsi que le constate Bonhoeffer, ils vont en couple : " Le tov - ce qui donne de la joie, du plaisir, ce qui est beau - n'existe jamais sans avoir aussi été immergé dans le ra - ce qui donne de la douleur, ce qui est mauvais, ce qui est vil, ce qui est inauthentique. Et, au sens large, il n'est rien de douloureux ou de mauvais qui existe sans cette lueur de joie, de plaisir qui seule fait de la souffrance ce qu'elle est ".

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L'interdiction de toucher à l'arbre de la connaissance, la formation d'Eve, et la venue du serpent forment aux yeux de Bonhoeffer un ensemble qu'on ne saurait désunir :

 " Tous étaient issus, ensemble, de Dieu le créateur, écrit-il, et pourtant, curieusement, les voici qui vont faire front commun avec l'homme contre le créateur. L'interdiction qu'Adam avait entendue comme une grâce s'est changée en une loi qui provoque la colère chez l'homme et chez Dieu ".

Dietrich Bonhoeffer, Création et chute, traduction Roland Levet, revue par Hans Christoph Askani, Paris, Les Bergers et les Mages, 1999.

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