jeudi 14 novembre 2013

Camus, un agnostique qui respecte le christianisme.

« Du côté de chez Swann », premier volume de La Recherche de Marcel Proust parait en 1913. Cette même année, le 13 novembre 1913, naît, dans un petit village d’Algérie, celui qui deviendra l’un des écrivains les plus importants du XXe siècle, Albert Camus, et qui obtiendra, en 1957, le prix Nobel de littérature.
1913 - Deauville
Cette année 1913, veille d’une catastrophe mondiale, est un  bon millésime en matière littéraire et artistique  : c’est la publication d’Alcools par Apollinaire, du Grand Meaulnes par Alain-Fournier, de La Colline inspirée par Maurice Barrès, de Les Copains de Jules Romains...

Élève de terminale S, je lisais Camus avec vénération et application : ses textes interpellaient profondément le jeune catholique que j'étais ; ils éveillaient en moi un agnosticisme que je n'osais m'avouer … Alors que je l'avais cité dans une dissertation de philosophie, mon professeur m'indiqua dans la marge que Camus ne faisait pas de la philosophie, mais de la littérature. Son avis n'étant pas justifié par la raison ( ou le raisonnement) je ne pouvais m'appuyer sur lui, pour argumenter … J'étais un peu blessé …
C'est en cela, sans doute, que mes questions existentielles dépassent le cadre étroit de la philosophie …


Aujourd'hui, chacun reconnaît sa grandeur : en particulier de n'être pas tombé, comme Sartre, un vrai philosophe lui, dans l'idéologie au profit de la morale... Il refuse de prendre parti pour le FLN, il dénonce le terrorisme : «  En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans l'un d'eux. Si c'est cela la justice, je préfère ma mère. »
Albert Camus, est un maître spirituel, à part égales avec Georges Bernanos, et Simone Weil... il est un penseur agnostique qui parlait aux chrétiens.
«  J'ai beaucoup à dire sur le catholicisme, mais il me semble que je ne suis pas d'accord avec vous sur la façon dont il faut le critiquer. Si sa philosophie n'est pas la mienne, si je me sens coupable d'argumenter contre elle, le lui prête nullement des intentions méprisables. » ( à Francis Ponge, en 1934)
Christ humilié
Camus décrit sa présence entière et lucide au monde, cette attention à l'ici et maintenant, cette conscience « du poids de sa propre vie », tourné vers l'amour charnel de la nature et des corps, il ne peut souscrire au dogme chrétien de « la vie éternelle ». «  Si je refuse obstinément tous les « plus tard » du monde, c'est qu'il s'agit aussi bien de ne pas renoncer à ma richesse présente. Il ne me plaît pas de croire que la mort ouvre sur une autre vie. Elle est pour moi une porte fermée » ( Noces ).
«  Ne me sentant en possession d'aucune vérité absolue et d'aucun message, je ne partirai jamais du principe que la vérité chrétienne est illusoire, mais seulement de ce fait que je n'ai pu y entrer. ».

Il regardait la figure du Christ en se disant : “Ce Dieu fait homme parle à l’homme.” Il n’était pas un chrétien sans le savoir, mais son agnosticisme n’empêchait pas une ouverture considérable aux chrétiens, à la culture biblique et à la figure du Christ. « Je n’ai que vénération et respect devant la personne du Christ, et devant son histoire. Je ne crois pas à sa Résurrection. »

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