Ce tableau peut déranger, encore aujourd’hui, par l’anachronisme radical consistant à montrer Jésus, vêtu à l’antique, dans un dîner mondain au milieu d’une assemblée d’hommes en habits noirs.
Mais ce qui scandalisa, ce fut moins cette transposition, courante dans l’histoire de l’art que le fait d’avoir donné à ces contemporains des traits parfaitement identifiables.
La scène se déroule en 1891, dans un intérieur bourgeois : Renan (au centre de la table, une serviette autour du cou) préside un dîner mondain où figurent nombre de personnalités parisiennes, dont le chimiste Eugène Chevreul (mort l’année précédente à 103 ans) avec lunettes et favoris grisonnants, et Alexandre Dumas fils, appuyé au dossier d’une chaise. A ce dîner assiste le Christ, dont les traits ont été immédiatement identifiés à ceux du journaliste et militant socialiste Albert Duc-Quercy (1856-1934), aux pieds duquel se prosterne, à l’heure du café, une Madeleine repentante qui n’est autre que la demi-mondaine Liane de Pougy, laquelle, réellement repentante, finira ses jours au couvent.
Le titre du tableau donne Madeleine comme personnage principal, et oriente sa lecture vers le débat autour de la prostitution, qui s’était si fortement développée au fil du siècle. Et on ne peut s’empêcher de penser que la plupart de ces messieurs à la mise impeccable devaient fréquenter les maisons closes. »
Sources la Croix du 20 mars
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