mardi 29 septembre 2015

Junia, femme et Apôtre

Eldon Jay Epp démontre que la critique textuelle s'acharne à nier qu'il existe bel et bien une femme apôtre dans le nouveau Testament...

Tout part de banales salutations de Paul dans la fameuse épître aux Romains, au chapitre 16, dans lequel Paul «  salue Andronicus et Junia (..) apôtres éminents ayant appartenu au Christ avant moi ». procédant à une analyse fouillée des sources, E J E professeur à la Divinity School de Harvard, prouve que le prénom ''Junia'' ne peut qu'être celui d'une femme.

Il montre que c'est d'ailleurs ainsi que l'ont compris l'ensemble des éditeurs du Nouveau Testament du premier millénaire, jusqu'à ce que , à la fin du XIXe s. et jusqu'à aujourd'hui, des savants décident qu'il était impossible qu'une femme soit considérée comme ''apôtre'' – summum du prestige chrétien – et décident de transformer le prénom en ''Junias'' patronyme masculin.

Un incroyable exemple d'imposture scientifique assénée uniquement pour des motifs idéologiques, qu' E. J. Epp détruit avec rigueur et humour en remettant au jour cette incontestable vérité : il existait bel et bien, au 1er siècle, des femmes ''apôtres'' dont l'importance devait être comparable aux fondateurs masculins des premières communautés chrétiennes.
Sources: ( Le Monde des Religions N° 70)


Dans cette réhabilitation exégétique, l’auteur présente des témoins dont l’un des plus influents reste Jean Chrysostome : « De fait, quelle ne dut pas être la sagesse de cette femme pour qu’elle soit jugée digne du titre d’apôtre. »



Donc, un couple, Andronicus et Junia, est inscrit parmi les apôtres ("apostolos, envoyé"), terme qui, à l'époque, n'est pas encore réservé aux Douze (il le deviendra dans les Évangiles) mais qui désigne soit un émissaire (sens faible), soit un envoyé de Dieu (sens fort). "Paul, esclave du Christ Jésus, apôtre par appel…", en disant cela au début de sa lettre, Paul indique qu'un apôtre ne se donne pas lui-même sa propre mission ; elle vient d'un autre, Dieu, et elle concerne les autres, les païens (cf. Ro 11,13).
Sa mission est de répandre la Parole de salut réalisée en Jésus, Parole qui l'investit lui-même. Dans la trilogie des fonctions ministérielles d'alors (cf. 1 Co 12,28), les apôtres viennent en premier. Suivent les prophètes et les docteurs, tous au service de la même Parole. Les prophètes ont une fonction d'encouragement, soulignant l'actualité de l'Évangile. Les docteurs, eux, ont un rôle didactique de réflexion sur les Écritures et les paroles du Christ. Comme apôtres, Junia et son mari sont donc au premier rang des acteurs de l'Église. Paul ne cite pas ici de prophètes mais nous savons, par les lettres aux Corinthiens, qu'il y avait des femmes  parmi les prophètes chrétiens (1 Co 12-14). Quant au rôle de docteur, n'est-ce pas ce que Prisca et Aquilas ont joué auprès d'Apollos à Éphèse (Ac 18,26) ? En Ro 16, Prisca et Aquilas sont appelés "collaborateurs dans le Seigneur", un titre donné aussi à Urbain et Timothée (Prisca est nommée avant son mari, ce qui n'est pas habituel alors). La notion de labeur commun est ici capitale et Paul signale au moins quatre femmes parmi les gens qui "se donnent de la peine" : Mariam, Tryphène, Tryphose, Persis…


Sources : SBEV

2 commentaires :

  1. Toujours aussi passionnant, toujours bien documenté: je suis toujours étonné de découvrir sur ce blog des choses qui, si on y réfléchit, devraient apparaître logiques!!!

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  2. Aujourd'hui travaillent des archéologues, des historiens et des théologiens... Mais dans les homélies, les catéchèses... on préfère répéter toujours les mêmes poncifs ... Pourquoi...?

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