dimanche 19 avril 2015

Lecture : De la croyance à la foi critique – J. Moingt -29/99-

Marie, nouvelle Eve ou la mémoire du salut :

« S'il fallait s'en tenir à la critique historique ou rationnelle, aucune des doctrines mariales ne pourrait s'imposer avec quelque autorité : ... » ( p 576)
Mais … «  il y a peut-être une autre façon de relire ces doctrines ... » (p 577)

«  on ne rejettera pas non plus à priori tout ce qui en cette histoire porte la marque du temps et d'un apport culturel, on jugera au contraire que toute tradition ancienne, continue à travers le temps et répandue en tout lieu, transmet quelque semence de la foi des origines, et que le sens que lui reconnaît la raison dévoile quelque aspect de cette foi anciennement méconnu ... » ( p 577)
«  le récit de la conception virginale a bien été la source de toutes les doctrines mariales, ce qui les enracine au plus profond de la foi chrétienne, au cœur de la venue du Christ sur terre …. » ( p 578)

«  Peut-on garder la foi et donner sens à ces doctrines sans ériger la virginité physique de Marie en objet de foi ?» ( p 578)

Prendre un récit à la lettre … ? Non... ce qui est rapporté n'est pas le fait, mais l'annonce qui en est faite par un ange …
«  La foi n'est due qu'à Dieu et au Christ, non à Marie ... » ( p 579)
«  Pour le croyant, le mythe de la conception virginale de Jésus prend sens et devient révélation dans le mythe de la préexistence du Christ. » ( p 580)
«  Sa virginité est à comprendre au sens symbolique où prend figure en Marie la prédestination de l'histoire humaine à devenir en Jésus l'actualisation, l'être-autrement de la relation éternelle du Père au Fils dans l'Esprit, le ''pour nous'' de son éternité. » ( p 580)
« la vérité de cette virginité est le sens que Dieu donne à l'histoire humaine pour en faire une histoire de salut, c'est la présence voilée, et pourtant réelle, de Dieu à l'histoire... » ( p 581)

«  Le récit de la Visitation comme celui de l'Annonciation ont pour sens et pour fonction de rattacher l'histoire de Jésus racontée par les évangiles à l'histoire ancienne d'Israël pour en faire l'histoire continue du salut, l'histoire de Dieu avec les hommes ; ce ne sont pas plus des récits historiques que les récits de la Genèse, des patriarches ou des débuts de la royauté.. » ( p 581)
Une Bible illustrated by Rebecca Dautremer

«  le récit inaugural des Actes, qui « raconte » les quarante derniers jours de la présence de Jésus auprès de ses apôtres donne sens à leurs activités dans l'Eglise naissante en les rattachant à l'histoire de Jésus avec ses premiers disciples et en leur annonçant que la puissance de l'Esprit Saint viendra sur eux comme elle est venue sur Jésus lors de son baptême ; semblablement, les récits de l'enfance de Jésus sont le fruit de la relecture des Ecritures à laquelle Jésus ressuscité avait convié ses disciples, relecture qui avait pris la suite de la remémoration, à laquelle Marie s'était livrée tout au long de sa vie, des événements qu'elle avait vécues auprès de Jésus enfant, ou plus tard ... » ( p 582)

«  … en transférant et transformant ainsi un lien charnel en lien spirituel, Jésus donnait son vrai sens à la virginité de Marie... (..) Jésus devait être le Premier-né d'une ''multitude de fils'' qu'il appelle ses frères... (..) la virginité qui fait la gloire de Marie à ses yeux, comme il doit en être pour l'Eglise, est la fécondité spirituelle que la grâce donne à la nature. » ( p 583)
Une Bible illustrated by Rebecca Dautremer
«  Lus dans ce sens symbolique, les récits de la conception virginale de Jésus apparaissent comme la source légitime des autres dogmes mariaux, qui n'ont pas d'attache particulière dans le Nouveau Testament... » ( p 583)
Etc … etc … 
Le rapprochement entre Marie et Eve …

J Moingt continue, pour arriver au rôle des femmes dans l'Eglise primitive...
«  A la fin du siècle cependant, les presbytres retireront aux femmes le droit de parler dans les assemblées de prière ou d'instruction, parce que la parole, surtout chez les grecs, étaient un signe d'autonomie et de prééminence, qui choquait les hommes de la part d'une femme. » ( p 591)

Joseph Moingt termine ce premier Tome, par une transition vers le second : de l'Esprit-Saint à l'Eglise...
Achèvement de l'incarnation, et premier temps du salut... Le temps de l'Eglise est celui de la Présence vivante de Dieu Trinité dans l'histoire humaine... Le temps de la nouvelle création … Le temps où le Royaume de Dieu se construit dans l'invisible de l'histoire ( l’humanisation des hommes...)
«  la venue de l'Esprit est le mystère de l’habitation de Dieu dans l'homme.. » ( p 594)

«  La venue de l'Esprit fait donc la transition entre l’événement de Jésus, pris dans sa totalité, et la naissance de l'Eglise, comprise elle aussi dans sa totalité, en tant qu'elle est le corps dans lequel Jésus ressuscite du même mouvement qu'il est élevé à Dieu. » ( p 597)


«  Nous nous trouvons aujourd'hui dans un monde sorti de la tradition chrétienne et dans une Eglise désorientée par un tel bouleversement. Une nouvelle réflexion s'impose pour faire face à cette situation » ( p 603) – FIN du Tome 1

2 commentaires :

  1. Bonjour,

    J'ai suivis passionnément le développement de la pensée de J.Moingt. Mais, je dois l'avouer, il me bluffe avec sa compréhension mariale, mythique par excellence : transformer le lien "charnel" en lien spirituel. Marie, image de l’Église qui enfante le "corps du christ, par pur grâce !

    Et la Pentecôte, habitation de l'esprit dans le corps, signe de la résurrection simultanée de JC , et de l'élévation / naissance de l’Église.

    Votre travail est magnifique

    Rott

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  2. En quelque sorte, il s'agit d'un personnage historique qui donne sens - lui-même - au récit 'mythique' qui le concerne, et qui est mis en place par ceux qui en ont fait l'expérience... Cette expérience rend témoignage de la Vérité du mythe ( marial en l’occurrence ...)
    Ce qui m'étonne c'est que je n'entends pas beaucoup d'échos de ce livre ...?.. !

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