Marie, nouvelle Eve ou la mémoire
du salut :
« S'il fallait s'en tenir à
la critique historique ou rationnelle, aucune des doctrines mariales
ne pourrait s'imposer avec quelque autorité : ... » (
p 576)
Mais … « il y a peut-être
une autre façon de relire ces doctrines ... » (p 577)
« on ne rejettera pas non
plus à priori tout ce qui en cette histoire porte la marque du temps
et d'un apport culturel, on jugera au contraire que toute tradition
ancienne, continue à travers le temps et répandue en tout lieu,
transmet quelque semence de la foi des origines, et que le sens que
lui reconnaît la raison dévoile quelque aspect de cette foi
anciennement méconnu ... » ( p 577)
« le récit de la conception
virginale a bien été la source de toutes les doctrines mariales, ce
qui les enracine au plus profond de la foi chrétienne, au cœur de
la venue du Christ sur terre …. » ( p 578)
« Peut-on garder la foi et
donner sens à ces doctrines sans ériger la virginité physique de
Marie en objet de foi ?» ( p 578)
Prendre un récit à la lettre … ?
Non... ce qui est rapporté n'est pas le fait, mais l'annonce qui en
est faite par un ange …
« La foi n'est due qu'à Dieu
et au Christ, non à Marie ... » ( p 579)
« Pour le croyant, le mythe
de la conception virginale de Jésus prend sens et devient révélation
dans le mythe de la préexistence du Christ. » ( p 580)
« Sa virginité est à
comprendre au sens symbolique où prend figure en Marie la
prédestination de l'histoire humaine à devenir en Jésus
l'actualisation, l'être-autrement de la relation éternelle du Père
au Fils dans l'Esprit, le ''pour nous'' de son éternité. »
( p 580)
« la vérité de cette
virginité est le sens que Dieu donne à l'histoire humaine pour en
faire une histoire de salut, c'est la présence voilée, et pourtant
réelle, de Dieu à l'histoire... » ( p 581)
« Le récit de la Visitation
comme celui de l'Annonciation ont pour sens et pour fonction de
rattacher l'histoire de Jésus racontée par les évangiles à
l'histoire ancienne d'Israël pour en faire l'histoire continue du
salut, l'histoire de Dieu avec les hommes ; ce ne sont pas plus
des récits historiques que les récits de la Genèse, des
patriarches ou des débuts de la royauté.. » ( p 581)
Une Bible illustrated by Rebecca Dautremer |
« le récit inaugural des
Actes, qui « raconte » les quarante
derniers jours de la présence de Jésus auprès de ses apôtres
donne sens à leurs activités dans l'Eglise naissante en les
rattachant à l'histoire de Jésus avec ses premiers disciples et en
leur annonçant que la puissance de l'Esprit Saint viendra sur eux
comme elle est venue sur Jésus lors de son baptême ;
semblablement, les récits de l'enfance de Jésus sont le fruit de la
relecture des Ecritures à laquelle Jésus ressuscité avait convié
ses disciples, relecture qui avait pris la suite de la remémoration,
à laquelle Marie s'était livrée tout au long de sa vie, des
événements qu'elle avait vécues auprès de Jésus enfant, ou plus
tard ... » ( p 582)
« … en transférant et
transformant ainsi un lien charnel en lien spirituel, Jésus donnait
son vrai sens à la virginité de Marie... (..) Jésus devait être
le Premier-né d'une ''multitude de fils'' qu'il appelle ses
frères... (..) la virginité qui fait la gloire de Marie à ses
yeux, comme il doit en être pour l'Eglise, est la fécondité
spirituelle que la grâce donne à la nature. » ( p 583)
Une Bible illustrated by Rebecca Dautremer |
« Lus dans ce sens
symbolique, les récits de la conception virginale de Jésus
apparaissent comme la source légitime des autres dogmes mariaux, qui
n'ont pas d'attache particulière dans le Nouveau Testament... »
( p 583)
Etc … etc …
Le rapprochement entre
Marie et Eve …
J Moingt continue, pour arriver au rôle
des femmes dans l'Eglise primitive...
« A la fin du siècle
cependant, les presbytres retireront aux femmes le droit de parler
dans les assemblées de prière ou d'instruction, parce que la
parole, surtout chez les grecs, étaient un signe d'autonomie et de
prééminence, qui choquait les hommes de la part d'une femme. »
( p 591)
Joseph Moingt termine ce premier Tome,
par une transition vers le second : de l'Esprit-Saint à
l'Eglise...
Achèvement de l'incarnation, et
premier temps du salut... Le temps de l'Eglise est celui de la
Présence vivante de Dieu Trinité dans l'histoire humaine... Le
temps de la nouvelle création … Le temps où le Royaume de Dieu se
construit dans l'invisible de l'histoire ( l’humanisation des
hommes...)
« la venue de l'Esprit est le
mystère de l’habitation de Dieu dans l'homme.. » ( p
594)
« La venue de l'Esprit fait
donc la transition entre l’événement de Jésus, pris dans sa
totalité, et la naissance de l'Eglise, comprise elle aussi dans sa
totalité, en tant qu'elle est le corps dans lequel Jésus ressuscite
du même mouvement qu'il est élevé à Dieu. » ( p 597)
« Nous nous trouvons
aujourd'hui dans un monde sorti de la tradition chrétienne et dans
une Eglise désorientée par un tel bouleversement. Une nouvelle
réflexion s'impose pour faire face à cette situation » (
p 603) – FIN du Tome 1
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai suivis passionnément le développement de la pensée de J.Moingt. Mais, je dois l'avouer, il me bluffe avec sa compréhension mariale, mythique par excellence : transformer le lien "charnel" en lien spirituel. Marie, image de l’Église qui enfante le "corps du christ, par pur grâce !
Et la Pentecôte, habitation de l'esprit dans le corps, signe de la résurrection simultanée de JC , et de l'élévation / naissance de l’Église.
Votre travail est magnifique
Rott
En quelque sorte, il s'agit d'un personnage historique qui donne sens - lui-même - au récit 'mythique' qui le concerne, et qui est mis en place par ceux qui en ont fait l'expérience... Cette expérience rend témoignage de la Vérité du mythe ( marial en l’occurrence ...)
RépondreSupprimerCe qui m'étonne c'est que je n'entends pas beaucoup d'échos de ce livre ...?.. !