dimanche 25 janvier 2015

Patrick Viveret - Le sacrifice d'Isaac, l'écologie et la spiritualité

Patrick Viveret est Philosophe ....  Animateur de la JEC (Jeunesse étudiante chrétienne) dans le cadre du mouvement du christianisme social des années soixante, il rejoindra le PSU après 1968, puis le Parti socialiste ... Il est nommé conseiller référendaire à la Cour des comptes en 1990.
Actif dans les mouvements altermondialistes, il a participé en 2001 à Porto Alegre au premier Forum social mondial et collabore régulièrement au journal Le Monde diplomatique.
Ses domaines d'intérêt sont la philosophie politique, l'économie, la comptabilité, les mouvements associatifs et des alternatives au développement non durable, telles qu'une « sobriété heureuse » démocratiquement débattue et choisie ou des « politiques publiques de mieux-être ».
En 2012, il participe à la fondation du Collectif Roosevelt 2012 (qui propose une analyse originale des causes de la crise du système et des réformes économiques, sociales et écologiques) avec Stéphane Hessel, Edgar Morin, Curtis Roosevelt (petit fils du président Franklin D. Roosevelt), Michel Rocard, Pierre Larrouturou....
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Le sacrifice: d'Isaac à Jésus-Christ
"En ce moment, on est dans une phase très importante de renouveau des questions spirituelles, des enjeux de sens. C’est positif, mais au nom de ce renouveau il faut interpeller les religions. C’est ce que j’appelle l’interpellation spirituelle du fait religieux.

Prenons par exemple la fameuse histoire présente dans les trois religions du Livre : le sacrifice d’Isaac. Une interprétation religieuse est issue de la peur, elle fait du sacrifice d’Isaac un test d’obéissance d’Abraham à Dieu. L’autre interprétation est de progression spirituelle : elle dit « tu te trompes sur la nature même du divin, qui te demande d’être dans l’amour et pas dans la peur et le sacrifice. »
Anton Solomoukha. Sacrifice d'Isaac

C’est la question de la nature du divin. Ce n’est pas la même chose de le situer du côté de l’amour ou du côté de la pleine puissance. Cela entraîne des tas de conséquences concrètes, des postures qui sont éthiquement et spirituellement insoutenables dans le rapport aux femmes, par exemple."

(...)

"La spiritualité fait son retour par l’écologie parce qu’à partir du moment où l’écologie repose la question de la reliance à la nature et l’univers, elle ouvre dans l’espace sociétal des questions qui avaient été fermées par une posture qui excluait la question de la nature - la posture de Descartes et de Bacon. En rouvrant cette question, l’écologie a aussi réouvert la question spirituelle. C’est dire nous sommes des êtres reliés, et l’on ne peut pas réduire la question de l’existence à ce que nous savons du côté du visible. Il faut aussi poser la question de notre rapport à l’invisible. On est sur le terrain des grands enjeux spirituels. Le problème est que la modernité, considérant que ces questions disparaîtraient un jour d’elles-mêmes, a laissé à la religion le monopole des questions spirituelles."

(..)

"La modernité, c’est l’émancipation, la liberté de conscience, les droits humains et en particulier les droits des femmes. Mais sans le pire de la modernité qui est la chosification du vivant, de la nature, des humains et donc la marchandisation intégrale.

La tradition, c’est la reliance à la nature, aux enjeux écologiques, au lien social, aux questions spirituelles. Mais la part d’ombre de la tradition est que souvent cette reliance se fait sous des formes de dépendance. Le lien social se transforme en contrôle social, le sens se transforme en sens identitaire, etc."

2 commentaires :

  1. Le point sur l’enfant martyr : Abraham et Jephté
    http://www.hgsavinagiac.com/article-la-dimension-geopolitique-de-l-enfant-martyr-4-isaac-et-abraham-119863670.html
    http://www.hgsavinagiac.com/article-la-dimension-geopolitique-de-l-enfant-martyr-3-moloch-jephte-119863647.html
    http://www.hgsavinagiac.com/article-point-de-vue-sur-l-enfant-martyr-121351786.html

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