samedi 19 avril 2014

Questions sur Marie : -3/?- De l'importance du mythe

Si les textes bibliques ( et donc historiques …) sont peu bavards sur Marie, même Paul ne mentionne pas du tout la naissance miraculeuse de Jésus. 
de Clemence Saintes
-  Marie Nouvelle Eve
Dans son Epître aux Galates (4, 4) il dit que «  Dieu envoya son Fils né d'une femme » et précise par ailleurs (Rom. 1, 3) que Jésus, le Messie attendu, est bien « issu de la lignée de David selon la chair » ce qui le désigne obligatoirement comme le fils de Joseph. Le mythe de la Virginité perpétuelle de Marie, apparaît pour la première fois en 374 dans le Symbole d’Épiphane. La figure de la « Mère de Dieu » prend de l'importance. Et si l'on parle de « construction théologique », cet état de fait ne dégrade pas pour autant ce qui s'exprime là....

De même que parler de Mythe, pour définir certains éléments du christianisme, ne dévalorise pas la spiritualité qui s'y attache .. ; au contraire !

À la base de toute civilisation il y a des mythes. « Ces choses n'eurent jamais lieu, mais elles demeurent...», dit Sallustius (1) dans Des dieux et du monde. C'est ainsi que, par l'intermédiaire du Christianisme qui l'a profondément marquée, la civilisation occidentale, tout au moins celle des temps historiques, repose sur deux piliers mythologiques fondamentaux : le pilier grec et le pilier juif.

         
 (1 ) Natif d'Hispanie, il est vicaire des Cinq-Provinces, vicaire des Hispanies (vers 357), puis vicaire de Rome. Il est nommé préfet du prétoire des Gaules de 361 à 363, année où il est élevé au consulat. On lui attribue un traité néoplatonicien grec Des dieux et du monde, sorte de catéchisme païen.


C'est depuis récemment que nous utilisons cette notion de « mythe », sans le rattacher nécessairement aux « personnages divins du polythéisme ». Aujourd'hui, le mythe représente - également - le fondement d'une existence, d'un comportement, d'une conception du monde, d'une certaine philosophie. Cette conception admet le fait que la « vérité » et le sacré sont deux notions intimement liées chez ceux qui adhèrent au mythe...
Allégorie de la foi catholique
par Vermeer
Le mythe est un récit que l'on pourra qualifier également de légendaire, fabuleux, merveilleux, fantastique … n'ayant rien de vraisemblable mais qui est porteur de sens, disons même d’une vérité. Ainsi que l’écrit Paul Valéry : « Il n’est de discours si obscur, de racontar si bizarre, de propos si incohérent à quoi nous ne puissions donner un sens ». « Le mythe est véridique, écrit de son côté Paul Veyne , mais au sens figuré; il n’est pas vérité historique mêlée de mensonges : il est un haut enseignement philosophique entièrement vrai, à condition qu’au lieu de le prendre à la lettre on y voie une allégorie ». Pour Claude Lévi-Strauss, « le mythe est un langage ».
Le mythe se rapporte donc à un événement donnant lieu à une « croyance » ou à une certaine vérité qui engendre des valeurs dont la pérennité est manifeste, telle une «  Tradition ».
Prenons une croyance, qui autrefois a pu s’exprimer sous la forme d'une « réalité »... Prenons par exemple, une croyance ancienne, qui serait aujourd'hui qualifiée communément par tous comme une « légende » … Et bien, même lorsque cette « ancienne réalité » devient « légende » et donc que la croyance initiale disparaît, les valeurs du mythe sont capables de vivre et d'évoluer pour leur propre compte en suscitant un intérêt perpétuellement renouvelé. Comme l’écrit Régis Debray : «  Ce n’est pas parce que Dieu est « mort », qu’est morte la théologie instinctive et inconsciente qui nous pousse à placer au départ de toute histoire une origine, puis un processus ; un Créateur, puis des créatures ; une Essence, puis des phénomènes ; une Fin idéale puis des moyens subordonnés ».

* Il serait temps aujourd'hui ( nous en avons culturellement la possibilité) d'arrêter de dénigrer le contenu religieux. Notre civilisation occidentale témoigne bien de cette profonde imprégnation par les mythes juifs, puis chrétiens, puis musulmans...
«  Présents dans toutes les civilisations à la recherche d’une certaine sagesse, les mythes, qui disent quelque chose à quelqu’un sur quelque chose sont en effet des récits signifiants. Fruits d'une « construction théologique » ou poétique ou élaborés à partir de données d'expérience, voire parfois d'une certaine matière historique, ils traduisent, sous une forme concrète et avec un certain souci pédagogique, des intuitions et des idées. En particulier en ce qui concerne les mythes des Origines, on constate qu'ils répondent toujours aux grandes questions et interrogations que les hommes se sont posées et se posent encore sur eux-mêmes et sur l'univers qui les entoure (la formation du monde, l'origine des hommes, la souffrance, la mort, les inégalités...). Ils apportent une révélation sur ce qui est caché. »

Les récits religieux ou mythiques ne sont donc pas des récits purement moralistes, ou même fantasmagoriques comme le sont les contes et les fables : ils traduisent une recherche de sens et proposent une explication conforme aux données d'une époque, donc d'une tradition ...

** Il serait temps – également – que les « croyants » cessent de dénigrer les diverses croyances d’autrui... Il apparaîtrait « qu’il n’y a de mythes que ceux des autres : toute théologie, science du surnaturel révélé, n'est théologie que pour les adeptes et les théologiens d'une religion déterminée. Une théologie étrangère est toujours mythologie. » !


Sources : André Gaillard - « Les mythes du Christianisme »  

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