jeudi 19 février 2015

La Quête du Graal, le mythe.

Hans Thoma (1839-1924), Die Gralsburg - 1899


Encore quelques mots sur le Graal... En parler ( le chercher ) : c'est sa fonction... Ainsi, de tous les mythes arthuriens...
Mais, bien sûr en parler de façon contemporaine, de manière à tracer une transversale entre « les temps anciens » ( là, ce sera le Moyen-âge qui sert de support...) et aujourd'hui.
Les mythes entrent en dialogue en même temps qu'ils nous racontent nos origines...

Le mythe, du fait de son origine ancienne, se frotte à notre héritage - plus récent - de la pensée dualiste qui veut qu'à une proposition on en oppose une autre, aboutissant à une logique du tout ou rien, et nous fait négliger la réalité, elle toujours paradoxale... Le mythe nous ramène, de ce point de vue, à une certaine humilité...

Nous n'échappons pas à la complexité, comme celles de Perceval, ou même de Lancelot du Lac, figure hermétique, aux carrefours de sa propre histoire et de la Quête, nous devons simultanément et dialectiquement interroger le sens des interactions à l'œuvre là où elles sont, c'est à dire toujours en interface.
Le mythe est un langage, mais par sa fonction il relève de la croyance, tant il suscite adhésion, et est moteur de réflexion, de désir, de volonté... C'est ainsi qu'il possède réellement une efficacité symbolique dont témoigne la réflexion que nous pouvons avoir sur le mythe du Graal.

Cette réflexion, aussi modeste soit-elle, est une expérience. Le mythe, dans son expression symbolique, est pétri des profondeurs de l'humain.

Au Graal est lié l'idée de contenant, et de nourriture... Les liens entre nutrition et mystique, sont évidents...


Au XIIIe siècle, la Quête du Saint Graal devient la fin ultime de toute chevalerie. Celui-ci est encore décrit comme coupe d'abondance dans le Roman en Prose lorsque, le jour de la Pentecôte, les Chevaliers de la Table Ronde étant réunis, apparaît un vieillard en robe blanche tenant un jeune chevalier vêtu d'une armure couleur de feu (Galaad), qui annonce au Roi et à ses compagnons la venue du Graal, lequel se manifestant dans les airs, remplit la palais de parfums et charge les tables de mets succulents. Les Chevaliers de la Table Ronde jurent tous alors, après Gauvain, de se mettre en campagne, toute affaire cessante, pour découvrir la vérité du vase très précieux, à la fois nourricier et but d’une quête spirituelle.

Au terme de cette Quête, seuls trois chevaliers, les plus jeunes et les plus purs, Bohort, Perceval et Galaad parviendront au château du Graal, ils assisteront à une messe dite par Josephé, le fils de Joseph d'Arimathie, au cours de laquelle Jésus-Christ leur apparaît, et assisteront aux mystères du Graal et de la lance qui saigne.
Mais un seul d'entre eux, Galaad, sera admis à contempler l'intérieur du Vase; ayant considéré les choses spirituelles qui s'y trouvent, il sera ravi au ciel. «Depuis lors, il n'y a jamais eu aucun homme, si hardi fût-il, qui aie osé prétendre qu'il l'avait vu.»


La mystique du vase mystique est d’ailleurs très présente à l’époque médiévale dans la pensée chrétienne, notamment grâce au culte de la Vierge Marie développé par saint Bernard. Adam de Saint-Victor, dans un hymne à la Vierge, l'interpellait ainsi: « Salve Mater Salvatoris,Vas electum, vas honorisvas cælestis gratiæab æterno vas provisum vas insigne, vas excisumManu sapientiæ. »
(Salut, mère du Sauveur,vase choisi, vase d'honneur,vase de la grâce céleste,vase préparé de toute éternité,vase insigne, vase creux,main de sagesse.)
The Damsel
of the Sanct Grael
Dante Gabriel Rossetti - 1874



Le Graal comme contenant du sang du Christ, ou Saint Graal, signifierait aussi Sang Réel (voir l'anglais Sangrail). L'évolution du mot est ici liée au développement, à l'époque des croisades, du culte du Précieux Sang et, mutatis mutandis, du Sacré Cœur, etc.
En même temps, le contenant Graal est, d'une manière mystérieuse, identifié à son contenu...

The Damsel
of the Sanct Grael
Dante Gabriel Rossetti - 1857


On passe en quelques décennies d'un Graal-chaudron symbolisant les cultes de fécondité de l'Europe chrétienne, via le Graal féminin, vase d'élection, dans le jeu complémentaire du principe mâle (lance) et du féminin où le graal est assimilé à la dame, lieu de toutes les aspirations courtoises, à la coupe de souveraineté, gradalis. Puis dans une mystique influencée par les croisades et leurs prédicateurs, le Graal ou graduel prend la figure de la sagesse, dont rend compte une Quête mystique sous double influence: cistercienne et trinitaire. La quête du Graal permettra le passage des chevaleries terrestres aux chevaleries célestes.
The Beatus Apocalypse of Gerona, 975




De nos jours les aventures du Graal connaissent à nouveau un immense succès dont témoigne une production intense notamment sur le plan cinématographique...
Il faut reconnaître également, comme l'indique un récent rapport parlementaire sur les sectes, que l'on peut identifier plusieurs mouvements néo-religieux qui n'hésitent pas à convoquer ostensiblement le mythe du Graal au service d'idéologies simplistes ou régressives...



Sources : Bertin Georges in RELIGIOLOGIQUES

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