dimanche 21 février 2016

Peut-on être sauvé tout seul ? -2/.-

A l'époque de Jésus, le risque me semblait être à l'opposé d’aujourd’hui. L'idée du salut collectif, de la responsabilité inter-générationnelle, du clan...etc se faisait au risque de déresponsabiliser chacun sur le sort de sa vie ? Il fallait donc insister sur la responsabilité individuelle...
Eugène Burnand - L'Invitation au Festin  Eugène Burnand est un peintre suisse (1850 - 1921)

  • De quoi sommes-nous sauvés ?
En Jésus la mort est morte. Voilà de quoi nous sommes sauvés : de cette conviction déplorable que le ''péché'' est inévitable.
  • Qui nous sauve ?
« Car c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu ; il ne vient pas des oeuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier. » Ep 2, 8-9.
De même que le Christ a sauvé le monde par sa foi active, de même nous collaborerons au salut de notre monde par notre foi active.
S'imaginer que mes actes de bonté ou de générosité puissent me permettre d'obtenir le salut, serait pécher contre l'Esprit... ! Et loin de Mt 10,8  « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. »
Une autre aberration de cette idée du '' croyant qui cherche a obtenir le salut par ces propres mérites'' : est qu'il travaillerait uniquement à son salut personnel. Source de scandale pour un agnostique comme Camus...
Eugene Burnand - Le retour du fils repenti

  • Quel est ce ''moi'' qui est sauvé ?
Il reste à définir ce que je suis 'moi'... Qu'est-ce - de moi - qui sera sauvé … ? De mon corps, de mon intelligence, de mon tempérament, de mes défauts et mes qualités … Ce n'est pas si clair … ? ( Le Bouddhisme a une idée beaucoup plus précise de ce que 'je suis' )
Je n'aurais pas pu exister sans les autres … Depuis ma naissance, c'est par le regard d'autrui que je ''suis''... Je porte la présence de l'autre au cœur de moi-même... Je suis aussi, les générations passées, et bien sûr, ma mère et mon père, mes éducateurs … Ils sont 'beaucoup' de moi... que va t-il – d'eux – être sauvé … ? L'existence commune que j'ai avec mes proches et lointains ( ma culture, le fait que je sois né en France, et non au Niger …) a produit ce que je suis, avec des pensées communes, avec une religion … Qu'est-ce qui va être sauvé... Qu'est-ce de tout cela qui va ressusciter... ?
Eugène Burnand

Pour le Bouddhisme, l'homme prend conscience de sa nature spirituelle et découvre toute la différence qui sépare celle-ci de son vrai soi. La « Nature de Bouddha » ne définit pas véritablement la personne humaine, mais – en négatif – ce qu'elle n'est pas … L'illusion du « moi », est l'un des maux fondamentaux ( l'un des cinq Kleshas...) que nous devons combattre...
  • Qui est sauvé ?
« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim 2, 4). Et dans son discours aux païens, Pierre déclare dans les Actes des Apôtres : « Je me rends compte en vérité que Dieu n’est pas partial et, qu’en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui (Ac 10, 43-35). Ainsi, le pluralisme religieux peut être considéré comme un dessein mystérieux de Dieu dont la signification dernière nous échappe.



Babel : « Dès l’origine, le dessein créateur de Dieu est un dessein de salut en Jésus-Christ. À cet égard, le mythe de la tour de Babel est plein d’enseignements. On le comprend généralement comme l’illustration du mauvais pluralisme qui n’engendre que la confusion et remet en question toute prétention à une vérité transcendante. Mais c’est rester à la face purement négative de Babel. Certes, Babel est le symbole de la confusion des langues comme châtiment de l’orgueil humain qui a cru pouvoir revendiquer une unité qui n’appartient qu’à Dieu. Mais c’est aussi le retour à la condition originaire de l’homme voulue par le Dieu créateur. Le Dieu de la révélation biblique est un Dieu qui bénit la multiplicité, ne serait-ce déjà que la multiplicité de l’être humain qui est créé homme et femme. Dieu bénit la multiplicité des peuples, des langues et donc des cultures. Comment alors ne permettrait-il pas ce phénomène inévitable de la multiplicité des formes religieuses ? » Cl. Geffré

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