La très grande force du christianisme,
c'est cette suite de quatre textes appelée Les Evangiles...
Des textes, qui remis dans leur contexte et contemplés
aujourd'hui, sont d'une extraordinaire et bouleversante 'nouveauté' ...
Le plus grand danger est de lire ce
texte avec nos représentations habituelles. Il m'a toujours été
éclairant de le lire à la lumière d'autres spiritualités... Plus
habituellement, on relit Les Evangiles, avec l'accompagnement
d'auteurs catholiques : Zundel, Varillon ..etc Ou d'auteurs
réformés, ou juifs … Personnellement, mes véritables étincelles
spirituelles, je les connais avec un regard bouddhiste. Et,
précisément ma dernière lecture concerne un livre de Kenneth S.
Leong, ''Une lecture Zen des Evangiles ''
- Kenneth S. Leong est né à Hong-Kong et a été élevé dans le christianisme anglican, il découvre à l’âge de seize ans, le Tao, le Zen et Krishnamurti. Bouddhiste, il enseigne la méditation et participe au dialogue interreligieux aux États-Unis.
Thomas Merton and the Dalai Lama in India, 1968 |
( Au mois de mars, je me réjouis de pouvoir suivre une session Zen, avec B. Durel à St-Jacut …)
Qu'il soit bien clair, que cette lecture n'est en rien ''syncrétiste'', ou ''relativiste''. Le lecteur, lui, bien sûr, est 'singulier', avec son histoire, sa recherche, son chemin... J'ai aimé le chemin pratiqué jusqu'ici, et quelles que soient les langues pratiquées au cours d 'exotiques traversées, la spiritualité chrétienne a toujours été ma langue maternelle et d'usage ; et la Bible mon Livre 'fondateur', et qui regroupent mes mythes fondateurs, existentiels …
Pour vivre de la Parole du Christ-Jésus, il est nécessaire, à mon avis, d'enraciner sa lecture dans notre temps, proposer une actualisation, rechercher même de nouveaux paradigmes, pour découvrir ce que pourrait être une spiritualité d'aujourd'hui... Je pourrais ajouter que ''l'on soit croyant ou pas '' ; parce que le vocabulaire attaché à cette notion de croyances ( « croyez-vous en Dieu … ? » etc) est la plupart du temps inapproprié …
Le mot ''Dieu'' est un piège : s'il représente une image, ou une ''idée de'' ; il se dénature lui-même, s'auto-détruit... Je préfère parler, du ''Dieu'' d'Abraham, du ''Dieu'' de Jésus''... Du ''Dieu'' de mon expérience... C'est beaucoup plus « flou » … C'est dommage, me diriez-vous.. ? Et bien, précisément : non … ! Et, je vais essayer de me justifier …
Pour lire, les Evangiles, il faut une certaine dose d'humour, d'irrespect... Il faut s'attendre à rencontrer le paradoxe, et l'irrationnel, mais aussi le doute et son contraire …
Si je pars de mon expérience, je rencontre au départ ''l'absurde'' ; et déjà ce sentiment ne se soumet pas à la tyrannie de la raison... Et, pourtant, je vais tenter d'être ici, le plus rationnel possible ; alors que je sais que comprendre les Evangiles c'est commencer par regarder leur poésie, juger de la vérité de l'instabilité du propos...
L'exercice est difficile. Le ''Dieu'' de Jésus n'est pas solennel ; et Jésus est la plupart du temps 'irrévérencieux' … Nos 'objets sacrés' sont nos idoles.
« Un exemple concret est l’idolâtrie à propos des paroles de Jésus que l'on prend au pied de la lettre plutôt que sous leur aspect symbolique » K. S. Leong
Les versets du sermon sur la montagne( Lc 6, 20-23), sont à lire au présent, et le futur annonce la nécessité et non ce qui se passera … !
Oui, le ''Royaume '' est beau et mystérieux … Il est accessible dès maintenant, il est « à notre portée »... Jésus nous l'enseigne, en éveillant l'artiste qui est en nous...
Je vois le miracle comme un signe pour nous émerveiller, nous surprendre, nous ''éveiller'' … Mais, qu'importe le signe …
Il serait bien plus ''fort'' de m'émerveiller de la '' magie du quotidien'', si j'en avais la profonde connaissance. Les Evangiles nous ouvrent à cette connaissance, quand elles ne sont pas brandies comme un talisman, un livre infaillible.. etc.
Les Evangiles nous ouvrent à cette connaissance quand notre lecture entre en résonance, cœur à cœur... et quand nous avons compris que ce Jésus, - qui nous demande de prendre modèle sur des petits enfants, plutôt que sur des religieux ( aussi sincères que pouvaient l'être les pharisiens …) - que ce Jésus, donc, ne prêche pas les feux de l'enfer... « La religion de Jésus est 'naturelle' ; sans trace d'artificiel ou de spiritualité contrainte » K. S. Leong
Jésus n'est pas laxiste, mais il n'est pas un moraliste, il ne se fait pas le champion de règles... « Qu'est-ce qui souille un homme ? »
Quand on demande à Jésus, quel est le plus grand commandement de la Loi, il répond « Vous aimerez le Seigneur notre Dieu de tout votre cœur, avec toute votre âme et votre esprit. »... Ce qui est ''drôle'', paradoxal, c'est que l'amour ne peut être commandé … ! Il eut été plus légaliste, plus sérieux, de répondre qu'il est commandé de suivre en tous points ''la Loi'' .. ! Point !
Un récit illustre parfaitement la notion de moralisme chez Jésus : Mat 26, 6-13.
Une femme, Marie de Béthanie ( chez Jean) ''gaspille'' trois cent deniers ( le salaire annuel d'un travailleur!) pour les répandre en parfum sur le corps de Jésus … ! Et devant la réaction indignée des disciples, il répond : « C'est vraiment une bonne œuvre qu'elle a accomplie pour moi ».. !!
Pour lire les Evangiles : « Ce qui est important, c'est de mettre de côté nos connaissances traditionnelles et nos préjugés et de commencer par un esprit de débutant. » K. S. Leong
( à suivre...)
Merci pour cet article, j'adore les évangiles, il y a tant de lectures diverses, chacun y prend ce qu'il veut :)
RépondreSupprimerOui, les Evangiles n'appartiennent à personne ... :-)
RépondreSupprimerParfois, je me dis que ceux qui lisent ce texte, sans culture chrétienne, ont de la chance ...