mercredi 27 janvier 2016

Omar Khayyâm

Le monde musulman peut s'honorer d'un poète original, audacieux et qui peut aujourd'hui nous réjouir... 
Il s'agit de Omar Khayyâm, qui a vécu en Iran aux XIème-XIIème siècles de notre ère. Il est peut-être né en 1048 et peut-être décédé en 1131 à Nishapour, où se trouve son tombeau. C’est un des plus grands mathématiciens et astronomes de tous les temps.
C'est le premier mathématicien qui ait traité systématiquement des équations cubiques, en employant d'ailleurs des tracés de coniques pour déterminer le nombre des racines réelles et les évaluer approximativement. Outre son traité d'algèbre, Omar Khayyâm a écrit plusieurs textes sur l'extraction des racines cubiques et sur certaines définitions d'Euclide, et a construit des tables astronomiques...
Il a également composé des poèmes en langue persane (Robâiyât ou « Quatrains »), qui ont été publiés après sa mort.







Le mausolée de 

Omar Khayyam
à Nishapur en Iran

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Extrait de Samarcande ( roman) , d’Amin Maalouf qui expose les conflits supposés d’Omar Khayyâm avec ses deux célèbres contemporains : le grand vizir Nizan el-Molk, l’homme politique le plus important de l’époque, et Hassan Sabbah, prédicateur ismaélien, fondateur de la secte des Assassins.

« Quand Omar arrive, le débat est déjà engagé sur la question qui passionne alors les hommes de religion : « L’univers aurait-il pu être mieux créé ? » Ceux qui répondent « oui » se font accuser d’impiété, puisqu’ils insinuent que Dieu n’a pas suffisamment soigné son œuvre. Ceux qui répondent « non » se font également accuser d’impiété, puisqu’ils laissent entendre que le Très-Haut serait incapable de faire mieux. On discute ferme, on gesticule. Khayyam se contente d’observer distraitement les mimiques de chacun. Mais un orateur le nomme, fait l’éloge de son savoir et lui demande son opinion. Omar s’éclaircit la gorge. Il n’a pas encore prononcé la moindre syllabe que le grand cadi de Merv, qui n’a jamais apprécié la présence de Kahayyam dans sa ville, ni surtout les égards dont il est constamment entouré, bondit de sa place, pointant sur lui un doigt accusateur. - J’ignorais qu’un athée pouvait exprimer un avis sur les questions de notre foi ! Omar a un sourire las mais inquiet. - Qu’est-ce qui t’autorise à me traiter d’athée ? Attends au moins de m’avoir entendu ! - Je n’ai pas besoin d’entendre. N’est-ce pas à toi qu’on attribue ce vers : « Si Tu punis le mal que j’ai fait par le mal, quelle est la différence entre Toi et moi, dis ? »L’homme qui profère de telles paroles n’est-il pas un athée ? Omar hausse les épaules. - Si je ne croyais pas que Dieu existe, je ne m’adresserais pas à Lui ! - Sur ce ton ? ricane le cadi. - C’est aux sultans et aux cadis qu’il faut parler avec des circonlocutions. Pas au Créateur. Dieu est grand, Il n’a que faire de nos petits airs et de nos petites courbettes. Il m’a fait pensant, alors je pense, et je Lui livre sans dissimulation le fruit de ma pensée. »

(Amin Maalouf : Samarcande éditions Livre de Poche, 1989 p. 177-178)
Khayyam in Art Gallery Teheran
Ce qui est curieux, c'est l'interprétation que l'on peut donner – au cours des siècles, des années – à l'idée que l'on se fait d'un homme : poète libertin et sceptique pour Fitzgerald (1859), athée pour les uns, mystique pour les autres... Quoi de plus mystérieux, qu'un texte dont on peut faire ainsi plusieurs lectures... !

Omar Khayyâm était un soufi, en recherche de connaissance scientifique, autant que spirituelle... Il s'inscrivait ainsi dans une tradition qui fit des soufis les traducteurs et les transporteurs du savoir grec en Occident durant le Moyen Age.
Omar Khayyâm était musulman : la plupart des images des Rubayat sont issues du Coran...


(CVII)
Rubaiyat of Omar Khayyam.
Ill. Robert Stewart Sherriffs

« Autrefois, quand je fréquentais les mosquées,
je n'y prononçais aucune prière,
mais j'en revenais riche d'espoir.
Je vais toujours m'asseoir dans les mosquées,
où l'ombre est propice au sommeil. »



(CLIII)

« Puisque notre sort, ici-bas, est de souffrir puis de mourir,
ne devons-nous pas souhaiter de rendre le plus tôt possible à la terre notre corps misérable ?
Et notre âme, qu'Allah attend pour la juger selon ses mérites, dites-vous ?
Je vous répondrai là-dessus quand j'aurai été renseigné par quelqu'un revenant de chez les morts. »

Robert Stewart Sherriffs,
The Rubaiyat of Omar Khayyam


(CXLI)

« Contente-toi de savoir que tout est mystère :
la création du monde et la tienne,
la destinée du monde et la tienne.
Souris à ces mystères comme à un danger que tu mépriserais. »


« Ne crois pas que tu sauras quelque chose
quand tu auras franchi la porte de la Mort.
Paix à l'homme dans le noir silence de l'Au-Delà ! »



(XXV)

« Au printemps, je vais quelques fois m'asseoir à la lisière d'un champ fleuri.
Lorsqu'une belle jeune fille m'apporte une coupe de vin, je ne pense guère à mon salut.
Si j'avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu'un chien. »

Rubaiyat-of-omar-khayyam Carl-Purcell

(CLXX)

« Luths, parfums et coupes,

lèvres, chevelures et longs yeux,
jouets que le Temps détruit, jouets !
Austérité, solitude et labeur,
méditation, prière et renoncement,
cendres que le Temps écrase, cendres ! »

C'est sur cette 170e pièce, comme en conclusion de ce qui précède, que se termine le recueil.

The Secret Of  Omar Khayyam

Page of illuminated manuscript by William Morris, illustrated by Edward Burne-Jones, 1870s

Herewith. canvas



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