mardi 18 avril 2017

Roger de Laron et le ''Grand Oeuvre'' – 8/.- Dante et Béatrice

Marguerite d'Albret ( que l'on appellera un peu plus tard ''Dame Margot''), dans son monastère a reçu un enseignement alchimique... Elle a appris à connaître et travailler les ''formes'' de l'or... Un jour, alors qu'elle le maniait dans un but d'orfèvrerie, elle l'écoutait ''chanter'', quand lui apparut au-dessus du moule, la ''brume violette'' : très rare vision de l'or fondu passé du rouge, au vert... L'or avait changé de nature ! Sa maîtresse, alors, lui avait promis d'autres découvertes : elle était prête !
 "Sache que l'art d'alchimie est un don du Saint-Esprit." Cette parole se trouve dans l'Aurora Consurgens, traité alchimique attribué à Saint Thomas d'Aquin.

C'est peu après que Roger de Laron, est venu la visiter dans son monastère d'Aconbury. Considérée comme retenue recluse de force, selon sa cousine Jeanne de Geneville ( et de Lusignan) ; Roger de Laron s'occupe à l'enlever...
Je rappelle que son confesseur, n'avait pas été insensible à cette libre personnalité...
Impressionné par sa liberté de penser, le clerc a d'abord mis en garde la jeune et belle postulante; puis s'est laissé emporté par une passion sensuelle, dont le diable ne pouvait en ce lieu ne pas être étranger.
Le confesseur attaqué par le démon de la luxure, ne savait plus comment empêcher la passion qui naissait entre Marguerite et son chevalier... 
Désespéré, le clerc a fait appel aux forces du mal et conclut un pacte innommable... Innommable, parce qu'il entraînait avec lui, la belle Marguerite ; comme mon récit - plus tard - tentera de vous le montrer ….


Auparavant, lors de son passage en Italie, Roger de Laron, a fréquenté une société de gens lettrés, héritière des troubadours et des chevaliers chrétiens ( en particulier de l'Ordre du Temple, dissout.). De plus, une connaissance acquise grâce au contact avec les sarrasins, a initié nombre de templiers à l'alchimie...

Dante Alighieri ( 1265-1321), a fait partie de cette société appelée '' Les Fidèles d'Amour''. De même, que Guido Cavalcanti ; puis plus tard, Boccace et Pétrarque. Et, chez tous ces auteurs, les femmes, qui les accompagnent ne sont pas seulement réelles; elles sont toutes, sous différents noms, qu’une seule et même « Dame » symbolique, qui représente la '''Madonna Intelligenza '' de Dino Compagni) ou la Sagesse divine. A cette époque, rien d'étonnant ; n'oublions pas que saint Bernard, dont on connaît la connexion avec les Templiers, apparaît lui-même comme un « chevalier de la Vierge », qu’il appelait « sa dame ».
Plus étrange apparaît une phrase de Boccace dans une des premières nouvelles du Décaméron : en effet, Melchissédec affirme que, entre le Judaïsme, le Christianisme et l’Islamisme, « personne ne sait quelle est la vraie foi »... !

Dans les œuvres de Dante, nous retrouvons des références au Templiers. Par exemple :
Dans le Paradis (Chant XXX) de La Divine Comédie (1), Béatrice, dans l'Empyrée, est entourée et protégée par « une assemblée de blancs manteaux » qui pourraient être les chevaliers du Temple, reconnaissables à leur prestigieux manteau blanc frappé d'une croix pattée rouge sur l'épaule.
Dans le Purgatoire, chant XX, Philippe le Bel est un second Ponce-Pilate qui cruel « porte sans rescrit, ses voiles avides dans le Temple ». Et, au chant XXVII, Dante se souvient avoir assisté au supplice de Jacques de Molay et de Geoffroy de Charnay sur le bûcher, le 18 mars 1314, à Paris.
D’ailleurs on pense que Dante a pu rencontrer Jacques de Molay, le Grand Maître de l'Ordre du Temple, juste avant son arrestation ; on ne connaît pas vraiment la raison de cette entrevue mais il semble bien qu'elle ait eu un rapport avec l'appartenance de Dante à l'Ordre des Fidèles d'Amour.
On pense aussi à la signification des '' Cieux '' donnée par Dante dans sa Divine Comédie : les 9 '' Cieux '' sont les degrés de la hiérarchie initiatique qui mènent à la '' Terre Sainte ''...
Au Chant XXXI du Paradis, Béatrice remet Dante aux bons soins de Saint Bernard qui le conduira devant Dieu...Saint Bernard, qui a établi la Règle de l'Ordre du Temple.
René Guénon, pensait que la ''Fede sante'' était précurseur de la ''Rose-Croix''...


Revenons à Dante et à Béatrice, et leur ''histoire'' :

Béatrice  était la fille de Folco Portinari et l'épouse de Simone dei Bardi. L'amour courtois, dont Dante poursuit la tradition au sein des Fidèles d'Amour, exclut en effet que les liens amoureux coïncident avec ceux du mariage, que gouvernent la politique et l'économie dynastiques).
Dante, tout jeune ( il a 9 ans : à rapprocher peut-être aux neuf années de probation des Templiers ), a déjà rencontré Béatrice (Portiniari) lors d'une fête d’enfant, il ne la reverra pas avant d’être un jeune adulte.. Neuf ans plus tard, il la croise dans la rue. Il la croise dans la rue et c'est ''elle'' qui le salue. Un autre jour dans une église, il voit de loin Béatrice... De loin, elle est à l’opposé d'où il se trouve. Il entre en contemplation.
Ce même jour, alors que Dante contemple Béatrice, entre lui et elle, est placée une jeune fille fort belle. Tout le monde sachant que Dante est amoureux, mais ignorant qui est l’objet de toute son attention, pense que c’est elle, cette dame qui capte son regard : le secret amour de Dante.

Dante, désire garder son secret, et il ne contredit pas l’affirmation... Ainsi, Béatrice, comme tout le monde, le pense … Et, lors de leur dernière rencontre, Béatrice refuse de saluer Dante, et se moque de lui. Puis, très vite, Béatrice vient à mourir, et laisse Dante désespéré.

Un jour qu’il  pleure à la fenêtre de sa chambre au souvenir de Béatrice, une jeune fille qui ressemble curieusement à Béatrice le voit d’un balcon voisin, compatissante, elle lui sourit et lui, finit par lui rendre le sourire, il lui écrit un sonnet... Puis, il juge qu'il s'est trompé, égaré... Dépité par son action, il en tombe malade et pendant son délire, il a la vision de Béatrice telle qu’il la magnifie. Cela lui inspire cette réflexion : «j’espère, si Dieu me prête vie, pouvoir dire d’elle ce qui ne fut jamais dit d’aucune ». 
Au chapitre XVIII de la Vita Nova (2) , Dante s'explique. Alors qu'un groupe de jeunes filles, mené par Jeanne Primavera, lui demande pourquoi il aime Béatrice alors qu'il s'effondre à sa vue et la fuit depuis qu'elle a répondu à son salut par le dédain, Dante répond : « Mes dames, la fin de mon amour a été naguère le salut de cette dame de qui peut-être vous voulez parler, et c'est en lui que résidait ma béatitude laquelle était la fin de tous mes désirs. Mais depuis qu'il lui a plu de me le refuser, mon seigneur Amour, grâces lui soient rendues, a placé toute ma béatitude en ce qui ne me peut m'être ôté ».

Jeanne et ses amies se concertent et finalement lui demandent de préciser d'où il tire cette béatitude. Dante réplique, avec son orgueil habituel et le plus naturellement du monde : « Dans les paroles qui louent ma dame ». Mais Jeanne lui dit : « Si cela était vrai, les vers en lesquels tu as dépeints ton état, tu les aurais tournés d'une toute autre manière ». Alors Dante repart, il demeure plusieurs jours anxieux et excité jusqu'à trouver des vers qui feront trembler les gens d'amour...

Comme toute histoire ; celle que nous partage Dante, a multiple significations...
Par exemple : Béatrice est l'aimée qui peut faire voir à Dante, la beauté divine. Béatrice représente la Théologie ; et Dante, dans ''Il Convivio'', dira très clairement de la jeune fille qui ressemble à Béatrice, qu’elle représente la Philosophie. «Je dis et affirme que la dame que j’aimais, après le premier amour, fut la très belle et très honnête fille de l’Univers, à laquelle Pythagore imposa le nom de Philosophie ».


(1) La Divine Comédie de Dante narre l'itinéraire fictif de l'auteur, sous la tutelle de trois femmes, Marie, sainte Lucie et Béatrice, dans l'outre-tombe, en l'an jubilaire 1300.

(2) La Vita Nuova, se compose d'une trentaine de poèmes, des sonnets pour la plupart, qui brûlent d'une ardeur amoureuse et mystique à la fois.

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