jeudi 27 avril 2017

Roger de Laron et le ''Grand Oeuvre'' -11/.- La Dame dans le conte: Reine et Fée.

La « Dame Margot » de Roger de Laron, est une fée ''mélusienne'' :

La fée, fort souvent rencontrée à la fontaine, accepte d'épouser le mortel qu'elle aime, se marie avec lui et s'installe chez lui, apportant la prospérité et le bonheur...
C'est une épouse modèle, qui comble tous les désirs; mais elle a mis d'emblée une condition à la vie heureuse, à savoir que son époux mortel ne transgresse jamais un interdit qu'elle lui précise : ne pas chercher à la voir nue, ou le samedi, ou lorsqu'elle est en couches, ne pas l'appeler « fée », ne révéler à personne sa véritable identité, ne faire devant elle aucune allusion à son origine, à sa famille, au lieu de leur rencontre, à la mort, etc.
Un jour, généralement par inadvertance, sous le coup de la colère, de l'impatience, sous la pression de la société (de sa famille, à lui), le mari transgresse l'interdit : son épouse surnaturelle le quitte aussitôt, en lui assurant que c'est pour toujours ... Dans le conte populaire, où la présence des enfants est bien moins souvent mentionnée, la fée peut remporter ses richesses, la prospérité, disparaître et le mari, dépérir et mourir rapidement; mais, bien plus fréquemment, le conte comporte deux autres séquences (la quête, la réunion) qui lui assurent une fin heureuse.

La fée Morgane, habite des contes un peu différents, ce sont ceux où la fée enlève le héros. Elle ne vient pas s'installer dans ce monde-ci, et, si elle y fait une apparition, c'est pour entraîner dans l'Autre Monde le mortel qu'elle aime et l'y retenir à jamais. 
Chez Chrétien de Troyes, Morgane est guérisseuse, confectionnant des onguents pour les blessures, ou contre la folie; elle est devenue la sœur d'Arthur, et elle règne, avec son ami Guigamor, sur l'île d'Avalon... Il est intéressant de noter que la figure de Morgane va devenir petit à petit une figure dangereuse et inquiétante, puis chargée de tous les péchés du monde … !
La Morgane « romanesque », la ravisseuse, l'emprisonneuse, voire l'empoisonneuse, n'apparaît donc qu'aux environs de 1225, dans le Lancelot en prose. Vient ensuite le Tristan en prose, où le personnage est encore noirci (« femme dominée par sa sensualité... lascive, retenant malgré lui un héros rétif qui saura lui échapper »).

C'est vrai également, que l'on trouve le personnage de la fée-ondine bienveillante, qui enlève (certes) le héros dès sa naissance (mais) pour le préserver de ses ennemis et lui permettre d'atteindre l'âge et d'avoir la force de les vaincre, ce personnage reçoit un vigoureux coup de pouce dans le Lancelot en prose. Se pose également, le problème de la succession de Merlin, que le Lancelot en prose exècre et bannit et à qui il semble donner deux héritières : une bonne, Viviane, qui exerce la magie blanche (et a bien fait d'en extorquer les secrets au fils de l'incube), et une méchante, Morgane, qui s'adonne à la magie noire et représente donc la part diabolique de Merlin.


Encore … Il est un passage du Conte du Graal au cours duquel l'un des chevaliers de la Queste pénètre dans un château qui semble tout à fait habité mais dans lequel il ne rencontre personne. Dans une des salles se trouve un magnifique jeu d'échecs. Pour passer le temps, il déplace une pièce sur l'échiquier. En face de lui, sans qu'il n'aperçoive personne, une autre pièce est déplacée comme en réponse à ce qu'il a joué précédemment. Il joue à nouveau et ainsi de suite... jusqu'à ce qu'il perde la partie... Furieux, il jette alors l'échiquier par la fenêtre et ce dernier se perd dans le lac qui est au pied du château.
La société celtique fonctionne à l'image du jeu d'échecs. Le Roi est la pièce essentielle : celui qui perd le Roi a perdu la partie ! Mais la Reine est la pièce qui a la plus grande mobilité, le plus grand éventail de possibilités, le plus grand "pouvoir".

Sources : Les fées seraient-elles nées au XIIe siècle ? Pierre Gallais – Cahiers de civilisation médiévale


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