'' foi critique ''
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La chute de Phaeton, par Peter-Paul Rubens |
« à maints endroits de
plusieurs livres de la Bible met sur les lèvres de Yahvé des
paroles guerrières, ou dans la Loi des préceptes de violence, qui
ne peuvent pas venir du Dieu qui nous prescrit par la bouche de Jésus
d'aimer nos ennemis ; les mythes qu'on y trouve méritent d'être
traités avec plus de respect que ceux du paganisme, mais sûrement
pas comme des mystères divins pleins de vérité... » (p
423)
Démythologiser la Parole de Dieu.
(p 424)
Ce passage me laisse perplexe... Il ne
faudrait pas comprendre que ''démythologiser la Parole de Dieu ''
soit l'unique objectif de J. Moingt... Et penser que ''La Parole
'' ne puisse s'exprimer à travers le Mythe.. ? D'ailleurs, je
ne spécialise pas le mythe aux traditions païennes ou
religieuses...
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illustration de Igor Morski |
« Il nous faut accepter de
démythologiser la révélation pour la recevoir dans sa vérité de
Parole de Dieu, non pas en extirpant de la Bible un à un tous les
mythes que nous pourrions y détecter, mais en expurgeant la
mythologie recelée dans notre concept théologique lui-même de
révélation. » ( p 424)
« Le mythe est dans l'idée
que l'homme de tout temps s'est faite et se fait encore de Dieu et de
la manière dont il s'approche de nous ou se laisse approcher »
Bien sûr, le mythe – mélange de
questions et réponses – évolue, mais la compréhension que
l'homme se fait de Dieu dans la Bible, aussi...
« Nous n'avons pas tort de
chercher une révélation dans les traditions bibliques, puisqu'elles
ont été consignées et transmises à cet effet. Notre tort est de
penser que nous devons recevoir cette révélation telle qu'elle est
racontée, et nous le croyons parce que nous sommes d'avance
persuadés qu'elle a dû se passer ainsi et ne pouvait pas l'être
autrement. Nous lisons la révélation à travers ce filtre
imaginaire : le mythe est dans notre esprit. Relisons le récit avec un esprit critique, et le mythe s'évanouit, mais pas la révélation... » ( p 425)
Nous ne lisons pas un récit mythique,
avec le filtre ''cela s'est-il réellement passé ? '' (
réellement = historiquement ), pour supprimer tout ce qui ne serait
pas ''réel''. Le mythe vise à la Vérité, et la vérité ne se
limite pas à la réalité. L'esprit critique ne peut pas rejeter le
Mythe, au prétexte qu'il ne décrit pas une vérité historique … !
A mon avis, reconnaître où peut se cacher le mythe, peut me
satisfaire ; mais ce n'est pas nécessaire... Et si l'on
démythologise, il faut aussitôt reconstruire avec ces mêmes
matériaux, pour ne pas perdre le message … Je prends pour exemple,
un personnage comme Marie, qui '' démythologisée'', risque de
perdre son poids symbolique... La seule nécessité, et c'est sur
quoi J. Moingt veut insister, c'est que le mythe – aujourd'hui –
n'est plus le support utilisé par les gens qui réfléchissent avec
'raison'...
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illustration de Igor Morski |
A mon avis, s'il est risqué d'abandonner le mythe, il
est nécessaire de travailler avec le mythe et d'en découvrir son
intérêt et toute sa profondeur ...
« le peuple juif souffre de
la même mythologie générique que les traditions religieuses des
nations païennes, qui est l'attachement à un passé imaginaire de connivence avec la divinité, passé supposé fondateur d'un lien
privilégié et perpétuel avec elle. » (p 427)
Mais … comme il a opté pour le dieu
unique... Dieu s'en accommode, et fait route avec lui … !
Malgré tout, J. Moingt, reprends le
terme de Mythe pour signifier la ''préexistence du Christ'' …
« L'idée de la préexistence
du Christ se présente à la base de la foi au Dieu trine, incarné
et rédempteur : c'est dire son importance. La qualifier de
''mythe'', alors que ce mot revêt souvent un sens péjoratif, c'est
plutôt la désigner comme le point névralgique de la foi, au risque
de décrédibiliser ce qu'elle prétend fonder. » (p 428)
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Lima de Freitas Preste_Joao |
« Platon, le premier, opposa
le muthos et le logos, le premier désignant le domaine obscur des
mystères divins, des rites religieux, des récits légendaires, des
rêveries poétiques, et le second tout discours élaboré dans la
clarté de la raison raisonnante.... (…) le langage commun
appellera ''mythe'' ce qui relève de l'imagination sinon de la
divagation par opposition à ce qui porte la marque du sérieux
scientifique, du fondé et du raisonnement. ...»
« pour la plupart, de nos
jours, archéologues, anthropologues et autres historiens de
l'Antiquité ne traitent plus les mythes avec mépris, mais y
admirent les premiers efforts de l'homme pour voir clair dans le réel
et le mettre en discours, les premières tentatives de l'esprit
scientifique pour expliquer l'univers... » ( p 429)
« Et parce que le désir de
l'homme de se situer dans son monde le pousse à interroger l'origine
de toute choses, de lui-même, de l'univers, de la société, des
espèces, les mythes les plus nombreux sont des mythes de
commencements... » ( p 430)
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L'Arche de Noé par Edward Hicks (1780-1849), basé sur l'histoire de la Bible hébraïque, Genèse 65-22. |
« Le croyant peut donc
recevoir dans le mythe biblique la révélation d'une Parole qui,
depuis le début des temps, donne sens à l'histoire en l'acheminant
vers le terme que lui assigne l'acte créateur, Parole qu'il
accueille comme une promesse de salut dans la foi au Dieu créateur...
(…) Dans ces récits mythologiques du passé hébreu, c'est tout le
passé religieux de l'humanité païenne qui est ''sauvé'', qui
accueille la Parole de Dieu, est soulevé par l'espérance d'Israël
et connecté à l'histoire de salut que l'élan créateur conduit à
son accomplissement en Jésus. » ( p 430)
« Jésus donne sens aux
anciens mythes de création et de salut en annonçant l'ultime mythe
du Royaume à venir » ( p 431)
Vraiment … ? Je pense que la
plupart des mythes, nous semblent encore assez indépendant, pour
nous apporter un message dans leur identité propre … Je veux bien
admettre qu'à terme, dans le Christ ''cosmique'', il puisse
récapituler tous les mythes … Mais nous n'en sommes pas encore là
… !
« Jésus entre dans le mythe
en revêtant le nom de Christ : cela n'enlève rien à la
réalité de son histoire, mais lui donne l'éternité pour
consistance, commencement et fin. » (p 431)