vendredi 27 mars 2015

Démythologiser la Bible ... -1/2--

A ce niveau de la lecture du dernier livre de J. Moingt... J'ai le besoin de reprendre quelques définitions. En particulier comprendre ce que veulent signifier : ''démythisation'' et ''démythologisation''... Cette différence est essentielle et situe bien, où se situe le débat :

La démythisation consiste à repérer des passages de l'ancien et du nouveau Testament, et les considérer comme des '' fables, des légendes, des contes de fées ''… En effet, ils ne correspondent pas à notre manière actuelle, scientifique de voir les choses, le monde, et la nature en particulier. Démythiser revient alors à '' laisser de côté '' ce qui offusque, contrarie notre raison. La Bible est expurgée, et elle est ainsi censurée au nom de la raison, d'une exigence rationaliste et réductrice.

La ''démythologisation'' considère le Texte dans sa manière humaine, terrestre, mondaine de parler de Dieu. Elle considère que la lecture 'croyante' de la Bible suppose toujours une foi en une Transcendance. Le Texte veut par conséquent dire et exprimer Dieu.
Démythologiser consiste à retrouver l'intention première du mythe : une foi en Dieu toute nue. Démythologiser c'est bien dérationaliser (retrouver cette foi originelle), tandis que démythiser c'est bien rationaliser (censurer au nom de la raison).
Fondamentalement, il ne s'agit pas d'éliminer les mythes que l'on trouve dans la Bible (ou dans la mythologie grecque, indienne, etc.), mais de les ''traduire''.

Cette exigence de traduction est la conséquence de la définition qu'il faut donner d'un mythe. Il ne s'agit pas d'une histoire idiote ou bonne pour les enfants et les esprits simples ...
Par exemple : comment parler de cette conviction que ce n'est pas la mort, mais bien ''Dieu'' qui a le dernier mot sur ma vie... ? Je peux – à l'aide de ma culture environnante – chercher à me représenter une image, je choisirai celle de la ''résurrection'', du réveil ( d'entre les morts), du redressement, du ''Vivant'' …
Caravaggio. - Le doute de Thomas - 1602-1603
Par exemple : je peux comprendre et lutter contre mes angoisses ; en en parlant comme s'il s'agit d'êtres qui habitent en moi ( et qui ne sont pas moi ), mais qui déterminent ma vie. Je les appelle, alors, des démons ou des esprits impurs.

Démythologiser la Bible, c'est la lire et l'interpréter sans en rien retrancher ; il s'agit de voir non seulement ce que le texte dit mais bien aussi et surtout ce qu'il veut dire. Il convient donc de retrouver, à travers une écriture humaine, une parole de... Dieu (venue de lui) et qui m'interpelle dans la foi.


2 commentaires :

  1. "aucun mythe ne résiste à une analyse causale rigoureuse ou à une interprétation sémantique serrée. Le sens du mythe n'est jamais décelable par une herméneutique savante et insensible.Le sens du mythe frappe directement l'intelligence dans toute sa vigueur sans que celle-ci ait à s'activer considérablement.On n'a pas à essayer de comprendre ou expliquer un mythe, on a seulement à le vivre.Le mythe parle, mais il ne répond pas, c'est à nous de lui répondre par nos actes".
    " le mythe est fondateur de l'éthique pour cette raison simple qu'il ne craint pas le temps, et qu'il persiste , envers et contre toute rationalisation ou toute explication.Le mythe n'est pas l'ennemi du logos, il est ce que l'ego recherche, ce que l'ego veut imiter et que le logos ne lui donne pas"
    "la fonction d'étonnement et d'éducation du mythe sont toujpurs présentes dans les Evangiles,mais elles y sont clairement divisées. Les miracles mènent la raison à l'émerveillement,tandis que les paraboles et les sermons éduquent et éveillent aux dimensions affectives et éthiques de la réalité humaine, et situent métaphysiquement cette réalité par rapport à Dieu le Père.....le message éthique des évangiles est donc souvent déjà inscrit dans le récit narratif des événements de la vie de Jesus , il est "celui qui fait ce qu'il dit de faire" yves Larochelle -une philosophie de la motivation -éthique, mythe , science

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  2. Oui ... très bien dit.
    Le mythe réclame une simplicité, au moins celle de s'émerveiller ... Bienheureux les pauvres!

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