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2 - Nécessité, dans ce type de réflexion, d’un « point d’appui transcendant » ?
2 - Nécessité, dans ce type de réflexion, d’un « point d’appui transcendant » ?
Eric Ancey : Moins_dure_sera_la_chute |
J. T. : « Le mot « transcendance » ne figure pas dans mon vocabulaire. Mais, dans une conférence de citoyens, on voit se développer une espèce d’alchimie entre ces personnes ordinaires, d’origine sociale et d’éducation différentes, toutes réunies dans le but de donner un avis qui va agir sur l’humanité, leurs enfants et leur descendance. Les gens deviennent altruistes et intelligents ensemble, en un mouvement… transcendant les intérêts particuliers de chacun. J’appelle cela « l’humanitude ».
Comment mettre de la transcendance en démocratie ?
Eric Ancey - Le crieur du devoir |
R. B. : « il faut ancrer la démocratie dans une transcendance. La conscience doit être considérée, selon Jean-Jacques Rousseau, comme « un instinct divin, immortelle et céleste voix » . « Vox populi, vox dei » doit ainsi être pris à la lettre, en allant jusqu’à dire que nos démocraties, même imparfaites, supposent une conception de l’homme selon laquelle celui-ci, qu’il soit idiot du village ou prix Nobel, a un accès à la Vérité, avec un V majuscule, et au Bien, avec un B majuscule. Si on laisse tomber cela, on va devoir se demander pourquoi donner une même voix à l’idiot et au Nobel. C’est l’éternelle objection aristocratique ou oligarchique contre la démocratie. Je pense ainsi que nos démocraties laïques, séculières, supposent une conception de l’homme qui n’est pas séculière.
J. T.: « Si une quinzaine de personnes, réunies en jury citoyen, sont plus capables d’intelligence, d’altruisme et d’invention qu’elles-mêmes ne le croyaient, comment ne pas manifester cela en toutes circonstances ? C’est cela que je nomme transcendance: l’homme peut se révéler, dans certaines situations, bien au-dessus de ce qu’il croit être et de ce que la démocratie croit qu’il est.
C’est ma seule raison d’être optimiste. Pour que chacun puisse se révéler en tant qu’homo sapiens. C’est ce que je nomme l’« humanitude », faculté humaine ignorée mais largement partagée.
Eric Ancey: les jeunes_mamans |
J. T.: Je suis évidemment d’accord sauf sur la place de Dieu. Mais, pour l’avenir, il faut envisager de mettre les gens dans des conditions où ils pourraient assumer ce que vous appelez la transcendance et ce que j’appelle l’humanitude. Dans mon livre, je cite Ellul, Illich, des penseurs chrétiens.. On pourrait permettre à l’homme de s’exprimer au mieux de lui-même.
Sources: le quotidien "la Croix" du 22/04/2014
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