Nous avons longuement décrit La '' Dame'', des lettrés, des gens
d'ici, et de Roger de Laron..
Le troubadour se doit d’acquérir la
nécessaire blancheur pour pouvoir courtiser la dame et, l'alchimiste
pour ''courtiser'' la matière...
Nous pouvons, à présent, revenir au
''Grand Oeuvre'' alchimique...
Roger de Laron s'est essayé à la
fabrication d'une roche de verre proche du rubis... Un ouvrage
précieux : '' La Somme de perfection suprême'' et la
possession et quelques gouttes d' ''eau royale'', lui ont permis de
dissoudre de la poudre d'or avec du chlorure d'étain, dans des
proportions extrêmement précises... La couleur recherchée est
jugée inaccessible, et il faut reproduire certains gestes des
milliers de fois avant d'obtenir une parfaite régularité du
mélange...
Cette recherche sur des verres aux
beautés inaccessibles est un exercice fondamental pour approcher la
matière, et tenter de la comprendre...
Dans un ouvrage, comme l' Historia
de preliis du clerc Léon de Naples (Xe siècle) : Alexandre
le Grand ( grand héros au Moyen-âge) se fait construire un vaisseau
en verre, les ''meilleurs verriers'' qu'il trouve sont en fait de
sages et habiles alchimistes : seuls à savoir faire un verre
d’une transparence et d’une solidité parfaites.
A 15th-century French manuscript illustration showing Alexander in a cage that is lifted into the air by six griffins |
Cette métaphore sera utilisée plus
tard : à la fin du ''Novum lumen'' (1604), l'auteur,
fait référence à une métaphore de la ''Turba philosophorum'' où
« l’eau » désigne la pierre philosophale, il écrit : « Qui
donc fera une pareille eau ? Je le dis à coup sûr : celui qui sait
faire le verre. » L’allusion au verre s’explique par le fait
que l’auteur parlait initialement d’une « cendre » qui doit
aboutir à la pierre philosophale : de même qu’on passe des
cendres au verre, on passera de cette matière à la pierre
philosophale. L’alchimiste est ainsi celui qui sait faire le verre.
A comparer avec la magie des sorciers,
l’alchimie est ici en Limousin presque récente... Il a fallu
attendre le milieu du XIIe siècle pour connaître les premières
traductions latines de traités d’alchimie arabe. C'est à partir
d'un ouvrage , comme le Tristan de Gottfried de Strasbourg
(donc à partir des années 1210 à 1220) que l'alchimie se fait
connaître … L'Alchimie n'est pas encore considérée comme
hérétique, et n'a pas besoin de se cacher...
Si l'on demande à Roger de Laron, où
et comment il s'est procuré les quelques ouvrages qui lui ont permis
d'accéder à certaines connaissances : il répondrait
'La fontaine de jouvence' par Giacomo Jaquerio |
- - On m'a évoqué une mystérieuse fontaine, close de murs, où un roi se baigne et rajeunit.
Roger s’y rend, et trouve l’endroit
« assez estrange a veoir par dehors ; et sembloit bien que l’un
des vielz chevaliers de Parceforests eust la, apres tous ses labeurs,
esleu et choisi repos par fentaisie ».
Là, il trouve un vieillard « qui monstroit plus avoir hanté l’art militaire que l’estude ».
Là, il trouve un vieillard « qui monstroit plus avoir hanté l’art militaire que l’estude ».
Celui-ci lui fait visiter le château :
- « Si me mena premier en la basse court, assez longue, au meillieu de laquelle estoyent encores les vestiges et fractures d’un parron selon et a la mode des faitz chevalleureux de la Table ronde... » . Puis vient une chapelle où a été peinte la création du monde, mais aussi « Saturne au hault d’ung coing despaint selon sa nature, puis Mercure joinct au Soleil et la Lune a l’opposite tendant la main hault, et autres speculatives figures difficiles juger a l’œil ».
- Le vieillard lui répond qu’il y a bien, tout en haut, « quelques livres du temps de l’oncle de son grant pere ». Il y a là des livres de théologie, de décret et de droit civil, d’art oratoire, et des « histoires, croniques et romans comme la Table ronde, Merlin et Melusine ». Il s’y trouve aussi des livres de philosophie, « comme de Platon, Anaxagoras, Socrates, Diogenes, Pitagoras, Democritus, et toute la Phisique d’Aristote ».
- Au moment de quitter la pièce, Roger aperçoit, « derriere l’uys, ung trou sus lequel estoit paint une teste de mort avec ses oreilles ». Dans ce trou, il découvre « ung livret fort viel, plus relié d’yraignes et de pouldre que d’aultre couverture » : c’est le livre de La Complainte de Nature, qui porte la mention suivante : « ce livre ne fut jamais veu que de moy et l’a escript ung esperit de terre et soubz terre. »
Ci-dessous, seule illustration de l'ouvrage
Sources : Les Complainte de
Nature de Jean Perréal ; et Présence et absence de
l’alchimie dans la littérature romanesque médiévale, de la
Renaissance et de l’âge baroque - Didier Kahn
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