Nous commençons à comprendre dans
quelles conditions le dessein du ''Grand-Oeuvre'' a pu naître dans
l'esprit de Roger de Laron. Après ces rencontres et influences des
plus grands esprits de son époque, et sa rencontre avec ''Dame
Margot'' ; le chevalier templier espère découvrir les secrets
de la matière, donc de l'esprit.
Il faut bien comprendre que cette
recherche alchimiste, intègre la similitude entre les mondes visible
et invisible ; entre ce qui est en bas et ce qui est en haut ;
entre la création et l'incréé …
La première étape, incontournable,
consiste à tenter de savoir ce qui se passe dans le laboratoire de
l'alchimiste... Il est essentiel de comprendre que l'alchimiste lui,
insiste en même temps, sur ce qui se passe dans l'alchimiste
lui-même, dans son âme... L'énergie nécessaire à l'expérience
est, pour Roger, plus spirituelle que matérielle :
« Je vois que tu crois ces
choses parce que je te les dis, mais tu n'en sais pas le pourquoi, en
sorte que pour être crues elles n'en sont pas moins cachées. »
Aussi, n'est-il pas étonnant que les
ouvrages qui décrivent l'alchimie, utilisent un vocabulaire
symbolique... Soyons clair : si nous évoquons l'Or, le Graal,
ou l'Arche d'Alliance ; nous ne faisons qu'évoquer un élément
d'un mystère, avec pour seule capacité de pouvoir tourner autour de
ce symbole, avec persévérance, humilité et émerveillement.
Observons, comme l'a fait Roger de
Laron - en apprenti - les différentes opérations que tentent le
maître alchimiste :
L'alchimiste commence par préparer, dans un mortier d'agate, un
mélange intime de trois constituants.Le premier, en proportion majeure ( 90 à 95%), est la matière première : un minerai ( par exemple) ou tout simplement de la terre... Attention ce n'est pas n'importe quelle terre, c'est une terre ''vierge'', avec toutes ses forces vives et dont le temps du ramassage est essentiellement astrologique ( sous le verseau, alors que la vie commence à naître …)... Dans le ramassage, intervient une participation profonde et globale de l'être. Ce moment est capital pour la réussite de l'expérience... A nos questions : l'alchimiste répond : « C'est un moment insaisissable, inexplicable. Sans mode d'emploi. Sans rien … »
Le second peut être un métal : fer, plomb, argent ou mercure. Si notre matière primaire est la Terre, ce peut être un végétal, avec toutes ses forces vives ( cueilli dès l'aurore). Il est nécessaire de sentir la vie, vivre la communion, sentir gémir la plante, avec la plus extrême des sensibilités...
Le troisième est un acide d'origine organique : acide tartrique ou citrique. Pour ce qui est de la terre et du végétal, ce sera de la rosée : la rosée a le pouvoir de brûler !
L'alchimiste va broyer à la main et mélanger ces constituants durant cinq ou six mois. Ensuite, il chauffe le tout dans un creuset. Il s'agit de sécher à feu doux : ''brûler avec de l'eau et sécher avec du feu''.. Il faut répéter cette opération humectation-séchage une centaine de fois... Faire durer l'opération une dizaine de jours. Il doit prendre des précautions. Des gaz toxiques se dégagent : la vapeur de mercure, et surtout ( selon le minerai) l'hydrogène arsénieux qui a tué plus d'un alchimiste dès le début des travaux.
Éventuellement, encore dissoudre le contenu du creuset grâce à un acide. C'est en cherchant un dissolvant que nos alchimistes ont découvert l'acide acétique, l'acide nitrique et l'acide sulfurique. Cette dissolution doit s'effectuer sous une faible lumière solaire réfléchie sur un miroir, ou la lumière de la lune. On sait aujourd'hui que la lumière polarisée vibre dans une seule direction, tandis que la lumière normale vibre dans toutes les directions autour d'un axe.
L'alchimiste, ensuite, évapore le liquide et recalcine le solide. Il va recommencer cette opération des milliers de fois, pendant plusieurs années. Pourquoi ? Nous ne le savons pas. Peut-être dans l'attente du moment où seront réunies les meilleures conditions : rayons cosmiques, magnétisme terrestre, etc. Peut-être afin d'obtenir une « fatigue » de la matière dans des structures profondes que nous ignorons encore. L'alchimiste parle de « patience sacrée », de lente condensation de « l'esprit universel ».
On reproduit des milliers de fois la
même expérience, mais en faisant chaque fois varier l'un des
facteurs : proportions de l'un des constituants, température,
pression, catalyseur, etc... Prendre note.
Pour l'alchimiste, de même qu'il n'y a
pas deux âmes semblables, deux êtres semblables, deux plantes
semblables, il n'y a pas deux expériences semblables.
Au bout de plusieurs années d'un
travail toujours le même, de jour et de nuit, notre alchimiste finit
par estimer que la première phase est terminée. Il ajoute alors à
son mélange un oxydant : le nitrate de potasse, par exemple. Il
y a dans son creuset du soufre provenant de la pyrite et du charbon
provenant de l'acide organique. Soufre, charbon et nitrate... !
C'est au cours de cette manipulation que les anciens alchimistes ont
découvert la poudre à canon.
En 1257, Roger Bacon, décrit la
préparation de la ''poudre noire'' dans son ouvrage ''De Secretis
Operibus Artis et Naturæ et de Nullitate magiæ.'' La poudre
noire sera utilisée à titre expérimental pour la première fois
sur un champ de bataille, à Crécy (1346) et provoquera une cuisante
défaite à la chevalerie française.
Revenons dans notre laboratoire, et
observons l'alchimiste tenter d’atteindre peu à peu le noir
absolu. C'est une ''corruption'' lente et progressive. Dissoudre,
puis calciner sans relâche durant des mois et peut-être des années,
dans l'attente d'un signe. Sur la nature de ce signe, les ouvrages
alchimiques diffèrent, mais c'est peut-être qu'il y a plusieurs
phénomènes possibles. Ce signe se produit au moment d'une
dissolution. Pour certains alchimistes, il s'agit de la formation de
cristaux en forme d'étoiles à la surface du bain. Pour d'autres,
une couche d'oxyde apparaît à la surface de ce bain, puis se
déchire, découvrant le métal lumineux dans lequel semblent se
refléter, en image réduite, tantôt la Voie lactée, tantôt les
constellations.
Cette matière va devenir le nouveau
support de l'expérience : la « tourbe des philosophes »,
ou « préparation des ténèbres »...
Le but poursuivi est l'obtention, dans le récipient, d'une « essence », d'un « fluide », que les alchimistes nomment parfois « l'aile de corbeau ».
L'alchimiste chauffe, laisse refroidir,
chauffe à nouveau, et ceci pendant des mois ou des années,
observant à travers le cristal de roche la formation de ce qui est
aussi nommé « l'œuf alchimique » : le mélange
changé en un fluide bleu-noir. Il ouvre finalement son récipient
dans l'obscurité, à la lumière seule de cette sorte de liquide
fluorescent. Au contact de l'air, ce liquide fluorescent se solidifie
et se sépare.
Cette eau aurait des propriétés chimiques et médicales extraordinaires. C'est le dissolvant universel et l'élixir de longue vie de la tradition...
L'alchimiste se trouve donc maintenant
en possession d'un certain nombre de corps simples inconnus dans la
nature et de quelques flacons d'une eau alchimique susceptible de
prolonger sa vie considérablement par le rajeunissement des tissus.
Ce texte a pour Sources : Le
travail de l'alchimiste d'après
Jacques Bergier, et les travaux de Armand
Barbault ( alchimiste contemporain)
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire