Le poète Geoffrey Chaucer
(1340-1400), est l'auteur de ce qui semble être une satire de
l'alchimie dans Les Contes de Canterbury.
Le Conte de l'Assistant du Chanoine,
se situe à la fin du Fragment VIII, après le Conte de la
Deuxième Nonne. À la fin de ce dernier conte, les pèlerins sont
rattrapés par une paire de cavaliers : le Chanoine et son
Assistant, qui désirent les accompagner dans leur pèlerinage
vers Canterbury. L'Aubergiste demande au Chanoine de leur
raconter une histoire, mais son Assistant prend la parole avant lui
et révèle que son patron se pique d'être alchimiste. Le
Chanoine tente de le réduire au silence avant qu'il ne révèle ses
secrets, mais n'y parvient pas et prend la fuite, honteux.
Ce conte a toujours interrogé les
alchimistes... Il est le seul des Contes de Canterbury
qui
ne soit pas issu d'un récit antérieur, mais entièrement imaginé
et écrit par Chaucer. Beaucoup ont pensé que sous le couverts d'un
conte, Chaucer racontait son savoir à ce sujet … De toute manière,
ce conte reprend un savoir assez complet et vulgarisé qui était peu
partagé et divulgué ainsi : un vocabulaire simple, et sans
artifice symbolique... On y découvre les vicissitudes et les dangers
du métier.
Dans le Conte, le valet commence
alors le récit des sept années qu'il a passées auprès du
Chanoine, à tenter de découvrir le secret de la pierre
philosophale, en vain : aucune des techniques employées par son
maître n'a jamais fonctionné.
(...)
« Mais n’importe cela, parlons
de nos travaux. Quand nous sommes au lieu où nous devons exercer
notre lutinant métier, nous semblons merveilleusement sages, tant
nous usons de mots savants et curieux. Moi, je souffle le feu jusqu’à
ce que le cœur me faille.
Pourquoi vous dire ici toutes les
proportions de toutes les choses avec quoi travaillons, comme de cinq
ou six onces, peut-être bien, d’argent, ou telle autre quantité ;
et pourquoi prendre la peine de vous réciter les noms d’orpiment,
d’os brûlés, d’écaillés de fer, qui sont en poudre broyés
bien menu ? Ni comment tout est mis en un pot de terre, avec du
sel dedans, et du poivre aussi, avant ces poudres que je viens de
dire, le tout bien recouvert d’une lame de verre, et moult autres
choses qu’il y avait là ? Ni que le pot et le verre sont clos
de mastic pour que de l’air rien ne passe dehors ?
Point ne parlerai du feu modéré, et
du vif aussi, que l’on faisait, ni du souci et de la peine que nous
prenions pour sublimer nos matières, et pour amalgamer, pour
calciner le vif-argent, que dénommons Mercure cru !
Malgré tous nos tours nous ne pouvons
aboutir. Notre orpiment et Mercure sublimé, notre litharge aussi
broyée sûr le porphyre, de toutes ces matières un nombre d’onces
précis, cela ne sert de rien, notre labeur est vain.
Ni non plus l’ascension de nos
esprits, ni les matières qui restent au fond, ne peuvent à notre
œuvre en rien profiter. Car tout notre labeur et travail est perdu ;
et toute la dépense, de par tous les diables ! que nous avions
risquée, perdue aussi.
Il y a en outre beaucoup d’autres
choses, lesquelles appartiennent à notre métier ; pourtant ne
puis les réciter dans l’ordre, pour ce que je suis un homme
ignorant ; je les dirai comme elles me viennent en l’esprit,
bien que ne les puisse ranger par espèces : ainsi le bol
armoniaque, le vert de Grèce et le borax, et divers vaisseaux
faits de terre et de verre, nos urinais, nos descensoires, fioles,
creusets, sublimatoires, cucurbites et alambics aussi, et tant
d’autres qui seraient chers au prix d’un poireau.
Pas n’est besoin de les réciter
tous : eaux rougissantes et noix de galle, arsenic, soufre et
sel armoniaque ; et d’herbes aussi j’en pourrais nommer
beaucoup : l’aigrimoine, la valériane et la lunaire, et bien
d’autres aussi, si je voulais tarder.
Dirai-je nos lampes brûlant jour comme
nuit, pour faire aboutir notre art, si nous pouvons ? Et nos
fourneaux aussi, pour la calcination, et pour l’albification du
liquide, plâtre non dissous, chaux et glaire d’œuf, poudres
diverses, cendres, fumier, urine, argile, sachets cirés, salpêtre,
vitriol,
et feux divers, de bois et de charbon ; le sel de
tartre, l’alcali, le sel préparé, les matières comburées et
coagulées, l’argile avec du poil de cheval ou d’homme, et
l’huile de tortre, l’alun, le verre, la levure, le moût,
l’argoil, le résalgar, et l’imbibition de nos matières ;
et aussi l’incorporation de nos matières ; et la
citrination de notre argent, notre cimentation, notre
fermentation, nos éprouvettes, lingots, et puis que sais-je encore ?
Je vais vous dire, ainsi que je
l’appris aussi, les quatre esprits et les sept corps, dans l’ordre,
comme j’ouïs souvent mon maître les nommer.
Le premier esprit est appelé
vif-argent. le second orpiment, le troisième, pour sûr, sel
armoniaque, soufre le quatrième.
Les sept corps, écoutez, les voici
maintenant : Soleil est l’or, et l’argent nous l’appelons
Luna ; nous nommons Mars le fer, le vif-argent Mercure. Saturnus
est le plomb, Jupiter l’étain, et Vénus le cuivre, par la race de
mon père !
Ce maudit métier, quiconque le veut
exercer, il n’aura point de bien qui puisse lui suffire ; car
tout le bien qu’il dépense à cela, il le perdra, de ceci je n’ai
doute, Quiconque voudra mettre à l’air sa sottise, qu’il vienne
et apprenne à multiplier ; et tout homme qui a quelque chose en
son coffre,
qu’il apparaisse et se fasse philosophe.
Peut-être cette science est facile à
apprendre ? Non, non, Dieu le sait, fût-il moine ou frère,
prêtre ou chanoine, ou tout autre homme, quand il resterait nuit et
jour penché sur son livre, à apprendre cette sotte et lutinante
science, tout serait vain, et pardieu ! bien plus encore !
D’apprendre à un ignorant cette
subtilité, fi ! ne m’en parlez pas, la chose est impossible ;
qu’il connaisse l’art de lecture ou non, en fait pour lui cela
reviendra au même ; car tous les deux, par mon salut !
aboutissent, dans la multiplication, également bien quand ils ont
tout fini ; c’est à savoir, qu’ils échouent tous les deux.
Pourtant j’ai oublié de vous faire
mention des eaux corrosives et de la limaille, et de la mollification
des corps, et aussi de leur induration, des huiles, des ablutions et
du métal fusible : à dire tout on passerait le plus gros livre
qui soit nulle part ; aussi vaudra-t-il mieux que de tous ces
noms-là je me repose. Car je crois bien vous en avoir appris assez
pour évoquer un démon, tant fût-il revêche !
Ah ! non, laissons cela ! La
pierre philosophale qu’élixir on dénomme, nous la cherchons tous
ardemment, car si nous la tenions, alors nous serions saufs ;
mais, au Dieu du ciel j’en fais l’aveu, malgré tout notre art,
quand nous avons tout fait, et toute notre adresse, point ne veut
nous venir. Elle nous a fait dépenser force bien, ce qui nous rend
presque fous de chagrin, n’était le bon espoir qui se glisse en
nos cœurs, toujours supposant, bien que nous souffrions dur, que
nous serons par elle soulagés plus tard, espérance et supposition
qui sont aiguës et fortes ; je vous en avertis, elle sera
toujours à trouver.
Ce temps futur a poussé les gens à se
séparer, en confiance, de tout ce qu’ils avaient.
Cependant dans cet art ils ne peuvent
s’assagir, car il a pour eux une douceur amère ; ainsi
semble-t-il, car s’ils n’avaient qu’un drap pour s’y
envelopper durant la nuit, et qu’un couvre-dos pour se promener
dans le jour, ils les vendraient pour les dépenser à ce mystère ;
Ils ne savent pas s’arrêter, qu’il ne reste plus rien. Et
toujours, en tout lieu où ils vont, on peut les reconnaître à leur
odeur de soufre ; pour tout au monde, ils puent comme le bouc !
leur odeur de bélier est si chaude
qu’un homme qui serait à un
mille de là, par leur odeur, croyez-moi, serait infecté ;
ainsi donc, voyez-vous, par leur odeur et leur habit râpé, on peut,
si l’on veut, reconnaître nos gens.
Et si l’on veut leur demander dans le
privé pourquoi ils sont accoutrés si misérablement, aussitôt ils
vous chuchoteront dedans l’oreille et vous diront que, s’ils
étaient connus, on les tuerait en raison de leur science ;
voilà comme ces gens trahissent l’innocence !
Laissons cela ; j’arrive à mon
histoire : Avant donc que le pot ne soit mis sur le feu, avec
certaine quantité de métaux, mon maître les tempère, et nul autre
que lui, maintenant qu’il est parti, je puis le dire hardiment car,
comme on dit, il sait habilement faire ; en tout cas je sais
bien qu’il a tel renom ; souventes fois pourtant il tombe en
faute ; or savez-vous comment ? bien des fois il arrive que
notre pot se brise ! Adieu ! tout est parti !
Ces métaux ont si grande violence que
nos murs ne sauraient leur faire résistance, à moins d’être
bâtis et de pierre et de chaux ; ils percent donc et traversent
le mur, et quelques-uns s’enfoncent dans la terre, ainsi avons-nous
parfois perdu maintes livres et certains se répandent par tout le
plancher, certains sautent jusqu’au toit ; sans nul doute,
bien que le démon ne se montre pas à nos yeux, je crois bien qu’il
est avec nous, ce mauvais-là !
Dedans l’enfer où il est le maître
et seigneur, il n’est pas plus de douleur, ni de rancœur, ni de
colère.
Lorsque notre pot est brisé, comme
j’ai dit, chacun grommelle et se tient mal payé. L’un dit que
c’était en raison du feu ; l’autre dit non, que cela dépend
du souffleur, (et alors j’avais peur, car c’était mon office).
« Fi ! (dit le tiers), vous
êtes ignorants et sots ; il n’a pas été trempé comme il
devait l’être ! »
« Non (dit le quatrième),
taisez-vous et écoutez-moi ; c’est que notre feu n’était
pas fait de hêtre, voilà la raison, la seule, sur mes écus ! »
Moi, je ne saurais dire quelle était
la cause, mais je sais qu’il y a grand débat entre nous.
« Allons ! (dit mon maître),
il n’y a plus rien à faire, de ces périls dorénavant je me
garderai ; je suis bien sûr que le pot était fêlé. Quoi
qu’il en soit, ne soyez point abasourdis ; comme c’est
l’usage, qu’on balaie aussitôt le plancher ; remettez-vous
le cœur, soyez joyeux et contents ! »
Tous les débris sont balayés, mis en
un tas ; sur le plancher on jette une toile, et tous les débris,
mis dans un tamis, sont triés et passés maintes fois.
« Pardieu ! (dit l’un), un
peu de notre métal est encore là, si nous n’avons pas tout !
Bien que l’affaire ait manqué cette fois, une autre fois elle peut
réussir, il faut bien aventurer notre avoir ; un marchand ne
saurait, pardieu ! toujours demeurer, croyez-m’en bien, dans
sa prospérité ; parfois son bien est noyé dans la mer, et
parfois il arrive sauf jusqu’à la terre ! »
« Paix ! (dit mon maître),
la prochaine fois je m’efforcerai de mettre notre art en meilleure
posture ; si je ne le fais point, mes sires, à moi le blâme ;
il y eut faute en quelque point, je le sais bien. »
Un autre dit : « Le feu
était trop chaud » ; mais, chaud ou froid, j’ose
affirmer ceci, que nous terminons toujours de travers.
Nous manquons ce que nous voulions
obtenir, et dans notre folie toujours délirons.
Et quand nous nous trouvons ensemble
réunis, chacun de nous paraît un Salomon ! Mais tout ce qui
reluit comme de l’or n’est pas de l’or, ainsi que je l’ai ouï
dire ; ni toute pomme qui est belle aux yeux n’est bonne, quoi
que les gens débitent et crient !
Il en va tout de même, voyez, parmi
nous ; celui qui semble le plus sage, par Jésus ! est le
plus sot, quand on vient à l’épreuve ; et qui parait le plus
loyal est un voleur ; vous le saurez devant que je vous quitte,
lorsque j’aurai conté jusqu’au bout mon histoire.
Explicit prima pars.
Et sequitur pars secunda.
Ensuite, le valet commence une autre histoire, celle de la tromperie d'un autre chanoine, qui fait croire à trois reprises à un prêtre naïf qu'il est capable de produire de l'argent à partir de mercure et de cuivre, et lui extorque quarante livres contre son prétendu secret.
La multiplication a tant dupé de gens
que je crois bien qu’elle est, en bonne foi, la plus grande raison
de cette disette d’or. Les philosophes parlent si brumeusement en
ce mystère, que personne n’y peut rien entendre, malgré tout
l’esprit qu’on a aujourd’hui. Ils peuvent bien jacasser comme
font les geais, et mettre dans leurs grands mots leur plaisir et leur
peine ; mais pour leur but, jamais ne l’atteindront.
On apprendra fort aisément, si l’on
a quelque chose, à multiplier… et à perdre tout son bien.
Voyez ! ce joli jeu donne tant à
gagner qu’il changera la gaieté d’un homme en chagrin, et videra
aussi les bourses grandes et lourdes, en procurant aux gens les
malédictions de ceux qui ont prêté leur bien pour cette fin.
Ô fi ! quelle honte ! Ceux
qui furent échaudés hélas ! ne peuvent-ils fuir la chaleur du
feu ?
Vous qui en usez, je vous conseille de
cesser, crainte de perdre tout ; mieux vaut tard que jamais. Ne
jamais réussir, c’est date trop lointaine. Quand vous chercheriez
toujours, jamais ne le trouveriez ; vous êtes aussi aventureux
que Bayard l’aveugle, qui s’en va au hasard sans considérer nul
péril ; il est aussi hardi pour courir contre une pierre que
pour passer à côté sur la route.
Ainsi va-t-il, encore un coup, de vous
qui multipliez. Que si vos yeux ne peuvent pas bien voir, gardez que
votre esprit ne perde pas la vue. Car si grands que vous ouvriez et
écarquilliez les yeux, vous ne gagnerez pas un teston à ce métier,
mais vous perdrez tout ce que vous aurez pu attraper et happer.
Écartez le feu, de peur qu’il ne
brûle trop fort ; j’entends par là, ne vous mêlez plus de
cet art, sinon, votre épargne sera perdue tout net.
Et maintenant je vais vous conter ici
ce que les philosophes disent en la matière.
Voyez ! que dit Arnould de la
Ville Nouvelle, comme est fait mention dans son Rosaire ?
il dit tout droit, et je ne mens en rien, que nul homme ne peut
mortifier Mercure, sinon avec le secours de son frère ; comment
celui qui le premier dit cette chose, des philosophes était le père,
Hermès; il dit comment le dragon, sans nul doute, ne meurt pas, à
moins qu’il ne soit tué à l’aide de son frère ; et voici
ce que cela vient à dire : par le dragon, c’est Mercure et
nul autre qu’il entendait, et par son frère le soufre, qui tirent
naissance de Sol et de Luna.
« Aussi (disait-il), prenez garde
à mes paroles : que nul ne s’occupe à rechercher cet art, à
moins que des philosophes il ne puisse comprendre l’intention et le
langage, et s’il le fait, c’est un sot homme ; car cette
science et cet art, disait-il, est celle du secret des secrets, par
dieu ! »
Il était aussi un disciple de Platon
qui une fois dit à son maître, comme son livre Senior en fera
foi, et sa demande était, en bonne vérité :
« Dis-moi le nom de la pierre
secrète ? » Et aussitôt Platon lui répondit :
« Prends
la pierre qu’on nomme Titanos. »
« Quelle est-elle ? »
dit-il. « C’est Magnesia », dit Platon.
« Oui da, monsieur, est ce
ainsi ? C’est expliquer ignotum per ignotius.
Qu’est-ce que Magnésie, bon
monsieur, je vous prie ? »
« C’est une eau qui est faite,
te dis-je, des quatre éléments, » dit Platon.
Lors l’autre lui dit :
« Dites-moi la racine de cette eau, si c’est votre plaisir. »
« Non, non (lui dit Platon), je
n’en ferai rien, certes, les philosophes ont juré tous et chacun
qu’ils ne la découvriraient à personne, et qu’ils ne
l’écriraient jamais en aucun livre ; car à Christ elle est
si précieuse et si chère qu’il ne veut pas qu’elle soit
découverte, sauf où il plaît à Sa Divinité
d’inspirer
l’homme, comme aussi de le protéger quand il lui plaît ; et
là, c’est le dernier mot. »
Et je conclus ainsi : puisque Dieu
dans le Ciel ne veut pas que les philosophes mentionnent comment on
peut obtenir cette pierre, je tiens qu’il est mieux de la laisser
là.
Car quiconque se rend Dieu adversaire
en tâchant d’opérer chose contraire à son vouloir, certes,
jamais il ne réussira, quand il multiplierait toute sa vie durant.
Ici mettons un point ; mon
histoire est finie ; que Dieu soulage de son mal tout honnête
homme ! Amen.
Ici finit le Conte du Valet du
Chanoine.
A noter : en fin du chapitre
III à propos d'une pierre mystérieuse, la magnetia,
indispensable aux opérations alchimiques et que Chaucer
baptise Titanos, nommant une chose inconnue par un nom plus
inconnu encore... !
Chaucer raconte d'abord l'histoire
d'un chanoine malchanceux dans ses recherches. Il semble sincère, et
s'il met de côté une portion du métal fourni en commun, c'est pour
renouveler séparément les tentatives.
Dans la deuxième histoire,
le faux alchimiste n'est qu'un fourbe ; et l'abbé un naïf avide d'argent...
Les pages de Chaucer sont
considérées comme un document assez complet, et tout à fait
''lisible'' par tout un chacun, sur l'alchimie de cette époque... !
Les documents dont se serait servi Chaucer - ''le Secretum
secretorum'', par exemple, le sont beaucoup moins...
Chaucer présente une telle
compétence que des alchimistes eux-mêmes ont recopié le long
discours du chanoine … Ils ont même affirmé que Chaucer lui-même
aurait pu être un alchimiste.
Au début le chanoine craint que son
valet puisse révéler des secrets qui ne doivent pas l'être... Ce
qu manifestement il va faire …
Il reconnaît que cette science n'a
pas rendu plus riche son maître … Aussi, le valet juge que les
hommes qui semblent les plus sages sont les plus insensés...
Il semble également, que Chaucer
pose une question : toute chose serait en perpétuel changement,
et peut glisser d'un état à un autre. Le charbon peut devenir
la pierre du philosophe, et, du fait de la tromperie du chanoine du
conte, nous ne sommes jamais sûrs de la substance que nous
examinons. Peut-on jamais dire ce que nous recherchons; peut-on
savoir la différence entre le vrai et le faux?
Au début du récit, nous
n'entendrons pas le chanoine ; il nous faut croire le valet...
Le premier chanoine serait alors une figure à la frontière de la
réalité et de la fiction... Est-il un homme merveilleux, ou un
charlatan.. ?
Le Valet du chanoine mentionne
spécifiquement que c'est '' l'intention '' du chanoine qui fait que
son ''alchimie '' est fausse. C'est le désir du mal qui condamne le
chanoine.