Le sens de la résurrection,
aujourd'hui … ?
« Paul ne se contentera plus
de dire que le Christ est mort « pour nous » ( 1 Th
5,10)... les juifs, ou les chrétiens ... (...) mais pour
nous tous ( 2 Cor 5,14), pour tous les hommes, de toutes origines et
conditions, même païens et pécheurs... » ( p 283)
« .. questions de l'homme
d'aujourd'hui, qui ont trait essentiellement à sa crédibilité :
quel crédit peut-on accorder à un discours du salut qui fait
miroiter une destinée future de vie éternelle... ? (..)
Quel peut-être le sens d'un salut qui détourne de réalités
présentes et des combats nécessaires à la poursuite de l’aventure
humaine. » ( p 285)
Ces questions ne proviennent pas d'un
discours athée arrogant … mais de la foi elle-même.
« Confesser la résurrection
de Jésus, n'est pas proclamer un événement du passé qui aurait
échappé à l'observation historique, c'est annoncer un présent,
annoncer qu'il est vivant en Dieu, mais vivant d'une vie nouvelle,
divine... » ( p 286)
« le discours chrétien des
« fins dernières » ne tend-il pas à détourner le
croyant des choses de ce monde, vouées à la destruction, sinon pour
y acquérir des « mérites » en vue de la vie future ? »
Le discours de Paul, pour J. Moingt, se
concentre sur l'abaissement de soi pour élever l'autre …
« c'est le geste éminemment
humain de construire l'humanité de l'autre, de l'aider à croître
en humanité, c'est un travail d'humanisation. Ouvrer à s'unir entre
hommes … (..) Il s'agit avant tout, dans l'esprit de Paul, de
l'édification de l’Église » c'est
à dire : « œuvrer à faire naître dans le
monde une société nouvelle, ouverte... » ( p 289)
On ne fait pas son 'salut' ... On travaille au salut de l'humanité.
Bref... ! On ne peut pas se sauver
tout seul... Cela n'a pas de sens … !
Alain Gielen: Humanité, 2009 |
« l'acte salutaire n'était
plus le sacrifice offert à Dieu, si ce n'est le sacrifice de soi au
prochain que Paul appelle « abaissement », l'amour des
plus petits et des ennemis, le pardon, la vie de chaque jour au cœur
des réalités du monde selon l’Évangile... » ( p 291)
« Sorti de l'enfermement dans
du religieux, la salut est à la portée de tous. (…) Le salut
désacralisé reste don de Dieu » ( p291)
« '' faire son salut '' n'est
plus se retirer du monde... » ( p 292)
La résurrection des morts :
« Comment les morts
ressuscitent-ils, avec quelle sorte de corps reviennent-ils ? »
et Paul répondait : « Insensé, ce que tu sèmes ne
reprend vie qu'à condition de mourir ; la semence que tu sèmes
n'est pas la chose même qui va naître, c'est un grain nu, de blé
ou d'autre chose, et Dieu lui donne corps comme il en a décidé, à
chaque semence son corps propre » ( 1 Cor 15, 35-39).
Autrement
dit, ce qui ressuscite n'est pas le corps que nous perdons malgré
nous, parce que la mort nous l'arrache, c'est celui que nous donnons
librement au jour le jour, corps recréé, transformé, spiritualisé
par la liberté et la générosité avec lesquelles nous le
donnons. » ( p 293) (…) « c'est cela même qui
ressuscite, ce qui porte la marque de l'Esprit qui nous l'a fait
faire, ce qui sort de notre corps animé d'un souffle d'éternité. »
( p293)
« Dans cette perspective, ce
qui ressuscite de nous n'est pas notre stricte individualité. »
( p 294)
« Ce qui ressuscite, c'est donc
ce que nous donnons, à fonds perdu, de notre être aux autres, pour
les aider à être, et aussi ce que nous acceptons de partager de
leur être propre, pour les soulager, ce que nous mettons en
commun... » ( p294)
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