Sur le plan traditionnel, symbolique et spirituel, l'aventure est
encore plus ouverte et invite chacun à sa propre quête. Elle peut
être chrétienne bien sûr, mais elle ne craint pas de fréquenter
des sentiers plus abrupts … A chacun, selon ses questions …
Pour aiguillonner votre curiosité, je peux évoquer quelques
pistes, parmi les plus connues...
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Ce chaudron ( 2e siècle av. J.-C.) est parcouru de nombreux motifs illustrant la mythologie celte... Dans la mythologie celtique, le chaudron « magique » peut, suivant les légendes, donner de la nourriture pour un millier d'hommes, tel le chaudron d'abondance du Dagda, ou bien donner le savoir universel à celui qui goûte de son contenu ou encore ressusciter les morts. Ces vertus sont d'ailleurs à rapprocher de celles des sources bienfaitrices. Le Saint Graal du roi Arthur n'est autre qu'une représentation christianisée du chaudron d'abondance ou du chaudron de la connaissance. |
- Le druidisme a commencé au 1er siècle son déclin, suite à la
répression romaine après la rébellion des Ordovices, et les
révoltes conduites par le roi des Silures (Caratacos) puis de
Boadicée, reine des Iceni. La fin de ce premier siècle voit se
développer en Irlande les récits épiques du cycle d'Ulster. Ces
récits transmis oralement par des bardes, ou fili, contiennent les
aventures du roi Conchobar (Conor) mac Nessa, de son neveu Cûchulainn
et de ses compagnons de la Branche rouge, préfigurant peut être la
fraternité de la Table Ronde et l'épopée arthurienne.
- A la fin du 3ème siècle, s'élabore la légende de la '
Pierre
tombée du ciel '. Elle émane des milieux gnostiques
d'Alexandrie. Cette pierre serait une émeraude tombée du front de
Lucifer lors de la chute de celui-ci dans les abîmes. Cette
tradition ne fait pas de Lucifer un archange révolté par orgueil,
mais une victime de l'usurpation accomplie par le dieu mâle sur le
principe divin féminin que les Gnostiques appellent la Pistis
Sophia. C'est aussi une référence à une connaissance (gnose)
perdue, celle-ci étant symbolisée par l'émeraude qui se trouvait
sur le front de Lucifer, le « Porte-Lumière ».
Certains Évangiles apocryphes, rédigés à cette époque, comme les Actes de Pilate ou l'Évangile de Nicodème, reprennent cette légende en l'intégrant à la tradition de Joseph d'Arimathie.
Je rappelle cette tradition - rapportée par Robert de Boron, avec l'Histoire du Graal, roman en prose de 1195 - : vers 70, Joseph d'Arimathie , porteur du 'vase' contenant le sang du Christ, aurait déposé ce Saint Graal à Glastonbury, au milieu des marais du Somerset.
Cette «
pierre tombée du ciel » serait tombée dans
le jardin d'Éden aux pieds d'Adam et Ève, et ceux-ci, après avoir
été chassés du Paradis, auraient eu le droit d'emporter cette
pierre comme témoignage de la Lumière perdue
Cette émeraude serait parvenue entre les mains de Ponce Pilate,
qui l'aurait fait tailler en forme de coupe et l'aurait offerte à
son ami Joseph d'Arimathie. C'est dans cette coupe que Joseph aurait
recueilli le sang du Christ à la descente de croix.
Il est fascinant que diverses traditions, celtique, chrétienne (
gnostique), indo-européenne se retrouvent dans la constitution du
Cycle du Graal, et précisément par Wolfram von Eschenbach, qui
parle du Graal comme d'une « pierre tombée du Ciel ».
- Au 4ème siècle, en Irlande, commence à s'élaborer la légende
des Fiana , légendes populaires, elles constituent :
le 'Cycle de
Leinster '. On les retrouvera aux 12è et 13è siècles par les
manuscrits gallois des "Quatre Branches du Mabinogi", Et,
dans les textes arthuriens.... En particulier :
-
Excalibur: Arthur, après la bataille de Camlann, la fait
jeter par Girflet ( Gilvaethwy, fils de Dôn (la Dana gaélique))
dans un lac, où elle sera recueilli par la main de la Dame du Lac.
-
La Table Ronde : trouve son origine dans la
tradition celtique. Les contes épiques irlandais, rapportent des
querelles autour d'une table des Festins, solennelle et mystérieuse,
en rapport avec les mythes solaires ( comme la croix celtique … !
). Pour les chevaliers s'asseoir à la Table Ronde, évoque ses
bienfaits et l'idéal de la chevalerie. Peu à peu, la table «
de nulle préséance » a été considérée comme la Table
Parfaite, Table à l'image du monde et du ciel parfait. Placé au
centre du corps de la Table, le vaisseau mystique du Graal en est
comme l'âme rayonnante. Dans la tradition celtique, on parle de
« pierre qui parle » … Il revient à cette « Table
parlante », de désigner le héros, le seul digne de s'asseoir
à la place interdite et de proclamer le fin des enchantements. Plus
tard, elle sera aussi comparée à la Table de la Cène ...
-
La Lance qui saigne: présente dans la procession du
Graal, elle est interprétée comme la lance du centurion Longin (qui
perça le corps de Jésus sur la Croix) mais qui, pour Jean Markale,
est vraisemblablement la Lance d'Assal des dieux irlandais.
-
Le Graal: de l'occitan 'gradal' (grazal) signifiant
récipient ou pot. Le Graal celtique est un chaudron d'abondance de
nourriture terrestre et spirituelle. Dans beaucoup de textes le Saint
Graal est le 'sangréal' ou sang royal désignant une lignée royale,
initiatique, détentrice d'un secret.
-
Le Siège Périlleux: le siège vide de la Table Ronde,
réservé au 'bon chevalier' qui accomplira la quête du Graal.
L'origine celtique en serait une pierre d'intronisation semblable à
celle du site de Tara en Irlande ( nommée "Lia Fail", elle
criait quand un futur Roi la touchait).
A suivre...