Si le Roman de la Rose, La Divine Comédie et l'Amour courtois,
sont connus et partagés par Marguerite et Roger de Laron ; les
gens du Limousin, en ce XIVe siècle, connaissent en priorité ce qui
se dit dans les veillées, dans les conversations, et à l'église du
village... On y parle plus de diableries et de féeries, que de
littérature ; plus de sorcellerie que d'alchimie …
Pourtant dans l'imaginaire, les fantasmes et dans les contes ; la place de la ''Dame '' reste essentielle...
En ce temps, le héros chevalier, a quitté sa terre, pour celle d'Avalon et la cour de Morgane. Attiré par sa bonne fortune ; le chevalier sait cependant que de la Terre d'Avalon : on ne revient pas ! « Puis que fortune en ce lieu me poursuyt / O dieu puissant, je voys appertement / Qu’il me faudra succumberau torment / De triste mort... »
C'est que la fée Morgane affiche un caractère ambigu... dans ''Le roman de Merlin'', elle apparaît comme : « Et sans faille elle fu bele demoisele jusques a celui terme que elle commencha apprendre des enchantements et des charroies ; mais puis que li anemis fu dedens li mis, et elle fu aspiree et de luxure et de dyable, elle perdi si otreement sa biauté que trop devint laide, ne puis ne fu nus qui a bele le tenist, s’il ne fu enchantés »
Avec Morgane, c'est l'Amour ou (et) la Mort ! Rappelons-nous Morgane qui enlève à trois reprises Lancelot et tient enfermés les mauvais amants dans le 'Val sans retour'. Ainsi, cette Morgue malfaisante s’affirme comme l’ennemie des valeurs de la fin’amor... Et, il y a débat entre l'adultère revendiqué en pays d'Oc et le mariage imposé en pays d'oïl...
La femme attendue en notre campagne, serait davantage celle qui offre un amour loyal et ferme, et scellé dans le mariage...
Aussi, dans le comte; la dame impose au chevalier une épreuve symbolique avant qu'il ne pénètre... plus avant: « Car il convient avant que de t’esbatre / Dedans mon regne aux fiers luictons combatre ». Dans cette prise de la forteresse, on reconnaît la traditionnelle allégorie sexuelle, d'autant que l'objet de la quête réside dans la possession de la dame...
Le chevalier vainqueur, Morgane le fait
entrer « dedans fairie » : royaume de la fête, avec
banquet et chant des fées... L'homme se délecte de l'ambroisie,
boisson des dieux ( et censée rendre immortel celui qui y goûte),
et Morgane lui offre l'anneau d’immortalité... Et, peut-être,
pour qu'il ne la quitte pas, également une couronne d'oubli :
objet féerique qui traduit également le fait que le chevalier est
devenu Roi.
Pour le mariage, il revêt un vêtement de velours bleu brodé
d’or, confectionné par la fée. Et Morgane, présente les
traditionnels éléments féeriques d'une robe précieuse... « Elle
exhorna son corps d’ung blanc Samis. Ses blonds cheveulx jusqu’en
terre espandu / Maintz Chevaliers esbahys ont rendus.. »...
La fée a « le cueur net &
pudicque. » et en même temps « Ce qui faisoit la
belle consentir / Au jeu d’amours, et chaste feu sentir. »
Le mariage se clôt sur le traditionnel tournoi.
Au matin, le chevalier-roi découvre
son domaine ; et s'engage dans de nouvelles épreuves Morgane
lui annonce maintes étranges aventures sur cette terre, dont seul le
meilleur chevalier saura venir à bout. Il devra s'enfoncer dans les
entrailles de la terre et combattre des dragons... D'autres batailles
rappellent certains épisodes du Roman de la Rose : non seulement
l’assaut de la forteresse de Jalousie, mais également l’entrée
dans le verger de Déduit... Une descente aux enfers, permettra sans
doute au héros d'atteindre le paradis..
On peut ajouter que le roi-chevalier
amant courtois par excellence, qui voit ses forces décuplées
lorsqu’il pense à sa dame (Puis la beaulté de Morgue son amye,
/ Sa force rend en ce non endormye) et vainc les serpents et
entre au jardin d’immortelle plaisance. Il a donc acquis ses terres
par sa prouesse et non par son union avec la fée.
Après avoir gagné le mariage, le droit de régner, il reste le
temps du pouvoir, en veillant à ne pas sombrer dans la
''recréantise'' ( paresse, qui l'amènerait à délaisser l'idéal chevaleresque) .
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