Roger de Laron, a eu – par deux fois
- la grande chance de rencontrer Raymond Lulle (1235-1315) :
un philosophe catalan qui éprouvait quelques difficultés à faire
partager son système de pensée. La première rencontre eut lieu en
Italie, avant le jour maudit de 1307. Roger fut profondément marqué
par le récit qu'il fit de sa conversion..
Raymond Lulle (1235-1315) |
D’une famille noble, Raymond
Lulle vit à la Cour dès l’âge de douze ans. Ardent et plein
d’imagination, il se livre jusqu’à trente ans aux plus vives
passions amoureuses et littéraires.
son éducation est celle d'un gentilhomme, et non celle d'un
clerc. Il se fait troubadour, et ses poèmes en l'honneur de
mystérieuses Dames s'incarnent volontiers en des enveloppes
terrestres terriblement séduisantes, et l'adorable climat de
Majorque éveille de bonne heure sa sensualité.
On le marie vite, à une charmante fille noble, du nom de Bianca, en 1257. Mais les joies de ce foyer qui lui donne deux enfants, ne lui font pas oublier oublier les dangereux attraits de l'aventure. Il continue à courtiser de belles femmes et devient – comme il le dit - un jeune seigneur orgueilleux, insolent, infatué de sa noblesse... Et cela dure jusqu'en 1265.
Les amants trépassés, 1470 |
Non seulement le jeune homme, horrifié,
se trouve libéré d'un seul coup de la sensualité furieuse qui le
brûlait, mais il vit alors l'expérience d'une conversion soudaine
et totale... II distribue tous ses biens aux Pauvres, fait vœu de
chasteté et décide de consacrer désormais toute sa vie, vouée à
l'errance perpétuelle, à un grand dessein : convertir les musulmans
à la foi chrétienne...
L'''ars magna'' de Raymond Lulle
consisterait à édifier par la logique un édifice de vérités
philosophiques, théologiques et ''scientifiques''.
Raymond Lulle va mourir à un âge
avancé, en plein apostolat, lapidé par les habitants du port
algérien de Bougie (aujourd'hui Ânnaba), devant lesquels il avait
trop intrépidement prêché la conversion au christianisme.
Cependant, il rencontrera une nouvelle
fois Roger de Laron, et lui transmettra son rêve alchimique. Cette
rencontre fondatrice pour Roger, a lieu, lors d'un séjour à
Montpellier, en présence du grand médecin Arnauld de Villeneuve:
les trois hommes auraient évoqué le Grand Oeuvre et le secret de la
Pierre Philosophale.
Raymond Lulle, dans sa vieillesse, et dans ses confidences à Roger, regrette de n'avoir compris, trop tard, que la poursuite des opérations du Grand Oeuvre, ne pouvait véritablement et opérativement se réaliser qu'en couple...
Roger de Laron retient que les véritables alchimistes, sont le couple hermétique. L'union d'un homme et d'une femme, contribue à la réussite du Grand Oeuvre, cette voie préconise, pour l'atteinte de l'illumination et des pouvoirs alchimiques, l'union concrète avec une partenaire ''prédestinée''. L'image hermétique traditionnelle de l'androgyne correspond opérativement à la conjonction des deux principes : Soufre et Mercure, du Grand Oeuvre minéral... Aujourd'hui, nous nous parlerions d'une union psychique à réaliser entre les deux composantes - masculine et féminine (en langage jungien : 1' Animus et l' Anima) - de l'âme.
Raymond Lulle imagine qu'uni à sa compagne ''prédestinée'', l'adepte peut alors reconstituer avec elle l'androgynat céleste perdu lors de la chute originelle.
Il pourrait reconquérir l'immortalité adamique, devenir le maître de toutes les forces de la nature.
Le principe de cette voie serait, si on comprend bien, de parvenir en quelque sorte à retourner l'énergie sexuelle dans le corps de l'adepte pour réaliser les conséquences thaumaturgiques d'une remontée de l'homme et de la femme (redevenus uns) capables de retrouver la source perdue de l'immortalité...
Nous comprenons mieux, alors, la Quête
de Roger de Laron, qui grâce à son séjour en Angleterre, reviendra
sur ses terres avec Marguerite d'Albret, elle-même, comme nous
l'avons vu, adepte des recherches hermétiques …
Plus tard ( en ce même XIVe s.) Nicolas Flamel et Dame Pernelle ( fig à droite) tenteront - avec succès dit-on - cette même Quête …
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